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24/07/2009

LE CULTE DES IMAGES RACONTE

 
 
http://3.bp.blogspot.com/_IBaIlSjSEUQ/S3cOoQ94J3I/AAAAAAAAC6I/ivZzqAwmajA/s320/HH.bmpISTOIRE DU CULTE DES IMAGES

IMAGES TAILLÉES DANS LA BIBLE
 
 
«20, 3-4 Vous n’aurez point de dieux étrangers devant moi. Vous ne ferez point d’image taillée, ni aucune figure de tout ce qui est en haut dans le ciel, et en bas sur la terre, ni de tout ce qui est dans les eaux sous la terre».
 
EXPLICATIONS ICI : 
 
«18 Tu feras deux chérubins d'or; tu les feras d'or battu, aux deux extrémités du propitiatoire.
19 Fais un chérubin à l'une des extrémités et un chérubin à l'autre extrémité; vous ferez les chérubins sortant du propitiatoire à ses deux extrémités
».
 
8 Et Yahweh dit à Moïse: «Fais-toi un serpent brûlant et place-le sur un poteau; quiconque aura été mordu et le regardera, conservera la vie.»
 
Chapitre 6.
[...]
18 Le bois de cèdre à l'intérieur de la maison était sculpté en coloquintes et en fleurs épanouies; tout était cèdre; on ne voyait pas la pierre.
[...]
23 Il fit dans le sanctuaire deux chérubins de bois d'olivier sauvage, ayant dix coudées de haut.
24 Une des ailes de chaque chérubin avait cinq coudées, et la deuxième aile du chérubin avait cinq coudées; il y avait dix coudées de l'extrémité d'une de ses ailes à l'extrémité de l'autre.
25 Le second chérubin avait aussi dix coudées. Même mesure et même forme pour les deux chérubins.
26 La hauteur d'un chérubin était de dix coudées; et de même pour le deuxième chérubin.
27 Salomon plaça les chérubins au milieu de la maison intérieure, les ailes déployées; l'aile du premier touchait à l'un des murs, et l'aile du second chérubin touchait à l'autre mur, et leurs autres ailes se touchaient, aile contre aile, vers le milieu de la maison.
28 Et Salomon revêtit d'or les chérubins.
29 Il fit sculpter en relief, sur tous les murs de la maison, tout autour, à l'intérieur comme à l'extérieur, des chérubins, des palmiers et des fleurs épanouies.
30 Il revêtit d'or le sol de la maison, à l'intérieur comme à l'extérieur.
31 Il fit à la porte du sanctuaire des battants de bois d'olivier sauvage; l'encadrement avec les poteaux prenait le cinquième du mur.
32 Sur les deux battants en bois d'olivier sauvage, il fit sculpter des chérubins, des palmiers et des fleurs épanouies, et il les revêtit d'or, étendant l'or sur les chérubins et sur les palmiers.
33 De même il fit, pour la porte du temple, des poteaux de bois d'olivier sauvage, qui prenaient le quart du mur,
34 et deux battants en bois de cyprès; le premier battant était formé de deux feuillets qui se repliaient; le deuxième battant était pareillement formé de deux feuillets qui se repliaient.
35 Il y sculpta des chérubins, des palmiers et des fleurs épanouies, et il les revêtit d'or, adapté à la sculpture.
36 Il bâtit le parvis intérieur de trois rangées de pierres de taille et d'une rangée de poutres de cèdre.
[...]
Chapitre 7.
[...]
--Mobilier du Temple.--
[...]
29 sur les panneaux qui étaient entre les châssis, il y avait des lions, des taureaux et des chérubins; et sur les châssis, par en haut, un support, et au-dessous des lions, des taureaux et des chérubins pendaient des guirlandes.
[...]
 
 
 
1er SIÈCLE
 
 
 

SAINT LUC
 
Le plus ancien témoignage écrit(et il en existe d’autres), rapportant que saint Luc a peint les traits physiques de Notre Dame, remonte à 520 environ, ce qui n’est pas si mal si l’on songe que la plupart des documents des auteurs latins que nous possédons aujourd’hui remontent au neuvième, dixième ou onzième siècle. Il s’agit du témoignage de Theodorus lector, lecteur à Sainte Sophie de Constantinople qui écrit :
«Eudoxie envoya à Pulchérie, de Jérusalem, l’image de la Mère de Dieu qu’a peinte l’évangéliste Luc» (Theodorus Lector, Historia Ecclesiastica, 1,5 – in Patrologia Graeca : LXXXV, 165).
Eudoxie était la femme de l’empereur régnant d’Orient Théodose II (401-450) et Pulchérie, la sœur de ce même empereur.
La première s’était rendue en Terre Sainte pour accomplir un vœu et puisqu’il est connu par ailleurs qu’elle était de retour à Constantinople en 439, le mot «envoya» implique que l’image arriva à Constantinople avant cette date.  Sainte Pulchérie avait fait construire trois églises à Constantinople et dans la plus importante, celle des Hodigoi, elle fit installer avec honneur le portrait envoyé par sa belle sœur et appelé dès lors Hodigitria.

D’autres sources nous informent que cette image était peinte à l’encaustique sur une grande et lourde planche de bois et qu’il y a eu lieu de penser qu’il s’agissait d’une de ces imagines clipeatae, si appréciées à l’époque impériale, qui consistaient en une pièce de bois ronde portant la tête seule, peinte plus grande que nature. Il semble ajoute-t-elle qu’à Constantinople elle ait été «complétée» par des artistes locaux qui auraient inséré ce visage dans un tableau plus important comprenant aussi l’enfant Jésus.
Vénérée avec une intense dévotion par des foules venues même de Russie, d'Égypte ou de la Péninsule Ibérique, elle fut jusqu’en 1453 protagoniste de rites particuliers et couverte d’honneurs. A cette date les Turcs, ayant pris Constantinople, la brisèrent à coups de hache et la jetèrent dans les eaux du Bosphore. Heureusement diverses copies en avaient été faites.
L’une d’elles «la Vierge de la Passion» œuvre de l’artiste Grégoire est vénérée à Moscou et a été l’objet de miracles, mais la plus célèbre au monde est l’image connue sous le nom de «Notre Dame du Perpétuel Secours» aujourd’hui à l’égliseSaint Alphonse à Rome où elle est arrivée à la suite d’un nombre extraordinaire de prodiges, cause et conséquence de miracles exceptionnels que nous rapporte l’abbé Nicolas Pinaud dans le numéro 41 du «Sel de la Terre».
Selon des traditions, Saint Luc a peint à trois reprises la Vierge, ouvrant la voie aux icônes peintes. C’est à l’une de ces icônes, acquise en Palestine par la femme de Théodose II et rapportée à Constantinople, que remonterait le type, très populaire, de la «Vierge Hodigitria», Vierge qui indique la Voie (le Christ enfant sur le bras gauche, la main droite ramenée devant le buste, désignant le Christ).

Plusieurs icônes sont traditionnellement attribuées à Saint Luc. Entre autres, les icônes Russes de la Vierge de Vladimir, de Jérusalem, de Tikhvine, de Smolensk, ainsi que, en Pologne, la Vierge de Czestochowa. Les icônes russes de la Vierge correspondent à des compositions iconographiques différentes.
 
 
 
L'ICHTUS
En grec, la langue des évangiles, le mot poisson s'écrit s'écrit ΙΧΘΥΣ ou IXTHYΣ . La transcription en latin donne «ichtus». Chacune de ces lettres est la première de ces mots :
I de Iessous > Jésus
CH de CHristos > Christ
TH de THéou > Dieu
Y de hYios > Fils
S de Soter > Sauveur

On peut résumer cette formule par « Jésus Christ le sauveur et le fils de Dieu».
Le poisson, comme tout bon Chrétien, a toujours les yeux ouverts et est le seul animal dont la croissance ne s'arrête jamais, à l'image de la foi du Chrétien. D'autre part, le poisson était autrefois le symbole de l'eau du baptême.
Dans la culture juive biblique, l'eau évoque la bénédiction de Dieu, comme cette eau qui fait fleurir le désert, et calme notre soif. Le poisson est l'image même de la créature qui vit tout entièrement plongée dans l'eau, c'est ainsi une image du croyant qui vit tout entier plongé dans la bénédiction de Dieu.

Dans la culture grecque le dauphin (que l'on considérait comme un poisson) était l'image du sauveur puisqu'il arrivait que des dauphins sauvent des naufragés en les portant jusqu'à la rive.
L'ichtus est un symbole représentant un poisson formé de deux arcs. Les premiers chrétiens persécutés par les autorités romaines l'utilisaient comme code secret pour se reconnaître entre eux ; lors des rassemblements, les premiers chrétiens à arriver traçaient une courbe sur une roche, un arbre ou au sol, et les suivants traçaient une seconde coube, complétant l'ichtus et confirmant ainsi leur identité. À l'époque, les grecs utilisaient aussi un symbole similaire pour indiquer des funérailles, donc utiliser l'ichtus donnais une légitimité apparente aux rassemblements chrétiens.
 
 
 
IIème SIÈCLE
 
Dès les premiers siècles, les chrétiens représentaient graphiquement divers thèmes du mystère de notre salut. L'art des catacombes a un caractère symbolique ou «significatif» (Weidlé) décrivant l'expérience sacramentelle de l'Initiation chrétienne et de la Rédemption comme par exemple le Bon Pasteur, la colombe, le Poisson, la vigne, la lyre, l'ancre l'arche, le navire et surtout la croix.
 
LE CHRISME

Le chrisme est formé des lettres khi (X) et rhô (P) ; ces majuscules grecques sont les premières lettres du mot Christ ; les lettres alpha et omega signifient que le Christ est à l'origine de toute chose.
 
Au départ, le signe se Croix se faisait en traçant une petite croix sur le front avec un doigt, le pouce ou l'index de la main droite. Bien qu'il soit difficile de dire exactement quand le passage de la petite croix sur le front à la pratique moderne consistant à faire une croix plus grande partant du front à la poitrine et d'une épaule à l'autre
 
9 Et Moïse dit à Josué: «Choisis-nous des hommes, et va combattre Amalec ; demain je me tiendrai sur le sommet de la colline, le bâton de Dieu dans ma main»
10 Josué fit selon que lui avait dit Moïse, il combattit Amalec. Et Moïse, Aaron et Hur montèrent au sommet de la colline.
11 Lorsque Moïse tenait sa main levée, Israël était le plus fort, et lorsqu'il laissait tomber sa main, Amalec était le plus fort.
12 Comme les mains de Moïse étaient fatiguées, ils prirent une pierre, qu'ils placèrent sous lui, et il s'assit dessus ; et Aaron et Hur soutenaient ses mains, l'un d'un côté, l'autre de l'autre; ainsi ses mains restèrent fermes jusqu'au coucher du soleil.
13 Et Josué défit Amalec et son peuple à la pointe de l'épée.
14 Yahweh dit à Moïse: «Ecris cela en souvenir dans le livre, et déclare à Josué que j'effacerai la mémoire d'Amalec de dessous le ciel»
 
 
3 «Ne faites point de mal à la terre, ni à la mer, ni aux arbres, jusqu'à ce que nous ayons marqué du sceau, sur le front, les serviteurs de notre Dieu».
4 et on leur ordonna de ne point nuire à l'herbe de la terre, ni à aucune verdure, ni à aucun arbre, mais seulement aux hommes qui n'ont pas le sceau de Dieu sur leur front.
1 Je regardai encore et voici que l'Agneau se tenait sur la montagne de Sion, et avec lui cent quarante-quatre mille personnes, qui avaient son nom et le nom de son Père écrits sur le front.
 
 
 
 
TERTULLIEN (Quintus Septimus Florens Tertullianus), Père de l'Eglise(155/222-+)

«Au moment de sortir et dans nos déplacements, au début et à la fin de toutes nos activités, au moment de nous habiller et de nous chausser, au bain, à table, en allumant les lumières, quand nous nous couchons, quand nous nous reposons, à chacune de nos activités, nous nous marquons le front avec le signe de la Croix»
Les chrétiens sont appelés les «adorateurs de la croix» (Tertullien)
 
 

 
IIIème SIÈCLE
 
Le IIIème siècle marqua un tournant. Les catacombes et les sarcophages se couvrirent bientôt d'images. On y trouvait, notamment, la représentation du Bon Pasteur et celle de la Vierge à l'enfant. Désormais, les chrétiens acceptaient les images, du moment que celles-ci proposaient un enseignement catéchétique. Mais, ce type d'enseignement par les images ne faisait pas encore l'unanimité.
 
 
CONSTANTIN 1er
(Flauius Valerius Aurelius Constantinus) 272/337
Premier empereur romain à se convertir au Christianisme; marque la fin d'une ère de persécution des chrétiens et aide l'Eglise chrétienne à prendre son essor
Dès le triomphe du christianisme sous Constantin (280/337), se développe la coutume de représenter le Christ et les saints et de placer ces images dans les églises.
 
 
 
 
SAINT BASILE DE CÉSARÉE, Père et Docteur de l’Église (329/379)
Dans son panégyrique du martyr Barlaam, exhortait les peintres chrétiens à glorifier par leurs œuvres ce grand saint :
«Venez à mon aide, peintres fameux des exploits héroïques. Rehaussez par votre art l'image imparfaite de ce stratège ; faites briller avec les couleurs de la peinture l'athlète victorieux que j'ai représenté avec trop peu d'éclat ; je voudrais être vaincu par vous dans le tableau de la vaillance du martyr : je me réjouirais d'être aujourd'hui surpassé par votre talent.
Montrez-nous le lutteur brillamment en votre image ; montrez-nous les démons poussant des hurlements, car ils sont aujourd'hui, grâce à vous, abattus par les victoires des martyrs ; faites-leur voir encore cette main ardente et victorieuse. Et représentez aussi sur votre tableau Celui qui préside aux combats et donne la victoire, le Christ» (Oratio in S.Barlaam P.G. XXXI, col. 488-489).

Une autre parole de St. Basile eut une fortune particulière et devint l'un des arguments traditionnels les plus décisifs pour les défenseurs des images sacrées :«L'honneur rendu à l'image passe à celui que l'image représente» (De Spiritu Sancto, XVIII 45, P.G. 32, col. 149 C)
 
 
 
VIe SIÈCLE
 
 
Au VIe siècle, le culte des images est attesté par de nombreux monuments et témoignages d'écrivains ecclésiastiques.
 
 
LÉONCE, ÉVÊQUE DE NEAPOLIS A CHYPRE
«Je représente le Christ et sa passion dans les églises et les maisons et sur les places publiques, et sur les images, sur la toile, dans les celliers, sur les vêtements, en tout lieu, pour qu'en les voyant, nous nous souvenions... Car nous autres, les chrétiens, possédant des images du Christ, c'est le Christ que nous baisons intérieurement et ses martyrs... Celui qui craint Dieu honore par conséquent et vénère et adore comme Fils de Dieu le Christ notre Dieu, et la représentation de sa croix et les images de ses saints» (Cité au 2nd Concile de Nicée, P.G. XCVIII, col. 1600).
 
 
 
SAINT GRÉGOIRE LE GRAND, Pape et Docteur de l’Église (590/604)

Invitait Sérénus, évêque de Marseille, à remettre dans les églises les icônes qu'il avait fait enlever :

«Ce n'est pas sans raison que l'antiquité a permis de peindre dans les églises la vie des saints. En défendant d'adorer ces images, vous méritez l'éloge ; en les brisant, vous êtes dignes de blâme. Autre chose est d'adorer une image, autre chose d'apprendre par le moyen de l'image à qui doivent aller nos adorations. Or ce que l’Écriture est pour ceux qui savent lire, l'image l'est pour les illettrés...»

(SAINT GRÉGOIRE Epist. 1. 9 épist. IX P.L. LXXVII col. 949).

