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27/12/2009

IV - PROPHETIES BARTHELEMY HOLZHAUSER

VÉNÉRABLE
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CHAPITRE IX (suite)
 
 
VERSETS 13 à 20 DE L'APOCALYPSE DE SAINT JEAN
 
 
VERS. 3, 13. Et le sixième ange sonna de la trompette ; Et j'entendis une voix qui sortait des quatre coins de l'autel d'or, qui est devant Dieu ; elle disait au sixième ange qui avait la trompette.
 
 
De cet abrégé historique passons maintenant au texte :
 
 
Et le sixième ange sonna de la trompette
 


 
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Ce sixième ange fut donc Martin Luther, le prince des hérésiarques, et l'un de ceux qui sont décrits sous les sept trompettes.
 
Il fit retentir la sienne en déclamant contre les indulgences et en disséminant ses horribles erreurs, par ses discours, par ses écrits et par ses adeptes, presque par toute l'Europe. (De occasione et causa hujus apostasiæ vide Doctorem Gabriel. Prateolum, Marcassium, Lib. 10. Elench. Alphab. Hæreticorum.)
Ce fut contre cet hérésiarque que s'assembla le Concile OEcuménique de Trente, sous les empereurs Charles Quint et Ferdinand, et par les souverains Pontifes Paul III, Marcel II, Paul IV, Pie IV, et Pie V. Luther fut condamné à l'unanimité comme hérétique, ses livres ayant déjà été condamnés à Rome le septième jour des Calendes de juillet l'an 1520, et lui-même ayant été excommunié auparavant par Léon X, le même pape qui concéda et fit publier les indulgences en Allemagne. Le soin de cette publication avait été confié à l'électeur de Mayence qui, selon l'usage, en chargea les Dominicains ; et c'est ce qui excita la jalousie, l'avarice et l'orgueil de Luther et des siens, jusqu'au point d'apostasier.
 

 
Et j'entendis une voix qui sortait des quatre coins de l'autel d'or, qui est devant Dieu
 
 
 
l'autel
 
Par l'autel, saint Jean désigne ici l'Eglise universelle, ou les prélats, les évêques, les docteurs et les prêtres unis avec leur chef le souverain Pontife. Ils sont appelés avec vérité l'autel, parce que c'est dans eux et par eux que les prières et les bonnes oeuvres de la chrétienté sont offertes chaque jour à Dieu le Père, par Jésus-Christ ; et c'est de cet autel que s'élève jusqu'aux cieux l'encens du repentir et de la douleur. C'est pourquoi cet autel est appelé d'or, parce qu'il n'y a que la seule Église qui soit continuellement illuminée par la sagesse éternelle que l'or représente.
 
Il est dit aussi que cet autel est devant Dieu parce qu'en effet l'Eglise catholique est toujours présente aux yeux du Seigneur qui la garde et la protège d'une manière toute particulière, et l'empêche de tomber dans quelque erreur que ce soit, ou d'être vaincue par aucun ennemi. Si ses membres se rendent coupables de quelque faute, il les châtie et les corrige comme un bon Père, selon sa promesse contenue dans les Paralipomènes, II, c. VII, 15, à l'égard du temple de Salomon qui était la figure de l'Eglise catholique :
 
«Mes yeux seront ouverts, et mes oreilles attentives à la prière de celui qui m'invoquera en ce lieu, parce que j'ai choisi ce lieu et je l'ai sanctifié, afin que mon nom y soit à jamais, et que mes yeux et mon coeur y soient toujours attachés»
Ainsi donc une chose qui est devant Dieu signifie, selon l'Écriture, la garde, la sollicitude, le soin et l'amour paternel du Seigneur à son égard. Or telle est l'Eglise de Jésus-Christ qu'Il s'est acquise par Son précieux sang. Nous avons un exemple de cette sollicitude et de cette vigilance dans l'histoire naturelle des animaux : qui n'a pas eu occasion d'admirer dans les femelles des oiseaux leur oeil de vigilance et leurs ailes de protection pour leurs poussins ?
 
 
quatre coins,
 
Cet autel dont parle saint Jean dans son texte, avait quatre coins, pour signifier encore mieux l'Eglise qui s'étend dans les quatre parties du monde, en Orient, en Occident, au Nord et au Midi ; et comme l'Eglise universelle est l'assemblée de tous les fidèles du monde réunis sous un seul chef qui est notre saint Père le Pape ; et que chaque fois qu'elle s'assemble en concile tous les prélats et tous les docteurs du monde sont convoqués, voilà pourquoi nous trouvons ces paroles pleines de sens et de vérité dans l'Apocalypse :
 
 
Et j'entendis une voix qui sortait des quatre coins de l'autel d'or.
 
