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03/06/2012
PROPHÉTIES VLADIMIR SERGUEÏEVITCH SOLOVIEV ANTÉCHRIST ET FIN DES TEMPS
VLADIMIR
ERGUEÏEVITCH
SOLOVIEV
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VLADIMIR SERGUEÏEVITCH SOLOVIEV, plus rarement SOLOVEV ou SOLOVIOV (en russe : Владимир Сергеевич Соловьёв), né à Moscou le 16 janvier/28 janvier 1853 et mort à Ouskoïe près de Moscou le 31 juillet/13 août 1900, est un philosophe et poète russe. |
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VLADIMIR SOLOVIEV est le fils de SERGUEÏ SOLOVIOV (1822-1879), lui même fils d'un prêtre orthodoxe russe d'esprit ouvert et curieux MIKHAÏL SOLOVIOV, archiprêtre et professeur de religion.
VLADIMIR SOLOVIEV naît à Moscou le 16 janvier 1853 (selon le calendrier julien) dans une famille «unie, respectueuse de l'autorité paternelle ; (elle) menait une vie patriarcale, de haute moralité, austère et pieuse, et se montrait assez insoucieuse de la vie pratique» Il est décrit comme un enfant sensible et travailleur, brillant et mystique.
L'ambiance corrosive des années 1860, marquées par le matérialisme scientifique, en fait un adolescent qui refuse toute pratique religieuse entre 14 et 18 ans. Il étudie ensuite SPINOZA et passe du matérialisme au positivisme. Il aborde ensuite SCHOPENHAUER et SCHELLING, ce qui lui permet de concilier idéalisme et sciences. Il passe ensuite par une phase de pessimisme absolu (vers 19 ans). VLADIMIR SOLOVIEV redevient brusquement chrétien, à un peu plus de 20 ans, mais tout en étant assez proche de la figure du narodnik brossée par TOURGUENIEV : une jeune personne radicale, positiviste, aimant le peuple et voulant l'éduquer, assimilée progressivement aux terroristes. Cependant son côté spiritualiste le rapproche encore plus de TOLSTOÏ et DOSTOÏEVSKI. En même temps que son retour à la Foi, il délaisse ses études scientifiques pour s'orienter davantage vers l'histoire et la philologie. Il se met à fréquenter l'Académie ecclésiastique Saint-Serge en y prenant des cours de théologie. En 1873 commence une relation d'amitié profonde avec DOSTOÏEVSKI. Il a des rapports tendus avec TOLSTOÏ : «SOLOVIEV sera partisan d'un christianisme hiérarchique et historique ; il n'admettra pas le principe de non-résistance au Mal, ni le christianisme purement moral et abstrait auquel aboutira TOLSTOÏ» Maître de conférences à la Faculté de Moscou à 21 ans, docteur à 27, il acquiert une vaste notoriété par ses leçons publiques sur la Théandrie (1877-1878). En 1881, pour avoir publiquement demandé au tsar de gracier les assassins d'ALEXANDRE II, il est contraint de quitter l'Université. Il rencontre l'évêque catholique STROSSMAYER à Đakovo, mais son retour en Russie est sous le signe du découragement, car les critiques lui viennent aussi bien du côté orthodoxe que du côté catholique. |
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DERNIERS INSTANTS |
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En 1891, l'Église orthodoxe lui refuse les sacrements. Il meurt soigné par le prince SERGE NIKOLAÏEVITCH TROUBETZKOY (1862-1805) son ancien élève et professeur de philosophie, et l'épouse de celui-ci née princesse PRASCOVIE OBOLENSKY (1860-1914), la cousine de la princesse, AGRAFINE PANIOUTINE, et son ami, président du tribunal du district, NICOLAS DAVYDOV (1848-1920), qui l'avait accompagné. Le docteur ALEXANDRE VLASSOV est resté jusqu'aux derniers moments. Le philosophe bredouillait en grec, en latin, en français et en italien, pris par la fièvre. Il croyait voir aussi des Chinois. Quelles sont ces figures jaunes grimaçantes ?. Sont appelés ensuite à son chevet l'historien VASSILI OSSIPOVITCH KLIOUTCHEVSKI, sa mère POLYXÈNE VLADIMIROVNA SOLOVIEVA et ses sœurs NADÈGE et POLYXÈNE. Celles-ci dormant dans la chambre à côté du bureau du prince où le philosophe était alité sur le divan. L'agonie commence le 30 juillet (ancien style) et il meurt le lendemain vers neuf heures du soir. Son corps est mis dans la chapelle du château. Les funérailles y ont lieu le 3 août, puis la dépouille est emmenée à Moscou. Une liturgie a lieu à la chapelle de l'université en présence des proches et des princes A.D. OBOLENSKY du ministère des Affaires étrangères et V.S. OBOLENSKY-NELEDINSKI du ministère de l'Intérieur, ainsi que différents professeurs. Il est enterré dans une tombe à côté de celle de son père, SERGUEÏ, au cimetière de Novodiévitchi. Le professeur HERIÉ prononce l'éloge funèbre (...) Tu as traversé nos vies grises ordinaires d'un rayon de lumière; tu as répondu avec passion aux questions de la société ; tu as combattu ses idoles, alors qu'elle attendait encore beaucoup de toi. |
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SOLOVIEV est en milieu orthodoxe l'ambassadeur du dialogue œcuménique. Il juge que le Raskol est une plaie de l'Église russe et réfléchit à réconcilier les vieux-croyants avec l'Église russe. Il espère un temps en un concile, puis pense que l'Église orthodoxe russe ne peut résoudre ce problème.
L'assassinat du tsar ALEXANDRE II en 1881 est une profonde remise en cause de l'idée qu'il se fait de la Russie. À partir de cette époque, il voit en Rome l'unique moyen de faire revivre l’Église orthodoxe. Pour lui, la scission orient/occident préfigure le Raskol. Il pense que la chrétienté a besoin de centralisation et d'un chef pour accomplir sa mission : la réalisation sur terre du royaume de DIEU. Il oppose l'Orient, avec ses aspirations contemplatives vers le divin, à l'Occident et à ses tendances actives et pratiques vers l'humain.
La charité manque pour faire l'union, mais il n'y a que cette union qui permettrait de reconstituer la divino-humanité, l'Église universelle. Rome en serait le centre. La mission de la Russie serait de faire cette union. Ne veut pas latiniser l'Orient : chacune des deux Églises est déjà profondément l'Église universelle, pour SOLOVIEV la scission n'est qu'apparente et causée par un manque de charité. Il pense y associer plus tard le protestantisme, avec son principe de liberté, capital car l'Église «achevée» serait la «théocratie libre». VLADIMIR SOLOVIEV théorise toutes ces idées dans Le grand Débat et la politique chrétienne, en 1883. Les poésies de V. SOLOVIEV ont connu un grand succès : sept éditions de 1893 à 1921. |
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CITATIONS |
«La division de l'Église se produisit parce que les ecclésiastiques s'étaient laissé dominer par l'esprit anti-chrétien d'arbitraire égoïste sans frein et de rivalité» |
Les intérêts de la civilisation de notre époque sont ceux qui n'existaient pas hier et n'existeront pas demain. Il est permis de préférer ce qui est valable pour tous les temps» |
TÉMOIGNAGES |
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cordiales et mes encouragements pour cette initiative, destinée à approfondir la pensée d’un des plus grands philosophes russes chrétiens des XIXe et XXe siècles. |
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RÉSUMÉ |
. Ce récit de fait nous montre les derniers chrétiens, en nombre infime, encore divisés en trois églises...L'union de leurs chefs, le pape PIERRE II, le starets JEAN et le professeur de théologie protestant PAULI, se produit au delà des limites de l'histoire, dans un processus supra-historique, dans la catastrophe apocalyptique où sombre l'univers... |
Ce récit est la dernière partie du livre TROIS ENTRETIENS SUR LA GUERRE, LA MORALE ET LA RELIGION, rédigé en 1899. . Il se veut une actualisation de l'APOCALYPSE de JEAN. VLADIMIR SOLOVIEV décrit comment un jeune homme talentueux reçoit l'esprit de l'ANTÉCHRIST. Celui-ci prend la tête de l'armée européenne pour repousser l'invasion des Chinois et des Japonais, qui avait pu avoir lieu, car les Européens avaient l'attention détournée par la guerre avec les Musulmans. . Le nouvel empereur d'EUROPE résout la question de la paix LA PREMIÈRE ANNÉE DE SON RÈGNE en réunissant une armée qui ne peut être vaincue par aucune autre coalition d'armées. Il impose donc la paix mondiale. . LA DEUXIÈME ANNÉE, il résout la question de la faim en concentrant tous les capitaux entre ses mains et en taxant un peu les riches pour que les pauvres puissent vivre dignement. . LA TROISIÈME ANNÉE, il tente de résoudre la question religieuse en unifiant les religions. Mais les trois représentants du christianisme s'y opposent : Le starets JEAN pour l'orthodoxie, le pape PIERRE II pour le catholicisme et le professeur PAULI pour le protestantisme. . L'armée de l'ANTÉCHRIST se regroupe pour combattre l'armée des Juifs qui se soulève, car cette dernière a appris que l'Empereur n'était pas circoncis, qu'on les avait trompés. Alors, la terre s'ouvre et engloutit l'armée de l'ANTÉCHRIST. . Les Juifs et les Chrétiens restés fidèles convergent à Jérusalem où le CHRIST se manifeste en gloire. . http://fr.wikipedia.org/wiki/Court_r%C3%A9cit_sur_l%27Ant%C3%A9christ |
