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16/09/2010

L'ORIGINE JUIVE DU PATER NOSTER

L'[O5.bmp]RIGINE JUIVE DU 

PATER
 
 
«Notre père qui es aux cieux, ton nom soit sanctifié. Ton règne vienne ; ta volonté soit a faite sur le terre comme au ciel. Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien. Pardonne-nous nos péchés, comme aussi nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés. Et ne nous induis point dans la tentation ; mais délivre-nous du malin ; car à toi appartient le règne, la puissance et la gloire à jamais. Amen !
 
(Évangile selon SAINT MATTHIEU, VI, 9-13, version d’Ostervald.)


LES ORIGINES JUIVES DE L'ORAISON DOMINICALE OU PASTER NOSTER
Armand Lipman - Librairie Fischbacher, 1921
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Benjamin Lipman
ARMAND LIPMAN (Phalsbourg, 12 août 1858-Versailles, 2 février 1935). Fils du grand rabbin de Metz puis de Lille, Benjamin Lipman, officier breveté d’état major, il prit sa retraite de l’armée à quarante-huit ans afin de se consacrer à l’étude de la Torah. Il avait repris du service en août 1914. À son retour de la guerre, il s’était mis au service du judaïsme en collaborant à des sociétés (L’Alliance israélite universelle, La Société des études juives) et des périodiques (Archives israélites). Son œuvre est très importante ; de 1926 date son ouvrage magistral, La Loi de Moïse commentée par un croyant du XXe siècle, verset par verset. Collaborateur régulier de la RJL, il y a publié des articles d’érudition et d’autres sur l’israélisme français. Il s’est violemment opposé au sionisme «dont l’idéal égoïste est de reconstruire la Palestine alors que les Israélites français doivent rester un groupe idéaliste qui assure au peuple élu […] un rôle de pontife de l’Humanité». Il était officier de la Légion d’honneur (1929). Gabrielle Moyse, son épouse, collaboratrice occasionnelle de la revue, y a publié en 1929 des écrits de son trisaïeul, Abraham Furtado.
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SOMMAIRE
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AVERTISSEMENT
CHAPITRE I. LA TEPHILLAH (...)
CHAPITRE II. LE PATER EST (...)
CHAPITRE III. DU CADRE DU (...)
CHAPITRE IV. DE LA PORTÉE (...)
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AVERTISSEMENT
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Ce petit livre est une contribution à l’étude des origines du christianisme qui, depuis un siècle, passionne le monde savant. Il voudrait mettre en lumière un fait important pour l’exégèse des évangiles : la conception et la rédaction purement juives du PATER NOSTER.

Oui, cette antique prière, populaire entre toutes [1], la seule que JESUS ait composée et prescrite, «l’Oraison dominicale», qui fait s’incliner tout front chrétien, est une prière juive !Juive dans le fond et juive dans la forme.

Pour s’en convaincre, il n’y a qu’à feuilleter la TEPHILLÂH, ou
RITUEL JUIF DES PRIÈRES QUOTIDIENNES. Pourquoi personne ne s’était-il encore avisé ? C’est que cette TEPHILLÂH a toujours été — bien à tort — considérée par les exégètes comme œuvre récente, ne pouvant à aucun titre figurer parmi les «sources» chrétiennes.

Nous nous proposons de redresser cette erreur. Notre plan sera naturellement le suivant. Un premier chapitre sera consacré à la TEPHILLÂH, dont nous donnerons une idée d’ensemble. Un deuxième chapitre identifiera le Pater avec cette TEPHILLÂH. Dans le troisième chapitre, nous examinerons le cadre même dans lequel l’Évangile a présenté l’Oraison dominicale, cadre aussi juif que l’Oraison elle-même. Enfin nous serons amené à apprécier, dans un dernier chapitre, la portée qu’a pu avoir le Pater à l’époque de sa composition et l’influence qu’il a exercée dans la suite.

Nous croyons devoir prévenir le lecteur de notre qualité d’israélite. Non que notre intention soit de nous livrer à une œuvre de polémique : une telle pensée est bien loin de nous, car nous éprouvons un profond respect pour les croyances sincères que nous ne partageons pas. Mais nous tenons à nous mettre nous-même d’avance sous la sauvegarde du grand principe de la «Tolérance religieuse» et à réserver tout entière notre liberté d’apprécier sine ira et studio.

Nous
pensons d’ailleurs avoir travaillé à réaliser «l’union sacrée» que rêvent tous les bons citoyens, en essayant de faire toucher du doigt aux chrétiens leur filiation spirituelle juive et de corroborer ainsi cette phrase de Renan, entre les lignes de laquelle pourrait se lire comme un regret des violences séculaires :

«Il y a une suprême injustice à opposer le christianisme au judaïsme comme un reproche, puisque tout ce qui est dans le christianisme primitif est venu en somme du judaïsme.» (
ACTES DES APÔTRES, chap. VII.)

