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12/04/2009
CHARISME DE PROPHETIE ET PROPHETES
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LIRE :
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LE PROBLÈME DE LA PROPHÉTIE CHRÉTIENNE Interview du Cardinal Joseph Ratzinger 1999 Tiré du magazine : 30Giorni, No 1-1999 |
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INTRODUCTION : Distinction entre le charisme de prophétie et le prophète
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La révélation prophétique est un don librement donné par Dieu à qui il lui plait. Aucune perfection naturelle préalable ne saurait de soi, être requise.
La révélation prophétique sera toujours un «lumen», une illumination transitoire de l'intellect du prophète C'est l'intellect pratique qui est touché, qui est directement éclairé par Dieu, par «apecies» infuse. Cette lumière ne meut pas de soi la volonté du prophète. Il en résulte que de soi toujours, la révélation prophétique ne suppose point nécessairement en qui la reçoit, la charité surnaturelle et l'état de grâce. De fait, la tradition chrétienne connait des cas où Dieu fit communiquer aux hommes la révélation de futurs continents par des pêcheurs qui n'étaient point, à proprement parler, de Ses prophètes (on cite habituellement Balaam -Num 22,8). La prophétie est un don gratuitement donné pour le salut du prochain, non directement pour le salut du prophète ; ce n'est pas une grâce qui mette l'âme qui la reçoit en état d'amitié avec Dieu (techniquemrnt, il s'agit de la distinction classique entre a grâce «gratis dala» (charisme) et la grâce «gratum faciens»)» grâce sanctifiante).
La sainteté n'est pas directement liée à la réception de la prophétie. Le degré de sainteté ne se mesure qu'au degré -connu de Dieu seul- de charité surnaturelle.
Les prophètes de l'Ancienne Loi avaient bien une sorte de pouvoir de juridiction spiritulle sur le peuple élu, mais un saint non doué du charisme de prophétie peut l'emporter en grâce sur le prophète.
LE PROPHÈTE
La notion de prophète, comme celle de prophétie, peut se prendre en un sens plus ou moins large. Employé absolument, le terme «prophète» désigne avant tout les prophètes de l'Ancienne Loi, chargés d'annoncer le Christ, de préparer ses voies, et de guider le peuple : ils sont connus par la Bible et l’Évangile. Mais sera dit prophète aussi quiconque reçoit de Dieu une révélation de futurs contingents. Le don de prophétie ainsi entendu, ceui-là même mentionné par saint Paul (1 Cor 14 1-40) est souvent donné par Dieu à ses Saints ; il s'agit alors de «révélations privées», qui n'ont point à recevoir une adhésion de foi, et quand bien même la sainteté du «prophète» aurait été, par ailleurs, reconnue.
Louis Gardet
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LES PROPHÈTES DANS LA BIBLE
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LE CHARISME DE PROPHÉTIE EN ASSEMBLÉE
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DÉFINITION DU CHARISME DE PROPHÉTIE :
consiste à dire la parole de Dieu en relation avec les événements, pour y faire entendre les appels de Dieu aux communautés et aux personnes : appels à la conversion, encouragement, décision opportune (Ac 11, 27-30) ; le prophète approfondit l’intelligence du mystère pascal, du lien entre souffrances et espérance, il réconforte dans les épreuves ; il intervient aussi dans la prière pour rendre grâces des merveilles de Dieu accomplies dans l’histoire (cf. Lc 1, 67-79). Tout croyant, homme ou femme (1Co 11,5), peut dire une parole «prophétique» dans l’assemblée ( 1Co 14, 5). Mais certains seulement sont reconnus comme prophètes patentés et exercent avec les enseignants un rôle de direction de communautés. Les prophètes viennent en deuxième position après les apôtres, témoins du Christ ressuscité et responsables du message pascal, et avant les maîtres (didascales). Tous ces services sont de services de la Parole.
DES SIGNES
Au début, on peut encore percevoir des signes physiques très forts qui accompagnent l'inspiration intérieure. Si l’on ne donne pas le message, on a l'impression d'étouffer ... Notre cœur bat alors si fort qu'il semble prêt à sortir de la poitrine. C'est ainsi que le Seigneur peut nous guider au début; sans cela, on risque de ne pas avancer.