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Ce récit est la dernière partie du livre TROIS ENTRETIENS SUR LA GUERRE, LA MORALE ET LA RELIGION, rédigé en 1899. . Il se veut une actualisation de l'APOCALYPSE de JEAN. VLADIMIR SOLOVIEV décrit comment un jeune homme talentueux reçoit l'esprit de l'ANTÉCHRIST. Celui-ci prend la tête de l'armée européenne pour repousser l'invasion des Chinois et des Japonais, qui avait pu avoir lieu, car les Européens avaient l'attention détournée par la guerre avec les Musulmans. . Le nouvel empereur d'Europe résout la question de la paix LA PREMIÈRE ANNÉE DE SON RÈGNE en réunissant une armée qui ne peut être vaincue par aucune autre coalition d'armées. Il impose donc la paix mondiale. . LA DEUXIÈME ANNÉE, il résout la question de la faim en concentrant tous les capitaux entre ses mains et en taxant un peu les riches pour que les pauvres puissent vivre dignement. . LA TROISIÈME ANNÉE, il tente de résoudre la question religieuse en unifiant les religions. Mais les trois représentants du christianisme s'y opposent : Le starets JEAN pour l'orthodoxie, le pape PIERRE II pour le catholicisme et le professeur PAULI pour le protestantisme. . L'armée de l'ANTÉCHRIST se regroupe pour combattre l'armée des Juifs qui se soulève, car cette dernière a appris que l'Empereur n'était pas circoncis, qu'on les avait trompés. Alors, la terre s'ouvre et engloutit l'armée de l'ANTÉCHRIST. . Les Juifs et les Chrétiens restés fidèles convergent à Jérusalem où le CHRIST se manifeste en gloire. . http://fr.wikipedia.org/wiki/Court_r%C3%A9cit_sur_l%27Ant%C3%A9christ |
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EXTRAITS |
«Le vingtième siècle après la naissance du CHRIST fut l’époque des dernières grandes guerres, discordes civiles et révolutions. La principale des guerres extérieures eut pour cause éloignée le mouvement intellectuel que l’on avait vu surgir au JAPON vers la fin du dix-neuvième siècle et qui s’appelait panmongolisme. Imitateurs, les Japonais ayant, avec une rapidité et une réussite surprenantes, copié les formes de la culture européenne, s’approprièrent aussi quelques idées européennes d’ordre inférieur. Ayant, par les journaux et par les manuels d’histoire, appris l’existence en EUROPE du panhellénisme, du pangermanisme, du panslavisme, du panislamisme, ils proclamèrent la grande idée du panmongolisme, c’est-à-dire l’union d’ensemble, sous leur suprématie, de tous les peuples de l’ASIE orientale, en vue d’une lutte décisive contre les étrangers, c’est-à-dire les Européens. Profitant de ce que, au début du vingtième siècle, l’EUROPE était occupée à en finir avec le monde musulman, ils commencèrent la réalisation du grand programme. D’abord, ils envahirent la CORÉE, ensuite PÉKIN, où, avec le concours du parti progressiste chinois, ils renversèrent la vieille dynastie mandchoue, en la remplaçant par une dynastie japonaise. Rapidement, ils réussirent à se réconcilier avec les conservateurs chinois. Ceux-ci comprenaient que de deux maux on fait mieux de choisir le moindre et que, par la force des choses, un parent est plutôt un frère. D’ailleurs, l’indépendance impériale de la vieille CHINE ne pouvait plus se maintenir ; et il était inévitable de se soumettre, soit aux Européens, soit aux Japonais. Il était clair que la domination japonaise, en détruisant les formes extérieures de l’impérialisme chinois, devenues inutilisables aux yeux de tout le monde, ne modifiait pas les principes intérieurs de la vie nationale ; tandis que la domination exercée par les peuples européens, protecteurs politiques des missionnaires chrétiens, menaçait même les plus profonds appuis spirituels de la CHINE. La haine que, jadis, les Chinois ressentaient pour les Japonais, datait de l’époque où ni les uns ni les autres ne connaissaient les Européens, devant lesquels, ensuite, l’inimitié de deux peuples parents prenait le caractère d’une discorde intestine et devenait absurde. Les Européens étaient entièrement des étrangers, uniquement des ennemis ; et leur suprématie ne pouvait en aucune manière flatter l’amour-propre de la race. Au contraire, les Chinois apercevaient dans les mains du JAPON le doux appât du panmongolisme, qui, en même temps, justifiait à leurs yeux la triste nécessité de s’européaniser extérieurement. Les Japonais leur répétaient avec énergie :
«Frères obstinés, comprenez donc que nous prenons l’armement des chiens occidentaux, non point parce que nous les préférons, mais parce que nous voulons nous en servir pour les abattre. Si vous vous joignez à nous et si vous acceptez notre direction effective, non seulement nous aurons bientôt fait de chasser de notre ASIE les diables blancs, mais, en outre, nous ferons la conquête de leurs propres territoires et nous établirons le véritable EMPIRE DU MILIEU, qui régnera sur le monde entier. Vous avez raison de tenir à votre orgueil national et de mépriser les Européens ; mais c’est en pure perte que vous ne nourrissez ces sentiments qu’avec des rêveries et sans activité intelligente. Nous qui, à cet égard, vous avons devancés, nous devons vous montrer la voie de l’intérêt commun. D’ailleurs, regardez donc ce que vous a procuré votre politique de confiance en vous-mêmes et de défiance envers nous, qui sommes vos amis et vos défenseurs naturels : peu s’en faut que la RUSSIE et l’ANGLETERRE, l’ALLEMAGNE et la FRANCE ne se soient entièrement partagé la CHINE ; et tous vos projets de tigres n’ont montré que la pointe impuissante d’une queue de serpent» Les judicieux Chinois trouvèrent que ce raisonnement était fondé ; et la dynastie japonaise s’affermit. Naturellement, elle s’occupa d’abord d’organiser une armée et une flotte puissantes. La plus grande partie des forces militaires japonaises fut transportée en CHINE et, là, servit de cadres pour une armée nouvelle, énorme. Parlant la langue chinoise, les officiers japonais remplissaient le rôle d’instructeurs et avec beaucoup plus de succès que n’en avaient eu les officiers européens, désormais congédiés. L’innombrable population de la CHINE, avec la MANDCHOURIE, la MONGOLIE et le TIBET, fournissait suffisamment une excellente matière militaire. Bientôt le premier empereur de la dynastie japonaise put essayer avec succès les armes de l’empire renouvelé, en expulsant les Français du TONKIN et du SIAM, les Anglais de la BIRMANIE, et en annexant à l’EMPIRE DU MILIEU l’INDOCHINE entière. Son successeur, Chinois par sa mère, et en qui s’unissaient la ruse et l’élasticité chinoises avec l’énergie, la mobilité et l’esprit d’entreprise des Japonais, mobilisa dans le TURKESTAN chinois une armée de quatre millions d’hommes.
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Pendant que le TSUN-LI-YAMIN informe confidentiellement l’ambassadeur russe que cette armée est destinée à la conquête de l’INDE, l’empereur envahit l’ASIE CENTRALE RUSSE, y soulève toute la population, s’avance rapidement à travers l’OURAL, inonde de son armée la RUSSIE ORIENTALE et centrale. De leur côté, mobilisées au plus vite, venant de POLOGNE et de LIVONIE, de KIEV et de VILNA, de PÉTERSBOURG et de la FINLANDE, les troupes russes se hâtent de se concentrer. Faute d’un plan de guerre établi d’avance et par l’effet de l’énorme supériorité numérique de l’ennemi, la valeur militaire des troupes russes ne pouvait leur servir qu’à succomber avec honneur. La rapidité de l’invasion ne leur laisse pas le temps de faire la concentration convenable ; aussi les corps d’armée sont-ils détruits successivement dans des luttes acharnées et désespérées. Les Mongols paient un prix élevé cette victoire ; mais ils n’ont pas de peine à réparer leurs pertes, en s’emparant de tous les chemins de fer de l’ASIE, pendant qu’une armée russe de deux cent mille hommes, depuis longtemps rassemblée à la frontière de MANDCHOURIE, s’efforce sans succès d’envahir la CHINE bien défendue.
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Laissant une partie de ses forces en RUSSIE, afin d’y empêcher la formation de nouveaux contingents, et aussi afin de poursuivre les détachements de plus en plus nombreux de partisans, l’empereur amène trois armées en ALLEMAGNE. Là, on avait su préparer la résistance ; aussi, l’une des armées mongoles est-elle battue à plate couture. Alors, en FRANCE, le parti attardé de la revanche prend le dessus ; et bientôt un million de baïonnettes ennemies se dressent derrière les Allemands. Placée entre le marteau et l’enclume, l’armée allemande n’a d’autre ressource que d’accepter les conditions, honorables, dans lesquelles l’Empereur lui propose le désarmement.
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Tout à la joie, les Français fraternisent avec les Jaunes, se répandent à travers l’ALLEMAGNE et perdent rapidement toute notion de discipline militaire ; l’Empereur mongol ordonne à ses troupes d’égorger les plus inutiles de ses alliés ; et la mesure est exécutée avec la ponctualité chinoise.
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À PARIS, les ouvriers sans patrie se soulèvent ; la capitale de la culture occidentale ouvre joyeusement ses portes au maître de l’Orient. Celui-ci, ayant satisfait sa curiosité, se dirige vers le port de BOULOGNE, où, sous l’escorte de la flotte arrivée de l’ OCÉAN PACIFIQUE, des navires s’apprêtent à transporter des troupes mongoles en GRANDE-BRETAGNE.
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Mais il a besoin d’argent ; et les Anglais assurent l’inviolabilité de leur territoire au prix d’un milliard de livres sterling. En une année, il impose à tous les États européens la reconnaissance de sa suzeraineté. Alors, laissant en EUROPE une suffisante armée d’occupation, il retourne en Orient et entreprend une expédition navale contre l’AMÉRIQUE et contre l’AUSTRALIE.