Versailles, mai 1921. ARMAND LIPMAN

 

CHAPITRE I.
 
 
LA TEPHILLAH OU RITUEL JUIF DES PRIÈRES QUOTIDIENNES.
SA CONTEXTURE, SON ESPRIT.
LE QADDICHE
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La TEPHILLÂH, ou RITUEL JUIF DES PRIÈRES QUOTIDIENNES, est un livre peu connu du monde savant (nous en avons dit plus haut la raison) ; elle attend encore son historien et son commentateur.

Nous ne pouvons ici qu’en donner une rapide esquisse, renvoyant le lecteur, qui voudrait faire plus ample connaissance avec elle, à l’original ou à ses traductions françaises.


Quand on parcourt la TEPHILLÂH avec l’œil du critique, ce qui frappe tout d’abord, c’est l’extrême diversité de ses parties quant à leurs origines, échelonnées du PENTATEUQUE jusqu’aux hymnes médiévaux. Mais, en y regardant de plus près, on constate qu’un même esprit préside à l’oeuvre tout entière, qu’un seul souffle la traverse d’un bout à l’autre. Ce qu’on avait été tenté de prendre pour une simple anthologie de littérature sacrée, s’anime tout à coup et apparaît comme la prière du peuple d’Israël à travers les âges, comme un acte de foi indéfiniment répété sous les formes les plus variées : acte de foi en un seul Dieu, créateur tout-puissant, juste et miséricordieux, et acte de foi en la mission d’Israël parmi les peuples, mission qui fait partie du plan providentiel de la Création.


Telle est la vue d’ensemble de la TEPHILLÂH. Nous allons maintenant entrer dans quelques détails, peut-être arides, mais indispensables pour notre étude du PATER.
Le critique distinguera nécessairement dans la TEPHILLÂH deux sortes de documents, s’il se place au point de vue de l’étude des origines du christianisme :

I Documents antérieurs aux débuts du christianisme.
II Documents postérieurs à cette époque.

Mais il commettrait une grave erreur, comme nous l’avons déjà fait pressentir, s’il n’attribuait aux documents de la deuxième catégorie qu’une valeur correspondant à l’époque de leur rédaction. Même les plus rapprochés de nous, tel l’hymne au SABBAT, Lekhâh dôdî, du rabbin Salomon ha-Lévy, sont encore des imitations ou des adaptations de textes de la Bible. Aussi ces documents de la deuxième catégorie ne diffèrent-ils pas sensiblement pour l’esprit, ni même pour la lettre, de ceux de la première catégorie. Ils auraient pu être écrits par des Juifs contemporains de JÉSUS. Rien d’étonnant dès lors à ce qu’on y trouve des idées exprimées dans le PATER ; la comparaison est permise entre de tels documents et l’Oraison dominicale qui
nous occupe.
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 I - Dans la première catégorie se rangent
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Les passages extraits de la Bible (PENTATEUQUE, PROPHÈTES, PSAUMES, etc.).

Les extraits de la Michenâh. La Michenâh ne fut rédigée que dans la deuxième moitié du IIe siècle de l’ère chrétienne, par Juda-le-Saint ; mais avant que cette Loi orale ne fût, sous la pression dès circonstances (ruine de la nationalité juive, persécutions) mise par écrit, elle se transmettait rigoureusement de bouche en bouche, de maître à élèves (Michenâh, Abôth,I, 1). De là son procédé constant d’exposition : «tel docteur a dit telle chose», ou bien : «tel docteur a dit au nom de tel autre docteur». Une première rédaction partielle de prescriptions de la Loi orale, conservée dans la Michenâh, dont elle forme le traité Edouiôth, avait d’ailleurs eu lieu par les soins d’Eléazar ben Azaria, chef de l’école de Jabné, dès l’an 90. Les textes de la Michenâh doivent donc être considérés comme étant de composition antérieure au christianisme.

Le Chemôneh Esrêh (les dix-huit bénédictions) ou AMIDÂH (prière à réciter debout), principale prière des trois offices journaliers (matin, après-midi et soir). Elle remonte au temps d’Ezra (TALMUD, traités Berâkhôth, 33 a et Megillâh, 17 b).
Des critiques lui attribuent une origine plus récente, mais dans tous les cas antérieure à l’ère chrétienne.


Les bénédictions qui précèdent et qui suivent immédiatement le CHEMA ISRAËL. (Le CHEMA ISRAËL se compose de trois passages extraits du PENTATEUQUE et solennellement récités matin et soir.) On ne connaît pas l’auteur de ces bénédictions antiques ; mais la Michenâh les commente dans son traité Berâkhôth I,

4. Elles expriment les deux idées maitresses de la TEPHILLÂH que nous avons indiquées au début de ce chapitre, à savoir : Dieu créateur du monde ; Israël peuple élu de Dieu.

Les bénédictions prescrites avant la consommation des divers fruits ou aliments, à la vue des grands phénomènes de la nature, etc.. (Berâkhôth, VI et IX).