Et ça se passe ainsi pour plusieurs personnes. Au début, des signes physiques très forts : des tremblements ou des battements de cœur accompagnent les inspirations intérieures pour pousser à donner le message reçu à l'assemblée. Mais plus on chemine dans l'exercice du charisme de prophétie, plus les signes
physiques diminuent, jusqu'à disparaître complètement. La certitude intérieure est moins palpable qu'au début. Il faut compter davantage sur la foi que sur des sentiments et le faire avec une plus grande maturité.
On ressent aussi parfois, au début, que le Seigneur prend la bouche, le cœur, la voix pour parler à travers le prophète comme s’il était un relais de transmission.
Le prophète écoute, lui aussi, le message prophétique qu’il donne. Non seulement il le donne, mais, en même temps, il l'accueille. Il est très important que le prophète accueille, pour lui, le message qu'il transmet à l'assemblée.
DISCERNER L’AUTHENTICITÉ D'UNE PAROLE PROPHÉTIQUE
Critères (selon Sr Geneviève Constant, Fondation Béthanie, France) :
N. B. Un seul de ces critères ne garantit pas à lui seul que la prophétie à donner vient bien du Seigneur.
COMMENT ET QUAND DONNER LA PROPHÉTIE ?
Le prophète ne doit pas donner sous forme de prière le message pour l'assemblée. En effet, celui-ci perdra alors tout son impact. Il doit demander au Seigneur l'onction prophétique qui le poussera à dire le message tel que reçu avec la certitude que cela vient vraiment de Dieu.
Le prophète utilisera un langage simple, dégagé et donnera le message au bon moment. Il faut parler simplement, d'une manière plutôt brève, concise et claire ; parler aussi pour être entendu. Si vous prophétisez à mi-voix dans un grand groupe, beaucoup n'entendront pas la prophétie. À l'inverse, si vous criez votre message dans un petit groupe, les gens seront probablement trop surpris pour saisir ce que vous dites.
Il faut accorder sa façon de parler à la situation. Si parler au micro ou se lever est nécessaire, il faut le faire. Si l’on a tendance à parler très fort, il faudra prendre garde à ne pas abasourdir ceux qui écoutent.
Il faut prophétiser au moment et à l'endroit convenables. Il se peut que l’on reçoive une inspiration intérieure et que l’on se sent poussé à la donner à un moment ou dans un lieu inapproprié - à titre d'exemple: à l'église, durant un office paroissial. Alors, il ne faut pas prophétiser car les gens ne sont pas initiés, ce qui ne causerait que gêne et désordre. Saint Paul lui-même écrit : «Dieu n'est pas un Dieu de désordre, mais un Dieu de paix» (1 Co 14,33a).
D'ailleurs, au verset précédent, le même Paul affirme : «Le prophète est maître de l'esprit prophétique qui l'anime». Il faut donc utiliser avec prudence et sagesse le Don de prophétie tout en sachant discerner et agir selon les circonstances.
Il importe de prier et désirer progresser dans l'exercice de ce charisme. Saint Paul invite à aspirer aux Dons spirituels, à chercher à y exceller, à s'en servir le mieux possible et à rechercher les Dons les meilleurs. Il importe de souligner qu'il y a des degrés et une croissance possible dans l'exercice d'un charisme et, particulièrement aujourd'hui, dans l'exercice du charisme de prophétie.
Au début, on l'exerce souvent assez faiblement, timidement. Mais avec le temps, le charisme se raffermit et surtout se purifie. Il y a donc une évolution possible dans l'exercice de ce charisme
ICCRS
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L'ACTION DU DÉMON DANS LES CHARISMES
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Le démon est essentiellement une puissance des ténèbres. Il travaille dans l’obscurité pour surprendre et tromper. Le succès de ses agissements auprès des âmes ferventes dépend de son habileté à dissimuler ce qu’il est et ce qu’il fait. Aussi il ne se dévoile par des signes extérieurs que lorsqu’il y est contraint pour contrefaire des charismes ou des grâces extraordinaires qu’il veut discréditer[….]
En tant que pur esprit le démon domine le monde intérieur de la matière et des sens. Il en connaît les lois et les réactions. Il peut les mettre en action et les utilise intelligemment pour ses fins. A ce titre tout ce que l’homme possède de matériel et sensible, le corps, les puissances sensibles (sensibilité, imagination, mémoire), n’échappe pas à une certaine action ou influence du démon.