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Durant cinquante ans, le monde européen subit le nouveau joug mongol. Au point de vue intérieur, cette époque est caractérisée par un mélange général, par une profonde et réciproque pénétration des idées européennes et des idées orientales, par la répétition en grand de l’antique syncrétisme alexandrin ; – dans l’ensemble de la vie pratique elle est caractérisée surtout par trois phénomènes :
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la multitude d’ouvriers chinois et japonais charriée comme un limon et qui rend beaucoup plus aiguë la question économique sociale, pour la solution de laquelle les classes dirigeantes continuent d’expérimenter des palliatifs ; la croissante activité internationale des organisations sociales secrètes, qui forment un vaste complot européen pour chasser les Mongols et rétablir l’indépendance de l’EUROPE.
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Ce complot colossal, auquel prennent part les divers gouvernements nationaux, autant que le permet le contrôle des vice-rois mongols, est préparé de main de maître et réussit d’une manière brillante. Au moment fixé, commence le massacre des soldats mongols ; les ouvriers asiatiques sont tuée ou expulsés. Partout se dévoilent les cadres jusque-là dissimulés des armées européennes, dont la mobilisation générale s’accomplit selon le plan le plus détaillé, tracé longtemps à l’avance. Le nouvel empereur, petit-fils du grand conquérant, quitte la CHINE pour gagner en hâte la RUSSIE ; mais, là, ses troupes innombrables sont complètement défaites par l’armée de l’EUROPE entière coalisée. Leurs débris dispersés retournent dans les profondeurs de l’ASIE.
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L’EUROPE est délivrée. Son assujettissement d’un demi-siècle aux barbares d’Asie avait été la conséquence de la désunion des États, occupés seulement de leurs propres intérêts nationaux : au contraire, sa grande et glorieuse délivrance est le résultat de l’organisation internationale où se sont unies les forces de tous les peuples européens.
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Alors, ce fait éclatant produit sa conséquence naturelle : l’antique loi de la coexistence de peuples séparés est discréditée partout ; et presque partout s’écroulent les derniers restes des vieillies institutions monarchiques.
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Seul, un résultat est clair, important quoique négatif : la complète déroute du matérialisme théorique.
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La danse des atomes, comme conception de l’univers ; la combinaison mécanique des moindres changements de la matière comme explication de la vie, cela ne peut plus satisfaire aucun homme qui pense. Pour toujours, l’humanité a dépassé ce degré de l’enfance philosophique.
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Mais il est évident qu’elle a aussi dépassé l’enfantine faculté de la foi naïve et non raisonnée. Des notions telles que DIEU ayant fait le monde de rien, etc., on cesse d’enseigner cela même dans les écoles primaires.
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Pour la conception de ces sujets un certain niveau général élevé s’est formé, au-dessous duquel aucun dogmatisme ne peut descendre. Et, si la très grande majorité des gens qui pensent est tout à fait incrédule, les rares croyants subissent tous la nécessité de devenir dés penseurs, conformément au précepte de l’apôtre : Soyez des enfants par le cœur, mais non par l’intelligence.
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Il croyait en DIEU, mais, dans le fond de l’âme, involontairement et inconsciemment, il se préférait à Lui. Il croyait au Bien, mais l’œil Éternel, qui voit tout, savait que cet homme s’inclinait devant la puissance mauvaise, pour peu qu’elle le corrompit – non par la fourberie des sentiments et des basses passions ni même par le haut attrait du pouvoir – mais en flattant son amour-propre démesuré.
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D’ailleurs, cet amour-propre n’était ni un instinct inconscient, ni une prétention absurde. Son talent exceptionnel, sa beauté, sa noblesse et, en outre, les preuves éclatantes qu’il donnait de sa tempérance, de son désintéressement, de sa bienfaisance active, semblaient justifier suffisamment l’immense amour de soi-même qui caractérisait le grand spiritualiste, ascète, philanthrope.
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Si on lui reprochait d’être si abondamment muni des dons divins, il y apercevait les marques particulières d’une exceptionnelle bienveillance d’en haut envers lui. Il se considérait comme le second de DIEU, comme le fils de DIEU, unique en son genre. Bref, il se reconnaissait le véritable caractère du CHRIST. Or, cette conscience de sa haute dignité ne prenait pas en lui la forme d’une obligation morale envers DIEU et envers le monde, mais la forme d’un droit et d’une supériorité par rapport au prochain et, surtout, par rapport au CHRIST. Non pas qu’il eût pour JÉSUS une inimitié de principe. Il lui reconnaissait l’importance et la dignité messianiques ; mais, sincèrement, il ne voyait en Lui que son auguste devancier. L’action morale du CHRIST et Son unicité absolue étaient inconcevables à cette intelligence aveuglée par l’amour-propre. Il raisonnait ainsi :
«Le CHRIST est venu avant moi ; je me manifeste en second lieu ; mais ce qui est subordonné dans l’ordre du temps a la prééminence dans l’ordre de la nature. J’arrive le dernier, au terme de l’histoire, et, précisément, parce que je suis le sauveur définitif et accompli. Le premier CHRIST est mon précurseur. Son rôle était de devancer et de préparer mon apparition» Et selon cette idée, le grand homme du vingt et unième siècle s’appliquait tout ce qui est dit dans l’Évangile à propos du second avènement, expliquant cet avènement non comme le retour du premier CHRIST mais comme le remplacement du CHRIST précurseur par le CHRIST définitif, c’est-à-dire lui-même.
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À ce stade, «L’HOMME QUI VIENT» est encore peu caractérisé et peu original. Son rapport avec le CHRIST, il l’envisage comme faisait, par exemple, MAHOMET, homme droit, qu’on ne peut accuser d’aucune mauvaise intention.
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L’amour-propre qui le fait se préférer au CHRIST, cet homme le justifiera encore par le raisonnement suivant :
Et, dans cette magnifique disposition, il attend que DIEU l’appelle clairement au nouveau salut de l’humanité ; qu’un témoignage visible et frappant le déclare le fils aîné, le premier né, chéri de DIEU. Il attend ; et il nourrit son amour-propre de la conscience de ses mérites et de ses dons surhumains. Il est donc, selon la formule, l’homme d’une moralité sans reproche et d’un génie extraordinaire.
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Ce juste orgueilleux attend la sanction suprême pour entreprendre son œuvre qui doit sauver l’humanité – et il se lasse d’attendre. Déjà, il a passé l’âge de trente ans, et trois années s’écoulent encore. Dans son esprit s’éveille une pensée qui, jusqu’à la moelle des os, l’emplit d’un frisson de fièvre :
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«Mais si ?... Si ce n’était pas moi ?... Si c’était l’autre ?... le Galiléen ?... S’il n’était pas mon précurseur, mais le véritable, premier et dernier ? Mais, alors, il serait vivant... Où donc est-Il ?... Et s’il venait vers moi ?... tout de suite, ici ?... Que Lui dirais-je ? Je devrais donc m’incliner devant Lui comme le dernier et inepte chrétien, et, comme le paysan russe, marmotter stupidement : Seigneur JÉSUS-CHRIST, pardonne-moi, qui suis pécheur, – ou, comme une Polonaise, m’aplatir les bras en Croix ? Moi, qui suis un brillant génie, le sur-homme. Non, jamais !» Et alors, à la place de l’ancien, raisonnable et froid respect pour DIEU et pour le CHRIST, s’engendre et grandit dans son cœur d’abord une espèce d’épouvante ; ensuite, l’envie brûlante qui oppresse et qui contracte tout son être ; puis, la haine furieuse s’empare de son esprit :
«C’est moi, moi, et non pas Lui ! Il n’est point parmi les vivants et n’y sera pas. Il n’est pas ressuscité, il n’est pas ressuscité, il n’est pas ressuscité ! Il a pourri, il a pourri dans le tombeau, il a pourri comme la dernière...» En bonds convulsifs, la bouche écumante, il s’enfuit de sa maison et de son jardin et, à travers la nuit noire et épaisse, il court dans un sentier rocailleux. Sa fureur se dissipe, remplacée par un désespoir sec et pesant comme ces rochers, sombre comme cette nuit. Il s’arrête devant un précipice creusé à pic et, de loin, il entend le bruit confus d’un torrent qui court en bas, sur les pierres. Une angoisse intolérable oppresse son cœur. Tout à coup, un mouvement se produit en lui.
Et dans l’ombre apparaît une figure douce et triste.
«Il a pitié de moi... Non, jamais ! Il n’est pas ressuscité. Il n’est pas ressuscité» Et il s’élance du côté opposé au précipice. Mais quelque chose d’élastique comme une colonne d’eau le retient suspendu. Il est secoué par la commotion d’une espèce de choc électrique ; et une force inconnue le rejette en arrière. Il perd un instant connaissance et se réveille à genoux, séparé du précipice par quelques pas seulement.
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Devant lui se dessinait, éclairée d’un nébuleux rayonnement phosphorescent, une figure dont les deux yeux lui remplissaient l’âme d’une lumière subtile qu’il ne pouvait supporter.
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Il voit ces deux yeux perçants ; et, sans pouvoir deviner si elle vient de lui-même ou du dehors, il entend une voix étrange, étouffée, ou plutôt contenue et nette en même temps, métallique et sans âme, analogue à la voix du phonographe. Et cette voix lui dit :
À ces paroles de l’inconnu, les lèvres du sur-homme se sont involontairement entr’ouvertes, les deux yeux perçants se sont approchés tout près de son visage, et il a senti comme si un flot mordant et glacé entrait en lui et remplissait tout son être. En même temps, il s’est senti animé d’une force, d’un courage, d’une agilité, d’un enthousiasme qu’il ne connaissait pas.
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Et, tout de suite, subitement, la figure lumineuse et les deux yeux ont disparu, quelque chose ayant enlevé le sur-homme au-dessus de la terre et l’ayant descendu immédiatement dans son jardin, à la porte de sa maison.