La bénédiction récitée après tout repas pris en commun par trois hommes ou plus (Michenâh, Berâkhôth, VII). Elle est connue dans le RITUEL JUIF DES PRIÈRES QUOTIDIENNES sous le nom de Birkhath ha-Mâzône (bénédiction pour la nourriture) et a fourni, nous le verrons, au PATER une de ses formules.
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II - A la deuxième catégorie appartiennent
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deux prières remarquables, aux sources desquelles le PATER a largement puisé. Ce sont l’Alênoule-chabêa’h laadône hakkôl (à nous de louer le maître de l’univers) et le QADDICHE (sanctification).
 
1. L’Alênoule-chabêa’h exprime la foi monothéiste d’Israël et son espérance dans le règne futur de la justice et de la fraternité universelles, ou royaume de Dieu. C’est une véritable synthèse de tout le Rituel ; aussi la synagogue en a-t-elle fait la prière finale de tous les offices ; on en trouvera un extrait p. 30. L’ALENOU est due à Abbâ Arékâ [2],qui fonda l’école de Sourâ (Babylonie) vers le milieu du IIIe siècle. Elle cite le PENTATEUQUE et ZAKHARIE. Quoique babylonienne, elle est rédigée en pur hébreu. Il ne faut pas oublier qu’entre les Juifs de Babylone et ceux de Jérusalem il y eut de continuelles relations, un continuel échange d’idées. Ici comme là, le chaldéen fut la langue populaire à l’époque du second Temple.

2. La prière de Sanctification ou QADDICHE, récitée plusieurs fois au cours de chaque office, tantôt par l’Officiant, tantôt par les fidèles qu’a frappés un deuil de famille, récitée également dans les cérémonies au cimetière, est sans doute de composition plus ancienne encore que l’Alènou le-chabêa’h. Le PATER que le prêtre catholique récite pendant l’absoute de l’office des morts et au cimetière, n’est qu’une réminiscence du QADDICHE. Celui-ci ressemble beaucoup au PATER, et par son texte et par sa popularité. Presque entièrement écrit en chaldéen, il ne mentionne ni Jérusalem, ni le Temple et ne fait aucune allusion à la dispersion d’Israël.

Le paragraphe ayant trait aux rabbins et à leurs disciples, qui ne fait d’ailleurs partie que du « QADDICHE des orphelins» (QADDICHE yethômîme), ne peut évidemment avoir été composé qu’à l’époque de la floraison des écoles talmudiques.

Voici une traduction littérale de cette prière de «sanctification», trop peu connue des exégètes modernes ; nous y soulignons les idées et les expressions qu’on retrouve dans le PATER :
 
( QADDICHE des orphelins). Pour Israël et pour les rabbins et pour leurs disciples et pour tous les disciples de leurs disciples et pour tous ceux qui s’adonnent à l’étude de la Tôrah, soit en cette localité, soit en toute autre localité, qu’il y ait paix profonde, faveur et grâce et miséricorde et longue vie et nourriture assurée et délivrance, venant de leur père qui est aux cieux, et dites Amen !
 
La recommandation «et dites Amen !» si souvent répétée, rappelle celle du PATER : «Vous donc priez ainsi : Notre père...» (MATTHIEU, VI, 9), ou bien : «Quand vous priez, dites : Notre père...» (LUC, XI, 2), et l’Amen final du PATER de MATTHIEU ne fait que résumer les multiples Amen du QADDICHE.

Passons maintenant à l’examen détaillé de l’Oraison dominicale.



CHAPITRE II.
 
 






LE PATER EST UNE PRIÈRE JUIVE ?
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C’est l’évangile selon SAINT MATTHIEU qui donne le PATER le plus complet ; le PATER y fait partie du «Sermon sur la Montagne» ; il est enseigné au peuple en même temps qu’aux disciples (V, 1-2 ; VII, 28-29) et il est précédé d’une sorte d’introduction, qui en dévoile bien le caractère (VI, 7-8).
 
L’évangile selon SAINT LUC l’a écourté ; là, au lieu de tenir à un corps de doctrine, il n’est plus qu’un simple enseignement isolé, donné aux disciples (XI, 1-2) ; il perd quelque peu de sa solennité.

Dans l’évangile selon SAINT MARC, le PATER n’existe plus ; toutefois l’une de ses idées constitutives y figure encore : le pardon des offenses, condition du pardon à obtenir du père qui est aux cieux (
XI, 25-26). L’efficacité de la prière est également affirmée, comme dans SAINT MATTHIEU (comparez MATTHIEU, VI, 8, avec MARC, XI, 24
).

L’évangile selon SAINT JEAN ne contient plus aucune trace du PATER. On ne s’en étonnera pas, SAINT JEAN dédaignant les sources juives, chères aux évangiles synoptiques, pour s’abreuver largement aux sources alexandrines [3].

