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23/03/2012
LE MYSTÈRE DU MAL VU PAR LES THÉOLOGIENS
LE MYSTÈRE DU MAL VU PAR LES THÉOLOGIENS
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JEAN-MIGUEL GARRIGUÈS théologien |
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COMMENT DIEU CONNAÎT-IL LE MAL DONT IL N'A PAS IDÉE..........................................................La suite :
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[...] Dans le domaine de la nature en effet, de par la contingence des formes dans un univers de mutation en état de voie GENÈSE 1,2 «tohu—bohu», le bien visé par le Créateur comporte inséparablement une face de néant et de privation. Dans ce cas «le mal apparaît comme étant simplement l'envers de l'ordre cosmique». Ces modalités de mal physique sont donc voulues indirectement par le Créateur dans la mesure où elles accompagnent les formes du bien directement voulues par lui. «Elles sont donc incluses dans les idées divines du bien et mesurées par Lui».
L'erreur des théodicées qui, à la manière de celle de LEIBNIZ, prétendent rendre raison de tout le mal que l'on peut constater dans le monde c'est d'étendre cette forme de connaissance – volonté du mal physique incluse dans les idées divines – au mal proprement dit, c'est-à-dire au mal moral du péché et à ses conséquences pour la personne humaine : la mort (temporelle et éternelle) et son cortège de peines consécutives au péché originel GENÈSE 3,19-22 ; SAGESSE 1,13-16 et 2,23-24 ; ROMAINS 5,12
«Alors ce philosophe nous dira qu'il est bon qu'une mère pleure la mort de son enfant, parce que la machine du monde demandait telle douleur pour être plus parfaite. RACHEL pleure ses fils et ne veut pas être consolée MATTHIEU 2,18.
Expliquez cette position LEIBNIZENNE à la mère en question, et que cette chose était nécessaire pour que tous les degrés de l'être fussent remplis, elle vous répondra qu'elle se moque de la machine du monde ; et qu'on lui rende son enfant. Elle aura raison ; car c'est question la ne se résolvent à par la machine du monde mais par la nuit de la foi, et par la CROIX de JÉSUS».
«Sans doute elles tiennent à une nature faite d'esprit et de chair ; DIEU, néanmoins, dans sa bonté infinie, avait prévu pour l'homme une condition de pure félicité. C'est à la suite d'une faute initiale que la douleur et la mort sont entrées dans notre humanité. Le cri de RACHEL est comme une postulation du paradis terrestre ; si elle ne veut pas être consolée, c'est qu'elle a l'obscur pressentiment de ce qu'était notre condition première».
C'est ici que prend toute sa force la parole de SAINT THOMAS D'AQUIN : «DIEU n'a pas idée du mal». [...]
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VULNÉRABILITÉ DE DIEU
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[...] DIEU n'est pas spectateur de notre liberté humaine qu'il habite et anime par sa grâce. Il n'est pas cet œil froid qui nous observe dans le triangle, telles que le rationalisme en a donné une représentation obscène, laquelle a envahi l'art chrétien. Impudique caricature du DIEU de la Bible, du DIEU qui, avec obstination, à garder les yeux baissés devant LA FEMME ADULTÈRE tant que ses accusateurs poussés par l'Accusateur, voulaient qu'il constate son péché !
Il est vrai que DIEU connaît implicitement la perfection physique du monde qu'il crée car, indirectement, il la veut comme envers inévitable du monde qu'il choisit comme chemin pour la croissance de notre liberté. Mais le mal moral, DIEU ne le connaît pas dans une décision préalable de le permettre. À proprement parler DIEU ne permet pas le mal. Il permet la liberté qui peut le poser ; mais la possibilité de pêcher, inhérente à la liberté créée, compte tenu que l'homme est créé dans la grâce, n'est aucunement une nécessité, comme le mal physique est l'envers nécessaire de l'ordre cosmique inachevé. DIEU, dès le début de la GENÈSE vient tenir les mains de son enfant dans les premiers pas de la liberté. [...]
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Cardinal CHARLES JOURNET, théologien |
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LE MAL «RÉGI» ET «ORDONNÉ» PAR DIEU
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[...] En présence d'une société pseudo-chrétienne qui se prévaut du nom de DIEU pour justifier un ordre inique, la tâche sera toujours de dénoncer l'hypocrisie et de substituer, à toutes les images caricaturales qu'on s'est faites de lui, le vrai visage de DIEU et les inflexibles exigences du christianisme. Mais la tentation, l'illusion, sera de donner dans le piège, et de s'en prendre à DIEU lui-même des scandales qui l'outragent et qu'il maudit. Alors la sainte révolte inutile contre l'injustice se change en blasphème, elle aboutit à une folle mise en accusation du Créateur par sa créature qui tient tout de lui, jusqu'au sens même et à l'amour de la justice. [...]