Cette voix fut celle du saint concile de Trente qui sortit des quatre coins de l'autel. Elle fut une, parce que ce concile fut général et qu'il condamna d'une voix unanime, et livra à Satan, l'impie Luther avec toutes ses erreurs. Voix disant au sixième ange, à Martin Luther, qui avait la trompette, et auquel Dieu avait permis de prêcher, de propager, de disséminer par Lui-même et par les Siens, les erreurs les plus nombreuses, les plus variées et les plus criantes, que ses passions effrénées, son orgueil indomptable et son audace sans pareille, avaient pu produire.
 
 
Déliez les quatre anges ;
 
c'est une manière de parler pour provoquer quelqu'un au combat et lui déclarer la guerre, lorsque tous les autres moyens de pacification ont été épuisés pour vider une affaire urgente et nécessaire. C'est ainsi que procéda Jésus-Christ, lorsqu'Il eut vu que le démon était entré dans le coeur de Judas qui devait Le trahir et Le livrer aux Juifs ; Il lui dit :
 
Jean, XIII, 27 :
«Fais promptement ce que tu fais»
 
Et c'est ainsi que nous agissons nous-mêmes lorsque nous voyons qu'il n'y a plus d'autre moyen d'échapper à un ennemi que par une juste défense ; nous nous préparons résolument au combat et nous attaquons avec intrépidité l'ennemi qui nous insulte. Cette expression impérative : Déliez, n'est donc pas autre chose dans le sens du texte, qu'une provocation à la guerre spirituelle contre la fureur de Satan et de tout l'enfer qui se servait de cet hérésiarque pour essayer d'exterminer l'Eglise latine. Nous avons dit que cette expression Déliez est impérative, ordonnant en effet au souverain Pontife et au concile de Trente, de porter une sentence d'excommunication et de condamnation contre l'impie Luther et ses adeptes ; et ce fut là l'occasion qui enflamma le plus sa fureur et l'excita aux plus honteuses diatribes contre les souverains Pontifes, contre les saints conciles, les indulgences, le célibat, les dignités, le pouvoir, l'autorité et les biens ecclésiastiques. On peut s'en convaincre par ses écrits et par ses discours. De plus, cet ennemi infernal excita les princes de l'empire, le peuple, et même des ecclésiastiques contre le pape, les évêques, et les prélats, cherchant toujours et par tous les moyens à exterminer l'Eglise. C'est du moins ce qu'on voit clairement par les efforts qui furent tentés et qu'on tente encore de nos jours.
 
 
 
VERS. 3, 14. Voix disant au sixième ange qui avait la trompette : Déliez les quatre anges qui sont enchaînés sur le grand fleuve d'Euphrate.
 
 
Déliez les quatre anges qui sont enchaînés sur le grand fleuve d'Euphrate
 
 
Par le grand fleuve d'Euphrate on comprend l'empire romain qui est appelé un grand fleuve.
 
1°) A cause de la multitude des peuples qui le composent. Car l'Europe qui appartient en entier à cet empire est très peuplée, selon ces paroles de l'Apocalypse même, XVII, 15 :
 
Apocalypse XVII, 15 :
«Les eaux que tu as vues, où la prostituée est assise, sont les peuples, les nations et les langues»


 
 
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2°) Parce que, comme l'Euphrate était l'un des quatre grands fleuves du Paradis terrestre, selon
 
Genèse, II, 14 : «Le quatrième fleuve est l'Euphrate»
c'est ainsi que l'empire romain était l'un des quatre principaux empires du monde et même le plus grand, le plus puissant et le plus durable, comme on le voit dans l'histoire romaine et dans les prophéties de Daniel, II. Quelle ne fut pas la puissance de cet empire qui fut comme de fer ; et qui, comme le fer, brisa et dompta tous les rois de la terre, et se les rendit tributaires, bien qu'à présent cet empire soit très restreint, et si divisé, qu'on n'y voit que confusion, ainsi que le même prophète l'avait prédit.
 