Si le PATER est d’origine Juive, on pourrait s’étonner de ne pas le trouver en progression décroissante de SAINT MARC à SAINT MATTHIEU et de SAINT MATTHIEU à SAINT LUC, puisque tel est, d’après les exégètes, l’ordre chronologique de composition des trois synoptiques. Peut-être faut-il chercher l’explication de cette apparente anomalie dans le fait que le rédacteur de Marc, plus original, se livre moins que ceux de MATTHIEU et de LUC à la composition littéraire, à l’arrangement de documents écrits antérieurs (Voir à ce sujet Renan, Les Évangiles, chap. XI à XIII).
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Analysons donc le PATER en le prenant dans SAINT MATTHIEU, où il a son plein développement :
 
«Notre père qui es aux cieux, ton nom soit sanctifié. Ton règne vienne ; ta volonté soit a faite sur le terre comme au ciel. Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien. Pardonne-nous nos péchés, comme aussi nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés. Et ne nous induis point dans la tentation ; mais délivre-nous du malin ; car à toi appartient le règne, la puissance et la gloire à jamais. Amen !»
(Évang. selon SAINT MATTHIEU VI, 9-13, version d’Ostervald.)


Une chose frappe tout d’abord dans cette rédaction, c’est l’emploi de la forme plurielle : notre père... donne-nous aujourd’hui... pardonne-nous nos péchés, etc..
 
C’est la forme habituelle de la TEPHILLÂH juive, qui parle généralement au nom de l’assemblée des fidèles, même pour la confession des péchés, tandis que la prière chrétienne s’exprime le plus souvent au singulier ; credo, confiteor, prières du matin, prières pendant la messe, prières de la confession et de la communion. Le Talmud explique ainsi cette habitude juive de prier en commun :
 
«Abbaï [4] dit : l’homme doit associer à sa prière toute la communauté ; il dira par exemple : que ce soit ta volonté, Eternel notre Dieu, de nous diriger vers la paix.» (Tr. Berâkhôth, 30 a.)
 
 
«Notre père qui es aux cieux... »
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C’est l’hébreu Abhïnou chébachâmaïme, ou le chaldéen Abhouhône dî bhichemayâ.
 
Nous avons déjà souligné cette dernière expression dans le QADDICHE (page 24). La première se trouve dans la prière du matin, à la profession de foi Attâhhou Adônaï élohênou (tu es l’Éternel notre Dieu) ; elle est répétée en tête de chacune des quatre rogations, qui se récitent les lundis et les jeudis, aussitôt après la lecture de la loi [5].

La qualification de «père», appliquée à Dieu, se retrouve d’ailleurs d’un bout à l’autre de la TEPHILLÂH. Elle a sa racine dans le PENTATEUQUE (
EXODE, IV, 22-23 ; DEUTÉRONOME, 31 ; VIII, 2-5 ; XIV, I, XXXII, 6, 20) et est fréquemment employée dans les Prophètes.
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«Ton nom soit sanctifié».
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C’est le début même du QADDICHE (page 24) :
 
«Soit magnifié et sanctifié son grand nom».

Les formules de sanctification ou de bénédiction du nom de Dieu remplissent, on peut le dire, les pages de la TEPHILLÂH, comme le bruit de leur récitation remplissait les synagogues anciennes. Le mot «brouhaha» n’est qu’une corruption du Baroukh attâh (sois béni...) hébraïque, début de toutes les bénédictions.
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«Ton règne vienne ; ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel».
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Idée exprimée presque dans les mêmes termes dans le premier paragraphe du QADDICHE (page 24).
 
Nous la trouvons mieux précisée et plus développée encore dans l’Alênou le-chabêa’h (voir page 23), où le fidèle, après avoir proclamé sa foi au Dieu créateur, exprime ainsi son espérance dans la venue du règne de Dieu :
 
Nous espérons contempler bientôt l’éclat de ta toute-puissance, voir disparaître les idoles de la surface de la terre, anéantir les faux dieux et s’établir dans le monde le règne du Tout-puissant ; tous les fils de la chair invoqueront alors ton nom ; à toi se convertiront tous les méchants de la terre ; tous les habitants du globe comprendront enfin que c’est devant toi que tout genou doit se plier, que c’est par toi que toute bouche doit jurer. Ils s’agenouilleront et se prosterneront devant toi, ô Éternel notre Dieu ; ils rendront hommage à ton nom glorieux ; ils accepteront tous le joug de ta royauté et bientôt tu régneras sur eux à jamais. Car c’est à toi qu’appartient la royauté et tu régneras éternellement dans la gloire ; ainsi qu’il est écrit dans ta TÔRÂH :
 
L’Éternel régnera à jamais. (EXODE, XV, 18.)
 
Et ainsi qu’il est dit :
 
L’Éternel deviendra le roi de toute la terre ; ce jour-là, l’Eternel seul sera adoré, et sous un seul et même nom. (ZAKHARIE, XIV, 9.)
 