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Le lendemain, non, seulement les visiteurs mais aussi les domestiques du grand homme furent surpris de son aspect particulier, en quelque sorte inspiré. Ils auraient été plus surpris encore s’ils avaient pu le voir, enfermé dans son cabinet, écrivant avec une rapidité et une aisance surnaturelles son célèbre ouvrage intitulé : «LA VOIE OUVERTE À LA PAIX ET À LA PROSPÉRITÉ UNIVERSELLES»
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Les livres précédents et l’action sociale du sur-homme avaient rencontré une critique sévère, quoique faite par des gens en grande majorité spécialement religieux et, pour ce motif, dépourvus de toute influence. (N’oublions pas que le temps dont je parle est celui de l’avènement de l’ANTÉCHRIST) Aussi avait-on peu écouté ces critiques qui montraient dans tous les ouvrages et dans tous les discours de «l’homme qui vient» les signes de l’amour-propre et de la présomption intenses, absolument exceptionnels, en l’absence de vraie simplicité, de droiture et de cordialité véritables.
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Mais son nouvel ouvrage séduisit même un certain nombre des gens qui précédemment avaient fait preuve d’hostilité. Écrit après l’aventure du précipice, il témoigne d’une puissance géniale entièrement nouvelle. C’est quelque chose comme l’assemblage et l’accord de toutes les contradictions. Là s’unissent le noble respect pour les symboles et pour les traditions antiques avec un large et audacieux radicalisme d’aspirations et d’exigences politiques et sociales ; une liberté de pensée sans limites avec la plus profonde compréhension de toute la mystique ; l’individualisme absolu avec un ardent dévouement au bien général ; le plus haut idéalisme en fait de principes directeurs avec la complète précision et la pleine vitalité des solutions pratiques.
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L’art génial qui unit et qui lie toutes ces choses est si grand que tous les penseurs et tous les hommes d’action de catégorie diverse peuvent apercevoir et admettre l’ensemble sous leur angle particulier, sans avoir rien à sacrifier de la vérité elle-même, sans s’élever pour elle effectivement au-dessus de leur moi, sans répudier en fait leur exclusivisme, sans rien corriger de leurs erreurs d’opinion ou de tendance, et sans combler de lacunes.
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Tout de suite, ce livre étonnant est traduit dans les langues de toutes les nations civilisées et même de plusieurs peuples sans culture. Durant une année entière, dans toutes les parties du monde, mille journaux sont remplis par la réclame des éditeurs et par l’enthousiasme des critiques. Des éditions à bon marché, munies de portraits de l’auteur, se répandent par millions d’exemplaires. Tout le monde civilisé – c’est-à-dire alors le globe terrestre presque tout entier – chante la gloire de l’homme incomparable, grand, unique. Personne ne répond à ce livre.
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Il semble universellement être la révélation de la vérité intégrale. Là, tout le passé est traité avec tant de justice, tout le présent apprécié avec tant d’impartialité et de largeur, et le meilleur avenir rapproché du présent d’une manière si visible et si palpable, que chacun dit :
«Voilà vraiment ce qu’il nous faut ; voilà un idéal qui n’est pas une utopie ; voilà un projet qui n’est pas une chimère» Et le merveilleux écrivain non seulement entraîne tout le monde, mais chacun le trouve agréable ; et, de la sorte, s’accomplit la parole du CHRIST :
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«Je suis venu au nom de mon Père, et vous ne m’accueillez pas ; un autre viendra en son propre nom et celui-là vous l’accueillerez»
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C’est que, pour être accueilli, il faut être agréable.
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Cependant, quelques hommes pieux, tout en louant beaucoup ce livre, demandent pourquoi le CHRIST n’y est pas une seule fois mentionné. À cela d’autres chrétiens répondent :
«DIEU en soit loué ! Dans les siècles écoulés, toutes les choses saintes ont bien été suffisamment froissées et salies par les zélateurs sans mission. Désormais, l’écrivain profondément religieux doit être très circonspect. Et dès que le contenu du livre est pénétré du véritable esprit chrétien de l’amour actif et de l’universelle bienveillance, que vous faut-il de plus ?» Cette réponse met tout le monde d’accord.
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INTERNATIONALE CONSTITUANTE DE L’UNION DES ÉTATS EUROPÉENS.
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discernaient la nécessité d’une autorité générale exécutive.
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Réalisée au prix de tant d’efforts, l’Union européenne risquait continuellement de se dissoudre.
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Dans le CONSEIL DE L'UNION, ou TRIBUNAL UNIVERSEL (Comité permanent universel) l’unité faisait défaut ; car les vrais MAÇONS consacrés à l’œuvre n’avaient pu s’emparer de toutes les places. Dans le sein du Comité, les membres indépendants formaient entre eux des ententes séparées ; et une guerre était en perspective.
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C’est pourquoi les affiliés décidèrent de confier le pouvoir exécutif à une seule personne, munie de la pleine autorité nécessaire.
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Le principal candidat membre secret de l’Ordre, était «L’HOMME QUI VIENT». Il était l’unique personnalité qui possédât la grande réputation universelle. On l’avait connu d’abord savant officier d’artillerie ; puis il était devenu un riche capitaliste ; ce qui lui avait permis de nouer partout des relations amicales avec des gens de la finance et de l’armée.
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En d’autres temps moins civilisés, on lui aurait reproché une origine couverte d’un épais nuage d’incertitude. Sa mère, personne de mœurs faciles, était bien connue dans les deux hémisphères ; mais beaucoup d’hommes de catégories différentes avaient des droits égaux à le considérer comme leur fils. Naturellement, ces circonstances ne pouvaient lui nuire d’aucune façon dans un siècle assez avancé pour se dénommer lui-même le dernier siècle. Par la presque unanimité des suffrages, «L’HOMME QUI VIENT» fut ÉLU PRÉSIDENT À VIE DES ÉTATS-UNIS D’EUROPE.
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Lorsque, dans tout l’éclat surhumain de sa jeune beauté et de sa puissance, il parut à la tribune et, avec une éloquence inspirée, présenta son programme universel, l’assemblée, séduite et transportée, décida, dans un élan d’enthousiasme spontané, de lui conférer l’honneur suprême : LE TITRE D’EMPEREUR ROMAIN. Le Congrès fut clôturé au milieu de l’allégresse générale ; et le grand élu publia un manifeste qui commençait par ces mots :
«Peuples de la terre ! Je vous donne ma paix !» et qui se terminait ainsi :
«Peuples de la terre ! Les promesses se sont accomplies ! La paix universelle et éternelle est assurée. Toute tentative pour la troubler rencontrera aussitôt une résistance invincible. Car, désormais, il y a sur la terre une autorité centrale plus forte que toutes les autres autorités, soit séparées, soit prises ensemble. Cette puissance que rien ne peut vaincre et qui domine tout m’appartient à moi, l’élu, le plénipotentiaire de l’EUROPE, l’Empereur de toutes ses forces. Le droit international possède maintenant la sanction qui jusqu’ici lui manquait. Désormais, aucun État ne se permettra de dire : «La guerre !», quand je dirai «La paix ! – Peuples du monde, à vous la paix !» Ce manifeste produisit l’effet désiré. Partout, hors de l’EUROPE, et principalement en AMÉRIQUE, se formèrent de puissants partis impérialistes, qui contraignirent leurs gouvernements de faire alliance, de diverses manières, avec les ÉTATS-UNIS D’EUROPE, sous l’autorité suprême de L’EMPEREUR ROMAIN.
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Çà et là, en ASIE et en AFRIQUE, il y avait encore des peuples et des monarques indépendants. Avec une armée peu nombreuse, mais une armée d’élite, formée de contingents russes, allemands, polonais, hongrois et turcs, l’empereur exécute une promenade militaire, depuis l’ASIE orientale jusqu’au MAROC ; et, sans grande effusion de sang, impose son autorité à tous ces insoumis.
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Dans toutes les contrées des deux parties du monde, il institue ses vice-rois, choisis parmi les grands indigènes qui lui sont dévoués et qui ont reçu la culture de l’EUROPE.
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Dans tous les pays païens, la population, impressionnée et séduite, fait de lui une divinité supérieure. UN AN SUFFIT POUR FONDER LA MONARCHIE UNIVERSELLE, dans le sens exact et propre du mot. Les prétextes de guerre sont arrachés jusqu’à la racine.
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La LIGUE UNIVERSELLE DE LA PAIX se réunit pour la dernière fois, prononce l’enthousiaste panégyrique du fondateur de la paix, et puis se dissout, n’ayant plus sa raison d’être. Dans la deuxième année de son gouvernement, L’EMPEREUR ROMAIN UNIVERSEL publie un nouveau manifeste :
Alors, il annonce la simple et complète réforme sociale, celle qu’il avait déjà indiquée dans son livre et qui, d’avance, avait conquis tous les esprits élevés et mesurés. Grâce à la concentration entre ses mains des finances universelles et d’énormes richesses territoriales, il peut accomplir cette, réforme : contenter les pauvres sans nuire sensiblement aux riches. Chacun alors commença de recevoir selon ses facultés ; et chaque faculté selon le travail et les services.
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Le nouveau maître de la terre était surtout un philanthrope compatissant, et non seulement l’ami des hommes, mais aussi l’ami des bêtes. Végétarien personnellement, il interdit la vivisection et soumit les abattoirs à une surveillance sévère ; les sociétés protectrices des animaux furent par lui encouragées de toute façon. La plus importante de ses œuvres fut la solide organisation, dans toute l’humanité, de l’égalité essentielle par excellence : l’égalité du rassasiement général. LA SECONDE ANNÉE DE SON RÈGNE vit se réaliser cette réforme. La question sociale économique fut définitivement résolue.
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Mais si le rassasiement est le premier désir des affamés, ce désir, une fois satisfait, fait place à un autre. Les animaux eux-mêmes, quand ils sont repus, veulent d’ordinaire non seulement dormir, mais encore jouer. D’autant plus l’humanité, qui, toujours, post panem, a réclamé circenses.