3°) Comme l'Euphrate est très grand vers sa source, mais qu'ensuite il se divise en divers fleuves et rivières, ainsi l'empire romain fut d'abord immense, puis il diminua avec le temps et se divisa en divers royaumes et républiques qui s'en séparèrent soit par des rébellions, soit par des défections à la foi catholique, soit enfin par quelqu'autre circonstance ; de sorte qu'il n'en reste plus maintenant qu'une petite portion, pleine de troubles, comme nous l'avons dit : Le nombre quatre est souvent employé pour exprimer la totalité d'une chose ; c'est ainsi que nous voyons en
 
saint Matthieu, XXIV, 31 : «Il enverra ses anges avec la trompette et un grand bruit, et ils rassembleront ses élus des quatre vents»
c'est-à-dire, tous les élus. Or, c'est de la même manière qu'il faut comprendre par les quatre anges dont saint Jean fait ici mention, l'universalité des méchants que Luther convoqua pour faire la guerre à l'Eglise de Dieu. Et ces méchants se divisent en deux catégories :
 
* celle des ecclésiastiques que cet hérésiarque recruta parmi les siens et dans une infinité d'autres ordres religieux et séculiers tels que Carlostadt, Münzer, OEcolampade, Zwingle, Calvin et un grand nombre d'autres.
 
* La seconde catégorie est formée des princes de l'empire et des prétendus docteurs de la réformation que Luther délia comme des bêtes féroces et lança contre les empereurs et les rois, pour abattre les églises et les monastères, et pour s'emparer des biens ecclésiastiques et des évêchés.
 
Il fit tout cela en haine surtout du souverain Pontife, des évêques et des prêtres, et par aversion pour l'Eglise et la foi catholique que les saints pères, les docteurs et tous les saints qui en ont toujours été l'ornement avaient conservée pure et sans tache à travers tous les âges et toutes les difficultés des temps. Les plus pervers parmi ces princes impies et agresseurs furent l'Electeur de Saxe qui abolit les évêchés et tous les monastères de ses États, les électeurs de Brandebourg, de Heidelberg, de Brunswich, le landgrave de Hesse, les rois de Suède, de Danemark et d'Angleterre, et une infinité d'autres princes, ducs, marquis, comtes palatins, barons et nobles. Tout le Nord et même presque tout l'empire romain à l'Orient, l'Occident et le Nord furent déliés contre l'Eglise latine, au son de la trompette de ce sixième ange, parce qu'aucun d'entre eux ne pouvait supporter la saine doctrine du saint concile de Trente.
 
 
Déliez les quatre anges qui sont enchaînes
 
 
Déliez les quatre anges qui sont enchaînes par la puissance de l'empire ; car ces impies étaient contenus par la force et sous le joug de la puissance de Dieu que l'empire romain représentait, et ils cherchaient à rompre leurs chaînes en hurlant comme des chiens enchaînés. En effet dans ce temps-là, les princes de l'empire, les rois et un grand nombre d'ecclésiastiques étaient semblables au chien en fureur, et à l'étalon qui hennit, à cause de leurs passions effrénées et de leur soif pour les richesses et les honneurs. Mais Dieu, dans Sa puissance, les retint liés jusqu'à ce que la mesure des iniquités de l'empire romain fût comble et la vengeance divine permit que ces impies fussent déliés par Luther, pour châtier cet empire et son Église latine.
 
 
Déliez les quatre anges,
 
 
C'est donc avec justesse que le texte dit : Déliez les quatre anges, pour indiquer la permission divine, sans laquelle nos ennemis demeurent enchaînés et incapables de nuire. Il y avait longtemps que l'Allemagne et même l'empire romain nourrissaient dans leur sein ce principe du mal, et ces affreux désastres auraient eu lieu plus tôt, si Dieu ne les eût pas retardés pour attendre les pécheurs à la pénitence. Car tous les états et toutes les conditions avaient corrompu leurs voies, les sujets ne voulaient plus obéir, les ecclésiastiques violaient la discipline, et considérant le célibat comme insupportable, réclamaient à grands cris le mariage. Les princes et les nobles devenus insatiables, convoitaient d'autres honneurs, d'autres richesses et d'autres dignités. La vue des richesses dans les prébendes, les évêchés et les prélatures excita leur avarice, et, dans leur jalousie, ils conçurent la haine la plus profonde contre ceux qui les possédaient.
 