Par contre cet ange déchu, bien que pur esprit, ne peut pas pénétrer dans les facultés de l’âme, à moins que la volonté ne les lui ouvre. Il ne pourra pas lire les pensées dans l’intelligence, ni agir directement par elles. La volonté lui sera aussi un asile inviolable et inviolé, même dans la possession, à moins qu’elle-même ne se livre à son emprise.
Le monde surnaturel, dans lequel on ne pénètre que par la foi amoureuse, lui est complètement fermé. Le démon a cependant une certaine connaissance de Dieu et croit malgré lui aux vérités divines qui le tourmentent. Mais les lois du monde surnaturel que seule livre l’expérience, les opérations de Dieu dans les âmes, les rapports spirituels de l’âme avec Dieu lui sont un mystère impénétrable.
Toutefois, au moyen d’impressions et d’images sensibles qui seront présentées à l’intelligence et à la volonté et auront normalement une influence sur leur activité, le démon pourra intervenir indirectement dans l’activité de l’âme et la vie spirituelle. L’image sensible sera parfois si subtile et le passage de l’image à l’idée si rapide que l’âme elle-même pourra s’y tromper aisément et ne pas soupçonner une intervention de l’esprit malin.
De même le démon pourra connaître les pensées de l’intelligence, les vouloirs et désirs de la volonté et même les mouvements surnaturels de l’âme s’il en recueille l’expression écrite ou parlée ou s’il réussit à interpréter les phénomènes sensibles qui les accompagnent.
Il ne semble pas douteux que, grâce à certains indices extérieurs et à sa pénétration merveilleuse, le démon ne puisse deviner l’orientation habituelle d’une âme au point de vue surnaturel, l’efficacité profonde des grâces qu’elle a reçues, sa puissance présente et surtout future, et conclure par conséquent à la nécessité de combattre plus violemment cette âme tandis qu’elle n’a point encore toute sa force surnaturelle et ne lui est point devenue dangereuse. C’est ainsi que le démon, ignorant probablement sa divinité, a discerné cependant la puissance singulière de Jésus, qu’il aborde au désert avec des tentations qui lui paraissent à la taille de son adversaire. Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus dit que la maladie mystérieuse, dont elle souffrit à l’âge de neuf ans, était produite par le démon, «il voulut, dit-elle, se venger sur moi du tort que notre famille devait lui faire dans l’avenir». [….]
Pour assurer à ses simulations toutes les chances de succès, il s’appuie sur les tendances de l’âme et sur ses désirs, en donnant au mal les apparences du bien spirituel particulier convoité par l’âme. En effet la tendance aveugle et la joie du désir satisfait semblent empêcher tout contrôle de la raison. C’est ainsi que le démon donne des consolations spirituelles qui nourriront la gourmandise spirituelle d’une âme, la portant à des excès dans les exercices de piété et les mortifications, ou du moins lui feront trouver si pénibles les sécheresses qui suivront qu’elle se découragera. Sainte Thérèse nous parle des fausses humilités suggérées par le démon, qui paralyseront l’âme et l’éloigneront de la perfection.
Contrefaire les grâces surnaturelles de Dieu est une œuvre plus difficile à laquelle cependant le démon ne manque pas de s’employer. Il est peu de faveurs extraordinaires qui n’aient pas leur contrefaçon et dont, en fait, le démon ne s’efforce de reproduire les effets sensibles dès qu’il les a observés . Même si elle est promptement découverte, la supercherie laisse une impression de malaise chez celui qui en est la victime. Le démon ne manque pas d’ailleurs de l’orchestrer bruyamment pour la faire connaître, jeter ainsi un certain discrédit et répandre une sorte de terreur sur tous les phénomènes merveilleux de ce genre.
Si la contrefaçon n’est point découverte, elle peut entraîner l’âme en des erreurs d’une importance pratique considérable pour elle et pour son entourage. Pour le moins elle soustrait progressivement l’âme à l’action de Dieu jusqu’au moment où dépouillée des biens spirituels qui brillaient en elle, elle tombe dans un découragement que le démon s’efforce d’aggraver pour le transformer en désespoir. [….]