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FRANÇOIS VARILLON, théologien |
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MAL ET SOUFFRANCE
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[...] LE MAL S'INTÈGRERAIT DANS UN ENSEMBLE PLUS VASTE, DANS UN PLAN, OU IL JOUERAIT LE RÔLE DE MOYEN OU DE CONDITION NÉCESSAIRE POUR ATTEINDRE UN PLUS GRAND BIEN
1. LE MAL ASSIMILÉ AUX OMBRES DU TABLEAU
Il y a là une vision esthétique des choses, un peu comme dans un tableau de REMBRANDT où les ombres sont nécessaires à l’harmonie de l’ensemble.
Quand on songe que cet argument est présenté par de grands génies comme Saint AUGUSTIN, Saint THOMAS D'AQUIN, DESCARTES,…on est un peu surpris. Dans cette optique, telle chose qui pourrait isolément paraître très imparfaite devient parfaite quand on la considère comme partie de l’univers : l’existence de JUDAS, par exemple, a sa place dans la perfection du monde. 2. LE MAL ASSIMILÉ A UNE CRISE DE CROISSANCE
D’un point de vue qui rejoint le précédent, on peut envisager le Mal comme un moment nécessaire dans l’évolution du progrès : la Souffrance c’est une crise de croissance, la Guerre, c’est l’enfantement de l’Histoire. Et le sacrifice des générations présentes serait ainsi nécessaire pour que les générations futures puissent accéder à un plus grand bonheur.
OBSERVATION
Le chrétien doit refuser tout net ce genre de plaidoiries. Il doit se placer au point de vue de l’individu qui souffre. La génération présente ne saurait être considérée comme un moyen pour le bonheur des générations futures. C’est la personne humaine qui intéresse le chrétien.
En se référant à DOSTOIEVSKY, les plus grandes merveilles de l’univers valent-elles «une seule larme d’un seul enfant» ? Pour DIEU, chaque instant du temps compte autant que les époques futures. Les richesses de l’avenir, les progrès de l’avenir, ne peuvent pas justifier le mal présent. 3. LE MAL ASSIMILE A UN AVERTISSEMENT OU A UNE MISE A L'ÉPREUVE
On vous dit également que la souffrance est un avertissement utile. Cela ne signifie pas grand chose : pourquoi faudrait-il que le signal soit douloureux ? Quand on parle d’épreuve «purifiante» (et cela peut s’entendre dans un contexte de foi) il faut se garder de l’idée que Dieu emploierait la Souffrance pour mettre à l’épreuve ses créatures, à la formule «DIEU éprouve ceux qu’Il aime» on risque en effet de se voir rétorquer : «Je voudrais quand même être un peu moins aimé»
4. LE MAL TOLÉRÉ MAIS NON VOULU PAR DIEU
De même, est très superficielle la distinction entre ce que DIEU veut et ce que DIEU permet. Permettre suppose une volonté. Et cela pose aussitôt un autre problème : celui de la «Toute-Puissance» de DIEU. Nous en avons déjà parlé : DIEU ne peut pas tout, Il ne peut pas détruire, Il ne peut pas fabriquer, Il ne peut que ce que peut l’Amour. [...]
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«LE MYSTÈRE DU PÉCHÉ ORIGINEL»
........LA SUITE :
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[...] C’est précisément parce qu’Il est parfait, et parce que cette perfection consiste à aimer, que DIEU s’interdit d’intervenir dans les difficultés que l’homme rencontre pour se créer lui-même.
Ne risquons-nous pas d’avoir de DIEU une conception figée, pétrifiée, comme si la nature de DIEU pesait sur Lui ? Il faut soustraire DIEU à cette pesanteur d’une nature (se reporter à la philosophie de SCHELLING) : DIEU n’est pas Amour, Il est liberté d’Aimer, décision d’Aimer.