 
 
 
VIIe SIÈCLE :
 
 
Les abus
 
Souvent hélas, le culte des images se mêle de superstitions et d'abus qui expliqueront en partie la réaction iconoclaste :
 
 
SAINT ANASTASE LE SINAÏTE(?/700)

«Beaucoup pensent, que le baptême est suffisamment honoré par ceux qui entrent dans une église, baisant toutes les icônes, sans prêter attention à la liturgie et au service divin».
 
 
 

Le synode en Trullo en 691 et les icônes

 
 
Le concile in Trullo ou Quinisexte se réunit de 691 à 692 dans la prolongation des IIe et IIIe conciles œcuméniques de Constantinople, réunis en 553 puis en 680-681. Convoqué à l'initiative du seul l'empereur Justinien II, il ne rassemble que des évêques orientaux, et son but principal est la réforme des mœurs du clergé.
Le concile s'ouvre à l'automne 691 dans une salle à coupole du palais impérial, d'où le nom de in Trullo. Il rassemble 220 évêques, dans leur grande majorité (183) issus du patriarcat de Constantinople.
Le canon 82 du synode de Trullo semble indiquer que déjà à cette époque existaient des discussions sur le culte des icônes. Le texte du document se réfère à l'image de Christ, qui implique, selon les Pères du concile, une confession de foi dans le caractère historique du mystère de l'incarnation.
Le concile in Trullo déclare les images vénérables, mais prescrit de ne plus représenter Jésus-Christ sous la forme d'un agneau : « ...Nous décrétons de représenter désormais sur les images le Christ notre Dieu dans sa figure humaine (et non plus sous la figure d'un agneau) afin de considérer par cette représentation la hauteur de l'humiliation du Verbe de Dieu et de se rappeler sa vie dans la chair, sa passion, sa mort salvatrice et la Rédemption de tout l'univers qui en est résultée» (Canon 82).
 
 
 
VIIIème SIÈCLE
 
 
LA PREMIÈRE PÉRIODE ICONOCLASTE (723-780)
 
 
«Les courants d'opinion hostiles aux images auxquels le caractère purement spirituel du christianisme paraissait incompatible avec leur culte étaient surtout sensibles dans les régions orientales de l'empire où s'étaient maintenus des restes importants de monophysites... Mais il fallut le contact du monde arabe pour allumer l'incendie iconoclaste... Les Arabes qui sillonnaient l'Asie Mineure depuis des dizaines d'années n'avaient pas seulement apporté le glaive à Byzance, mais aussi leur culture et, avec elle, l'horreur propre à l'Islam pour la représentation du visage humain. Voilà comment la querelle des images naquit dans les provinces orientales de l'Empire d'un croisement singulier entre une foi chrétienne avide de pure spiritualité et les doctrines sectaires iconophobes, les conceptions des vieilles hérésies christologiques et, enfin, les influences de religions non-chrétiennes, Judaïsme et en particulier Islam. Après la victoire sur la ruée guerrière de l'Orient, c'est un engagement avec les infiltrations de la culture orientale qui commence sous la forme de la querelle des images»
(G. Ostrogorsky. Histoire de l’État byzantin, Paris 1956, pp.189-190).
 
 
 
Le mouvement iconoclaste part d'Asie Mineure
 
 
 
LE CALIFE YEZID (?/724)

Sarnta-Pechys, juif de Laodicée en Phénicie, persuada en haine des chrétiens, le calife Yézid, qu'en faisant effacer toutes les peintures qui étaient dans les églises des chrétiens, soit sur des planches de bois, soit en mosaïque sur les murailles, soit sur les vases sacrés et les ornements des autels, son règne serait de longue durée. le calife Yézid, ajoutant foi à cette promesse , publie en 723 un édit ordonnant de détruire toutes les images «soit dans les temples, soit dans les églises, soit dans les maisons». La campagne sauvage de destruction se propage rapidement parmi les évêchés des provinces orientales et atteint la cour impériale de Byzance.
 
 
Trois ans après :
 
 
L'EMPEREUR LÉON III L'ISAURIEN (675/741)
L'empereur Léon l'Isaurien, frappé de certains événements extraordinaires arrivés sur mer, et les prenant pour des marques de la colère de Dieu irrité, à ce qu'il pensait, de l'honneur que l'on rendait aux images de Jésus-Christ et des saints (car il regardait ce culte comme une idolâtrie, et il avait appris des Musulmans à penser ainsi), fit assembler le peuple, et dit hautement que faire des images était un acte d'idolâtrie, et qu'à plus forte raison on ne devait pas les adorer. Il n'en dit pas davantage alors ; mais au mois de janvier de l'an 730, il fit un décret contre les images, et en 726, voulant en commencer l'exécution par l'image de Jésus-Christ qui était placée dans le vestibule du grand palais, il la fit ôter, jeter au feu, et mit à la place une simple croix, avec une inscription qui marquait qu'on en avait ôté l'image
 
 
 
 
SAINT GRÉGOIRE III DE ROME (?/741)
En 731, Grégoire III préside un Concile au Vatican, 193 évêques y participent. Ils condamnent l'attitude de l'empereur à l'égard des icônes et des images qu'il ordonne de détruire. L'une des plus importantes résolutions du Concile consiste à excommunier ceux qui défigurent l'icône du Christ, de la Vierge Marie, des Apôtres et des saints.
(Hefele-Leclerc op. cit p. 677)
 
Saint Jean Damascène, moine de Saint Sabbas en Palestine, écrit ses Traités à la défense des saintes images dans lesquels il fournit aux défenseurs de la foi une base théologique qui sera reprise par les théologiens orthodoxes après lui. Il y déclare qu'il n'appartient pas à l'empereur de trancher la question de la légitimité des images : «c'est l'affaire des conciles et non des empereurs» (Saint Jean Damascène, Traité 1 à la Défense des saintes images. P.G. XCIV, col 1281).
 
«Il n'appartient pas aux empereurs de légiférer dans l’Église ; l'affaire des rois, c'est le bien-être politique, tandis que l'organisation de l’Église est l'œuvre des pasteurs et des docteurs»
(SAINT JEAN DAMASCENE, Traité 2 à la défense... par.12, P.G. XCIV, col. 1296).
 

 
 
SAINT JEAN DAMASCÈNE,Père et Docteur de l’Église (650/750)
«Je me représente Dieu, l’invisible, non pas comme invisible, mais en tant qu’il nous est devenu visible par la participation à la chair et au sang»
De sacris imaginibus 1,4, PG 94, 1236 C
«Je me prosterne (proskyneo) devant l’image du Christ, Verbe Incarné, de notre Dame, Theotokos et Mère du Fils de Dieu, et de tous les saints qui sont amis de Dieu»
De sacris imaginibus 1,21, PG 94,1252 D
 
 
 
 
SAINT ANDRÉ DE CRÊTE (660-740), moine et évêque
André de Crète raconte ces légendes :
«Le premier exemple est l'icône de notre Seigneur Jésus Christ, envoyée au roi Agbar. Cette image représente sur toile de chanvre les traits de Sa forme corporelle et elle n'était pas différente des images peintes en couleurs».
SAINT ANDRÉ DE CRÊTE«De sacrarum imaginum veneratione, PG97, 1301-1304»
 
 
 
«Un second exemple est l'image, non peinte de main d'homme, acheirographon c'est-à-dire acheiropoiète, de celui qui a été engendré sans semence. Cette icône se trouve à Lidda (Palestine), une ville appelée aussi Diospolis. L'icône est peinte de façon très claire sur une surface, et montre la Mère de Dieu, sur trois coudes de hauteur. Elle est vénérée depuis le temps des apôtres dans la partie occidentale du temple édifiés par eux. (...) On raconte aussi que ce temple fut édifié quand la Mère de Dieu était encore en vie. En montant au mont Sion, où elle habitait, les apôtres lui dirent: "Où tu étais, Notre Dame, quand nous avons édifié une église en ton honneur à Lidda"?. Marie leur répondit : "J'étais aussi avec vous et j'y suis encore ". Quand ils revinrent à Lidda et entrèrent dans le temple, ils trouvèrent son image complètement peinte, comme elle l'avait dit. Ceci est une ancienne tradition locale attestée depuis le début ; et aujourd'hui le phénomène existe encore».
SAINT ANDRÉ DE CRÊTE «De sacrarum imaginum veneratione, PG97, 1301-1304»
 
 
 
«Troisième exemple : tous témoignent que saint Luc, apôtre et évangéliste peignit de ses propres mains le Christ incarné et sa Mère immaculée et que ces icônes sont conservées à Rome avec un grand honneur».
SAINT ANDRÉ DE CRÊTE «De sacrarum imaginum veneratione, PG97, 1301-1304»
Il est probable que cette légende soit née quelque temps après la conversion du roi Abgar IX (179-214), et qu'elle ait été acceptée comme authentique en Orient, mais non en Occident. Nous devons reconnaître de toute façon qu'elle a aussi eu des défenseurs modernes parmi les spécialistes aussi bien catholiques que protestants :
A.LIPSIUS, Die edessenische Abgarsage kritisch untersucht, Braunschweig 1880 ;
L. J. TIXERONT, Les origines de l'église d'Edesse et la légende d'Abgar, Paris 1888;
E. von DOBSCHUTZ, Der Briefwechsel zwischen Abgar und Jesus, in Zeitschrift fur wissenschaftliche Theologie 43 (1900) pp. 422-486.
 
 
 
 
SAINT GERMAIN DE CONSTANTINOPLE (635/733)
«Qui, en contemplant tes icônes ne se sent pas immédiatement rempli de joie ?»
In Dedicationem, PG 98,381 B
«Les colorations matérielles de tes icônes, o Mère de Dieu, font resplendir la distribution que tu nous fais de tes biens.»
Epist. Ad Joannem de Sinada, PG 98, 160.
Saint Germain explique que le culte vise à la personne même et ne s’arrête pas à l’image peinte, et ce culte ne doit pas se confondre avec le culte qui est dû seulement à Dieu.
Epist. Ad Joannem de Sinada, PG 98, 160.
 
 
 

Le 2° concile de Nicée de 787 et le culte des icônes

 
 
Le second Concile de Nicée se déroula en l'an 787, et confirma la légitimité du culte des images sacrées :
«Nous définissons - déclarèrent les Pères de ces assises conciliaires - avec la plus grande rigueur et le plus grand soin que, à l'image de la représentation de la Croix précieuse et vivifiante, les images saintes et vénérées, qu'elles soient peintes, représentées sur mosaïque, ou sur tout autre matériau adéquat, doivent être exposées dans les saintes églises de Dieu, sur les objets sacrés, sur les ornements sacerdotaux, sur les murs et sur les tables, dans les maisons et dans les rues, qu'il s'agisse de l'image de Notre Seigneur Dieu et de Notre Sauveur Jésus-Christ, de celle de Notre Dame immaculée la Sainte Mère de Dieu ; des saints anges, ou encore de tous les saints et justes»
(2° Concile de Nicée, DS 600)
Le deuxième Concile de Nicée ne se limite pas à affirmer la légitimité des images, mais s'efforce d'en illustrer l'utilité pour la piété chrétienne :
«En effet, plus ces images sont contemplées fréquemment, plus ceux qui les contemplent sont portés au souvenir et au désir des modèles d'origine et à leur rendre, en les embrassant, respect et vénération»
(2° Concile de Nicée, DS, 601)
 
 
 
LA DEUXIÈME PÉRIODE ICONOCLASTE (813/843)
 
 
IXe SIÈCLE
 
 
Une lettre adressée en 824 par l'empereur Michel le Bègue à Louis le Débonnaire fait état de nombreux abus dans la piété populaire remontant à une époque plus ancienne :
 
 
 
MICHEL II L'AMORIEN Psellos (le Bègue), empereur (770/829)
«...Ils choisissent les images de saints pour servir de parrains à leurs enfants... Quelques prêtres ont pris l'habitude de racler la couleur des images, mêlant cette poussière aux hosties et au vin et distribuent le mélange aux fidèles après la messe. D'autres placent le corps du Seigneur dans les mains des images où ceux qui communient viennent le recevoir»
(Mansi, Conc. ampliss coll., t. XIV, p. 240).
 
 
 
 
SAINT THÉODORE LE STUDITE,
Moine Byzantin 759/826
Le moine imitera la douceur, la patience et les vertus du Christ ; il recevra les épreuves comme participation à sa passion. 
Ainsi le moine devient-il image de celui qu’il imite.
La confession de foi en faveur des icônes est capitale dans sa vie. C’était sa béatitude. Beaucoup sont morts pour les avoir défendues. Vouloir les supprimer serait nier l’incarnation du Christ.


«R.P. Julien Leroy o.s.b., Théologie de la Vie mystique, XX Saint Théodore Studite, Aubier 1961»

«Ce qui à toi te semble inconvenant et méprisable, à Dieu a semblé convenable et noble. Splendeur du mystère !.. Si la seule contemplation de l'esprit avait été suffisante, il se serait contenté de venir parmi nous de cette manière. À quel profit alors cette apparence et cette dissimulation, s'il ne voulait pas revêtir réellement notre corps?» Antirrheticus I, PG99, 336-337
«Et Dieu parut dans la chair pour être peint selon la chair, sans aucun doute il aime être contemplé dans la matière, lui qui a été vu dans la matière... O prodige ! Il se rend présent d'une certain façon lorsqu'il est peint» Antirrheticus III, PG99,414
 
 
 
XIe SIÈCLE
 
 
http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/c/c1/Henry1.jpg/180px-Henry1.jpg
HENRY 1er D'ANGLETERRE (1066/1135)
 
 
Le Livre de Prière du roi Henry recommande de «marquer de la sainte croix les quatre cotés du corps».
 
 
 
XVIe SIÈCLE
 
 
SAINT JEAN DE LA CROIX (1542/1591)
2. Mais qu'on le remarque bien, ce que nous enseignons ici n'a rien à voir avec la doctrine de ces hommes pervers qui, sous l'influence de l'orgueil et l'envie de Satan, s'efforcent de soustraire aux regards des fidèles les images de Dieu et des saints, dont l'usage est nécessaire, dont la vénération est sainte. Notre doctrine est toute différente. Nous ne conseillons pas comme eux d'écarter les images et de supprimer l'honneur qui leur est dû ; nous montrons seulement quelle distance il y a de l'image à Dieu, et nous enseignons à passer de la peinture à l'objet spirituel qu''elle représente, en ne s'y arrêtant que précisément ce qu'il faut pour s'aider à passer au-delà.
Un moyen est utile et nécessaire lorsqu'il nous conduit à notre fin ; les images nous sont avantageuses quand elles nous rappellent le souvenir de Dieu et des saints. Si cependant on s'arrête à ce moyen plus qu'il en convient, il devient obstacle, tout autant qu'un objet profane. D'ailleurs, ce que j'ai ici en vue, ce sont les images et les visions surnaturelles qui sot sujettes à tant d'erreurs et de dangers.
Quant à l'estime et la vénération des images que l’Église catholique nous propose, elles n'offrent aucun péril, puisque l'estime va tout entière à ce qu'elles représentent. Leur souvenir en peut manquer d'être profitable quand on en les conserve que pour l'amour de ce qu'elles nous rappellent. Tant qu'on en s'y arrêtera que pour ce motif, elles aideront toujours à l'union avec Dieu. Mais que l'âme reste libre pour voler de la peinture au Dieu vivant, quand Dieu lui en fera la grâce, dans l'oubli de tout le créé et de tout ce qui tient à la créature.
MONTEE DU CARMEL LIVRE 3 Chapitre 15
 
 
 
XIXe SIÈCLE
 
 
SAINT JEAN MARIE VIANNEY CURE D'ARS (1786/1859)
 
 
Le culte que nous rendons à Dieu est bien différent de celui que nous rendons aux saints ; c'est un culte d'adoration, de dépendance ; nous honorons le bon Dieu par la foi (détail...), par l'espérance (détail) et par la charité (histoires édifiantes, p.170).
Nous honorons Dieu par un profond abaissement de notre âme devant sa majesté suprême, comme étant notre créateur et notre fin dernière ; mais le culte que nous rendons aux saints, est un sentiment de respect et de vénération pour les grâces que le bon Dieu leur a faites, pour les vertus qu'ils ont pratiquées, et pour la gloire dont Dieu les a couronnés dans le ciel. Nous nous recommandons à leurs prières, parce que Dieu leur a donné un grand pouvoir auprès de lui. Lorsque nous honorons les saints, nous ne faisons qu'adorer Jésus-Christ, c'est-à-dire que nous remercions le bon Dieu des grâces qu'il leur a faites pendant leur vie, et qu'il leur fait pendant toute l'éternité ; nous les reconnaissons pour les amis de Dieu et pour nos protecteurs. Nous pouvons dire que c'est pour les saints que Dieu a fait tout ce qu'il a fait. C'est pour eux que Dieu a créé le monde, qu'il le gouverne et le conserve, c'est pour eux qu'il a sacrifié sa vie en mourant sur la croix, c'est pour eux qu'il a opéré tant de miracles, c'est pour eux qu'il a établi cette belle religion, par laquelle il nous prodigue tant de grâces.