Le verset du PATER n’est donc qu’un laconique résumé d’Alênoule-chabêa’h ; c’est Alênoule-chabêa’h qui en fait comprendre le véritable sens : l’espérance en la venue des temps messianiques [6].
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«Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien».
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Dans le Birkath ha-Mâzône de la TEPHILLÂH (Bénédictions à réciter après le repas), nous trouvons la phrase similaire :
 
«Notre Dieu, notre père, sois notre pasteur, nourris-nous, sustente-nous...»

La même idée se retrouve aussi dans l’office du matin :


«Sois béni, Éternel notre Dieu, roi de l’univers, qui pourvois à tous mes besoins.»

Quant à l’idée de «quotidienneté», elle aussi est une idée juive :

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«Et Moïse leur dit : C’est là le pain que l’Éternel vous donne pour nourriture (la manne)... recueillez-en chacun selon ses besoins, un ômer par tête... que nul n’en réserve pour le lendemain.» (EXODE, XVI, 15-19.)


Le TALMUD précise davantage encore :


«Les hommes de foi sont, dit rabbi Isaac [7], ceux qui ont confiance dans le Saint, béni soit-il, car selon rabbi Eliézer [8], celui qui a du pain dans son panier et qui dit : que mangerai-je demain ? appartient à la catégorie des hommes de peu de foi.» (Sotah,48 b.)
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«Pardonne-nous nos péchés, comme aussi nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés».
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La TEPHILLÂH présente de nombreux passages, où est demandé à Dieu le pardon des péchés, et elle exprime aussi l’idée du pardon des offenses ; mais elle ne pose nulle part explicitement la relation d’effet à cause, établie par le PATER entre ces deux pardons. Et cependant c’est là une idée entièrement juive, nous allons le voir.
 
Parmi les nombreuses prières de la TEPHILLÂH, où le fidèle demande à Dieu le pardon de ses péchés ou de Ceux d’ Israël, nous ne mentionnerons que la plus ancienne, la sixième bénédiction du Chemôneh Esrêh (page 21, 3°).

«Pardonne-nous, ô notre père, car nous avons péché ; absous-nous, car nous t’avons offensé. N’es-tu pas celui qui absout et qui pardonne ?»
«Sois béni, ô Éternel, plein de miséricorde et de clémence.»

Quant au pardon des offenses, il est exprimé dans la prière Elôhaïn et sôr lechôni mêrô (mon Dieu, écarte ma langue de la médisance...) qui a été ajoutée au Chemôneh Esrêhpar Mar, fils de Rabina, chef de l’école de Soura au Ve siècle.Voici cette prière, qui présente le caractère, assez rare dans la TEPHILLÂH, d’être personnelle, sauf en sa dernière phrase [9].

«O mon Dieu, éloigne ma langue de la médisance, et mes lèvres de la fausseté ! Que mon âme se taise devant ceux qui me maudissent et qu’en toute circonstance elle soit humble comme la poussière ! Ouvre mon cœur à l’étude de ta Loi et que mon âme recherche l’exécution de tes préceptes. Quant à ceux qui méditent le mal contre moi, anéantis tous leurs projets, rends vaines leurs machinations. Fais cela pour ton nom, pour ta sainteté, pour ta Loi, afin que tes bien-aimés soient délivrés,que ta droite me secoure et que je sois exaucé (PSAUMES, LX, 7).
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Que les paroles de ma bouche et les pensées de mon cœur te soient agréables, ô Éternel, mon protecteur et mon libérateur (ibidem,XIX, 15).

Celui qui fait régner la paix dans les hauteurs des cieux (
JOB, XXV, 2) la fera aussi régner sur nous et sur tout Israël, et dites Amen !»

Un extrait de la Michenâh, qui fait partie de la prière journalière du matin, cite au nombre des œuvres pieuses qui procurent à l’homme la félicité éternelle — par suite le pardon de ses péchés — celle consistant à rétablir la paix entre deux hommes. Cette œuvre implique, au moins de la part del’un des deux adversaires, le pardon des offenses reçues.
Un autre passage de la Michenâh (Abôth, III, 11), que la TEPHILLÂH a reproduite comme méditation sabbatique, exprime une idée analogue à celle du PATER :


«RabbiHanînâ, fils de Dôsâ, professait : celui qui est aimé des hommes est aimé de Dieu, et celui qui n’est pas aimé des hommes n’est pas aimé de Dieu.»

Mais ce n’est pas encore là la condition formelle posée par le PATER. Pour la trouver nettement exprimée, il faut recourir à l’ECCLÉSIASTIQUE de Jésus ben Sira [10], livre aux idées purement juives, quoique la synagogue ne l’ait pas accueilli dans son canon. On y lit (XXVIII,2) :

«Pardonne à ton prochain l’injure qu’il t’a faite et, quand tu prieras, tes péchés seront pardonnés» ECCL. XXVIII, 2
 
 
 

et les versets suivants, 3 à 9, développent la même pensée.
Telle est la sentence qu’écrivait JÉSUS BEN SIRA près de deux siècles avant l’ère chrétienne et que le PATER a reproduite.