L’homme, doit construire Sa liberté ; cette liberté n’est pas toute faite ; il est impossible que DIEU nous installe dans une boîte capitonnée, qu’Il intervienne pour que nous ne souffrions pas, qu’Il veuille diriger Lui-même cette construction de nous-mêmes par nous-mêmes. Mais je crois qu’il existe une souffrance de DIEU : DIEU n’empêche pas la souffrance des hommes, alors qu’Il pourrait en l’empêchant s’éviter à Lui-même de souffrir.
DIEU ne juge pas que le liberté soit pour l’homme un «cadeau empoisonné». D’abord ce n’est pas un cadeau ; ensuite c’est le don suprême, mais ce n’est pas le don d’une chose, c’est le don d’une tache à accomplir : «faire, et en faisant se faire»
Dans mon, esprit (mais sur ce point je ne veux rien imposer) si DIEU n’est pas celui qui souffre le plus de la souffrance du monde, la Création est peut être inintelligible. Le Monde n’est justifiable que si DIEU est le plus vulnérable de tous les êtres mais pour qu’il en soit ainsi il ne faut pas envisager Dieu comme une «nature». [...]
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MAURICE ZUNDEL, théologien |
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J'ENRAGE QUAND ON DIT : «DIEU PERMET LE MAL»...............................................................................La suite :
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[...] Il peut donc y avoir en DIEU une douleur, il y a en DIEU une douleur autant qu'il y a en DIEU un amour. Non pas une douleur qui le défait, qui le prive de quelque chose, mais cette douleur d'identification avec l'être aimé, au point qu'il faut dire que tout ce qui atteint l'âme, l'agonie, la douleur, la maladie, la misère, la solitude, le désespoir, le péché, tout cela DIEU le porte, pour nous, en nous, avant nous, plus que nous, comme une mère frappée par tous les états de son FILS, parce qu'elle s'identifie totalement avec lui. . Il serait inconcevable que nous crussions à l'amour de DIEU pour nous, que nous crussions qu'il est vraiment celui qui veut notre bonheur et notre joie, sans que nous crussions qu'il est aussi le grand compatissant, et le premier frappé par tout ce qui peut nous atteindre. . C'est pourquoi j'enrage quand on dit ; «DIEU permet le mal». Mais non, DIEU ne permet jamais le mal, il en souffre, il en meurt, il en est le premier frappé et, s'il y a un mal, c'est parce que DIEU en est d'abord la victime. [...]
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«DIEU PREMIÈRE VICTIME DU MAL»
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[...] DIEU VICTIME, ET IL N'Y PEUT RIEN
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Il ne suffit pas de dire que DIEU est le compatissant d'où nous tirons tous nos sentiments de miséricorde et de fraternité, il faut dire encore qu'il est victime. Le mal a un visage effrayant, le mal gratuit surtout, le mal qui vient de l'homme et qui pourrait ne pas être, visage effrayant dans la torture des innocents, dans le massacre des êtres désarmés, dans tous ces phénomènes de la brutalité qui déconcertaient YVAN KARAMAZOV, un des héros de DOSTOÏEVSKI, et ALBERT CAMUS dans «La Peste», ALBERT CAMUS qui n'a cessé de se poser avec tant d'angoisse le problème du mal. Où est DIEU dans tout cela ? justement, dans tout cela il est victime ; et s'il ne l'était pas, il n'y aurait pas de mal ; s'il n'y avait pas un bonheur absolu et indéfini dégradé, menacé, défiguré saccagé par toutes les entreprises de barbarie, il n'y aurait pas de mal. Si nous n'étions que des punaises, le problème du mal perdrait toute significations parce que disparaître serait un bienfait pour nous et pour tout le monde. Il ne faut jamais oublier qu'il est impossible d'opposer le DIEU de la conscience au spectacle du mal parce que ce DIEU intérieur -il n'y en a d'autre - ce DIEU qui est tout amour, ce DIEU qui est l'espace où notre liberté respire, ce DIEU qui est le seul chemin vers nous-même, ce DIEU silencieux, ce DIEU qui est dans une éternelle attente, ce DIEU qui ne s'impose jamais, ce DIEU qui meurt d'amour pour ceux qui refusent éternellement de l'aimer ? ce DIEU-là est frappé par tous les coups qui atteignent la créature humaine, animale, voire végétale, par tous les coups qui dégradent l'univers, et il n'y peut rien...