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MOYENS DE RECONNAÎTRE L’ACTION DU DÉMON
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Les ruses et les artifices du démon sont tels qu’il est souvent malaisé de discerner son action. Pour limiter et préciser l’usage que l’on doit faire des exorcismes publics, le Rituel donne les signes de la possession diabolique. En exposant les grâces extraordinaires, sainte Thérèse indique les caractères qui prouvent leur origine surnaturelle. Une étude détaillée ne serait point ici en sa place. Pour l’instant recueillons auprès de sainte Thérèse les conseils qui permettent dans l’ensemble des cas de discerner les interventions du démon dans la vie spirituelle.
Dans le doute, assure la Sainte, il faut se défier et attendre :
qu’il s’agisse de personnes malades ou saines, il faut toujours se défier de ces choses jusqu’à ce que l’on comprenne quel en est l’esprit. Aussi je dis que, dans les débuts, le mieux est de les combattre.
Cette défiance n’offense pas Dieu qui nous doit la preuve de son action surnaturelle. Elle ne nuira point à l’âme qui, si elle est sous l’action de Dieu, trouvera dans cette lutte un moyen de montrer sa vertu et de faire des progrès :
Si elles viennent de Dieu, ajoute en effet sainte Thérèse, cette résistance sera un moyen de réaliser de plus notables progrès ; plus on met ses faveurs à l’épreuve, plus elles augmentent ; oui, il en est vraiment de la sorte.
Le temps est nécessaire pour observer le fruit de ces faveurs, et c’est aux fruits surtout que l’on reconnaît leur origine : «A fructibus eorum cognocetis eos. Vous les reconnaîtrez à leurs fruits», nous dit Notre-Seigneur.
Le premier fruit qui signale l’action du démon, c’est le mensonge, nous dit sainte Thérèse :
Lorsque c’est le démon qui agit, il ne tarde pas à se trahir par les innombrables mensonges où on le surprend.
Ce faux ange de lumière ne peut pas soutenir pendant longtemps son rôle sans se montrer sur quelque point en contradiction avec lui-même, soit par ignorance des choses surnaturelles, soit par l’exagération qu’il met dans l’expression de la vérité, soit par les étrangetés qu’il mêle à son action, soit par les mensonges particuliers que ce père du mensonge éprouve le besoin d’ajouter à sa supercherie encore dissimulée.
Ce signe du manquement à la vérité apparaît très important à sainte Thérèse :
Quand à la moindre parole, dit-elle, qui ne serait pas absolument conforme à la Sainte Écriture, vous n’en ferez pas plus de cas que si vous l’entendiez de la bouche même du démon.
Les interventions directes du démon ne sauraient produire dans l’âme les effets de paix et d’humilité qu’y apporte l’action de Dieu. Jésus a dit : «Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur». Cette humilité et la douceur de la paix sont le parfum de sa présence et le signe de son action directe. Le démon, ennemi et privé de Dieu, produit normalement les effets contraires.
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COMMENT SE COMPORTER FACE A UN CHARISME DE PROPHÉTIE
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Tout vrai prophète a vivement conscience qu'il n'est qu'un instrument, que les mots qu'il profère sont à la fois siens et non siens. Il a la conviction inébranlable qu'il a reçu une parole de Dieu et qu'il doit la communiquer.[….]
La caractéristique essentielle du prophète, c'est de dire la vérité de l'Évangile en vertu de son contact avec Dieu, de sa rencontre avec le Dieu vivant dans la prière ininterrompue. Le prophète, on le voit bien, n'a rien d'un devin, bien que cette vérité qu'il dit pour aujourd'hui éclaire naturellement aussi l'avenir.
Grâce à son face à face avec Dieu dans la prière, à la manière de Moïse et à la manière du nouveau Moïse, le Christ Jésus, le moine-prophète rend présent la vérité de Dieu, de sa Parole, et il indique le chemin à prendre. Le prophète aide donc à comprendre et à vivre la foi comme espérance de salut même s'il doit présenter la Parole comme une épée tranchante.
La particularité du prophète, tout comme ce fut le cas pour Moïse, consiste en ce qu'il parle et converse avec Dieu comme avec un ami. C'est en vertu de cette rencontre directe, de ce face à face avec son Seigneur que le prophète peut parler dans le temps d'aujourd'hui.