Nous trouvons encore la même idée dans le TALMUD, qui interprétant à la façon midrachique un verset du prophète MICHÉE VII,18, s’exprime ainsi :


«Rabba [11] dit : quiconque pardonne les offenses recevra le pardon de ses fautes, car il est écrit : Dieu pardonne les iniquités de celui qui absout les offenses.» (Traité ROCHE HACHÂNÂH, page 17 a.) et MICHÉE VII, 18

Et encore de façon plus concise :


«Quiconque est prompt à pardonner, ses péchés lui seront aussi pardonnés.» (Megillâh, 28.)
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«Et ne nous induis pas en tentation, mais délivre-nous du malin».
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Dans la prière matinale, au début de la TEPHILLÂH, on lit :
 
«Ne nous laisse pas tomber au pouvoir du péché, de la transgression, de l’iniquité, ni au pouvoir de la tentation ou de la honte, et que la mauvaise pensée ne puisse pas nous dominer (iêtser hâra)...»

Et un peu plus loin :

«Daigne, ô mon Dieu et Dieu de mes pères, me préserver aujourd’hui et tous les jours d’un insolent, d’un méchant, d’un faux ami,d’un mauvais voisin, d’une mauvaise rencontre et de l’ennemi (sâtâne, de la racine sâtône, haïr, accuser) destructeur.»

La même idée est encore exprimée dans la prière de l’entrée du SABBAT :

«Écarte l’accusateur (sâtâne) de devant nous et de derrière nous, et couvre-nous de l’ombre de tes ailes » (PSAUMES, XVII, 8).

Sâtâne, l’accusateur, l’ennemi, n’est pas autre chose que le «malin» du PATER.
On trouve également des passages similaires dans le TALMUD :


«RabbiHiya [12] ben Aché, lorsqu’il priait, avait l’habitude de dire : Dieu de miséricorde, délivre-nous de la mauvaise pensée (iêtserhâra).» (Traité Qiddouchine, 81 b.)

«Rabbi Isaac dit : la mauvaise pensée (iêtser hâra) assaille l’homme chaque jour, ainsi qu’il est écrit : le produit des pensées de son cœur était uniquement et journellement mauvais.» (GENÈSE, VI,5.)
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«Rabbi Simon de Lakiche dit : le penchant de l’homme l’assaille chaque jour et cherche à le faire périr, ainsi qu’il est écrit : le méchant (râchâ, malus, le malin) guette le juste et cherche à le faire périr (PSAUMES, XXXVII, 32) et, si Dieu ne venait pas à son secours, il ne pourrait lui résister, ainsi qu’il est dit dans la suite : l’Éternel ne l’abandonne pas entre ses mains. » (même psaume, verset 33).

(Traité Soukkâh, 52 b.)
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«Car à toi appartient le règne, la puissance, et la gloire à jamais.Amen !»
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C’est là un simple extrait de la Bible (I, CHRONIQUES, XXIX, 11) qui, dans la TEPHILLÂ, fait partie de la prière du matin ainsi que du cérémonial de sortie du SEPHER TÔRÂH (rouleau de la Loi) :
 
«A toi, Éternel, appartient la grandeur, la puissance, la gloire, l’autorité et la majesté, tout ce qui est aux cieux et sur la terre ; à toi, Éternel, la royauté et la domination suprême sur toutes choses.»

Cette citation biblique, qui clôt le PATER, suffirait à elle seule à le classer parmi les prières juives.

Ainsi, nous avons retrouvé dans la TEPHILLÂH les phrases mêmes du Pater, sauf celle sur le pardon des péchés, dont nous avons cependant pu montrer la source purement juive.

Faut-il s’en étonner ? JÉSUS et les apôtres n’étaient-ils pas tous des Juifs, nés dans le milieu juif ? Ne s’étaient-ils pas tous abreuvés aux sources juives ? Comment donc le maître eût-il pu enseigner à ses disciples une prière qui n’eût pas été juive ?

Pourrait-on du moins voir dans le PATER, une sorte de révolution, un défi aux idées du milieu, une véritable réforme ? Notre analyse renverse déjà une semblable conception. L’étude, que nous allons faire maintenant, du cadre dans lequel apparaît l’Oraison dominicale et de l’influence exercée par cette prière va opposer un nouvel argument à la thèse de l’Originalité du PATER.

 
 

CHAPITRE III.

 
DU CADRE DU PATER
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Dans LUC, nous l’avons remarqué au début du chapitre précédent, l’enseignement du PATER ne fait pas partie d’un corps de doctrine ; il est provoqué par une simple question d’un disciple qui, ayant vu Jésus en prière, lui demande aussitôt :
 
«Enseigne-nous à prier, comme JEAN l’a aussi enseigné à ses disciples.» (LUC, XI, 1).
 