3 MAI INVENTION DE LA SAINTE CROIX SUR LA CROIX

«Prenons la résolution de porter un grand respect à toutes les croix qui sont bénites, et qui nous représentent en abrégé tout ce que notre Dieu a souffert pour nous. Rappelons-nous que de la croix découlent toutes les grâces qui nous sont accordées, et que, par conséquent, une croix bénite est une source de bénédictions ; que nous devons faire souvent sur nous le signe de la croix, et toujours avec un grand respect ; et enfin, que jamais nos maisons ne restent dépourvues de ce symbole salutaire. Inspirez à vos enfants, M.F., le plus grand respect pour la croix et, sur vous-mêmes, ayez toujours une croix bénite, elle vous gardera du démon, du feu du ciel et de tout danger. Ah ! M.F., que cette croix donne de forces à ceux qui ont la, foi !... Qu'à la vue de cet instrument de salut les souffrances sont peu de choses !... O belle et précieuse Croix ! que d'heureux vous faites, même en ce monde, et que de saints pour l'autre !... Ainsi soit-il»
 
 
 
 
 
 
Les images sont des moyens efficaces d'alimenter la vie de foi
«Avec cette dernière affirmation, les Pères conciliaires, sans entrer dans des déterminations particulières, entendaient réaffirmer la validité de certaines prières comme le Rosaire et l'Angelus, chères à la tradition du peuple chrétien, et fréquemment encouragées par les Souverains Pontifes comme moyens efficaces d'alimenter leur vie de foi et leur dévotion envers la Vierge. Le texte conciliaire poursuit en demandant aux croyants de «conserver religieusement toutes les règles portées dans le passé au sujet du culte des images du Christ, de la Bienheureuse Vierge et des saints» (LG, n. 67).
Rendre concrète et presque visible la tendresse maternelle de la Vierge
«Les images, les icônes et les statues de la Madone, présentes dans les maisons, dans les lieux publics et dans d'innombrables églises et chapelles aident les fidèles à invoquer sa présence constante et son patronat miséricordieux dans les diverses circonstances de la vie. En rendant concrète et presque visible la tendresse maternelle de la Vierge, elles invitent à se tourner vers Elle, à la prier avec confiance et à l'imiter dans l'accueil généreux de la volonté divine. Aucune des images connues ne reproduit le visage véritable de Marie, comme le reconnaissait déjà saint Augustin (De Trinitate, 8, 7) ; toutefois, elles nous aident à établir des relations plus profondes avec elle».
Il faut encourager la coutume d'exposer les images de Marie dans les lieux de culte
«C'est pourquoi il faut encourager la coutume d'exposer les images de Marie dans les lieux de culte et dans les autres édifices afin de ressentir son aide dans les difficultés et son rappel à une vie toujours plus sainte et fidèle à Dieu. Pour promouvoir l'utilisation correcte des effigies sacrées, le Concile de Nicée rappelle que « l'honneur rendu à l'image, appartient en réalité à celui qui y est représenté ; et celui qui vénère l'image, vénère la réalité qui y est représentée » (DS, 601). Ainsi, en adorant dans l'image du Christ la Personne du Verbe incarné les fidèles accomplissent un acte authentique de culte, qui n'a rien en commun avec l'idolâtrie. De même, en vénérant les représentations de Marie, le croyant accomplit un acte destiné en définitive à honorer la personne de la Mère de Jésus».
 
 
 
 

05/07/2009

LE PURGATOIRE RACONTE





LE http://1.bp.blogspot.com/_IBaIlSjSEUQ/S4EfryUu8yI/AAAAAAAADig/wxV7Hs5OOPg/s320/irht_038946-p-1262067.jpgURGATOIRE RACONTÉ
 
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Pour les chrétiens catholiques, le Purgatoire (du latin purgare, «purifier, nettoyer») désigne l'ensemble des moyens par lesquels les âmes mortes en état de grâce mais non encore entièrement purifiées des conséquences de leurs péchés, accède à la vision directe de Dieu, vision qui cause une jouissance infinie et éternelle, «le paradis», ou «le ciel».
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Les Grecs et les premiers auteurs latins s'intéressent surtout à l'efficacité de la prière pour les morts et à l'exigence d'une purification après la mort. Certaines des plus anciennes liturgies chrétiennes incluent des prières pour les morts. Les tombes chrétiennes du deuxième et du troisième siècle sont ornées fréquemment de prière pour les morts. Cette pratique n’a de sens que si les premiers chrétiens croyaient au purgatoire, même si le mot n’était pas utilisé alors. Le mot désignant le lieu purgatoire était inconnu avant le XIe siècle (on ne dit pas LE PURGATOIRE mais LE FEU PURIFICATEUR ou LE FEU PURGATOIRE), mais pas ce qu'il désigne : un des premiers documents à mentionner ce nom est une lettre du bénédictin Nicolas de Saint-Alban au cistercien Pierre de Celle en 1176.
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RÉFÉRENCES BIBLIQUES
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Voici quelques exemples de prière rituelle et de deuil pour les morts pendant une période spécifique. La pratique juive de ces prières était destinée à libérer les âmes de la douloureuse purification où elles se trouvent et accélérer leur accès à Dieu :
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«Étant parvenus jusqu’à Gorèn-ha-Atad, – c’est au-delà du Jourdain, – ils y firent une grande et solennelle lamentation, et Joseph célébra pour son père un deuil de sept jours»
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29 Toute l'assemblée vit qu'Aaron avait expiré, et toute la maison d'Israël pleura Aaron pendant trente jours.
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8 Les enfants d'Israël pleurèrent Moïse, dans les plaines de Moab, pendant trente jours, et les jours des pleurs pour le deuil de Moïse furent accomplis.
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39 Le jour suivant, Judas vint avec les siens, selon qu'il était nécessaire, relever les corps de ceux qui avaient été tués, pour les inhumer avec leurs proches dans les tombeaux de leurs pères.
40 Ils trouvèrent, sous les tuniques de chacun des morts, des objets consacrés, provenant des idoles de Jamnia et que la loi interdit aux Juifs; il fut donc évident pour tous que cela avait été la cause de leur mort.
41 Tous bénirent donc le Seigneur, juste juge qui rend manifestes les choses cachées.
42 Puis ils se mirent en prières, demandant que le péché commis fût entièrement pardonné; et le valeureux Judas exhorta le peuple à se garder pur de péché, ayant sous les yeux les conséquences du péché de ceux qui étaient tombés.
43 Puis, ayant fait une collecte où il recueillit la somme de deux mille drachmes, il l'envoya à Jérusalem pour être employée à un sacrifice expiatoire. Belle et noble action, inspirée par la pensée de la résurrection !
44 Car, s'il n'avait pas cru que les soldats tués dans la bataille dussent ressusciter, c'eût été chose inutile et vaine de prier pour des morts.
45 Il considérait en outre qu'une très belle récompense est réservée à ceux qui s'endorment dans la piété,
46 et c'est là une pensée sainte et pieuse. Voilà pourquoi il fit ce sacrifice expiatoire pour les morts, afin qu'ils fussent délivrés de leurs péchés.
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Sans que le mot «purgatoire» soit prononcé, la réalité en est présupposée. En effet, la pratique de la prière pour les morts n'aurait aucune valeur si leur sort était fixé sans changement possible. L'objet de cette prière est le pardon des péchés après la mort. Le sacrifice expiatoire au temple, financé par une collecte, est sensé avoir une influence sur l'état de ces défunts dont on a dévoilé la culpabilité. Mais la faute en semble pas mortelle au point de décourager une intervention spirituelle et rituelle. En toute logique, cette intervention doit donc avoir un effet purificateur sur les défunts après leur mort. Ces données suffisent pour esquisser, dans la pratique, le concept de purgatoire.
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N.B.Les deux livres des Macchabées, ou des Martyrs d'Israël, sont dits deutérocanoniques (apocryphes pour les protestants). Ls sont reconnus par l'Eglise catholique comme inspirés, au même titre que tous les autres livres appartenant au canon des écritures. La liste de ce canon était établie bien avant la réforme protestante puisqu'on peut la faire remonter à saint Augustin. Le Concile de Trente l'a confirmée. Les Grecs se rangèrent à l'avis des Occidentaux et, au Concile In Trullo (692), acceptèrent ce canon sans en rien retrancher.
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«Hâte-toi de t’accorder avec ton adversaire, tant que tu es encore avec lui sur le chemin, de peur que l’adversaire ne te livre au juge, et le juge au garde, et qu’on ne te jette en prison. En vérité, je te le dis : tu ne sortiras pas de là, que tu n’aies rendu jusqu’au dernier sou.»
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L’adversaire c’est le démon (1 P 5, 8) qui est l’accusateur (Job 1, 6-12 ; Za 3, 1 ; Ap 12, 10) et Dieu est le juge. Si nous n’avons pas lutté correctement contre le démon et le péché, nous serons emprisonnés de façon temporaire, jusqu’à ce que notre dette avec Dieu soit effacée.
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31 C'est pourquoi je vous dis : Tout péché, tout blasphème sera remis aux hommes, mais le blasphème contre l'Esprit ne sera pas remis.
32 Et pour qui aura parlé contre le Fils de l'homme, il y aura rémission; mais pour qui aura parlé contre l'Esprit-Saint, il n'y aura de rémission ni dans ce siècle, ni dans le siècle à venir.
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Jésus implique que certains péchés peuvent être pardonnés dans l’autre monde. L’expression «dans l’autre» (en grec «en to mellonti» ) renvoie à la vie après la mort (voir par ex. Mc 10, 30 ; Lc 18, 30 ; 20, 34-35 ; Eph 1, 21). Les péchés ne peuvent pas être pardonnés en enfer. Il n’y a pas de péché à pardonner au paradis. Il y a donc un lieu où le pardon peut s’effectuer : le purgatoire.
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«Le serviteur qui, connaissant la volonté de son maître, n’aura rien préparé ou fait selon sa volonté, recevra un grand nombre de coups. Quant à celui qui, sans la connaître, aura par sa conduite mérité des coups, il n’en recevra qu’un petit nombre. A qui on aura donné beaucoup il sera beaucoup demandé, et à qui on aura confié beaucoup on réclamera davantage»
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Lorsque le maître, Jésus, reviendra à la fin des temps, certains recevront des coups, un grand nombre ou un petit, mais cependant vivront. Cet état n’est pas celui du ciel, où il n’y a pas de souffrance, ni celui de l’enfer, où les âmes ne vivent plus avec Jésus.
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19 Il y avait un homme riche qui s'habillait de pourpre et de lin et qui, chaque jour, festoyait splendidement.
20 Un pauvre, nommé Lazare, était couché à sa porte, couvert d'ulcères
21 et désireux de se rassasier de ce qui tombait de la table du riche ; et même, les chiens venaient lécher ses ulcères.
22 Or il arriva que le pauvre mourut, et il fut emporté par les anges dans le sein d'Abraham. Le riche aussi mourut, et on lui donna la sépulture.
23 Dans l'enfer, il leva les yeux, en proie aux tourments, et il aperçut de loin Abraham, et Lazare dans son sein.
24 Et il s'écria :
«Père Abraham, aie pitié de moi, et envoie Lazare pour qu'il trempe dans l'eau le bout de son doigt et me rafraîchisse la langue, car je souffre dans cette flamme"
25 Abraham dit :
«Mon enfant, souviens-toi que tu as reçu tes biens pendant ta vie, et pareillement Lazare ses maux. Maintenant il est consolé ici, et toi tu souffres.
26 Et avec tout cela, entre nous et vous a été établi un grand abîme, de sorte que ceux qui voudraient passer d'ici vers vous ne le pourraient pas, et que [ceux] de là-bas ne traversent pas non plus vers nous"
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Dans cette histoire, nous voyons cet homme riche, mort et qui souffre, mais qui cependant ressent de la compassion pour ses frères et veut les prévenir, afin qu’ils ne subissent pas le même sort. Mais il n’y a pas de souffrance au ciel, ni compassion en enfer, car cette dernière est une grâce de Dieu et les âmes en enfer sont privées des grâces de Dieu pour toujours. Où est l’homme riche ? Au purgatoire
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«Si l’œuvre d’un homme est consumée, il en subira la perte ; quant à lui, il sera sauvé, mais comme à travers le feu»
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Ce verset ne peut pas s’appliquer à la peine éternelle de l’enfer, car en ce lieu personne n’est sauvé. Il ne peut pas non plus s’appliquer au paradis, car personne n’y souffre. Il s’agit donc d’un stade intermédiaire où l’âme souffre temporairement afin d’accéder au ciel. C’est la définition même du purgatoire.
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«S’il en était autrement, que gagneraient ceux qui se font baptiser pour les morts ? Si les morts ne ressuscitent absolument pas, pourquoi donc se fait-on baptiser pour eux ?»
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Paul fait référence à des personnes qui se «font baptiser pour les morts» dans le contexte de l’expiation de leurs péchés. Ces morts ne peuvent pas être au paradis, car ils doivent encore expier leurs péchés, mais ils ne peuvent pas être en enfer, car en ce lieu aucun péché ne peut être expié. Ils sont au purgatoire. Ce verset correspond directement à 2 M 12, 44-45 qui parle aussi spécifiquement de prières pour les morts, afin qu’ils soient délivrés de leurs péchés (voir plus bas).
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«pour que tout, au nom de Jésus, s’agenouille, au plus haut des cieux, sur la terre et sous la terre»
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Sous la terre, c’est le lieu des justes morts, appelé aussi purgatoire.
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16 Que le Seigneur fasse miséricorde à la maison d'Onésiphore, parce qu'il m'a réconforté souvent et n'a pas eu honte de mes chaînes ;
17 au contraire, arrivé dans Rome, il m'a cherché avec empressement et m'a trouvé.
18 Que le Seigneur lui donne de trouver miséricorde auprès du Seigneur en ce jour-là ! Et tous les services qu'il m'a rendus à Éphèse, tu les connais fort bien.
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Saint Paul prie pour son ami défunt ce qui implique que prier pour les morts est une bonne chose et qu'en plus ça leur apporte un bienfait.
Onésiphore est mort et pourtant Paul demande miséricorde pour lui pour «ce Jour là». C’est une référence eschatologique, concernant le dernier jour (voir par ex. Rm 2, 5.16 ; 1 Co 1, 8 ; 3, 13 ; 5, 5 ; 2 Co 1, 14 ; Phil 1, 6. 10 ; 2, 16 ; 1 Thess 5, 2.4-5.8 ; 2 Thess 2, 2-3 ; 2 Tim 4, 8). Bien sûr, il n’y a pas besoin de miséricorde au ciel et nulle miséricorde n’est donnée en enfer. Où est Onésiphore ? ...Au purgatoire.
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Pierre décrit un état temporaire pour des esprits désobéissants et en prison qui seront finalement sauvés. Il y a donc entre le ciel et l’enfer, un troisième endroit, le purgatoire :
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«Le Christ lui-même est mort une fois pour les péchés, juste pour des injustes, afin de nous mener à Dieu. Mis à mort selon la chair, il a été vivifié selon l’esprit. C’est en lui qu’il s’en alla même prêcher aux esprits en prison, à ceux qui jadis avaient refusé de croire lorsque se prolongeait la patience de Dieu, aux jours où Noé construisait l’Arche, dans laquelle un petit nombre, en tout huit personnes, furent sauvées à travers l’eau»
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1 P 4, 6
«C’est pour cela, en effet, que même aux morts a été annoncée la Bonne Nouvelle, afin que, jugés selon les hommes dans la chair, ils puissent vivre selon Dieu dans l’esprit»
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Faut-il craindre le Purgatoire ? Cette doctrine de la foi formulée aux Conciles de Florence et de Trente, est-elle encore d’actualité ? Aumône, indulgences, œuvres de pénitence pouvons-nous vraiment intercéder pour nos morts ?
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RÉFÉRENCES DES PÈRES DE L’ÉGLISE
 