On peut dire que le prophète, afin d'être apte à prophétiser en tout temps et d'être protégé contre son propre esprit, doit vivre sa vie de moine avec ferveur, constance et persévérance. Pour exercer judicieusement et avec humilité les dons de prophétie et de discernement des esprits, il doit croire que l'Esprit Saint vit et agit en lui. Les dons que Dieu lui départit pour le bien de l'Église doivent être exercés avec foi et soumission, sans incrédulité en son âme.
Pour exercer dons et charismes, le moine-prophète doit donner son entière coopération dans la foi à l'action de l'Esprit en son cœur. Il doit, dans la foi, ouvrir la bouche pour discerner et prophétiser. Il doit, en même temps, disposer son âme à une entière soumission au jugement de l'assemblée selon ces paroles de saint Paul aux Corinthiens: [….]
Le moine-prophète ou celui qui a à exercer le charisme de prophétie en vue du bien commun de l'Église doit nécessairement exercer le charisme de discernement des esprits s'il ne veut pas être trompé et risquer d'errer dans la foi. Et pour répondre à ce devoir, à cette tâche du discernement des esprits, il doit remplir les conditions appropriées. Il doit passer par la porte étroite du renoncement et de la mort à lui-même.
Voilà pourquoi nous voulons traiter des conditions nécessaires pour exercer ce don de discerner afin qu'il serve à la plus grande gloire de Dieu et au bien de l'Église et des âmes. Ce qui va suivre vise particulièrement le moine-prophète, mais s'adresse tout aussi bien à quiconque veut avancer allégrement dans les voies de la vie spirituelle. [….]
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QU'EST-CE QUE DISCERNER ?
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C'est différencier ce qui est lumière de ce qui est ténèbres. C'est différencier ce qui est spirituel de ce qui est charnel, ce qui est esprit de ce qui est chair, ce qui est vérité de ce qui est mensonge. C'est différencier les inspirations de l'Esprit Saint de celles de l'esprit humain, les paroles reçues de l'Esprit Saint de celles qui viennent de notre propre esprit ou d'un autre esprit.
Cette parole de l'Évangile de saint Luc vient nous rappeler l'importance de la santé de l'âme pour discerner :
La lampe de ton corps, c'est ton œil. Lorsque ton œil est sain, ton corps tout entier est aussi dans la lumière; mais, dès qu'il est malade, ton corps aussi est dans les ténèbres! Vois donc si la lumière qui est en toi n'est pas ténèbres! Si donc ton corps tout entier est dans la lumière, sans aucun mélange de ténèbres, il sera dans la lumière tout entier, comme lorsque la lampe t'illumine de ses rayons (Lc 11, 34-36). C'est l'examen important que Jésus nous propose si nous voulons exercer droitement un vrai discernement.
D'ailleurs, Jésus trouve nécessaire que nous enlevions la poutre dans l’œil de notre cœur si nous voulons discerner chez les autres l'agir de l'Esprit Saint ou d'un autre esprit :
Qu'as-tu à regarder la paille qui est dans l’œil de ton frère ? Et la poutre qui est dans ton œil à toi, tu ne la remarques pas! Ou bien comment vas-tu dire à ton frère : «Attends, que j'enlève la paille de ton œil», alors qu'il y a une poutre dans le tien? Hypocrite, enlève d'abord la poutre de ton œil, et alors tu verras clair (tu discerneras !) pour enlever la paille de l’œil de ton frère (Mt 7, 3-5). Le discernement est le fruit d'une conscience sans souillure et d'une sensibilité purifiée. Saint Jean Climaque définit ainsi les étapes du discernement des pensées, des passions et des vertus :
Le discernement, chez les commençants, est une connaissance vraie d'eux-mêmes ; chez les progressants, c'est un sens spirituel qui distingue sans erreur le vrai bien du bien seulement naturel ou de son contraire ; chez les parfaits, c'est une science qui leur vient d'une illumination divine, et qui peut éclairer de sa lumière ce qui est obscur chez les autres. Ou peut-être, d'une façon générale, le discernement est et se définit : la perception certaine de la volonté de Dieu en toute occasion, en tout lieu et en toute circonstance; elle se rencontre seulement chez ceux qui sont purs de cœur, de corps et de bouche. La vigilance à exercer sur notre cœur pour qu'aucun péché ou attache volontaire ne fasse obstacle à l'exercice des dons, en particulier celui de discerner, doit donc être accompagnée de constance et de fidélité à ne faire que ce que Dieu veut de nous.