Jésus lui répond par le PATER, mais sans aucune explication ; de plus la prière est écourtée.
MATTHIEU, au contraire, entoure l’Oraison dominicale d’un décor qui pourra nous en révéler l’esprit.


Tout d’abord, le PATER de MATTHIEU est incorporé à l’exposé doctrinal connu sous le nom de «Sermon sur la Montagne» (V, 1 et VII, 28-29). Montagne sans nom, mais qui évoque inévitablement le souvenir du Sinaï. Après s’être élevé contre les aumônes et les prières des «hypocrites», JÉSUS recommande l’humilité d’une façon générale ; puis, insistant sur la prière :


«Or, quand vous priez, n’usez pas de vaines redites comme les païens ; car ils croient qu’ils seront exaucés en parlant beaucoup.»
«Ne leur ressemblez donc pas ; car votre père sait de quoi vous avez besoin, avant que vous ne le lui demandiez.»
«Vous donc priez ainsi : Notre père qui es aux cieux...»
Il ne s’agit plus ici, on le voit, des «hypocrites»,mais des «païens».

Et c’est une idée bien juive que cette préoccupation de ne pas «ressembler aux païens» ; on la trouve mille fois exprimée dans la Bible et dans le Talmud. Les païens faisaient d’interminables prières, dans l’espoir d’être exaucés, grâce à leur ténacité ; les prêtres de Baal invoquent ce Baal pendant toute une Journée au mont Carmel (I, Roi, XVIII, 26-29).

Aussi les docteurs juifs de l’époque judéo-chrétienne luttaient-ils contre la tendance du peuple à allonger les prières. Voici deux traces de cette lutte.


«Rabbi Siméon disait : Aie soin de dire avec ferveur le CHEMA et les prières, et, lorsque tu pries, ne considère pas ta prière comme un acte prescrit, mais bien comme un recours à la miséricorde divine.» (Michenâh, Abôth, II, 18.)
«Mieux vaut prier peu avec recueillement que prier longuement sans recueillement.» (Talmud, Menâhôth, p. 110.)

Le verset 8 ci-dessus de MATTHIEU est une réminiscence de cette parole d’Isaïe, que la TEPHILLÂH a introduite dans le Chemôneh Esrêh des jours de jeûne :

«Avant qu’ils ne m’appellent, je répondrai : ils parleront encore et déjà je les aurai exaucés.» (ISAÏE, LXV, 24.)

ISAÏE ne faisait d’ailleurs ainsi que commenter le verset du DEUTÉRONOME, IV, 7 :

«Où est le peuple assez grand pour avoir des divinités accessibles comme l’Éternel notre Dieu l’est pour nous, toutes les fois que nous l’invoquons ?» DEUT. IV, 7

Et le PSAUME CXLV, verset 18, qui figure dans la TEPHILLÂH aux offices du matin et de l’après-midi, exprime encore la même idée :

«L'Éternel est proche de tous ceux qui l’invoquent avec sincérité.» PS. CXLV, 18

JÉSUS dit, au même verset 8 :


«Votre père sait de quoi vous avez besoin.»
 
Il n’a pas dit : «Mon père sait...». Il ne parle donc pas comme «fils de Dieu», mais comme un simple docteur s’adressant à des élèves et à des coreligionnaires. Rien, dans sa prière, ne dénote la doctrine chrétienne.

Un Dieu unique, saint, maître de l’univers, dispensateur des biens, miséricordieux, et qui, dans sa toute-puissance, peut aider l’homme à lutter contre ses penchants mauvais, on ne trouve pas autre chose dans le PATER. Ni Trinité, ni rédemption, ni incarnation.




Ces tout premiers chrétiens, auxquels JÉSUS apprenait, selon SAINT MATTHIEU, à réciter le PATER, nous apparaissent donc comme des Juifs ordinaires et qui ne croyaient même pas que les temps messianiques fussent venus :
 
«Ton règne vienne..., mais, délivre-nous du malin...»
.


On peut mesurer ici la distance qui sépare MATTHIEU et JEAN, JÉSUS enseignant le PATER et JÉSUS se donnant comme Messie, comme Dieu, comme sauveur de l’humanité. (Évangile selon SAINT JEAN : IV,21-26 ; VIII ; XI, 25-28 ; XII, 44-50 ; XIII, 3 ;VIII, 58 ; X, 28-30, 38 ; XIV, 1-7, 10-11, 20, 23 ;XV, 22-24 ; XVI, 15, 28-33 ; XVII ; XIX, 7 : XX,28-29 ; VI).
 
 
 
 

CHAPITRE IV.
.
 
DE LA PORTÉE DU PATER
.


Une double question se pose :
 
Si le PATER était une prière juive, correspondait-il du moins à une idée de réforme intérieure du judaïsme ? Question déjà envisagée à la fin du chapitre II.  

Cette réforme, si elle a existé, a-t-elle influé sur le christianisme ?