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IIème SIÈCLE
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SAINT ABERCIUS D’HIÉRAPOLIS (fin IIe)
Citoyen d’une cité distinguée, j’ai fait ce tombeau de mon vivant afin d’y avoir un jour pour mon corps une place, mon nom est Abercius, je suis le disciple d’un pasteur pur, qui paît ses troupeaux de brebis par monts et plaines, qui a des yeux très grands qui voient tout. C’est lui qui m’enseigna les Écritures fidèles […] Abercius, j’ai ordonné d’écrire ces choses ici, à l’âge de soixante et douze ans, véritablement, que le confrère qui comprend prie pour Abercius.
(Épitaphe de SAINT ABERCIUS D'HIÉRAPOLIS)
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Récit apocryphe de l'influence de Paul sur une jeune vierge nommée Thècle et la vie romancée de celle-ci.
Les cris des femmes ayant cessé et les bêtes féroces ne faisant aucun mal à la Vierge, Tryphène, tout émue d’un pareil miracle, ramena Thècle en sa maison. Le soir étant venu, Tryphène allait se livrer au sommeil, quand Falconilla lui apparut et s’adressa à sa mère en ses termes :
«Renonce à ce deuil profond auquel tu te livres à cause de moi, ne verse pas des larmes inutiles et ne déchire pas ton âme en t’abandonnant ainsi à la douleur ; c’est à quoi je t’exhorte, ma mère. Ton affliction ne me soulagera en rien et elle te fera périr. Mais prie pour que Thècle habite avec toi ; elle te tiendra lieu de fille à ma place, et elle invoquera Dieu pour que je puisse obtenir sa miséricorde et échapper au séjour des hommes injustes.»
Falconilla, ayant ainsi parlé, parut s’envoler ; aussitôt Tryphène sortit de son lit, pleine de joie et versant des larmes en même temps (selon qu’elle pensait à la fille qu’elle avait perdue ou à ce qui lui avait été révélé au sujet de Thècle ; elle appela la vierge, qui couchait dans la même chambre qu’elle et elle lui dit :
«Ma fille, chère enfant que Dieu m’a donnée, c’est le Seigneur qui t’a conduite ici pour te jeter dans mes bras, afin que tu me consoles de tous mes malheurs et que tu réconcilies avec Jésus-Christl’âme de ma fille Falconilla ; ce qui lui aura manqué sous le rapport de la foi, tu y suppléeras par ton intercession ; va et prie le roi Jésus-Christ d’accorder à ma fille, par faveur pour toi, le repos et la vie éternelle. C’est ce qu’atteste Falconilla elle-même qui m’a apparu cette nuit». (Les Actes de Paul et de Thècle)
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IIIème SIÈCLE
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ORIGÈNE, Père de l'exégèse biblique (185/253)

«Que si à toi, qui es un membre. l'allégresse ne semble point parfaite si un autre membre fait défaut, combien plus notre Seigneur et Sauveur, qui est la tête et l'auteur de tout le corps, estime-t-il qu'il n'y a pas pour lui d'allégresse parfaite tant qu'il voit qu'un des membres fait défaut à son corps !... Il ne veut donc pas recevoir sa gloire parfaite sans toi, c'est-à-dire sans son peuple, qui est son corps et ses membres» (OrigèneHom. sur Lévitique 7, 2 : trad. M. Borret, SC 286, 1981, p. 319-21).
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TERTULLIEN (Quintus Septimus Florens Tertullianus), Père de l’Église (155/222-+)
 
Tertullien est le premier à mentionner la prière pour le défunt, et pas comme une concession à un sentiment naturel, mais comme un devoir, car il expliquait que la veuve qui ne priait pas pour son défunt époux, c'était comme si elle en était divorcée.
«Nous faisons annuellement des oblations pour les trépassés et pour les nativités des martyrs» (TERTULLIEN De la couronne du soldat, III)
[Une femme, après la mort de son mari] prie pour le repos de son âme ; elle demande pour lui le rafraîchissement ; elle conjure Dieu de la réunir à lui au jour de la résurrection, et chaque année elle célèbre l’anniversaire de sa mort par l’oblation du sacrifice.(TERTULLIENDe la Monogamie 10 :2)
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C’est ainsi qu’il pervertit cette allégorie tout entière du Seigneur [Matt. 5:25–26], quoique l’interprétation en soit lumineuse, et que d’abord il eût dû l’entendre dans son sens naturel. […]Tu es encore averti de garder avec lui cet accord qui est fondé sur les engagements de la foi. N’as-tu pas promis de renoncer à Satan, à ses pompes et à ses anges ? Tel est le traité signé entre vous. L’amitié, par suite de la fidélité aux engagements, consistera pour toi à ne rien reprendre désormais de ce que tu as répudié, de ce que tu lui as rendu, de peur qu’il ne te livre aux jugements de Dieu comme un fourbe, comme un violateur du pacte, de même que nous le voyons ailleurs, «accuser les saints, et se faire leur délateur, ainsi que l’indique son nom» de peur enfin que ton juge ne te livre au ministre de ses «vengeances, et que tu ne sois envoyé dans une prison, d’où tu ne sortiras qu’après avoir acquitté les fautes les plus légères» dans l’intervalle de la résurrection. Quoi de plus naturel que ces sens ? Quoi de plus vrai que ces interprétations ? (TERTULLIEN De l’âme 35)
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SAINT CYPRIEN DE CARTHAGE, Père et Docteur de l’Église (200/258-+)

Saint Cyprien enjoignait qu'on ne fasse pas d'oblation ni de prière publique pour un laïc défunt qui aurait enfreint la règle de l'Église en prenant un administrateur clérical sous sa direction : «Il ne doit pas être cité dans les prières du prêtre, celui qui a fait de son mieux pour tenir du clergé éloigné de l'Autel».
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«Et n’allez pas croire, frère très cher, que la vertu des frères diminue où que les martyres vont cesser parce qu’on aura adouci aux lapsi les rigueurs de la pénitence, et qu’on aura donné aux pénitents l’espoir de la paix. La force des fidèles reste immuable, et ceux qui craignent et aiment Dieu de tout leur cœur demeurent debout dans l’intégrité de leur courage. Aux adultères aussi nous accordons un temps de pénitence et nous leur donnons la paix. La virginité ne cesse pas pour cela dans l’Église et des fautes étrangères ne font pas défaillir les glorieuses résolutions de la continence. L’Église rayonne toute parée d’une couronne de vierges, la pudeur et la chasteté gardent le niveau de leur gloire, et parce qu’on accorde à un adultère la pénitence et le pardon, la vigueur de la continence n’en est pas pour cela énervée. C’est une chose en effet, d’attendre le pardon, une autre de parvenir à la gloire ; une chose de ne sortir de prison qu’après avoir payé sa dette jusqu’au dernier quart d’as, et une autre de recevoir du premier coup la récompense de sa foi et de son courage ; une chose de se laver de ses péchés par le tourment d’une longue souffrance et de se purifier en quelque sorte par le feu, et une autre de purifier son âme de tous ses péchés par le martyre ; une chose enfin d’être en suspens en attendant la Sentence du Seigneur au jour du jugement, et une autre d’être tout de suite couronné par le Seigneur». (SAINT CYPRIEN DE CARTHAGE Lettres 55 : 20)
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IVème SIÈCLE
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LACTANCE (Lactantius, Lucius Caelius ou Caecilius Firmianius, Apologiste chrétien (250/325-+)
«Lorsque Dieu examinera les justes, il le fera aussi au moyen du feu. Ceux chez qui les péchés auront prévalu par leur poids ou leur nombre seront enveloppés par le feu et purifiés. Ceux au contraire qu’une justice parfaite ou la maturité de la vertu aura mis à point ne sentiront pas cette flamme ; ils ont en effet en eux quelque chose de la part de Dieu qui repousse et rejette ce feu». (LACTANCE Les Institutions Divines 7:21:6)
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«Je vis Dinocrate sortir d’un lieu ténébreux, où il y avait plusieurs autres personnes : il était dans une grande ardeur et une grande soif, le visage crasseux, le teint pâle, avec l’ulcère qu’il avait quand il mourut. 
Ce Dinocrate était mon frère selon la chair ; à sept ans il mourut malheureusement d’un cancer au visage, faisant horreur à tout le monde ; c’était pour lui que j’avais prié. Il y avait une grande distance entre lui et moi ; en sorte qu’il était impossible de nous approcher. Près de lui était un bassin plein d’eau, dont le bord étaitplus haut que la taille de l’enfant. Il s’étendait pour boire, et quoiqu’il y eût de l’eau, il ne pouvait y atteindre, ce qui m’affligeait fort. Je m’éveillai, et je reconnus que mon frère était dans la peine ; mais j’eus confiance que je le pourrais soulager. Je commençai à prier pour lui, demandant à Dieu jour et nuit avec larmes qu’il me l’accordât. Je continuai jusqu’à ce que nous fûmes transférés à la prison du camp, étant destinés au spectacle qu’on devait donner à la fête du César Gêta.
Le jour que nous étions dans les ceps, j’eus cette vision. Je vis le même lieu que j’avais vu, et Dinocrate le corps net, bien vêtu, se rafraîchissant, et au lieu de sa plaie une cicatrice. Le bord du bassin que j’avais vu était abaissé jusqu’au nombril de l’enfant, il en tirait de l’eau sans cesse, et sur ce rebord était une fiole d’or pleine d’eau. Dinocrate s’approcha et commença à en boire, sans qu’elle diminuât, et, lorsqu’il fut rassasié, il quitta l’eau avec joie pour aller jouer comme font les enfants. Je m’éveillai, et connut qu’il avait été tiré de la peine». (La Passion de Perpétue et Félicité 2 : 3-4)
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[saint-ephrem2-fe919a.gif]SAINT ÉPHREM LE SYRIEN, Père de l’Église (306/373)
«Au trentième jour après ma mort, frères, faites mémoire de moi. Les morts, en effet, sont aides par l’offrande que font pour eux les vivants»
«Venez, mes frères, m’étendre, car il est décidé que je ne demeurerai pas. — Donnez-moi, comme viatique, des prières, des psaumes et des sacrifices. 
— Quand le trentième jour sera accompli, faites mémoire de moi, mes frères, — Car les morts reçoivent du secours des sacrifices qu’offrent les vivants. — N’avez-vous pas vu, d’un côté, le vin dans l’amphore et, de l’autre côté, le raisin mûr dans la vigne ? — Tandis que le raisin vif mûrit dans la vigne, le mort s’agite dans l’amphore.— Lorsque l’oignon émet une odeur fétide, mes amis, — En même temps qu’il germe dans le champ, il pousse aussi dans la maison. - A plus forte raison les morts ont-ils le sentiment de leurs commémoraisons. - Si tu me dis, ô Sage : «Ce sont là choses de la nature, - Et je ne croirai à la nature que si tu m’apportes un témoignage»
- Prends patience, je t’en apporterai de l’Écriture si tu veux. — Après trois générations, Moïse fait revivre Ruben dans ses bénédictions. - Si les morts ne reçoivent pas de secours, à quoi bon les bénédictions du fils d’Amram ? - Les défunts ne ressentent rien ? Écoute ce que dit l’Apôtre : - «Si les morts ne ressuscitent pas, pourquoi se faire baptiser pour eux ?» -Si les hommes de la famille de Mathathias qui accomplissaient les saints offices - Pour les armées, comme vous l’avez lu, ont expié, par leurs sacrifices les fautes — De ceux qui étaient tombés pendant le combat et qui étaient païens de mœurs, - A plus forte raison les prêtres du Fils purifieront-ils les défunts - Par leurs saints sacrifices et les prières de leur bouche».(Testament de saint Éphrem 13)
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SAINT BASILE DE CESARÉE, Père et Docteur de l’Église (329/379)