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L'OUVERTURE DU CŒUR
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Pour ne pas être trompés par notre propre jugement, par notre propre discernement, celui que nous croyons avoir, il faut avoir l'humilité et la soumission de recourir, dès que nous le pouvons, à quelqu'un de sûr dans l'Esprit Saint afin de ne pas errer dans la foi.
Car, il faut bien le reconnaître, celui qui est père du mensonge est un séducteur. Lorsqu'il voit une âme généreuse et toute donnée au Seigneur, qui reçoit diverses manifestations de l'Esprit Saint, il ne manquera pas une occasion de tenter de la séduire dans le but de la tromper, en particulier en l'incitant sous prétexte d'humilité à garder pour elle ce qu'elle vit et à mettre en cachette les diverses révélations qu'elle peut ou croit recevoir.
C'est l'ouverture du cœur qui permet d'éviter et de contrer les pièges de l'ennemi. Si quelqu'un veut servir d'instrument valable pour l'Église et pour ses frères, il doit être prêt à ouvrir son cœur, comme un livre ouvert, à un homme d'Église sûr et expérimenté dans l'agir de l'Esprit Saint.
Il faut avouer cependant que ce n'est pas facile de trouver quelqu'un d'expérience dans l'exercice des dons de l'Esprit Saint. Mais cette difficulté ne doit pas nous faire perdre de vue que saint Paul, mû par l'Esprit Saint, nous encourage chacun à «aspirer aux dons spirituels, surtout à celui de prophétie» (1 Co 14, 1), car la prophétie est pour le bien de la communauté ; mais pour cela elle doit être discernée, d'où la nécessité de l'humilité et de la soumission les uns aux autres dans la crainte du Christ.
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UN BON ARBRE SE RECONNAIT A SES BONS FRUITS
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Pour être apte à discerner selon l'Esprit Saint, il faut prendre l'habitude de reconnaître les fruits qui découlent de l'arbre :
Méfiez-vous des faux prophètes, qui viennent à vous déguisés en brebis, mais au-dedans sont des loups rapaces. C'est à leurs fruits que vous les reconnaîtrez. Cueille-t-on des raisins sur des épines? Ou des figues sur des chardons? Ainsi, tout arbre bon donne de bons fruits, tandis que l'arbre mauvais donne de mauvais fruits. Un bon arbre ne peut porter de mauvais fruits, ni un mauvais arbre porter de bons fruits… Ainsi donc, c'est à leurs fruits que vous les reconnaîtrez (Mt 7, 15-20). Pour reconnaître l'agir de l'Esprit Saint et le distinguer avec sûreté de l'agir ténébreux, il faut voir, regarder au-dedans de son coeur. Si c'est l'agir ténébreux, voici les fruits qu'il laisse dans l'âme : l'inquiétude, le trouble; il éloigne de l'humilité, de la paix et du calme intérieur. Ce mauvais esprit vient mordre l'âme, l'attrister, dresser des obstacles par de faux raisonnements ou l'empêcher d'avancer ; c'est un signe clair que ces pensées, ces sentiments ou ces impressions viennent du mauvais esprit, du mauvais ange. Ainsi reconnaît-on l'agir ténébreux par ce phénomène d'agitation et de trouble qu'il provoque dans l'âme. Sinistre agent perturbateur, ses effets dans l'âme sont comparables à ce qui se produit lorsqu'une pierre est jetée dans l'eau calme d'un lac.
Les fruits du bon arbre :
Quand l'Esprit Saint visite une âme et l'inspire, il la pousse au courage, lui donne de la force, de la consolation, des larmes de componction; les inspirations et les paroles viennent aisément ; les obstacles sont écartés, la paix et la joie s'établissent et s'accentuent dans l'âme. C'est à ces signes de discernement qu'on reconnaît l'agir de l'Esprit de Dieu dans une âme, car, dit saint Paul, «le fruit de l'Esprit est charité, joie, paix, longanimité, serviabilité, bonté, confiance dans les autres, douceur et maîtrise de soi» (Ga 5, 22). «Le fruit de la lumière consiste en toute bonté, justice et vérité» (Ep 5, 9), dit-il encore.[….]