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L’EMPEREUR SUR-HOMME comprend ce qu’il faut à ses peuples. Précisément, pendant qu’il se trouve à ROME, il voit venir vers lui un grand faiseur de miracles, arrivé de l’EXTRÊME-ORIENT et enveloppé d’un épais nuage d’étranges aventures et de récits bizarres. Celui-ci, d’après les rumeurs entretenues parmi les néo-bouddhistes, avait une origine divine : il était le fils du dieu du soleil, SOURYA, et de quelque nymphe d’un fleuve.
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LE FAISEUR DE MIRACLES S’APPELAIT APOLLONIUS. C’était incontestablement un homme de génie. Il était moitié Asiatique, moitié Européen, évêque catholique in partibus infidelium. En lui s’unissaient merveilleusement la possession des conclusions les plus récentes et des applications techniques de la science occidentale, et la connaissance théorique et pratique de tout ce qui est vraiment solide et important dans le mysticisme traditionnel oriental. Extraordinaires, les résultats d’une telle combinaison.
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Parmi eux se trouve même l’art, demi-scientifique, demi-magique, d’attirer et de conduire à sa guise l’électricité de l’atmosphère ; et dans la foule on dit qu’il fait descendre le feu du ciel. D’ailleurs, frappant l’imagination populaire par divers prodiges inouïs, il n’abuse pas encore de sa puissance dans des intentions particulières.
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Donc, cet homme vient vers le grand empereur, le salue en lui donnant le titre de véritable FILS DE DIEU, lui déclare avoir vu dans les livres secrets de l’Orient des prédictions qui le désignent directement en qualité d’EMPEREUR, DE DERNIER SAUVEUR QUI JUGERA L’UNIVERS ; enfin, il met à son service sa personne et tout son art. Ravi, l’empereur l’accueille comme un présent d’en haut, lui confère des titres somptueux et fait de lui son compagnon de chaque moment. De la sorte, les peuples de la terre, comblés de bienfaits par leur maître, obtiennent encore, outre la paix universelle et le plein rassasiement, la possibilité de jouir constamment de merveilles et d’apparitions les plus variées et les plus surprenantes. AINSI SE TERMINE LA TROISIÈME ANNÉE DU RÈGNE DU SUR-HOMME.
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Après l’heureuse solution du problème politique et social se présentait la question religieuse.
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L’empereur la posa lui-même, l’envisageant avant tout dans ses rapports avec le christianisme.
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Voici quelle était à cette époque la situation du christianisme :
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Malgré une très grande diminution du nombre des fidèles – alors, sur toute la terre, il ne restait pas plus de 45 millions de chrétiens –, elle s’était élevée et étendue moralement, et elle avait gagné en qualité ce qu’elle avait perdu en nombre. On ne voyait plus guère de chrétiens pour qui le christianisme fût sans intérêt spirituel. Les diverses confessions religieuses avaient, au point de vue du nombre de leurs fidèles, subi un amoindrissement analogue ; de sorte qu’à cet égard subsistait entre elles la même proportion qu’autrefois. Quant à leurs sentiments réciproques, si la haine n’avait pas été remplacée par une parfaite concorde, elle s’était cependant assez adoucie ; et les oppositions perdaient leur ancienne aigreur.
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LA PAPAUTÉ avait depuis longtemps été expulsée de ROME ; et, après avoir été réduite à vagabonder pendant une longue période, elle avait trouvé un asile à PÉTERSBOURG, sous la condition de ne point faire de propagande dans cette ville ni dans l’intérieur du pays.
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En RUSSIE, la Papauté s’était notablement simplifiée. Sans modifier essentiellement ses collèges et son administration, elle avait dû spiritualiser leur caractère et leur rôle, et aussi réduire à l’extrême minimum la pompe de ses rites et de ses cérémonies. Beaucoup de coutumes étranges et scandaleuses, qui n’avaient pas été abolies formellement, disparurent d’elles–mêmes. Dans tous les autres pays, principalement dans l’AMÉRIQUE DU NORD, la hiérarchie catholique était encore très souvent représentée par des hommes qui possédaient une volonté forte, nue infatigable énergie et une situation indépendante ; encore plus fortement qu’autrefois ils resserraient l’unité de l’Église Catholique et lui conservaient son caractère international cosmopolite.
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LE PROTESTANTISME, à la tête duquel l’ALLEMAGNE continuait de se tenir, surtout depuis qu’une importante partie de l’Église Anglicane s’était réunie à l’Église Catholique – le protestantisme s’était débarrassé de ses extrêmes tendances négatrices, dont les représentants avaient ouvertement passé à l’indifférentisme religieux et à l’incrédulité.
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Dans L’ÉGLISE ÉVANGÉLIQUE il ne restait que des croyants sincères, au premier rang desquels figuraient des hommes d’une large culture et d’une profonde religiosité, de plus en plus désireux de reproduire en eux-mêmes le vivant modèle du christianisme primitif.
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L’ORTHODOXIE RUSSE, ayant vu la situation officielle de l’Église changée par les événements politiques, avait perdu des millions et des millions de ses prétendus fidèles qui ne lui appartenaient que de nom ; mais, en revanche, elle goûtait la joie d’être unie à la meilleure partie des Vieux-Croyants et même à beaucoup de sectes animées d’un esprit religieux positif.
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Sans grandir en nombre, cette Église rénovée développait sa force spirituelle, qu’elle manifestait surtout dans sa lutte intérieure avec les sectes extrêmes multipliées parmi le peuple et parmi la société, et non exemptes d’un élément démoniaque et satanique.
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Pendant les deux premières années de la nouvelle domination, tous les chrétiens, à la fois effrayés et fatigués par les révolutions et par les guerres précédentes, témoignaient envers le nouveau souverain et envers ses pacifiques réformes, tantôt une réserve bienveillante, tantôt une sympathie résolue ou même un vif enthousiasme.
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Mais la troisième année, à l’apparition du grand mage, beaucoup de pravoslaves, de catholiques et de protestants commencèrent à éprouver de la crainte et de l’antipathie.
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On se mit à lire plus attentivement et à commenter avec animation les textes évangéliques et apostoliques qui parlent du Prince de ce monde et de l’ANTÉCHRIST.
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Prévoyant, à certains symptômes, qu’un orage se préparait, l’empereur décida de prendre les devants pour le détourner.
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Dès le COMMENCEMENT DE LA QUATRIÈME ANNÉE DE SON RÈGNE, il publia un manifeste adressé aux chrétiens fidèles de toute confession, les invitant à élire ou à désigner des représentants avec pleins pouvoirs, en vue d’un concile œcuménique qu’il présiderait.
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La résidence de l’empereur avait été transférée de ROME à JÉRUSALEM.
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Alors, la PALESTINE était une province autonome, principalement habitée et administrée par des juifs. JÉRUSALEM était devenue ville libre, puis ville impériale. On avait respecté les sanctuaires chrétiens ; mais, depuis BIRKET-ISRAÏN et la caserne actuelle, d’une part, jusqu’aux «écuries de SALOMON» d’autre part, c’est-à-dire sur toute l’étendue de la grande plate-forme de KHARAM-ECH-CHERIF, s’élevait un énorme édifice, qui contenait, outre les deux petites anciennes mosquées, le vaste «TEMPLE» impérial destiné à la réunion de tous les cultes, deux magnifiques palais impériaux avec des bibliothèques et des musées, et aussi des locaux spéciaux pour les expériences et pour les exercices magiques.
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C’est dans cet édifice, moitié temple, moitié palais, que devait, À LA DATE DU 14 SEPTEMBRE, S’OUVRIR LE CONCILE ŒCUMÉNIQUE.
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Comme la CONFESSION ÉVANGÉLIQUE n’a pas, à proprement parler, de clergé, les prélats catholiques et les prélats orthodoxes, pour donner une certaine homogénéité à la représentation de toutes les catégories du christianisme, et selon le désir de l’empereur, décidèrent de laisser participer au concile un certain nombre de laïques, connus par leur piété et par leur dévouement aux intérêts religieux.
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Les laïques étant admis, on ne pouvait pas exclure le bas clergé, régulier ou séculier. En conséquence, le nombre des membres du concile dépassa trois mille ; environ un demi-million de pèlerins envahirent JÉRUSALEM et toute la PALESTINE.
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Parmi les membres du concile, trois surtout étaient en évidence. D’abord, LE PAPE PIERRE II, chef de droit de la fraction catholique. Son prédécesseur était mort en se rendant au concile ; et le conclave, réuni à DAMAS, avait, d’une voix unanime, élu le cardinal SIMONE BARIONINI, qui avait pris le nom de PIERRE. Né dans une pauvre famille de la région de NAPLES, il appartenait à l’ordre des CARMES et avait acquis de la réputation comme prédicateur ; de même par de très importants services dans la lutte contre une secte satanique qui faisait des progrès à PÉTERSBOURG et dans les environs et qui séduisait non seulement des orthodoxes mais aussi des catholiques. Devenu archevêque de MOHILEV, puis cardinal, il se trouvait d’avance désigné pour la tiare. C’était un homme de cinquante ans, de taille moyenne et de constitution robuste, au teint ronge, au nez busqué, aux épais sourcils. D’un tempérament ardent et impétueux, il parlait avec chaleur en faisant des gestes larges et entraînait son auditoire plus qu’il ne le persuadait.
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Le nouveau PAPE témoignait de la défiance et de l’antipathie envers le maître universel, surtout depuis que celui-ci avait, par ses instances, obtenu du pape précédent, en route pour le concile, l’élévation au cardinalat de l’exotique évêque APOLLONIUS, DEVENU CHANCELIER IMPÉRIAL et grand mage universel.
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PIERRE considérait APOLLONIUS comme un catholique douteux et comme un indubitable imposteur.
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LE CHEF DES PRAVOSLAVES, dépourvu de titre officiel, mais chef de fait, était le MOINE JEAN, très célèbre parmi le peuple russe.