«L’âme qui, en sortant du corps, est souillée de quelques taches, ne peut pas jouir de la vision de Dieu, si elles ne sont enlevées par le feu du purgatoire».(SAINT BASILE DE CÉSARÉEHomélies sur les Psaume 7)
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SAINT CYRILLE DE JÉRUSALEM, Père et Docteur de l’Église (315/386)
«Ensuite nous faisons mémoire [dans l’anaphore] de ceux qui sont morts d’abord des patriarches des prophètes des apôtres des martyrs afin que Dieu par leurs prières et leurs intercessions reçoive notre prière à nous ensuite pour nos saints morts nos pères et évêques 
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et en général pour tous ceux qui ont quitté cette vie d’entre nous car nous croyons que c’est un secours souverain pour toutes les âmes pour lesquelles la prière est offerte au moment où la sainte Victime est gisante sainte redoutable sur l’autel !
Je veux vous démontrer cela par un exemple : je sais en effet que beaucoup disent : à quoi sert pour l’âme défunte soit sans péché soit dans le péché qu’il soit fait mention d’elle à la prière ? Mais si un roi a relégué en exil des sujets qui l’ont offensé et si ensuite leurs parents tressant une couronne viennent l’offrir au roi pour ceux qu’il a frappés est-ce qu’il ne leur accordera pas la remise de la peine ? il en est de même pour nos défunts même s’ils sont pécheurs en offrant à Dieu des prières pour eux ce n’est pas une couronne que nous offrons mais le Christ immolé pour nos péchés que nous offrons en cherchant par là à concilier la clémence de Dieu aussi bien pour eux que pour nous».(SAINT CYRILLE DE JÉRUSALEMCatéchèses mystagogiques 5 : 9.10)
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SAINT ÉPIPHANE DE SALAMINE (Sanctus Épiphanius Constantiensis), Père de l’Église (315/403-+)
«Utile aussi est la prière confectionnée sur leur, même si elle ne repousse pas l’ensemble des charges qui reposent sur eux. Et elle est utile aussi, parce que dans ce monde nous trébuchons souvent l’un ou l’autre volontairement ou involontairement, et par conséquent elle est un rappel pour faire mieux». (SAINT ÉPIPHANE DE SALAMINE Contre les hérésies 75:8)
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SAINT GRÉGOIRE DE NYSSE, Père de l’Église (335/395)
«Puisque telles sont les conditions de son existence dans la vie d’ici-bas,
l’homme agira donc de son propre mouvement s’il distingue ce qui lui est propre de ce qui appartient à l’irrationnel et se tourne vers lui-même par une vie raffinée, et il purifiera sa vie présente de l’immixtion du mal en dominant la déraison par la raison. Cependant, s’il incline vers la pente irrationnelle des passions après avoir pris pour complice la peau des bêtes, c’est en vain qu’il décidera de se tourner vers le bien après la sortie du corps, mais il mesurera la différence entre la vertu et le vice, parce qu’il ne pourra pas prendre part à la vie divine sans être lavé par le feu purificateur de la souillure immiscée en son âme».(SAINT GRÉGOIRE DE NYSSE Discours sur les morts)
«Quand il a quitté son corps et que la différence entre la vertu et le vice est connue il ne peut pas s'approcher de Dieu avant que le feu de purification ait ôté les taches dont son âme était infestée. Ce même feu chez d'autres effacera la corruption de la matière et l’inclination au mal»SAINT GRÉGOIRE DE NYSSE
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SAINT JEAN CHRYSOSTOME, Père de l’Église (350/407-+)
«S’il est parti en état de péché, pour cette raison même, vous devez vous réjouir ; ses péchés sont interrompus ; il n’a pas pu ajouter depuis à la somme de ses agitions mauvaises ; soyez-lui en aide, autant que possible ; au lieu de pleurer sur lui, répandez les prières, les supplications, les aumônes, les offrandes.Ce ne sont par là de chimériques inventions ; ce n’est pas inutilement que nous faisons, dans les divins mystères, mention de ceux qui sont partis ; que nous nous approchons du sanctuaire , à leur intention ; que nous prions l’Agneau qui a enlevé le péché du monde, mais nous espérons qu’il leur en reviendra quelque adoucissement ; ce n’est pas en vain que l’assistant à l’autel, pendant que les redoutables mystères s’accomplissent, s’écrie : Pour tous ceux qui se sont endormis dans le Christ, et pour ceux qui célèbrent leur commémoration. On ne prononcerait pas ces paroles, si l’on ne faisait pas la commémoration de ceux qui ne sont plus. Nos cérémonies ne sont pas des jeux de théâtre ; loin de nous ces pensées ; nos cérémonies c’est l’Esprit-Saint. qui les a ordonnées.
SAINT JEAN CHRYSOSTOME
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Sachons donc leur porter secours, et célébrons leur commémoration. Si les fils de Job ont été purifiés par le sacrifice de leur père, pouvez-vous douter que nos offrandes pour ceux qui ne sont plus, leur apportent quelque consolation ? C’est la coutume de Dieu de faire fructifier pour les autres les grâces que d’autres ont méritées. Et c’est ce que Paul faisait voir par ces paroles : «Afin que beaucoup de personnes, manifestant en elles la grâce que nous avons reçue, donnent à beaucoup de personnes l’occasion de bénir Dieu pour vous».(2 Cor. II, 11)Empressons-nous de porter notre secours à ceux qui ne sont plus, et d’offrir pour eux des prières : car le but commun de la terre entière c’est l’expiation. Prions donc avec confiance pour la terre entière, et avec les martyrs nous appelons tous les membres de l’Église, avec les confesseurs, avec les ministres sacrés. Car nous ne sommes qu’un seul et même corps tous tant que nous sommes, quoiqu’il y ait des membres plus glorieux que d’autres membres, et il n’y a rien d’impossible à ce qu’en nous adressant à toutes les âmes nous assurions à ceux qui ne sont plus leur pardon, par les prières, par les dons qui sont offerts pour eux, par l’assistance même de ceux que l’on invoque avec eux».(SAINT JEAN CHRYSOSTOME Homélies sur la Première Lettre aux Corinthiens 41:5)
«Pleurons ainsi nos morts, et secourons-les de tout notre pouvoir. Préparons-leur quelque consolation, si faible qu’elle soit, mais qui puisse être vraie et efficace. Comment ? Par quel moyen ? Prions pour eux, faisons prier, pour eux continuellement versons l’aumône aux pauvres. Toujours ainsi leur procurerons-nous quelque consolation. Ecoutez Dieu même qui dit : «Je protégerai cette ville, et pour moi-même, et pour David mon serviteur». Si le seul souvenir d’un juste a eu cette puissance, que ne pourront pas des œuvres accomplies en faveur des morts ?
Aussi n’est-ce pas en vain que les apôtres nous ont laissé la coutume et la loi : vous savez que, d’après eux, dans nos saints et redoutables mystères, il doit être fait mémoire des défunts. Ils savaient quel avantage, quel bien immense ce souvenir devait leur procurer. Dans le moment, en effet, où tout le peuple fidèle, uni au corps sacerdotal, debout, les bras étendus, offre le redoutable sacrifice, comment Dieu ne serait-il pas fléchi par les prières que nous adressons en leur faveur ? Car nous parlons de ceux qui sont morts dans la foi. Les catéchumènes n’ont aucune part à ces consolantes prières ; privés de tout autre secours, il leur en reste un cependant, un seul, et lequel ? C’est que nous fassions pour eux l’aumône aux pauvres : leur pauvre âme en recueillera quelque bienfait.
Dieu veut, en effet, que nous nous prêtions mutuellement secours. Pour quel autre motif nous aurait-il commandé de prier pour la paix et pour la tranquillité publique ? Pourquoi pour tous les hommes ? lorsque dans cette universalité sont englobés les brigands , les violateurs de sépultures, les voleurs, et tant d’autres pervers chargés de crimes sans nombre ? C’est que peut-être leur conversion s’en suivra. Comme donc nous prions pour des vivants en tout semblables à des cadavres, ainsi est-il permis de prier pour les défunts».(SAINT JEAN CHRYSOSTOME Homéliessur la Lettre aux Philippiens 3 : 9-10)
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«Portons-leur secours et faisons leur commémoraison. Si les fils de Job ont été purifiés par le sacrifice de leur père (Jb 1, 5), pourquoi douterions-nous que nos offrandes pour les morts leur apportent quelque consolation ? N’hésitons pas à porter secours à ceux qui sont partis et à offrir nos prières pour eux»(SAINT JEAN CHRYSOSTOME, hom. in 1 Cor. 41, 5 : PG 61, 361C).
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SAINTE MONIQUE, mère de Saint Augustin d'Hippone (331/387)

Sainte Monique, au moment de mourir, rassemble ses fils, dont Saint Augustin, et leur dit : «Mon frère dit quelques mots exprimant le vœu qu’elle achevât sa vie dans sa patrie plutôt que sur une terre étrangère».

Elle l’entendit, et, le visage ému, le réprimant des yeux pour de telles pensées, puis me regardant : «Vois comme il parle,» me dit-elle ; et s’adressant à tous deux :

«Laissez ce corps partout ; et que tel souci ne vous trouble pas. Ce que je vous demande seulement, c’est de vous souvenir de moi à l’autel du Seigneur, partout où vous serez.»

(SAINT AUGUSTIN Les Confessions - Livre neuvième)

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Vème SIÈCLE
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SAINT JÉRÔME DE STRIDON (Eusebius Sophronius Hieronymus Stridonensis), Père de l’Église (340/420 -+)

«Les autres maris jettent des fleurs sur les tombeaux de leurs femmes, afin d’adoucir, par ces marques de tendresse, la douleur qu’ils ont de les avoir perdues ; mais Pammaque répand ses aumônes comme un baume précieux sur les saintes reliques et les vénérables ossements de Paulina ; c’est avec ces odeurs qu’il parfume le tombeau où reposent ses cendres, sachant qu’il est écrit que «l’aumône efface le péché, de même que l’eau éteint le feu»(SAINT JÉRÔME DE TRIDON Lettres 66 : 5 )
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http://3.bp.blogspot.com/_IBaIlSjSEUQ/S35_ztsET4I/AAAAAAAADS4/rU_97ZWzLnQ/s320/Sans+titre+20.jpgSAINTAUGUSTIN D'HIPPONE ,Père et Docteur de l’Église (354/430)
«Mais les prières de la sainte Eglise, le sacrifice de notre salut et les aumônes distribuées dans l’intérêt de leurs âmes, obtiennent pour eux sans aucun doute que le Seigneur les traite avec plus de clémence que n’en ont mérité leurs péchés. En effet la tradition de nos pères et la pratique universelle de l’Eglise veulent qu’en rappelant au moment prescrit, durant le sacrifice même, le souvenir des fidèles qui sont morts dans la communion du corps et du sang de Jésus-Christ, on prie pour eux et on proclame que pour eux on sacrifie. Or, si pour les recommander à Dieu on fait des œuvres. de charité, qui pourrait douter qu’ils n’en profitent, quand il est impossible qu’on prie en vain pour eux ? Il est incontestable que tout cela sert aux morts ; mais aux morts qui ont mérité avant leur trépas de pouvoir en tirer avantage après». (SAINT AUGUSTIN D'HIPPONE ibid., 172:2)
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«Certains subissent des punitions temporelles dans cette vie seulement, certains après la mort, pour certains avant et après, mais tous avant le jugement dernier, le plus rigoureusement mené. Mais ceux qui subissent des punitions temporelles après la mort n’encourront pas tous les punitions éternelles, qui doivent suivre ce jugement»
«L'apôtre dit : il sera sauvé comme à travers le feu... On méprise ce feu à cause des mots «il sera sauvé». Il est certain pourtant que ce feu sauveur sera plus terrible que toutes les souffrances qu'un homme puisse endurer en cette vie»
«Maintenant, toutefois il y a une perfection relative à laquelle sont parvenus les martyrs. Aussi, comme le savent les fidèles, la discipline ecclésiastique ne veut pas qu’on prie pour les martyrs lorsqu’on prononce leur nom à l’autel. On prie pour les autres défunts dont on fait mémoire ; ce serait une injure de prier pour un martyr, puisque nous devons au contraire nous recommander à ses prières, attendu qu’il a combattu jusqu’au sang contre le péché». (SAINT AUGUSTIN D'HIPPONE Sermons 159 : 1)
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«Lorsqu’en effet un homme souffre par l’erreur ou la malice d’un autre, le péché est à l’homme qui, soit injustice, soit ignorance, a fait le mal ; mais Dieu ne pèche point qui, par un juste et secret jugement, l’a permis ; ainsi, les uns en ce monde seulement, les autres après la mort, les autres pendant et après cette vie, toutefois avant les suprêmes rigueurs du jugement, souffrent des peines temporelles. Mais les peines éternelles, où le jugement précipitera les damnés, n’attendent pas tous ceux qui souffrent temporellement après la mort. Car, redisons-le, ce qui n’est pas remis en ce siècle à plusieurs, leur sera remis dans le siècle futur, afin qu’ils échappent aux supplices éternels». (SAINT AUGUSTIN D'HIPPONE La Cité de Dieu 21 : 13)
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«Quelques-uns ne sont plus, pour qui les prières de l’Église ou de certaines âmes pieuses trouvent Dieu favorable ; mais il ne s’agit que de ceux qui, régénérés en Christ, n’ont pas si mal usé du temps et de la vie, qu’on les juge indignes de la clémence suprême, ni si bien, qu’elle ne leur soit pas nécessaire. Et de même, à la résurrection des morts, après l’expiation que subissent les âmes des trépassés, plusieurs obtiendront la grâce qui leur sauvera le feu éternel». (SAINT AUGUSTIN D'HIPPONE Ibid. 21:24:2)
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«Supposons deux fidèles : l’un, tout occupé des choses du Seigneur et des moyens de lui plaire, bâtit, sur le fondement de la foi en Jésus-Christ un édifice d’or, d’argent et de pierres précieuses; l’autre, occupé du soin des choses du monde et des moyens de plaire à sa femme, bâtit sur le même fondement un édifice de bois, de foin et de paille: l’ouvrage du premier résiste à la flamme, parce qu’il n’est point attaché aux biens du monde et qu’il est insensible à leur perte; l’ouvrage du second est consumé, parce qu’on ne saurait perdre sans regrets des biens qu’on a possédés avec amour. Mais comme ce dernier, si on lui proposait de choisir entre Jésus-Christ et le monde, préférerait Jésus-Christ et qu’il sacrifierait ces avantages à sa foi, tout en regrettant d’en être privé, il se sauve sans doute, mais comme à travers un incendie : il est dévoré du regret d’avoir perdu les biens dont il était épris ; mais son chagrin n’attaque ni ne consume le fondement inébranlable que sa solidité met à l’abri de toute atteinte». (SAINT AUGUSTIN D'HIPPONE Traité de la Foi, de l’Espérance et de la Charité 28 : 69)
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VIème SIÈCLE
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SAINT CÉSAIRE D'ARLES (470/542)
«[Commentant 1 Co 3 : 15 ] Ceux qui comprennent mal ce texte se laissent tromper par une fausse sécurité. Ils croient que, édifiant sur le fondement du Christ des crimes capitaux,
ces péchés pourront être purifiés en passant à travers le feu et qu’ainsi ils pourront parvenir ensuite à la vie éternelle. Corrigez, mes frères, cette manière de comprendre : se flatter d’une pareille issue, c’est se tromper lourdement.


Dans ce feu de passage, dont l’Apôtre a dit : lui-même sera sauvé, mais comme à travers le feu, ce ne sont pas les péchés capitaux, mais les péchés menus qui seront purifiés […]
Bien que ces péchés, selon notre croyance, ne tuent pas l’âme, ils la défigurent [...] et ne lui permettent de s’unir à l’époux céleste qu’au prix d’une extrême confusion [...] C’est par des prières continuelles et des jeûnes fréquents, que nous parvenons à les racheter [...], et ce qui n’a pas été racheté par nous devra être purifié dans ce feu dont l’Apôtre a dit : [l’ouvrage de chacun] sera révélé par le feu ; ainsi le feu éprouvera l’œuvre de chacun. 1 Co 3 : 13 [... ] Ainsi donc, pendant que nous vivons en ce monde, mortifions-nous [...], et ainsi ces péchés seront purifiés en cette vie, de telle sorte que, dans l’autre, ce feu du purgatoire ou ne trouve rien ou ne trouve en nous que peu de chose à dévorer. Mais, si nous ne rendons pas grâces à Dieu dans nos afflictions et si nous ne rachetons pas nos fautes par de bonnes œuvres, il nous faudra demeurer dans le feu du purgatoire aussi longtemps que nos péchés menus l’exigeront pour être consumés, comme du bois, du foin et de la paille.
Que personne ne dise : Que m’importe de demeurer au purgatoire si je dois ensuite parvenir à la vie éternelle ! Ah ! ne parlez pas ainsi, très chers frères, car ce feu du purgatoire sera plus pénible que toute peine que nous pouvons concevoir, éprouver et sentir en ce monde». (SAINT CÉSAIRE D'ARLES Sermon 104 : 1)
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SAINT GRÉGOIRE LE GRAND, Pape et Docteur de l'Eglise (590/604)

«Pour ce qui est de certaines fautes légères, il faut croire qu’il existe avant le jugement un feu purificateur, selon cequ’affirme Celui qui est la Vérité, en disant que si quelqu’un a prononcé un blasphème contre l’Esprit Saint, cela ne lui sera pardonné ni dans ce siècle-ci, ni dans le siècle futur (Mt 12, 31). Dans cette sentence nous pouvons comprendre que certaines fautes peuvent être remises dans ce siècle-ci, mais certaines autres dans le siècle futur» (SAINT GRÉGOIRE LE GRAND, dial. 4, 39).
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XIème SIÈCLE
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SAINT ODILON, Abbé de Cluny (962/1049)

Ordonna la célébration, à partir de 1031, dans tous les monastères de l'ordre clunisien, d'une «messe solennelle pour tous les morts qui dorment en Christ» le 2 novembre.
 