L'homme charnel, l'homme «psychique», n'est pas apte à rendre un jugement selon l'Esprit de Dieu. Mais l'homme spirituel, celui qui travaille à sa conversion, c'est-à-dire à extirper «la poutre» de l’œil de son cœur et à garder son cœur pur, celui-là est apte à juger avec équité car la lumière de Dieu l'habite et l'illumine. [….]
L'Esprit de Dieu nous donne deux exigences à respecter pour exercer avec équité le discernement des esprits. La première : «Enlève la poutre de ton œil si tu veux voir clair pour enlever la paille dans l’œil de ton frère» (Mt 7, 5). Et la seconde : «Prenez garde à la manière dont vous écoutez» (Lc 8, 18), conclusion de l'explication de la parabole du semeur. Ces deux consignes sont nécessaires et fondamentales pour juger selon l'Esprit. [….]
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PROGRESSER SANS CESSE DANS L’HUMILITÉ ET L'ESPRIT DE PAUVRETÉ
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La source du discernement, c’est l’humilité, affirme saint Jean Climaque.
L’humilité est une grâce ineffable dans l’âme, dont le nom n’est connu que de ceux qui l’ont appris par expérience. C’est une richesse indicible, un nom de Dieu lui-même et un don venant de lui, car il est dit : «Apprenez, non d’un ange, ni d’un homme, mais de moi,»
c’est-à-dire de moi demeurant en vous, de mon illumination et de mon opération en vous,
«que je suis doux et humble de coeur», et de pensées, et d’esprit,
«et vous trouverez pour vos âmes l’apaisement des combats et le soulagement des pensées» (cf. Mt 11, 29)
Quiconque cherche réellement à plaire au Seigneur dans la vérité d’un coeur droit et sincère réalise la nécessité de juger de toute chose selon l’Esprit. C’est en s’attachant à l’esprit de pauvreté et en se dépouillant d’elle-même que l’âme grandira dans une charité toujours plus parfaite et une pureté de coeur, de corps et d’esprit qui lui donnera de parvenir à bien discerner sans se tromper ou se faire tromper. Aussi, pouvons-nous affirmer avec certitude que plus l’âme progresse dans l’humilité, plus le don de discernement s’enracine et s’établit durablement en elle. Ce don lui donnera avec une vive lumière de reconnaître, infailliblement, avec une perception certaine, l’agir de l’Esprit Saint en elle ainsi que la connaissance de la volonté de Dieu en toute occasion, en tout lieu et en toute circonstance. Il en sera de même pour reconnaître tout autre esprit qui voudrait se manifester, qu’il s’agisse de l’esprit humain ou de l’esprit des ténèbres. La Parole de Dieu elle-même nous confirme qu’en la Sagesse incarnée, Jésus Christ, réside un esprit intelligent, saint, unique, subtil, agile, pénétrant, sans souillure, clair, impassible, ami du bien, acéré, bienfaisant, ami des humains, constant, ferme, sans souci, qui peut tout, surveille tout, pénètre tous les esprits, les intelligents, les purs, les plus subtils... Cette Sagesse traverse et pénètre tout grâce à sa pureté… Elle se répand au long des âges dans les âmes saintes, elle en fait des amis de Dieu et des prophètes; car Dieu n’aime que celui qui vit avec la Sagesse (Sg 7, 22-28).