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Quoiqu’il fût officiellement évêque «retraité», il n’habitait aucun monastère et circulait constamment, dans toutes les directions. Il y avait sur lui diverses légendes. Certains assuraient qu’il était FÉDOR KOUZMITCH RESSUSCITÉ, c’est-à-dire l’empereur ALEXANDRE IER, né environ trois siècles auparavant.
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D’autres allaient plus loin, affirmant qu’il était le véritable JEAN, c’est-à-dire L’APÔTRE JEAN le Théologien, qui n’était pas mort et qui s’était manifesté dans les derniers temps. Lui-même ne disait rien de son origine ni de sa jeunesse.
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C’était maintenant un homme très âgé, encore robuste, avec la chevelure bouclée et la barbe jaunâtres et même verdâtres, de haute taille, au corps maigre mais avec des joues pleines et légèrement rosées, l’oeil vif et brillant, une bonne physionomie et un langage qui respiraient l’onction. Toujours, il portait une soutane blanche et un manteau blanc.
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À LA TÊTE DE LA FRACTION ÉVANGÉLIQUE du concile se trouvait le savant théologien allemand, PROFESSEUR ERNST PAULI.
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C’était un petit vieillard sec, au front énorme, au nez pointu, au menton rasé et lisse. Ses yeux avaient un singulier caractère de bonhomie violente. À chaque instant, il se frottait les mains, secouait la tète, fronçait les sourcils d’une manière terrible, projetait les lèvres en avant ; et puis, les yeux étincelants, il proférait d’une voix morne des sons entrecoupés : so ! nun ! ja ! so also ! Il portait la tenue solennelle : cravate blanche et longue redingote pastorale avec plusieurs décorations.
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Impressionnante fut l’OUVERTURE DU CONCILE. Dans les deux tiers de l’énorme temple consacré «À L’UNION DE TOUS LES CULTES» étaient placés des bancs et d’autres sièges, pour les membres du concile. Dans l’autre tiers se dressait une haute estrade, sur laquelle, derrière LE TRÔNE DE L’EMPEREUR et celui, un peu moins élevé, du GRAND MAGE CARDINAL, impérial chancelier, s’étendaient des rangées de fauteuils réservés aux ministres, aux personnages de la cour, aux secrétaires d’État ; sur les côtés, de plus longues rangées de fauteuils, dont on ignorait la destination.
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Des orchestres étaient disposés dans les tribunes. Deux régiments de la garde se tenaient sur la place voisine ; ainsi qu’une batterie, pour les salves solennelles. Dans les églises diverses, des cérémonies religieuses avaient été célébrées par les membres du concile, dont l’ouverture devait avoir un caractère entièrement laïque. Quand L’EMPEREUR fit son entrée, accompagné du GRAND MAGE et de sa suite, l’orchestre se mit à jouer la «MARCHE DE L’HUMANITÉ UNIE» qui servait d’hymne impérial et international ; et les membres du concile, agitant leurs chapeaux, crièrent à trois reprises, à pleine voix : «Vivat ! Hourra ! hoch !»
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Debout près du trône et les bras étendus avec une affabilité majestueuse, L’EMPEREUR, d’une voix sonore et agréable, prononça les paroles suivantes :
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Alors, il s’arrêta et attendit. Dans le TEMPLE flottait un murmure étouffé. Entre eux, les membres du concile se parlaient à voix basse.
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LE PAPE PIERRE, gesticulant avec ardeur, expliquait quelque chose à ceux qui l’entouraient. Le professeur PAULI agitait la tête et faisait claquer ses lèvres avec acharnement.
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LE PÈRE JEAN incliné vers un évêque et vers un capucin d’Orient, leur adressait doucement quelque suggestion.
Après avoir un peu attendu, L’EMPEREUR, DE NOUVEAU, HARANGUA LE CONCILE, toujours sur un ton caressant, où vibrait une note d’ironie à peine perceptible. Il dit :
CHERS FRÈRES CATHOLIQUES ! Oh ! comme je comprends votre manière de voir et comme je voudrais appuyer ma puissance sur l’autorité de votre chef spirituel ! Pour que vous ne pensiez point que ce sont là des flatteries et de vaincs paroles, nous déclarons solennellement notre autocratique volonté : désormais, l’évêque suprême de tous les catholiques, le pape romain, est replacé sur son siège à ROME, avec tous les anciens droits et les anciennes prérogatives de cette condition et de cette chaire, droits et prérogatives datant de toute époque et conférés par nos prédécesseurs, à commencer par CONSTANTIN LE GRAND. Et, en retour, chers frères catholiques, je demande seulement que, du fond de l’âme, vous me reconnaissiez comme votre défenseur et protecteur unique. Ceux qui, dans leur âme et conscience, me reconnaissent pour tel, je les invite à venir ici, près de moi» .
Et il désignait les places demeurées vides sur l’estrade. En poussant des exclamations joyeuses : Gratias agimus ! Domine ! salvum fac magnum imperatorem, presque tous les princes de l’Église catholique, cardinaux et évêques, la plupart des laïques croyants et plus de la moitié des moines montèrent sur l’estrade, où, après s’être humblement inclinés devant l’EMPEREUR, ils occupèrent les fauteuils qui leur étaient réservés.
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Mais, en bas, au milieu de l’assemblée, droit et immobile comme une statue de marbre, resta assis à sa place LE PAPE PIERRE II. Tous ceux qui l’entouraient auparavant se trouvaient maintenant sur l’estrade. Alors, la troupe clairsemée des moines et des laïques qui demeuraient en bas se rapprocha de lui, le plaçant dans un cercle serré d’où sortait cette rumeur contenue : Non praevalebunt, non praevalebunt portae inferni.
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Observant avec surprise LE PAPE immobile, L’EMPEREUR éleva de nouveau la voix :
FRÈRES ORTHODOXES ! Que ceux qui ont dans le cœur cette volonté qui est la mienne, que ceux qui, au fond du cœur, peuvent m’appeler leur véritable chef et maître, qu’ils montent ici» .
Et la plus grande partie des hiérarques de l’Orient et du Nord, la moitié des anciens vieux-croyants, plus de la moitié des prêtres, des moines et des laïques orthodoxes montèrent sur l’estrade avec des cris joyeux, en regardant à la dérobée les catholiques qui se montraient fiers de siéger là.
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Mais LE PÈRE JEAN, sans faire un mouvement, soupira tout haut.
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Quand la foule qui l’entourait se fut considérablement éclaircie, il quitta son banc et alla s’asseoir près du PAPE PIERRE et de son cercle.
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Derrière lui se groupèrent les autres orthodoxes qui n’étaient pas montés sur l’estrade. – L’EMPEREUR prit de nouveau la parole :
«Chrétiens bien-aimés, j’en connais parmi vous qui, dans le christianisme, aiment par-dessus tout l’assurance personnelle en fait de vérité, et la libre recherche à l’égard de l’Écriture. Ce que je pense de cela, je n’ai pas besoin de vous l’exposer, puisque, comme vous le savez peut-être, j’ai, dès ma première jeunesse, composé sur la critique biblique un grand ouvrage qui a fait un certain bruit et qui a posé le fondement de ma réputation. C’est vraisemblablement en souvenir de ce fait que l’Université de TÜBINGEN vient de me demander d’accepter son diplôme d’honneur de docteur en théologie. J’ai ordonné de répondre que j’acceptais avec satisfaction et avec gratitude. Et aujourd’hui, en même temps que ce musée d’archéologie chrétienne, j’ai établi un budget annuel d’un million et demi de marks pour l’entretien d’un institut universel destiné à la libre recherche de l’Écriture sainte, dans toutes ses parties et selon tous les points de vue, et aussi à l’étude de toutes les sciences auxiliaires. Ceux de vous qui, dans leur cœur, apprécient mes sincères dispositions et qui peuvent, en conscience, me reconnaître pour leur chef souverain, je les invite à prendre place près du nouveau docteur en théologie» .
Alors, un étrange sourire allongea légèrement les belles lèvres du grand homme. Plus de la moitié des savants théologiens s’avancèrent vers l’estrade, avec, toutefois, un peu de lenteur et d’hésitation.
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Tous regardaient LE PROFESSEUR PAULI, qui semblait enraciné à son siège. Il baissait profondément la tête, se repliant et se contractant.
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Les savants théologiens qui étaient montés sur l’estrade se sentirent envahis par la confusion. L’un d’eux, tout à coup, agita la main, sauta droit en bas à côté de l’escalier et, boitant un peu, courut rejoindre le PROFESSEUR PAULI et la minorité qui restait là. PAULI leva la tête, se mit debout d’un mouvement un peu incertain, puis se dirigea vers les bancs abandonnés et, suivi de ses coreligionnaires qui résistaient à l’empereur, vint s’asseoir près du PÈRE JEAN, près du pape PIERRE et de leurs fidèles.
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Sur l’estrade se trouvait la grande majorité du CONCILE, y comprise presque toute la hiérarchie de l’Orient et de l’Occident.
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En bas restaient seulement trois groupes de gens qui s’étaient rapprochés les uns des autres et qui se serraient autour du PÈRE JEAN, du PAPE PIERRE et du PROFESSEUR PAULI.
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D’une voix attristée, L’EMPEREUR leur adressa la parole :
«Que puis-je encore faire pour vous ? Hommes étranges ! Que voulez-vous de moi ? Je l’ignore. Chrétiens répudiés par la majorité de vos frères et de vos chefs, condamnés par le sentiment populaire, dites-moi vous-mêmes ce qui vous est le plus cher dans le christianisme ?» .
Alors, pareil à un cierge blanc, le PÈRE JEAN se dressa. Avec douceur, il répondit :
– ici, maintenant, devant nous, confesse JÉSUS-CHRIST FILS DE DIEU, qui s’est incarné, qui est ressuscité, qui viendra de nouveau – confesse-Le, et nous t’accueillerons avec amour, comme le véritable précurseur de son second et glorieux avènement» Il se tut et fixa ses yeux sur les yeux de L’EMPEREUR.