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XIIIème SIÈCLE
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http://1.bp.blogspot.com/_IBaIlSjSEUQ/S3x0ZQlB6VI/AAAAAAAADJI/SV_24vOAe6g/s320/Sans+titre+22.bmpSAINTE GERTRUDE (1256/1302)
Sainte Gertrude priait pour Frère Hermann, convers, récemment décédé. Cette âme lui ayant été montrée :
«Pour quelle faute, lui demanda-t-elle, souffrez-vous davantage ? - Pour ma volonté propre : même lorsque je faisais du bien, j'aimais mieux en faire à ma tête que de suivre l'avis des autres. J'en souffre maintenant une si grande peine que, si l'on réunissait toutes les peines qui accablent le cœur de tous les hommes, elles n'arriveraient à rien de pareil à ce que je souffre» Comme Gertrude récitait pour lui l'Oraison dominicale, quand elle prononça ces paroles : «Pardonnez-nous nos péchés comme nous pardonnons», cette âme prit un air plein d'anxiété et lui dit : «Lorsque j'étais dans le monde, j'ai beaucoup péché pour n'avoir pas facilement pardonné à ceux qui avaient agi contre moi ; pendant longtemps, je gardais mon sérieux avec eux, et, pour expiation, je souffre, lorsque j'entends ces paroles, une honte intolérable et pleine d'anxiété». Comme on offrait pour cette âme le saint Sacrifice, elle parut en être merveilleusement réjouie et glorifiée. Ce que voyant Gertrude, elle demanda au Seigneur : «Cette âme a-t-elle acquitté maintenant tout ce qu'elle devait souffrir ?» Le Seigneur répondit : «Elle en a plus acquitté que toi ou quelqu'un des hommes ne pourrait le penser, cependant elle n'est pas tellement purifiée qu'elle puisse être admise à jouir de ma présence. Mais sa consolation et son soulagement vont toujours croissant à mesure que l'on prie pour elle. Cependant vos prières ne peuvent la secourir aussi promptement qu'elles le feraient si elle n'avait commis dans le monde cette faute de se montrer dure et inexorable et de ne pas fléchir sa volonté au gré de la volonté des autres, ne voulant pas accorder ce qu'elle n'avait pas dans sa volonté»

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XIVème SIÈCLE
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SAINTE CATHERINE DE SIENNE, Docteur de l’Église (1347/1380)


«Si les pauvres hommes pouvaient soupçonner ce que sont le purgatoire et l'enfer, ils préféreraient mourir dix fois que d'endurer de tels supplices un seul jour»
SAINTE CATHERINE DE SIENNE

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XVème SIÈCLE
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CONCILE DE FLORENCE – 1439
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X° Session (Juillet) : Décret d'union des Grecs avec les Latins.

«Nous déclarons que les âmes des véritables Pénitents, morts dans la charité de Dieu, avant que d'avoir fait de dignes fruits de pénitence pour expier leurs péchés de commission ou d'omission, sont purifiés après leur mort par les peines du Purgatoire, et qu'elles sont soulagées de ces peines par les suffrages des Fidèles vivants, comme sont le Sacrifice de la Messe, les prières, les aumônes et les autres œuvres de piété, que les Fidèles font pour les autres Fidèles, suivant les règles de l’Église ; et que les âmes de ceux qui n'ont point péché depuis leur Baptême, ou celles de ceux qui étant tombés dans des péchés, en ont été purifiés dans leur corps, après en être sorties, comme nous venons de dire, entrent aussitôt dans le Ciel, et voient purement la Trinité, les uns plus parfaitement que les autres, selon la différence de leurs mérites ; enfin que les âmes de ceux qui sont morts en péché mortel, actuel, ou dans le seul péché originel, descendent aussitôt en enfer, pour y être toutes punies, quoi qu'inégalement»
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«Après les visions susdites, la servante de Dieu fut conduite à celle du purgatoire dont la distribution est la même que celle de l'enfer. En approchant de ce triste lieu, elle lut ces paroles écrites sur la porte : «C'est ici le purgatoire, lieu d'espérance, où les âmes attendent l’accomplissement de leur désir». L’ange Raphaël lui fit voir les trois parties de cette demeure ; et voici ce qu'elle y vit :
«Dans la partie la plus basse brûle un feu qui donne de la lumière, dissemblable en cela à celui de l'enfer, qui est noir et sans aucune clarté. Ce feu est très ardent et d'une couleur rouge. C'est là que sont punies les âmes redevables à la justice divine de la peine temporelle qu'elles méritèrent par de grands péchés ; et le feu les tourmente plus ou moins rigoureusement, selon la qualité et la quantité de leurs dettes. L'ange lui dit que, sept années de souffrances dans cette partie intérieure, correspondent à celle temporelle méritée par un seul péché mortel.
A la gauche de ces âmes, mais hors du purgatoire, Françoise vit les démons qui les tentaient pendant la vie, et elle observa que ces pauvres âmes souffraient beaucoup de leur vision, et des reproches qu'ils ne cessaient de leur faire entendre. «Vous avez mieux aimé, leur disaient-ils, suivre nos illusions et nos persuasions, que les préceptes de l’Évangile. Vous avez eu la folie d'offenser Celui à qui vous étiez redevable de votre création et rédemption. Demeurez ici maintenant pour expier vos ingratitudes». Du reste, le pouvoir des démons sur ces âmes se borne à ces deux choses : à les affliger par leurs reproches et par leur horrible aspect.
Ces âmes, placées dans le feu du purgatoire inférieur, acquiescent humblement à la justice divine ; néanmoins, la rigueur des peines qu'elles endurent leur arrache des gémissements que personne en cette vie ne saurait comprendre. Elles acquiescent à la volonté de leur juge, parce qu'elles comprennent parfaitement l'équité des tourments qu'elles endurent. Or, cet acquiescement, est cause que Dieu prête l'oreille à leurs plaintes, qu'Il en est touché et leur donne quelques consolations. Il ne les arrache pas pour cela aux flammes qui les brûlent, mais Il leur fait trouver dans leur soumission même, une sorte de rafraîchissement, ainsi que dans la pensée qu’elles arriveront bientôt à la gloire éternelle. Elles connaissent non seulement leurs propres péchés, mais encore ceux des autres âmes qui souffrent avec elles, et toutes sont contentes de la justice punitive de Dieu, qui s'exerce avec tant d'équité.
Lorsqu'un ange gardien a conduit dans ce purgatoire inférieur l’âme qui lui était confiée, il se place en dehors de la prison, au côté droit de la porte, tandis que le mauvais ange se place au côté gauche ; et il se tient là jusqu'à ce que cette âme entièrement purifiée, devienne libre de monter au ciel. C'est lui qui recueille les suffrages offerts pour elle sur la terre, et les présente à la justice de Dieu, qui les lui rend, afin qu'il les applique à cette pauvre âme, comme un remède qui adoucit ses maux. Il présente également à Dieu toutes les bonnes œuvres qu’elle a faites pendant sa vie mortelle tandis que le mauvais ange rappelle sans cesse les péchés qu'elle a commis, à la justice du Seigneur. Lorsqu'une âme a fait des legs pieux avant son trépas, Dieu, dans Sa bonté, les accepte sur-le-champ et les récompense, quand même ils ne recevraient pas leur exécution par la faute de ceux qui en étaient chargés. Cependant, si elle a renvoyé ces bonnes œuvres après sa mort, par affection pour ses richesses, Dieu ne la récompense qu'à l'expiration du temps déterminé par elle pour leur accomplissement.
Ce purgatoire inférieur se divise en trois prisons séparées, où le feu n'a pas une égale ardeur ; il est plus brûlant dans la première que dans la seconde, et dans la seconde que dans la troisième, Or, la première est destinée aux religieux et aux prêtres, eussent-ils commis de moindres péchés que les séculiers, parce qu'ils ont eu plus de lumières et n'ont pas honoré leur dignité comme ils le devaient. Françoise vit dans ce cachot un prêtre fort pieux, mais qui avait trop contenté son appétit dans l'usage des aliments. La seconde prison est la demeure des religieux et des clercs qui ne furent pas honorés du sacerdoce. Dans la troisième, sont renfermées les âmes séculières qui commirent des péchés mortels et ne les expièrent pas pendant la vie. Les tourments ne sont pourtant pas égaux dans chacune de ces prisons ; ils sont plus ou moins cruels selon la mesure des dettes et la qualité des personnes. Les supérieurs y souffrent davantage que les inférieurs ; selon qu'une âme est plus ou moins coupable, les supplices sont plus ou moins cruels, et leur durée plus ou moins longue.
Après avoir considéré le purgatoire inférieur, Françoise fut conduite à la vision du purgatoire intermédiaire. Or, il se partage, comme l'autre, en trois parties, dont la première est un lac d'eau glacée, la seconde un lac de poix fondue, mêlée d'huile bouillante, et la troisième un lac de métaux liquéfiés. C'est dans ce purgatoire que sont logées les âmes, qui ne commirent pas de péchés assez graves pour mériter d'être placées dans le purgatoire inférieur. Ce sont donc les péchés véniels qui conduisent à ce purgatoire intermédiaire. Or, il y a dans cette prison trente-huit anges qui sont sans cesse occupés à transvaser, ces pauvres âmes d'un lac dans l'autre, ce qu'ils font avec des manières très gracieuses et une grande charité. Ces anges ne sont pas pris parmi leurs anges gardiens ; ce sont d'autres anges que la bonté de Dieu a chargés de ce ministère. J'attribue leur mission à la bonté de Dieu parce que leur présence est pour ces âmes d'une grande consolation.
La servante de Dieu reçut dans cette vision plusieurs lumières sur l'application des suffrages que les vivants offrent pour les morts, qui méritent bien d'être communiquées. Elle connut 
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1° que les messes, indulgences accordées, et bonnes œuvres offertes pour certaines âmes par leurs parents et amis, ne leur sont pas intégralement appliquées ; elles en reçoivent bien la meilleure part, mais le reste est réparti entre toutes les âmes du purgatoire. Françoise connut 
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2° que ces offrandes, faites par erreur à des âmes qui sont en paradis, profitent d'abord à ceux qui les font, et ensuite aux âmes du purgatoire. Elle connut 
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3° que ces mêmes secours adressés par les vivants à des âmes qu'ils croient en voie de salut, et qui sont réprouvées, entrent intégralement dans les trésors de leurs auteurs, parce que, ni les damnés ne peuvent en profiter, ni Dieu ne permet qu'elles soient appliquées aux âmes du purgatoire. Il est à remarquer que Françoise, au sortir d'une de ces visions, qui avait duré environ deux heures, crut y avoir employé un temps fort considérable. Il résulte donc de là que le temps qui semble passer vite sur la terre, parait bien long dans l'éternité» (SAINTE FRANCOISE ROMAINE Du Purgatoire, chap. VIII).
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XVIème SIÈCLE
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«Je ne crois pas qu'existe un contentement à comparer avec celui d'une âme du purgatoire, sinoncelui des saints dans le paradis. Et ce contentement croit chaque jour par l'action correspondante (conresposo) de Dieu en cette âme, qui consume chaque jour ce qui lui fait obstacle» (SAINTE CATHERINE DE GÊNESTraité du purgatoire, trad. d'après l'éd. comparée des mss par Umile Bonzi da Genova, S. Carerina da Genova, t 2, Turin, 1962. p. 325).
«Les âmes du purgatoire ont leur volonté conformée en tout à celle de Dieu ; par suite Dieu correspond à cette volonté avec sa bonté : elles restent donc contentes quant à la volonté. car celle-ci est purifiée du péché originel et actuel»(SAINTE CATHERINE DE GÊNESp. 331).
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«Cependant, les âmes du purgatoire souffrent en même temps du désir de Dieu. Catherine l'explique par une comparaison : s'il y avait au monde un seul pain capable de satisfaire la faim de toutes les créatures, celles-ci seraient d'instinct affamées de ce pain : «Les âmes du purgatoire ont la dite faim, parce qu'elles ne voient pas ce pain dont elles pourraient se nourrir, mais elles ont l’espérance de le voir et de s'en rassasier pleinement : c'est pourquoi elles restent dans la peine, dans la mesure où elles ne peuvent assouvir leur faim» SAINTE CATHERINE DE GÊNES (p. 333).
Catherine voit ainsi s'accomplir dans les âmes du purgatoire deux «opérations» , apparemment mais en fait complémentaires : «La première est qu'elles souffrent volontiers ces peines, et il leur semble que Dieu leur a fait grande miséricorde, par rapport à ce qu'elles méritaient» ; en effet tout péché mériterait «mille enfers» si la bonté de Dieu ne tempérait sa justice, celle-ci étant satisfaite «avec le sang de Jésus-Christ». «La seconde est le contentement qu'elles éprouvent, en voyant l'ordre de Dieu et l'amour et la miséricorde qu'il montre envers ces âmes... Et parce qu'elles sont en grâce, elles perçoivent cela comme elles sont, d'après leur capacité ; et elles en retirent un contentement qui ne leur manque jamais, mais plutôt va croissant plus elles s'approchent de Dieu» SAINTE CATHERINE DE GÊNES (p. 347-48).
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CONCILE DE TRENTE – 1545/1663
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VI° Session (Janvier 1547) : Décret sur la justification (contre les Hérétiques)

«Si quelqu'un dit qu'à tout pécheur pénitent qui a reçu la grâce de la justification, l'offense est tellement remise et l'obligation à la peine éternelle tellement effacée et abolie, qu'il ne lui reste aucune peine temporelle à payer, soit en cette vie, soit en l'autre dans le Purgatoire, avant que l'entrée au Royaume du Ciel puisse lui être ouverte, qu'il soit anathème.» (Canon 30)

XXV° Session (Décembre 1563) :


«Les Évêques auront un soin particulier que la foi et la créance des Fidèles, touchant au Purgatoire, soit conforme à la sainte doctrine qui nous en a été donnée par les Saints Pères, et qu'elle soit prêchée suivant leur doctrine et celle des Conciles précédents ; qu'ils bannissent des Prédications qui se font devant le Peuple grossier, les questions difficiles et trop subtiles sur cette matière, qui ne servent de rien pour l'édification ; qu'ils ne permettent point non plus qu'on avance ni qu'on agite sur ce sujet des choses incertaines, ou tout ce qui tient d'une certaine curiosité ou manière de superstition, ou qui ressent un profit sordide et messéant
»
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SAINTE THÉRÈSE D'AVILA, Docteur de l'Église (1515/1582)