Il est certain que le PATER représente un effort marqué vers la brièveté de la prière. Le fait même que nous avons dû rechercher, parmi les prières variées et longues de la TEPHILLÂH, les éléments qui le composent prouve qu’il est un résumé, concis à l’extrême — forcément très incomplet — de cette TEPHILLÂH. Mais cela veut-il dire qu’il ait prétendu se substituer à elle ? En aucune façon. Le PATER n’était qu’une prière juive de plus, très courte et telle que tout docteur pouvait en composer une et l’enseigner à ses disciples. Ainsi avait fait JEAN LE BAPTISTE (
LUC, XI, 1
) ; ainsi fit plus tard le rabbin Hiya ben Aché (page 36) ; ainsi encore Mar, fils de Rabina (page 33) ; et nous avons vu, dans le chapitre précédent, que les prières trop longues avaient de sérieux adversaires parmi les docteurs de l’époque judéo-chrétienne(page 40).

Le PATER ne peut donc être considéré que comme l’un des efforts tentés par l’école de la «Prière courte» ; il ne constitue pas un manifeste spécial, une innovation, une réforme.

Devenu Oraison dominicale, a-t-il du moins eu une action réformatrice sur le christianisme lui-même ? Non. S’il est devenu populaire, en raison de l’origine divine que lui attribuaient les chrétiens, il faut reconnaître qu’il n’a, en dépit de sa teneur purement juive, nullement influé sur la doctrine chrétienne ; celle-ci alla, toujours se séparant davantage du judaïsme. L’idée même de brièveté dans la prière, que le Pater représentait avec une force incontestable, a complètement échoué. La liturgie catholique est en effet des plus touffues ; qu’il nous suffise de citer les prières du matin, les angélus, les vêpres, les complies, sans parler des chapelets et des rosaires, où de courtes prières telles que le PATER ou l’AVE sont répétées jusqu’à devenir très longues et à reproduire — résultat inattendu — «ces vaines redites des païens», contre lesquelles précisément s’était élevé JÉSUS.

Malgré cela, le PATER tire une importance capitale du fait de son adoption par toutes les églises chrétiennes. Notre analyse peut faire comprendre que ce caractère si original lui vient précisément de son essence juive, de sa composition antérieure à tout le développement du christianisme. Il a existé avant tout schisme, avant toute hérésie. Et la portée de cette humble prière pourra être considérable dans l’avenir ; car elle demeure le lien de toutes les Églises entre elles et le lien du christianisme lui-même avec son père le judaïsme.

Dans tous les cas, cette persistance, tant de fois séculaire, du PATER à figurer en tête des prières chrétiennes, ce prodigieux défi à toutes les censures comme à toutes les hérésies, sont bien faits pour étonner le critique et pour faire réfléchir le philosophe.

Puisse notre étude, en rendant au PATER son caractère purement juif, avoir quelque peu éclairci un coin de l’ombre qui enveloppe la question si obscure des origines chrétiennes ! Puisse-t-elle avoir dégagé une parcelle de vérité sous l’entassement de tant de siècles !

Nous voudrions avoir pu contribuer ainsi, dans la plus infime mesure, au«progrès de l’humanité». Le «progrès de l’humanité», dans nos bouches modernes, qu’est-ce autre chose que l’expression de la lente instauration de cette «royauté de Dieu», dont le QADDICHE et le PATER appelaient, dans leur élan enthousiaste, la venue prochaine sur la Terre ?
 

Veyamlikhmalkhouthéi behayyéikhône !...
Adveniatregnum tuum !...
Ton règne vienne !...

 

NOTES
 
 
[1] «Patenôtre» se dit de toutes les prières chrétiennes. Cervantes a pu réduire au PATER NOSTER toute la science du bonhomme Sancho Pança (Don Quichotte, livre VII, in medio).
[2] Plus connu sous le nom de Rab, ou Maître par excellence.
[3] Voir Les Évangiles, de Renan, chap. XVIII
, 1-6).
[4] Chef de l’école de Poumbadita (Babylonie) au commencement du Ive siècle.
[5] La loi de Moïse est lue, par sections, dans les synagogues, les samedis, lundis et jeudis, ainsi qu’aux jours de fêtes solennelles. Le cycle de sa lecture complète est d’une année.
[6] La prédiction des temps messianiques, si éloquemment développée par les Prophètes, se trouve en germe dans le PENTATEUQUE (GENÈSE, 18-19 ; XXII, 18 et XLIX, 10-12, EXODE, 5-6, DEUTÉRONOME XXX)

[7] Rabbin du IIIe siècle.
[8] idem.
[9] Elle doit à ce caractère de ne pas être récitée à haute voix par l’officiant.
[10] LeTalmud le cite souvent.
[11] Célèbre chef d’école, en Babylonie au IVe siècle.
[12] Élève de Juda le Saint, le rédacteur de la Michenâh, IIe siècle après l’ère chrétienne (page 21, 2°).

 
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