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En celui-ci s’accomplissait quelque chose de mauvais. Au sein de son être s’élevait une tempête diabolique, comme celle qu’il avait subie dans la nuit fatale. Il perdait entièrement l’équilibre intérieur ; et toutes ses pensées se concentraient sur le désir de conserver les apparences de la possession de soi-même et de ne pas se dévoiler trop tôt. Il s’imposa des efforts surhumains pour se retenir de se jeter avec des cris sauvages sur l’homme qui venait de parler, et pour ne pas le déchirer à coups de dents.
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Soudain, il entendit la voix extra-terrestre qui lui était connue. Elle disait : «Tais-toi et ne crains rien» Il garda le silence. Mais son visage, où passait l’ombre de la mort, devint tout convulsé ; et de ses yeux jaillirent des étincelles.
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Pendant que retentissaient les paroles du PÈRE JEAN, le GRAND MAGE, qui siégeait, enveloppé tout entier dans son vaste manteau tricolore cachant la pourpre cardinalice, semblait occupé à quelque manipulation secrète ; ses yeux, dont les regards étaient concentrés, étincelaient, et ses lèvres remuaient.
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Par les fenêtres ouvertes du TEMPLE, on voyait s’approcher un énorme nuage noir. Rapidement l’obscurité se répandit.
LE PÈRE JEAN, qui, de ses yeux étonnés et effrayés, n’avait pas quitté le visage de L’EMPEREUR muet, sursauta soudain d’épouvante et, se détournant, s’écria d’une voix étranglée :
«Enfants, c’est l’ANTÉCHRIST !» Dans le TEMPLE éclata un formidable coup de foudre, accompagné d’un éclair circulaire qui enveloppa le vieillard. Pendant un instant, la stupeur fut complète. Quand les chrétiens sortirent de l’étourdissement, LE PÈRE JEAN gisait par terre, sans vie.
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L’EMPEREUR, blême mais demeurant calme, interpella le concile :
– Le concile œcuménique de tous les chrétiens, après que le feu du ciel eut frappé un adversaire insensé de la majesté divine, unanimement reconnaît L’EMPEREUR ACTUEL DE ROME et de l’univers pour son chef et pour son maître suprême» Soudain, un mot sonore et clair remplit le temple :
«Contradicitur» LE PAPE PIERRE IL EST debout et, tout tremblant de colère, le visage empourpré, il lève sa crosse dans la direction de L’EMPEREUR :
Par l’autorité du CHRIST, moi, serviteur des serviteurs de DIEU, pour toujours je t’exclus de la cité divine, chien hideux, et je te livre à ton père SATAN. Anathème, anathème, anathème !» Pendant que LE PAPE parlait, LE GRAND MAGE, avec inquiétude, s’agitait sous son manteau. Plus retentissante que le dernier anathème, la foudre éclata ; et LE DERNIER PAPE tomba par terre, inanimé.
«Ainsi, par les mains de mon PÈRE, périssent tous mes ennemis», dit L’EMPEREUR. «Pereant, pereant !» crièrent en tremblant les princes de l’Église. .
Il se retourna ensuite, lentement, appuyé sur l’épaule du grand mage et, suivi de la foule de ses fidèles, il sortit par la porte qui se trouvait derrière l’estrade.
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Il n’y avait plus dans le temple que les deux morts et un cercle étroit de gens à demi morts de crainte.
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Seul, LE PROFESSEUR PAULI restait maître de soi. L’horreur commune semblait stimuler toutes les forces de son esprit. Il avait même changé à l’extérieur – et avait pris un air majestueux et inspiré. D’un pas résolu, il monta sur l’estrade. S’asseyant à une des places que les secrétaires d’État avaient laissées vides, il prit une feuille de papier et se mit à écrire.
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Après quoi, debout et d’une voix forte, il lut ce qui suit :
«À la gloire de notre unique Sauveur JÉSUS-CHRIST. Le Concile œcuménique des Églises de DIEU réuni à JÉRUSALEM – notre bienheureux FRÈRE JEAN, représentant de la chrétienté orientale, ayant convaincu le grand imposteur ennemi de DIEU d’être le propre ANTÉCHRIST prédit dans l’Écriture ; et notre bienheureux PÈRE PIERRE, représentant de la chrétienté occidentale, l’ayant légitimement et régulièrement, pour toujours, excommunié de l’Église de DIEU ; – le Concile, en présence des corps de ces deux martyrs de la vérité, témoins du CHRIST – décide : de rompre tout rapport avec l’excommunié et avec son abominable séquelle ; d’aller attendre dans le désert l’infaillible avènement de notre vrai maître JÉSUS-CHRIST» .
L’animation s’empara de l’assistance ; et des voix puissantes retentirent, qui disaient :
De nouveau, LE PROFESSEUR PAULI écrivit, et puis il lut :
«Ayant unanimement approuvé ce premier et dernier acte du dernier Concile œcuménique, nous apposons nos signatures» ; et, d’un geste, il appela les membres de la réunion. Tous se hâtèrent de monter sur l’estrade et de signer. A la fin, il signa ainsi, en gros caractères gothiques :
Montrant les deux défunts, il dit :
«Maintenant, allons, avec notre arche d’alliance du dernier Testament» Les cadavres furent enlevés sur des civières. Lentement, au chant d’hymnes latines, allemandes et slavonnes, les chrétiens se dirigèrent vers la sortie de KARAM-ECH-CHERIF. Là, le cortège se heurta à un envoyé de l’empereur et à un secrétaire d’État, accompagnés d’un officier et d’un détachement de la garde. Les soldats se tinrent près de la porte et, d’un endroit élevé, l’officier lut l’ordre suivant :
«Ordre de Sa Divine Majesté : Pour instruire le peuple chrétien et pour le mettre en garde contre les gens malintentionnés fauteurs de troubles et de scandales, nous avons jugé bon de décider que les corps des deux factieux tués par le feu du ciel seront publiquement exposés dans la rue des Chrétiens (KHARET-EN-NASARA) à l’entrée du temple principal de cette religion, temple dénommé SAINT-SÉPULCRE ou encore la Résurrection, afin que tout le monde puisse vérifier la réalité de leur mort. Leurs partisans obstinés, qui, avec méchanceté, refusent tous nos bienfaits et ferment follement les yeux devant les évidentes manifestations de la divinité elle-même, sont, grâce à notre miséricorde et à notre intercession devant le PÈRE céleste, exempts de la peine qu’ils ont méritée de mourir par le feu du ciel ; et ils conservent leur entière liberté, sauf l’unique défense, faite dans l’intérêt du bien commun, d’habiter les villes ou les autres endroits peuplés, afin qu’ils ne puissent, par leurs mensonges pervers, agiter ou séduire les âmes innocentes et simples» Quand il eut terminé, huit soldats, sur un signe de l’officier, s’avancèrent vers les civières où reposaient les corps.
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– «Que ce qui est écrit s’accomplisse», dit LE PROFESSEUR PAULI ; et les chrétiens qui portaient les brancards les livrèrent en silence aux soldats.
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Ceux-ci s’éloignèrent par la porte du nord-ouest. Les chrétiens, eux, sortant par la porte du nord-est, s’éloignèrent rapidement de la ville, en passant près du MONT DES OLIVIERS, pour gagner JÉRICHO. Préalablement, des gendarmes et deux régiments de cavalerie avaient repoussé au loin la foule qui occupait la route. Sur les collines désertes près de JÉRICHO, on résolut d’attendre quelques jours. Le lendemain matin, des pèlerins chrétiens de connaissance arrivèrent de Jérusalem et racontèrent ce qui s’était passé à SION.
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Après le dîner de la cour, tous les membres du concile avaient été convoqués dans l’immense chambre du trône (près de l’emplacement supposé du trône de SALOMON). Là, s’adressant aux représentants de la hiérarchie catholique, L’EMPEREUR avait déclaré que le bien de l’Église exigeait, évidemment, l’immédiate élection d’un digne successeur de L’APÔTRE PIERRE ; que, dans les circonstances actuelles, l’élection devait s’accomplir d’une façon sommaire ; que la présence de L’EMPEREUR, chef et représentant du monde chrétien tout entier, compensait abondamment l’omission des formalités rituelles ; et qu’au nom de tous les chrétiens, il proposait au Sacré-Collège d’élire son ami et frère bien-aimé APOLLONIUS, afin que le lien étroit qui existait entre eux rendit durable et indestructible l’union de l’Église et de l’État, pour le bien commun de tous.
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Le Sacré-Collège se retira dans une chambre spéciale pour tenir le conclave et, une heure et demie après, revint avec le nouveau pape, APOLLONIUS.
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Pendant que l’on procédait à l’élection, l’empereur, avec douceur, sagesse, éloquence, avait engagé les représentants des protestants et des orthodoxes à mettre définitivement de côté les vieilles contestations, en vue d’une ère historique nouvelle et grande ; et il avait donné sa parole qu’APOLLONIUS saurait abolir pour toujours tous les abus historiques du pouvoir papal.
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Persuadés par ce discours, les représentants de l’ORTHODOXIE et du PROTESTANTISME avaient dressé l’acte d’union des Églises.
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Quand APOLLONIUS et les cardinaux parurent au milieu des cris de joie de toute l’assemblée, un évêque grec et un pasteur évangélique présentèrent leur texte. Accipio et approbo et laetificatur cor meum, dit APOLLONIUS, en apposant sa signature.
ajouta-t-il en échangeant un amical baiser avec le GREC et l’ALLEMAND. Puis il vint à l’empereur, qui l’embrassa et qui le pressa longuement sur son cœur.
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Alors, dans le palais et dans le temple surgirent des points brillants qui flottaient en tous sens ; ils se développèrent jusqu’à devenir des formes lumineuses de choses étranges ; d’en haut tombaient sur le sol des fleurs extraordinaires, exhalant en abondance un parfum inconnu.