«De tant d'âmes qui furent montrées à Thérèse d'Avila, elle ne vit monter droit au ciel que trois, dont celle d'un géant de la pénitence, saint Pierre d'Alcantara. Les autres pénétraient dans la terre, disait-elle, et n'en ressortaient qu'une fois purifiées» SAINTE THÉRÈSE D'AVILA
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XVIIème SIÈCLE
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«Elle vit un jour une religieuse décédée depuis longtemps :
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«Elle me dit qu'elle souffrait beaucoup en purgatoire, mais que Dieu venait de lui faire souffrir une peine incomparable qui était la vue d'une de ses parentes précipitée en enfer»
Un jour, elle priait devant le Saint-Sacrement ; soudain, devant elle se présente une personne tout en feu ; les flammes brûlent si ardentes qu'il lui semble qu'elle en est toute pénétrée. A cette vue, sous ces tortures dévorantes, ses larmes jaillissent, abondantes. L'âme qui lui apparaît est celle d'un religieux bénédictin de la Congrégation de Cluny. Prieur de Paray, il l'avait confessée une fois et lui avait ordonné de faire la sainte communion. Il lui demande aujourd'hui de lui appliquer pendant trois mois les mérites de toutes ses prières et de toutes ses souffrances. Il lui découvre alors les causes de son rude purgatoire : trop d'attache à sa réputation lui a fait préférer son propre intérêt à la gloire de Dieu ; il manqua de charité envers ses frères ; dans ses entretiens spirituels et dans ses rapports avec les créatures, il avait trop d'attache naturelle, et cela déplaisait beaucoup à Dieu. Pendant trois mois, il se tint près de sa victime volontaire, ne la quittant point, et, du côté où il se trouve, elle brûle comme tout en feu. La douleur très vive la fait pleurer continuellement. La supérieure, qui sait tout, qui a tout approuvé, touchée de compassion, lui ordonne des pénitences et des disciplines. Au bout de trois mois, le bénédictin lui apparaît, tout éclatant de gloire ; il monte au ciel ; après l'avoir remerciée, il l'assure qu'à son tour il la protégera»
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XVIIIème SIÈCLE
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«L'épouse du Crucifié » (Sposa del Crocifisso) entendit un jour la voix d'une jeune novice décédée du monastère de Florence : «0 sœur, puisque vous avez payé ma dette, je ne manquerai pas de prier pour vous et tout votre monastère. Si je pouvais retourner à la vie terrestre, je serais bien vite une sainte, et si les moniales de votre couvent savaient ce qu'est le purgatoire, elles sauraient vivre en vraies religieuses. Je vous le dis encore : que vos sœurs aient une idée du purgatoire, toutes alors seront des saintes»
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«Avant de quitter Plaisance, la jeune Orsola, prenant tout son courage, avait dit à son père :
«Maintenant que vous avez le temps, pensez à ce que doit faire un chrétien, faites une bonne confession»
Pendant que je lui disais cela, écrit Véronique, il changea de visage et me demanda :
«Pourquoi me dites-vous cela ?»
Je répondis :
«Je me sens inspirée de vous le dire» Je savais qu'il y avait longtemps qu'il ne s'était pas confessé. Je sus qu'il se confessa peu après».
«Le pauvre Francesco Giuliani retomba ensuite dans ses faiblesses.
«Il me semblait qu'on me disait mystérieusement que mon père était mort. Je cherchais à me distraire de ces pensées et à me résigner à la volonté de Dieu. Peu après, je vis mon père en songe. Il était très malade et dans son agonie se recommandait à mes prières. Je m'éveillai, mais je demeurai sous le coup d'une appréhension telle que j'eus comme la certitude que tout cela n'était pas un songe. La nuit suivante, je revis encore mon père : il était mourant, je le vis expirer. Je m'éveillai sous une poignante impression de douleur et je pleurai beaucoup. Mon cœur était gros de larmes, j'étais persuadée que je venais d'assister à la mort de mon père. J'avais reçu cependant, très peu de temps avant, une lettre où il me disait qu'il se portait bien. Mais après cette dernière nuit, je n'écoutais plus celles qui venaient pour me persuader que je me trompais et qu'il ne fallait pas croire aux rêves. Je cherchai à me distraire, mais je ne doutai pas de cette mort. Enfin, la nouvelle arriva. Il était vraiment mort à l'heure où je l'avais vu expirer. Mon chagrin fut extrême parce que je craignais pour son âme. Aussi je priai avec ardeur pour lui. Je vis alors une vision : un endroit horrible et plein d'épouvante et je compris que l'âme de mon père s'y trouvait. Jamais je ne pourrais exprimer ma douleur : je craignais que ce ne fût l'enfer ! Je demeurai longtemps dans cette peine cruelle. Je ne me souviens pas de lui avoir appliqué des suffrages. Je ne pouvais me mettre à rien, je ne voulais pas davantage dire la vision que j'avais eue, craignant que ce ne fût une vision diabolique. Mais cette même vision revint et je vis cette âme torturée d'une façon affreuse. Dans sa détresse, elle me criait :
«C'est à toi d'obtenir cette grâce.»
Je la vis souvent dans cet état et elle me disait qu'elle souffrait encore et qu'elle savait bien qu'elle était dans un lieu de salut. Je fis beaucoup de pénitences et de prières pour cette âme et je crus un jour entendre le Seigneur me dire :
«Sois tranquille : pour telle fête, je délivrerai l'âme de ton père des tourments où elle se trouve. Si tu veux qu'il en soit ainsi, il faut que tu souffres beaucoup»
J'étais prête à tout souffrir pour obtenir cette grâce. Mes souffrances furent très grandes. Après la fête de sainte Claire, je crus voir l'âme de mon père, mais non dans le même lieu d'horreur. C'était encore le purgatoire, cependant. J'ai longtemps supplié le Seigneur de me donner la délivrance de cette âme. Bien des semaines après, j'eus cette révélation que je devais avoir beaucoup de regrets de n'avoir pas osé parler à mon père avec la liberté qu'il eût fallu. Je connaissais bien le lamentable état de sa conscience, et si je lui en avais dit quelque chose il se serait amendé. Je fis donc tous les jours mes oraisons pour cette âme et je la vis souffrir beaucoup. Je suppliai Dieu de toutes les forces de mon cœur de vouloir bien la délivrer de ses tourments. Je vis cette âme pendant la nuit de Noël. Un ange vint la prendre par la main et je vis mon père tel qu'il était pendant sa vie, mais revêtu de blanc. Il me salua et me remercia de ma charité. Aussitôt, i1 devint éclatant de lumière. Je ne le vis plus sous une forme humaine, il disparut avec l'ange. Le matin, après la communion, je revis encore cette âme toute belle et resplendissante. Elle me dit qu'elle n'avait pas été la seule délivrée du purgatoire, beaucoup d'autres avaient été délivrées aussi. Je les vis toutes, en grand nombre. La plume est incapable de décrire le bonheur que je ressentais. Je pense que Dieu m'a accordé cette grâce d'abord par les prières de la Sainte Vierge Marie, puis par celles de mes Sœurs».
«Il me semble, dit-elle en décrivant la peine qu'elle avait à souffrir, il me semble que mon âme était dans un abandon complet, extérieur et intérieur, comme si Dieu m'avait dépouillée de tout et que plus jamais, en cette vie ni en l'autre, je ne participerais à aucun bien, que plus jamais je ne pourrais me recommander à la Sainte Vierge ni aux saints. C'est une douleur indescriptible et qui dura tout le temps que j'eus à passer dans ce lieu affreux. Il me semblait que ce temps ne finirait jamais et que toujours j'expierais. Nul ne venait à mon aide. J'étais seule et abandonnée. Une heure de ces souffrances, c'est une éternité. La douleur physique s'ajoutait à la douleur morale. Il me semblait qu'on me triturait les os, qu'on me travaillait les chairs, qu'on me jetait dans une fournaise, puis dans une glacière. Je tremblais de douleur. En même temps, on me rouait de coups avec toutes sortes d'instruments. Dans ces tourments, j'eus quelques communications avec Dieu : il me fit comprendre que les peines que je subissais étaient celles du purgatoire et qu'il me les faisait endurer pour libérer les âmes.» Sainte Véronique Giuliani
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XIXème SIÈCLE
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http://1.bp.blogspot.com/_IBaIlSjSEUQ/S30EKVs4boI/AAAAAAAADMA/4i3Y0oGuL_Q/s320/Sans+titre+32.bmpSAINT JEAN MARIE VIANNEY CURÉ D'ARS (1786/1859)
 

2 NOVEMBRE

COMMÉMORATION DES

MORTS

 
«Que conclure de tout cela, M.F. ? Le voici. Il est certain qu'il y a très peu d'élus qui n'aient passé par les flammes du purgatoire, et que les peines qu'on y endure sont au-delà de ce que nous pourrons jamais comprendre. Il est certain encore que nous avons entre les mains tout ce qu'il faut pour soulager les âmes du purgatoire, c'est-à-dire nos prières, nos pénitences, nos aumônes et surtout la sainte Messe ; et enfin, nous sommes sûrs que ces âmes étant pleines de charité, elles nous obtiendront mille fois plus que nous ne leur donnerons. Si un jour nous sommes dans le purgatoire, ces âmes ne manqueront pas de demander au bon Dieu la même grâce que nous aurons obtenue pour elles ; car elles ont senti combien l'on souffre dans ce lieu et combien est cruelle la séparation de Dieu. Donnons quelques instants, pendant cette octave, à une œuvre si bien placée. Combien vont aller au ciel par la sainte Messe et nos prières !...
Que chacun de nous pense à ses propres parents, et à toutes les pauvres âmes délaissées depuis de longues années. Oui, M.F., offrons toutes nos actions pour les soulager. Nous plairons ainsi à Dieu, qui désire tant les délivrer, et nous leur procurerons le bonheur de la jouissance de Dieu même. C'est ce que je vous souhaite»

AUTRE SERMON POUR

LE JOUR DES MORTS

 

«Arrêtons-nous là, M.F., descendons en esprit dans ces lieux de tourments ; soyons témoins des maux qu'endurent ces pauvres âmes, elles vont elles-mêmes nous faire la triste peinture des peines qui les rongent et les dévorent.

Deux supplices leur sont très sensibles :
1° la peine du dam, c'est-à-dire la privation de la vue de Dieu, et la peine du sens. L'amour qu'elles ont pour Dieu est si grand, la pensée qu'elles en sont privées par leur faute, leur cause une douleur si violente, que jamais il ne sera donné à un mortel d'en concevoir la moindre idée. Du milieu de ces flammes qui les brûlent, elles voient les trônes de gloire qui leur sont préparés et qui les attendent, une voix semble leur crier : «Ah ! que vous êtes privées de grands biens ! si vous aviez eu le bonheur de redoubler vos pénitences et vos larmes, vous seriez aujourd'hui assises sur ces beaux trônes tout rayonnants de gloire ; ah ! que vous avez été aveugles de retarder un tel bonheur par votre faute !» Ce seul langage augmente leur douleur et le désir d'être réunies à leur Dieu ; elles s'en prennent au ciel et à la terre ; elles invoquent et les anges et les hommes. «Ah ! mes amis, nous crient-elles, s'il vous reste encore quelque amitié pour nous, ayez pitié de nous, arrachez-nous de ces flammes : vous le pouvez !... Beau ciel, quand te verrons-nous ? » Il est rapporté dans l'histoire de Cîteaux, qu'un religieux, après avoir été toute sa vie un modèle de vertu, apparut à un religieux, en lui disant qu'il avait été en purgatoire ; et la plus grande souffrance qu'il y avait ressentie, était la privation de la vue de Dieu.
L'autre peine de ces pauvres âmes, c'est la douleur du sens, c'est-à-dire du feu. Les saints Pères nous assurent que c'est un feu matériel, ou plutôt que c'est le même que celui qui brûle les malheureux damnés. Ce feu est si violent, qu'une heure semble à ceux qui l'endurent, des millions de siècles. Oui, nous disent-ils, si l'on pouvait comprendre la grandeur de leurs supplices, nuit et jour nous crierions miséricorde pour elles. Un autre saint va encore plus loin, en nous disant que leurs souffrances surpassent même celles que Jésus-Christ a endurées pendant sa cruelle et douloureuse passion ; et cependant, si les souffrances que Jésus-Christ a endurées eussent été partagées entre tous les hommes, nul mortel n'eût pu les soutenir».
 
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A la jeune cousine de Mme Gros, venue se confesser :
«Remerciez bien votre cousine de vous avoir amenée à Ars ; sans elle, vous seriez en enfer ». Et après lui avoir indiqué les causes, une fois la confession terminée, il ajouta : «... Et puis, voyez, ma petite, comme nous sommes ingrats. Il y a dix ans que votre père souffre dans le purgatoire ; vous jouissez de sa fortune et vous ne songez pas à faire dire une seule messe qui le délivrerait»
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SERMON DU CURÉ D'ARS POUR LA COMMÉMORATION DES DÉFUNTS
«Comment pourrai-je faire le tableau déchirant des maux qu'endurent ces pauvres âmes, puisque les saints Pères nous disent que les maux qu'elles endurent dans ces lieux semblent égaler les souffrances que Jésus-Christ a endurées pendant sa douloureuse Passion ? Le feu du purgatoire est le même que celui de l'enfer, la différence qu'il y a c'est qu'il n'est pas éternel. Ce feu est si violent qu'une heure semblent à ceux qui l'endurent des milliers de siècles. Si l'on pouvait comprendre la grandeur de leurs supplices, nuit et jour nous crierions miséricorde pour elles. Il faudrait que le bon Dieu, dans sa miséricorde, permît qu'une de celles qui brûlent dans les flammes parût ici à ma place, tout environnée des feux qui la dévorent et qu'elle vous fît elle-même le récit des maux qu'elle endure. Il faudrait qu'elle fît retentir cette église de ses cris et de ses sanglots. Peut-être enfin cela attendrirait-il vos cœurs ! «Oh ! nous souffrons, crient-elles ! Oh ! nos frères, délivrez-nous de ces tourments : vous le pouvez ! Brûler dans un feu allumé par la justice d'un Dieu ! Souffrir des douleurs incompréhensibles ! Être dévoré par le regret, sachant que nous pouvions si bien les éviter !»
Nous lisons dans l'Histoire ecclésiastique qu'un saint resta six jours en purgatoire avant d'entrer dans le ciel. Il apparut ensuite à un de ses amis, en lui disant qu'il avait enduré des souffrances si grandes qu'elles surpassaient toutes celles qu'ont endurées et qu'endureront jusqu'à la fin des siècles tous les martyrs réunis ensemble ! Oh ! mon Dieu, que votre justice est redoutable pour le pécheur ! Cependant qui peut entendre sans frémir le récit de ce qu'on enduré les martyrs, chacun en particulier ? Les uns ont été plongés dans des chaudières d'eau bouillante, d'autres sciés avec des scies de bois ; celui-ci étendu sur un chevalet, déchiré avec des crochets de fer qui lui arrachaient les entrailles ; d'autres foulés aux pieds ; celui-là étendu sur des brasiers ardents, auquel il ne restait que ses os tout noircis et brûlés ; enfin d'autres ont été mis sur des tables garnies de lames tranchantes et qui perçaient de part en part ces innocentes victimes ! Peut-on bien penser à tout cela sans se sentir pénétré de douleur jusqu'au fond de l'âme ? Or une âme en purgatoire souffre encore plus que tous les martyrs ensemble ! Qui pourra donc y tenir ? Mon Dieu, mon Dieu, ayez pitié de ces pauvres âmes !
Mais ce n'est pas là tout leur supplice. Elles souffrent plus encore de la privation de la vue de Dieu. L'amour qu'elles ont pour lui est si grand, la pensée qu'elles sont privées de le voir par leur faute leur cause une douleur si violente que jamais il ne sera donné à un mortel d'en concevoir la moindre idée. Au milieu de ces flammes qui les brûlent, elles voient les trônes de gloire qui leur sont préparés et qui les attendent. Une voix semble leur crier :
«Ah ! que vous êtes privés de grands biens ! Si vous aviez eu le bonheur de redoubler vos pénitences et vos larmes, vous seriez aujourd'hui assises sur ces beaux trônes tout rayonnants de gloire ! Oh ! que vous avez été aveugles de retarder un tel bonheur par votre faute !»
Ah ! mes amis, nous crient ces âmes, s'il vous reste encore quelque amitié pour nous, ayez pitié de nous ! Arrachez-nous de ces flammes : vous le pouvez ! Beau ciel ! Quand te verrons-nous ? Oh ! si vous sentiez la douleur d'être séparés de Dieu. Cruelle séparation !
Hélas ! quand de tels supplices ne dureraient qu'un jour, qu'une heure, qu'une demi-heure, cela paraîtrait infiniment plus long à ces pauvres âmes que des millions de siècles dans les supplices les plus rigoureux ! Pourquoi cela ? Le voici. Quand Dieu punit quelqu'un en ce monde, ce n'est que sous le règne de sa bonté et de sa miséricorde, car si Dieu envoie une infirmité, une perte de biens ou d'autres misères, tout cela ne nous est donné que pour faire éviter les peines du purgatoire ou pour nous faire sortir du péché. Dans l'autre monde, au contraire, Dieu n'est conduit que par sa justice et sa vengeance. Nous avons péché et nous avons passé le temps de sa miséricorde. Il faut que sa justice soit accomplie et sa vengeance satisfaite.
«Oh ! qu'il est terrible de tomber entre les mains d'un Dieu vengeur !»
Au sein de leurs souffrances, si elles ne peuvent rien pour elles-mêmes, ces âmes peuvent beaucoup pour nous. Cela est si vrai qu'il n'y a presque personne qui ait invoqué les âmes du purgatoire sans avoir obtenu la grâce demandée. Cela n'est pas difficile à comprendre. Si les saints qui sont au ciel et n'ont pas besoin de nous s'intéressent à notre salut, combien plus encore les âmes du purgatoire qui reçoivent nos bienfaits spirituels à proportion de notre sainteté !
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XXème SIÈCLE
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SAINT PADRE PIO DE PIETRELCINA (1987/1968)
SAINT PADRE PIO recoit la visite d'une âme du Purgatoire
Un soir, Padre Pio se reposait. Seul, il était étendu depuis peu sur un lit de sangles, quand lui apparut un homme drapé dans un manteau noir.
Surpris, Padre Pio se leva et lui demanda son nom et le motif de sa visite.  L’inconnu répondit qu’il était une âme du purgatoire : «Je m’appelle Pietro Di Mauro. J’ai péri dans un incendie, le 18 septembre 1908, dans ce couvent transformé en centre d’hébergement pour personnes âgées, après l’expropriation des biens ecclésiastiques. Surpris dans mon sommeil, j’ai été la proie des flammes. 
 Je viens du purgatoire : le Seigneur m’a permis de venir vous demander de célébrer à mon intention la sainte messe, demain matin. Grâce à votre prière, je pourrai entrer en Paradis». Padre Pio l’assura qu’il célébrerait la messe à son intention ... Voici ses mots : «Je voulus le raccompagner à la sortie du couvent. Je constatai que je m’étais entretenu avec un défunt seulement quand, sur le parvis, l’homme disparut. J’avoue être rentré au couvent plutôt effrayé. Notre supérieur, abbé Paolino de Casacalenda, avait remarqué mon agitation, aussi lui racontai-je ce qui venait d’arriver et lui demandai-je la permission de célébrer la sainte messe à l’intention de cette âme. Quelques jours plus tard, abbé Paolino, intrigué, se rendit au bureau de l’état civil de la commune de San Giovanni Rotondo, où il demanda et obtint la permission de consulter le registre des décès pour le mois de septembre 1908, où figuraient les nom et prénom du défunt, de même que la cause du décès : «Le 18 septembre 1908, dans l’incendie de l’hospice, Pietro Di Mauro, fils de Nicola, a trouvé la mort»
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MARIA SIMMA(1915/2004)
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«Le Purgatoire, c'est un retard imposé à cause de notre impureté, un retard avant l'étreinte de Dieu, une brûlure par le feu et une brûle d'amour qui font terriblement souffrir, une nostalgie qui nous lave de ce qui est encore impur en nous. Le Purgatoire est aussi un lieu de désir, du désir fou de Dieu, de ce Dieu que l'on pressent, mais auquel on n'est pas encore uni»
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LE PURGATOIRE D’APRÈS MARIA SIMMA
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LE PURGATOIRE DANS LA TRADITION DE L’ÉGLISE
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Pour la théologie catholique, le purgatoire est un processus de purification de l'âme après la mort et qui suit le jugement particulier, et presque tout le monde y passe avant d’entrer au Ciel faute de s'être préoccupé de réparer les dommages causés de son vivant.