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Il n'y peut rien, que d'être frappé que de mourir, parce que son action, c'est son amour, parce que son être tout entier n'est que son amour et que l'amour est sans effet si ne surgit la réponse d'amour qui ferme le circuit d'où jaillit la lumière. [...] |
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«LA DIGNITÉ DE L'HOMME»
....La suite
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[...] DIEU, PREMIÈRE VICTIME DU MAL
Et c'est bien cela en effet. Dans le CHRIST, la Révélation concerne les personnes, elle concerne chaque personne. Autrement dit, dans le CHRIST chaque personne devient un univers. Chaque personne devient universelle parce qu'elle porte en elle ce trésor déposé en chaque conscience et qui fait de chaque conscience une source et une origine, qui fait de chaque conscience le centre de l'univers et de l'Histoire non pas en se réduisant à elle-même mais justement parce qu'elle est immensifiée par cette Présence Divine, qu'elle ne peut vivre sans La communiquer. Il ne faut donc pas s'acharner à retrouver le Nouveau Testament dans l'Ancien. Le Père GARRIGOU LAGRANGE dit déjà dans «la méthode historique» qu'il protestait contre cette assimilation indiscrète qui prétendait retrouver dans l'Ancien Testament tout le Nouveau en nullifiant l'apport de JÉSUS CHRIST. On n'aurait pas besoin de Lui si tout était contenu déjà dans la lettre ancienne. Ce qui est vrai, c'est qu'il y avait des jalons qui étaient posés, jalons infiniment précieux mais qui n'étaient que des jalons vers cette communication infinie, inépuisable et merveilleuse qui est celle de l'Incarnation de JÉSUS CHRIST.
2.5. Nous sommes donc avertis de ne pas chercher dans l'Ancien Testament ce qu'il ne peut donner. Nous sommes prémunis contre le scandale qui est pour nous ce DIEU qui menace, qui châtie, qui enferme notre destin dans son arbitraire, image inévitable si justement on se situe au niveau d'une collectivité, car une collectivité ne peut pas avoir, comme telle, des liens mystiques avec la Divinité, elle ne peut voir dans la Divinité qu'une puissance qui la protège, qui la défend contre ses ennemis, qui la fait triompher sur eux et qui est d'autant plus puissante qu'elle est plus terrible.
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La Révélation, c'est donc une relation réciproque puisque c'est un dialogue dont les côtés faibles sont évidents et manifestent précisément les balbutiements de l'homme qui est si lent à se libérer de lui-même et qui projette inévitablement sur DIEU les limites qui l'emprisonnent, si bien que, si l'on voit dans l'Ancien Testament ce Visage qui deviendra, du moins qui se révèlera comme le Visage du Crucifié, si on perçoit ce Visage, on est d'autant plus ému qu'Il ait accepté cette sorte de défiguration qu'on lui a imposée durant des siècles en lui donnant finalement le visage trop humain de l'homme.[...]
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OLIVIER CLÉMENT, théologien orthodoxe |
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LA PRIÈRE DU SAINT ESPRIT
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[...] Viens, dit alors notre prière. L’ESPRIT, a-t-elle d’abord attesté, est partout présent et remplit tout. Pourtant, maintenant, elle nous fait implorer : Viens. Si mous devons appeler ainsi celui qui nous appelle, c’est que, de toute évidence, lui qui remplit tout ne nous remplit pas.DIEU, quand il crée et maintient le monde, d’une certaine manière se retire pour donner à ses créatures leur consistance propre. Et cet espacement, comme disent les Pères, s’inscrit dans la liberté de l’homme – et de l’ange : celui-ci donne au refus de l’homme, à l’exil volontaire du «fils prodigue», une portée cosmique, de sorte que la beauté du monde, originellement de célébration, devient magique, nostalgique, lourde de tristesse, glissant vers un engourdissement désespéré. De sorte aussi que la splendeur de l’éros peut devenir une rage de possession, une drogue, dans l’ignorance et la destruction de l’autre. L’ESPRIT qui nous porte, nous donne vie, nous entoure comme une atmosphère prête à pénétrer par la moindre faille de l’âme, ne peut le faire sans notre consentement, sans notre appel. Il nous faut prier : Viens.«Viens, Personne inconnaissable ; Viens, joie incessante, Viens, lumière sans déclin... Viens, résurrection des morts... Viens, toi qui toujours restes immuable et qui, à toute heure, te meus et viens vers nous, couchés dans l’enfer... Viens, mon souffle et ma vie» [...] |
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22:09 Publié dans MYSTÈRE DU MAL VU PAR LES THÉOLOGIENS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : theologie, mal