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D’en haut retentirent, délicieux, allant droit à l’âme et saisissant le cœur, les sons d’instruments musicaux ignorés jusque-là ; et les voix angéliques d’invisibles chanteurs glorifiaient les nouveaux maîtres du ciel et de la terre.
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Mais, en même temps, un terrible bruit souterrain retentissait dans l’angle nord-ouest du palais central, sous le KOUBBET-EL-AROUAKH, c’est-à-dire sous la coupole des âmes, où, selon les traditions musulmanes, se trouve l’entrée de l’enfer.
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Quand, à l’invitation de l’empereur, les assistants s’avancèrent de ce côté, tous entendirent des voix innombrables, aiguës et perçantes, – ni enfantines, ni diaboliques – qui criaient :
Mais APOLLONIUS, se serrant contre le roc, cria en bas, à trois reprises, quelques mots d’une langue inconnue ; alors les voix se turent et le bruit souterrain s’interrompit. Pendant ce temps, l’immense foule du peuple, venue de tous les côtés, s’était amassée autour de KHARAM-ECH-CHERIF.
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À la tombée de la nuit, L’EMPEREUR, avec LE NOUVEAU PAPE, s’était montré sur le perron oriental, provoquant une «tempête d’enthousiasme». Il salua aimablement toute l’assistance.
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Alors, APOLLONIUS, puisant dans de grandes corbeilles que lui présentaient les cardinaux diacres, lança en l’air, continuellement, de magnifiques chandelles romaines, des fusées, des fontaines de feu, qui, enflammées au contact de ses mains, devenaient, tantôt des perles aux lueurs phosphoriques, tantôt des arcs-en-ciel. Tout cela sur le sol se transformait en innombrables feuilles de papier de diverses couleurs et chargées d’indulgences plénières pour tous les péchés passés, présents et à venir. La joie populaire était sans bornes. Certains, il est vrai, affirmaient avoir vu ces feuilles d’indulgence métamorphosées en crapauds et en serpents hideux. Néanmoins, la grande majorité du peuple s’abandonnait à l’enthousiasme. Les fêtes durèrent encore plusieurs jours, pendant lesquels LE NOUVEAU PAPE thaumaturge accomplit des prodiges si extraordinaires et si incroyables que le récit en serait complètement inutile.
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Pendant ce temps-là, sur les hautes solitudes de JÉRICHO, les chrétiens se livraient au jeûne et à la prière. Le soir du quatrième jour, quand la nuit commençait, LE PROFESSEUR PAULI et neuf compagnons, montés sur des ânes et amenant un chariot, pénétrèrent dans JÉRUSALEM.
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Là, par des rues détournées, passant près de KHARAM-ECH-CHERIF, ils gagnèrent KHARET-EN-NAZAR et atteignirent l’entrée du temple de la Résurrection, où, sur le pavé, gisaient les corps du PAPE PIERRE et du PÈRE JEAN. À cette heure, la rue était entièrement déserte. Tous les habitants se trouvaient à KHARAM-ECH-CHERIF. Les soldats chargés de monter la garde dormaient d’un profond sommeil.
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Les arrivants constatèrent que les corps n’étaient nullement décomposés ni même engourdis. Les ayant placés sur des civières et les ayant recouverts de manteaux qu’ils avaient apportés, ils revinrent, par les mêmes rues détournées, près de leurs frères.
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À peine avaient-ils déposé les civières sur le sol, que l’esprit de vie reprit possession des deux morts. Ceux-ci se mirent à s’agiter, s’efforçant de se débarrasser des manteaux qui les enveloppaient. Tous les aidèrent, avec des cris de joie ; et bientôt les deux ressuscités étaient debout, entiers et intacts.
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Et LE PÈRE JEAN parla en ces termes :
«Ainsi donc, chers enfants, nous ne nous sommes pas quittés. Et voici ce que je vous dis maintenant : –L’heure est venue d’accomplir la dernière prière que LE CHRIST a faite pour ses disciples ; qu’ils soient un, comme Lui-même avec le PÈRE est un. En vue de cette unité chrétienne, chers enfants, vénérons notre bien-aimé FRÈRE PIERRE. Qu’il paisse les dernières brebis du CHRIST ! Frère, qu’il soit fait ainsi !» Et il embrassa PIERRE. LE PROFESSEUR PAULI s’avança alors : «Tu es PETRUS», dit-il au pape : «Jetzt ist es ja gründlich erwiesen und ausser jedem Zweifel gesetzt»
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De la main droite il lui serra fortement la main et tendit l’autre au PÈRE JEAN, en disant : «So also Väterchen, nun sind wir ja Eins in Christo»
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Ainsi s’accomplit l’union des Églises, dans l’obscurité de la nuit, sur une hauteur isolée. Mais, tout à coup, l’obscurité nocturne fit place à une splendeur lumineuse, et dans le ciel le grand signe apparut : une FEMME revêtue du soleil, ayant la lune sous ses pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles.
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Le signe demeura quelque temps au même endroit, puis, lentement, s’achemina vers le sud. Levant sa crosse, LE PAPE PIERRE s’écria :
«Voilà notre étendard ! Suivons-le !» Et, accompagné par les deux vieillards, ainsi que par toute la foule des chrétiens, il s’engagea dans la voie marquée par l’apparition, vers la montagne de DIEU, vers le SINAÏ...
[...]
Après que les chefs spirituels et les représentants de la chrétienté se furent éloignés dans le désert de l’ARABIE, où, de toutes les directions, affluèrent vers eux des foules de fidèles zélateurs de la vérité, APOLLONIUS put librement pervertir par ses prodiges et par ses miracles tous les chrétiens superficiels, qui n’étaient pas désillusionnés sur l’ANTÉCHRIST.
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Il déclara que, par la puissance de ses clefs, il avait ouvert les portes entre la vie terrestre et la vie d’outre-tombe. En effet, la communication entre les morts et les vivants, comme aussi entre les hommes et les démons, devint un phénomène habituel ; et l’on vit se développer des formes nouvelles, inouïes, de débauche mystique et démoniaque.
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Mais aussitôt que L’EMPEREUR se crut solidement établi dans le domaine religieux et que, sous la pressante inspiration de la mystérieuse voix «paternelle», il se fut déclaré l’unique et véritable incarnation de la divinité suprême et universelle, – alors lui advint un nouveau malheur, du côté d’où personne ne prévoyait rien de tel : la révolte des Juifs.
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Ce peuple, dont les membres atteignaient maintenant le chiffre de trente millions, n’avait pas été tout à fait étranger aux préliminaires et à l’affermissement des universels succès du sur-homme. L’EMPEREUR, en venant s’installer à JÉRUSALEM, avait secrètement entretenu dans les milieux juifs la rumeur que son principal dessein était d’établir sur toute la terre la domination d’ISRAËL ; pour cette raison, les juifs l’avaient reconnu comme le MESSIE et lui avaient témoigné un dévouement enthousiaste et sans bornes. Et tout à coup, ils se révoltaient, respirant la colère et la vengeance.
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Cette révolution, sans aucun doute prédite dans la tradition et dans l’Écriture, a été représentée par le PÈRE PANSOPHII peut-être avec trop de simplicité et de réalisme. En somme, les Juifs, qui considéraient L’EMPEREUR comme un véritable et parfait Israélite, auraient par hasard découvert qu’il n’était même pas circoncis.
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L’EMPEREUR, qui ne s’attendait pas à une explosion si soudaine, perdit la maîtrise de soi : il publia un édit condamnant à la mort tous les sujets insoumis, juifs et chrétiens. Par milliers et par dizaines de milliers, des gens qui n’avaient pas eu le temps de s’armer subirent un impitoyable massacre.
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Mais, bientôt, une armée d’un million de Juifs s’empara de JÉRUSALEM et cerna l’ANTÉCHRIST dans KHARAM-ECH-CHERIF. Celui-ci ne disposait que d’une partie de la garde, qui ne pouvait l’emporter sur la masse des ennemis. Grâce à l’art magique de SON PAPE, L’EMPEREUR réussit à percer les lignes des assiégeants. Bientôt, on le vit de nouveau en SYRIE, commandant une immense armée de païens de races diverses. Les Juifs, malgré leur peu de chances de vaincre, marchèrent à sa rencontre.
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À peine les avant-gardes des deux armées s’étaient-elles rejointes, que se produisit un tremblement de terre d’une violence sans pareille. – Sous la MER MORTE, près de laquelle les troupes impériales avaient pris position, s’ouvrit le cratère d’un énorme volcan ; et des torrents de feu, qui se mêlaient en un lac enflammé, engloutirent L’EMPEREUR lui-même, ses troupes innombrables et, son inséparable compagnon LE PAPE APPOLONIUS, à qui toute sa magie ne fut d’aucun secours.
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Les Juifs coururent vers JÉRUSALEM, effrayés et tremblants, suppliant le DIEU D’ISRAËL de les sauver.
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Quand la ville sainte fut devant leurs yeux, un grand éclair entrouvrit le ciel, depuis l’est jusqu’à l’ouest. Et ils virent LE CHRIST, qui descendait vers eux, en robe royale, avec les plaies des clous sur ses mains étendues. Alors, du SINAÏ vers SION, s’ébranlait la foule des chrétiens, conduits par PIERRE, JEAN et PAUL ; et de différents côtés aussi accouraient d’autres foules enthousiastes : c’étaient tous les Juifs et tous les Chrétiens que l’ANTÉCHRIST avait mis à mort. Ils revivaient ; et ils commençaient à régner avec le CHRIST, pour une période de mille ans.
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TROIS ENTRETIEN SUR LA GUERRE, LA MORALE ET LA RELIGION 1900 Traduits du russe par Eugène Tavernier (1916)
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21:30 Publié dans PROPHÉTIES VLADIMIR SERGUEÏEVITCH SOLOVIEV | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : prophÉties. vladimir sergueÏevitch soloviev. antechrist