N’ayons pas peur! Tendons à la sainteté et suivons le Christ, il est vraiment la lumière du monde, en lui point de ténèbres. Que l’Esprit Saint accorde en abondance ce grand don merveilleux et précieux du discernement des esprits à tous ceux qui veulent livrer le vrai combat de la foi et s’acheminer vers une vraie conversion du coeur chaque jour, afin qu’ensemble nous puissions travailler efficacement à construire le Corps du Christ qu’est l’Église et à établir le règne de Jésus Christ dans tous les cœurs. |
Les Pauvres de Saint-François
LE PROPHÈTE ET «GRÂCE SANCTIFIANTE»
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DON DE SOI
Pour que ce besoin du regard sur Dieu ne soit pas uniquement pour ainsi dire poétique ou sentimental, il doit être accompagné de la décision de donner tout à Dieu, de faire le don de soi complet. Le prophète comprend qu’il ne peut exiger que Dieu se donne et se tenir en sa présence s’il ne lui a pas tout donné. Le prophète est constamment à la recherche de Dieu et constamment livré à son action intérieure ou extérieure. Il se livre et c’est toute son occupation à lui. A Dieu de disposer de lui pour le retenir dans la solitude ou pour l’envoyer de-ci de-là. Plonger en Dieu en fermant les yeux pour se livrer à la toute-puissance divine, à l’amour de Dieu. C’est dans l’obscurité en effet qu’il faut chercher le dessein de Dieu, car ses pensées dépassent les pensées humaines comme le ciel dépasse la terre. Le don de soi doit chercher sa vocation dans le mystère et s’offrir à ce mystère qui la dissimule et la garde jalousement pour l’heure des réalisations. Le don de soi doit être indéterminé pour ne pas s’égarer dans les constructions humaines et pour rejoindre sûrement la réalité et la vérité divines. Ce don pour des réalisations indéterminées n’est pas un essai de communion au vide, c’est un don effectif à des volontés divines certaines mais qui sont inconnues pour le moment. Bienfait positif incomparable de ce don indéterminé devenu habituel, il livre l’âme à l’action de l’Esprit Saint. Dans l’obscurité de foi où il maintient l’âme, il la garde attentive aux moindres manifestations de la volonté divine, il affine ses sens spirituels qui deviennent sensibles aux onctions délicates de l’Esprit Saint. Évidemment, l’âme y va avec tous ses défauts, avec toutes ses tendances mauvaises, avec tous ses péchés de la vie passée, mais tout cela ne constitue pas des obstacles pour faire ce saut en Dieu. En se jetant dans cette obscurité par le don de soi, on tombe nécessairement dans la miséricorde de Dieu. SOIF DE DIEU Cette touche de Dieu sur l’apôtre se distingue par ce goût d’absolu, ce besoin d’absolu que l’on trouve en lui. «Il est vivant le Seigneur en présence de qui je me tiens» ; il veut se tenir en présence de Dieu. Cette vocation prophétique est marquée par ce fait que celui que Dieu touche, orienté ainsi vers Dieu, a besoin de se fixer en Dieu par le regard. Ayant expérimenté un peu de la transcendance, il consent à fixer son regard sur cette transcendance, il en a faim et soif. Il a trouvé le Dieu vivant et ce Dieu vivant, il veut le connaître. Il y a donc ici le besoin d’oraison. Dans la solitude, des échanges merveilleux s’établissent entre Dieu et le prophète. C’est ainsi que l’âme devient une âme de Dieu, une âme dont le souci essentiel, dont l’aspiration fondamentale c’est la recherche de Dieu, c’est la présence de Dieu, c’est de se tenir en présence de Dieu. Pour réparer les dégâts, pour réparer les blessures, pour réparer les faiblesses que la vie du contact avec le monde, avec d’autres éléments, d’autres vocations, et surtout avec le mal du monde provoque, c’est le retour dans la solitude, c’est le bain que l’on prend pour se purifier et pour vivre quelques instants dans l’élément vital qui est Dieu. EMPRISE DE DIEU En quoi consiste l’esprit prophétique ? Essentiellement, il consiste dans une emprise de Dieu sur l’âme et même sur le corps du prophète, sur tout ce qu’il est, sur tout ce qu’il a. Dieu, un jour, appelle un homme. Il quitte tout et va au désert et là, il se tient en présence de Dieu. C’est au désert que Dieu a conduit et formé les grands contemplatifs de tous les temps et les instruments de ses grandes œuvres. La vocation prophétique, quand on l’analyse, comporte donc au principe une certaine expérience de Dieu, une certaine touche de Dieu, consciente ou inconsciente, une certaine manifestation de la transcendance de Dieu qui a révélé à l’âme quelque chose de l’absolu, lui a donné ce goût, ce besoin d’absolu, et qui lui fait choisir cet absolu comme sa voie, non plus seulement comme un acte d’une journée pour un projet provisoire, mais comme un chemin de perfection. Et cela n’est pas autre chose que la sainteté. C’est celle qui fut réalisée par les apôtres le jour de la Pentecôte. Ils devinrent des instruments parfaits de l’Esprit Saint, mis à sa disposition et en même temps ils furent sanctifiés par lui, par son action envahissante. Père Marie-Eugène de l'Enfant-Jésus
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20:44 Publié dans CHARISME DE PROPHETIE ET PROPHETES | Lien permanent | Commentaires (0)
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