Depuis la naissance de l'Église catholique, les chrétiens présentent à Dieu des prières en faveur de leurs morts ; on trouve trace de sacrifices offerts en faveur des morts dans la Bible juive mais le sort des personnes décédées n'était pas clairement établi
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5 Et, quand le cercle des festins était fini, Job envoyait chercher ses fils et les purifiait ; puis il se levait de bon matin et offrait un holocauste pour chacun d'eux, car il se disait : «Peut-être mes fils ont-ils péché et offensé Dieu dans leur cœur !...» Et Job faisait ainsi chaque fois.
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Une confusion est souvent faite entre la perfection d'une âme et le fait que toutes ses cicatrices soient effacées. Chaque péché engendre une plaie à l'âme alors que chaque acte d'amour accroît sa perfection.

La perfection ne peut s'accroître que parce que les personnes disposent de leur libre arbitre pour poser des actes d'amour ou des actes de haine (les péchés) ; après la mort, l'âme perd l'usage de son libre arbitre, il n'est donc plus question pour elle de progresser en perfection, elle est comme statufiée au degré d'amour ou de haine qu'elle a atteint durant son existence.
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Les plaies causées par les péchés sont effaçables pendant la vie par : la prière, l'aumône, le jeûne, les actes pénitence corporelle, le désir d'aller au ciel, un grand dévouement pour ses frères, un grand amour pour les autres, et enfin par la tristesse et le regret intérieur d'avoir commis ces péchés «si je pouvais je reviendrais en arrière et ne ferait pas ces actes», le plus important étant de regretter non par apitoiement sur soi mais par amour de Jésus. Tous ces actes effacent les conséquences nuisibles du péché, ce que la théologie nomme «la peine due pour le péché». Si les personnes n'ont pas travaillé à réparer de leur vivant le tort qu'elles se sont causé par leurs péchés, le purgatoire exerce une action purificatrice par le feu et par l'état de non vision de Dieu, qui est une souffrance incomparablement plus aiguë que l'action du feu.
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Ceux qui meurent dans la grâce et l'amitié de Dieu, mais imparfaitement purifiés, bien qu'assurés de leur salut éternel, souffrent après leur mort une purification, afin d'obtenir la sainteté nécessaire pour entrer dans la joie du ciel.

  L’Église appelle Purgatoire cette purification finale des élus qui est tout à fait distincte du châtiment des damnés. L’Église a formulé la doctrine de la foi relative au Purgatoire surtout aux Conciles de Florence et de Trente. La tradition de l’Église, faisant référence à certains textes de l’Écriture
(1), parle d'un feu purificateur :
Pour ce qui est de certaines fautes légères, il faut croire qu'il existe avant le jugement un feupurificateur, selon ce qu'affirme Celui qui est la Vérité, en disant que si quelqu'un a prononcé un blasphème contre l'Esprit Saint, cela ne lui sera pardonné ni dans ce siècle-ci, ni dans le siècle futur (Mt 12,31). Dans cette sentence nous pouvons comprendre que certaines fautes peuvent être remises dans ce siècle-ci, mais certaines autres dans le siècle futur (2).
Cet enseignement s'appuie aussi sur la pratique de la prière pour les défunts dont parle déjà la Sainte Écriture : «Voilà pourquoi il (Judas Macchabée) fit faire ce sacrifice expiatoire pour les morts, afin qu'ils fussent délivrés de leur péché» (2 M 12, 46). Dès les premiers temps, l’Église a honoré la mémoire des défunts et offert des suffrages en leur faveur, en particulier le sacrifice eucharistique, afin que, purifiés, ils puissent parvenir à la vision béatifique de Dieu. L’Église recommande aussi les aumônes, les indulgences et les œuvres de pénitence en faveur des défunts :
Portons-leur secours et faisons-leur commémoration. Si les fils de Job ont été purifiés par le sacrifice de leur père (3), pourquoi douterions-nous que nos offrandes pour les morts leur apportent quelque consolation ? N'hésitons pas à porter secours à ceux qui sont partis et à offrir nos prières pour eux (4).
1. Par exemple 1 Co 3, 15 ; 1 P 1, 7.
2. S. Grégoire le Grand, dial. 4, 39.
3. Cf. Jb 1, 5.
4. S. Jean Chrysostome, hom. in 1 Cor. 41, 5
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II.-L'ENSEIGNEMENT DU PAPE BENOIT XVI (ENCYCLIQUE SPE SALVI)
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«(...) Dans la parabole du riche bon vivant et du pauvre Lazare (cf. Lc 16, 19-31), Jésus nous a présenté en avertissement l'image d'une telle âme ravagée par l'arrogance et par l'opulence, qui a créé elle-même un fossé infranchissable entre elle et le pauvre ; le fossé de l'enfermement dans les plaisirs matériels; le fossé de l'oubli de l'autre, de l'incapacité d’aimer, qui se transforme maintenant en une soif ardente et désormais irrémédiable. Nous devons relever ici que Jésus dans cette parabole ne parle pas du destin définitif après le Jugement universel, mais il reprend une conception qui se trouve, entre autre, dans le judaïsme ancien, à savoir la conception d'une condition intermédiaire entre mort et résurrection, un état dans lequel la sentence dernière manque encore (n° 44).

«Cette idée vétéro-juive de la condition intermédiaire inclut l'idée que les âmes ne se trouvent pas simplement dans une sorte de détention provisoire, mais subissent déjà une punition, comme le montre la parabole du riche bon vivant, ou au contraire jouissent déjà de formes provisoires de béatitude. Et enfin il y a aussi l'idée que,
dans cet état, sont possibles des purifications et des guérisons qui rendent l'âme mûre pour la communion avec Dieu. L'Église primitive a repris ces conceptions, à partir desquelles ensuite, dans l'Église occidentale, s'est développée petit à petit la doctrine du purgatoire (45).

«(...) Avec la mort, le choix de vie fait par l'homme devient définitif – sa vie est devant le Juge. Son choix, qui au cours de toute sa vie a pris forme, peut avoir diverses caractéristiques. Il peut y avoir des personnes qui ont détruit totalement en elles le désir de la vérité et la disponibilité à l'amour. Des personnes en qui tout est devenu mensonge; des personnes qui ont vécu pour la haine et qui en elles-mêmes ont piétiné l'amour. C'est une perspective terrible, mais certains personnages de notre histoire laissent entrevoir de façon effroyable des profils de ce genre. Dans de semblables individus, il n'y aurait plus rien de remédiable et la destruction du bien serait irrévocable : c'est cela qu'on indique par le mot «
enfer». D'autre part, il peut y avoir des personnes très pures, qui se sont laissées entièrement pénétrer par Dieu et qui, par conséquent, sont totalement ouvertes au prochain – personnes dont la communion avec Dieu oriente dès maintenant l'être tout entier et dont le fait d'aller vers Dieu conduit seulement à l'accomplissement de ce qu'elles sont désormais. (n° 45)

«(...) Chez la plupart des hommes – comme nous pouvons le penser – demeure présente au plus profond de leur être une ultime ouverture intérieure pour la vérité, pour l'amour, pour Dieu. Mais, dans les choix concrets de vie, elle est recouverte depuis toujours de nouveaux compromis avec le mal – beaucoup de saleté recouvre la pureté, dont cependant la soif demeure et qui, malgré cela, émerge toujours de nouveau de toute la bassesse et demeure présente dans l'âme. Qu'advient-il de tels individus lorsqu'ils comparaissent devant le juge ? Toutes les choses sales qu'ils ont accumulées dans leur vie deviendront-elles d'un coup insignifiantes ? Ou qu'arrivera-t-il d'autre? Dans la
Première lettre aux Corinthiens, saint Paul nous donne une idée de l'impact différent du jugement de Dieu sur l'homme selon son état…«On peut poursuivre la construction avec de l'or, de l'argent ou de la belle pierre, avec du bois, de l'herbe ou du chaume, mais l'ouvrage de chacun sera mis en pleine lumière au jour du jugement. Car cette révélation se fera par le feu, et c'est le feu qui permettra d'apprécier la qualité de l'ouvrage de chacun. Si l'ouvrage construit par quelqu'un résiste, celui-là recevra un salaire ; s'il est détruit par le feu, il perdra son salaire. Et lui-même sera sauvé, mais comme s'il était passé à travers un feu» (3, 12-15). Dans ce texte, en tout cas, il devient évident que le sauvetage des hommes peut avoir des formes diverses ; que certaines choses édifiées peuvent brûler totalement ; que pour se sauver il faut traverser soi-même le «feu» afin de devenir définitivement capable de Dieu et de pouvoir prendre place à la table du banquet nuptial éternel. (n° 46).

«(...) Dans le judaïsme ancien, il existe aussi l'idée
qu'on peut venir en aide aux défunts dans leur condition intermédiaire par la prière (cf. par exemple 2 M 12, 38-45 : 1er s. av. JC). La pratique correspondante a été adoptée très spontanément par les chrétiens et elle est commune à l'Église orientale et occidentale. L'Orient ignore la souffrance purificatrice et expiatrice des âmes dans «l'au-delà», mais il connaît divers degrés de béatitude ou aussi de souffrance dans la condition intermédiaire. Cependant, grâce à l'Eucharistie, à la prière et à l'aumône, «repos et fraîcheur » peuvent être donnés aux âmes des défunts. Que l'amour puisse parvenir jusqu'à l'au-delà, que soit possible un mutuel donner et recevoir, dans lequel les uns et les autres demeurent unis par des liens d'affection au delà des limites de la mort – cela a été une conviction fondamentale de la chrétienté à travers tous les siècles et reste aussi aujourd'hui une expérience réconfortante. Qui n'éprouverait le besoin de faire parvenir à ses proches déjà partis pour l'au-delà un signe de bonté, de gratitude ou encore de demande de pardon ? À présent on pourrait enfin se demander : si le «purgatoire» consiste simplement à être purifié par le feu dans la rencontre avec le Seigneur, Juge et Sauveur, comment alors une tierce personne peut-elle intervenir, même si elle est particulièrement proche de l'autre? Quand nous posons une telle question, nous devrions nous rendre compte (...) que nos existences sont en profonde communion entre elles, elles sont reliées l'une à l'autre au moyen de multiples interactions. Nul ne vit seul. Nul ne pèche seul. Nul n'est sauvé seul. Continuellement la vie des autres entre dans ma vie: en ce que je pense, je dis, je fais, je réalise. Et vice-versa, ma vie entre dans celle des autres: dans le mal comme dans le bien. Ainsi mon intercession pour quelqu'un n'est pas du tout quelque chose qui lui est étranger, extérieur, pas même après la mort. Dans l'interrelation de l'être, le remerciement que je lui adresse, ma prière pour lui peuvent signifier une petite étape de sa purification. Et avec cela il n'y a pas besoin de convertir le temps terrestre en temps de Dieu : dans la communion des âmes le simple temps terrestre est dépassé. Il n'est jamais trop tard pour toucher le cœur de l'autre et ce n'est jamais inutile. Ainsi s'éclaire ultérieurement un élément important du concept chrétien d'espérance. Notre espérance est toujours essentiellement aussi espérance pour les autres ; c'est seulement ainsi qu'elle est vraiment espérance pour moi. En tant que chrétiens nous ne devrions jamais nous demander seulement: comment puis-je me sauver moi-même ? Nous devrions aussi nous demander: que puis-je faire pour que les autres soient sauvés et que surgisse aussi pour les autres l'étoile de l'espérance ? Alors j'aurai fait le maximum pour mon salut personnel (...)» (n° 48).
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SAINT DOMINIQUE SAVIO APPARAIT A SAINT JEAN BOSCO
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Apparition de saint Dominique Savio peu après sa mort à Don Bosco. Don Bosco est muet et tremblant.
 
Dominique Savio ouvre le dialogue :

- «Rassurez-vous, Don Bosco, il n’y a pas lieu de trembler».
- «Je tremble parce que je ne sais pas où je me trouve».

- «Au lieu du bonheur».
- «La où les justes sont récompensés ?»

- «Non, pas au Paradis. Aucun œil humain ne pourrait supporter l’éclat de sa lumière. Celle que vous apercevez est la lumière naturelle, renforcée par la toute-puissance Dieu…»

- «Alors quelle doit être votre bonheur en Paradis ?»

- «Il faudrait l’expérimenter pour la connaître. Nous sommes en Dieu, c’est tout dire».
Alors Dominique Savio lui montre un merveilleux bouquet de fleurs qu’il tient dans ses mains.

- «Vous voyez ces fleurs ? dit Dominique ; Elles représentent les vertus qui plaisent le plus à Dieu : la rose de l’amour, la violette de l’humilité, le tournesol de l’obéissance, l’amère gentiane de la mortification, le lys de la pureté, le blé qui fait les hosties, et l’immortelle de la persévérance»
Don Bosco demande alors à Dominique quelle est, parmi ces vertus, celle qui a été la plus consolante à l’heure de sa mort, et Dominique, après l’avoir en vain laissé essayer de deviner, lui livre la vérité :

- «Ce fut l’assistance toute-puissante de la Mère de Dieu. Dites-le à vos fils, pour qu’ils ne manquent pas de l’invoquer tant qu’ils sont en vie...»
 
 
 
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