C'est pour s'en rendre maîtres qu'ils joignirent la calomnie aux scandales dont malheureusement le clergé fournissait tant d'exemples. Tous les hommes oublièrent Dieu sur la terre, et se vautrèrent jusqu'au cou dans la fange des voluptés, des honneurs et des richesses. C'est ainsi que tout était disposé et préparé à une ruine générale que Dieu, dans Sa miséricorde, contint quelque temps, jusqu'à ce qu'Il fit enfin éclater Sa colère.
 
Tel fut jusqu'ici le sort de l'empire romain et de l'Eglise latine qui commencèrent l'an 800 de l'ère chrétienne, époque où cet empire passa aux Germains, continuant de durer jusqu'à ce jour. Nous voyons donc dans leur histoire, que depuis leur origine jusqu'à l'an 1517, c'est-à-dire, l'espace de sept siècles, ils furent exempts de toute hérésie et de toute ruine, si l'on en excepte seulement celles de Bérenger et de quelques autres hérétiques de peu d'importance que nous avons citées ; car la main de Dieu tenait Satan lié, et tous ces hérésiarques qu'on peut envisager comme les prodromes du mal, selon que nous l'avons déjà dit, ne parvinrent jamais à exercer contre l'Eglise les fureurs de l'enfer, que lorsque le jour des vengeances célestes fut venu.
 
 
 
VERS. 3, 15. Et aussitôt furent déliés les quatre anges, qui étaient prêts pour l'heure, le jour, le mois et l'année, où ils devaient tuer la troisième partie des hommes.
 
Suivent dans ces paroles les effets de la permission divine par laquelle Luther obtint la grande puissance des ténèbres pour commettre avec le plus grand succès les maux horribles dont il affligea si cruellement l'Eglise latine. Car il ne faut pas seulement lui attribuer le mal qu'il fit par lui-même sur les hommes de son époque ; mais l'on doit l'envisager comme le grand coupable et la cause première de tous les désastres que ses erreurs produisirent et produiront encore dans la suite.
 
* Le premier de ces maux fut l'effervescence qu'il excita sur un nombre presque infini d'ecclésiastiques de tout rang et de toute condition, en leur enseignant, par sa doctrine, à secouer le joug de la discipline de l'Eglise, pour parcourir ensuite l'Europe comme des chevaux sans frein, manifestant leurs désirs charnels par d'horribles hennissements, et pervertissant des millions d'hommes par leurs scandales.
 
* Le second de ces maux fut d'exciter par des discours et par des écrits les princes de l'empire à la guerre la plus longue et la plus désastreuse qui fut et sera jamais. Et aussitôt, furent déliés les quatre anges, c'est-à-dire, il fut permis à l'universalité des impies et des méchants, qui étaient prêts et comme enrôlés sous les drapeaux de Lucifer, à qui ils étaient vendus pour faire le mal comme autrefois Achab, III Reg., XXI, qui dit à Elie :
 
Achab, III Reg., XXI
«En quoi m'as-tu trouvé ton ennemi ? Elie lui répondit : Parce que tu t'es vendu pour faire le mal au yeux du Seigneur»
Nous voyons un pareil prince dans la personne de Frédéric V qui, joint à ses alliés, fit verser en si grande abondance le sang des chrétiens. Tels furent aussi Henri VIII, roi d'Angleterre, Élisabeth sa fille, et récemment encore Gustave-Adolphe, roi de Suède, qui, à la tête des protestants, dévora presque toute l'Allemagne jusqu'à la moelle des os, après lui avoir fait subir les plus sanglants outrages qui puissent humilier une nation. On ne sait que trop, en effet, l'horrible effusion de sang que ce prince provoqua, ainsi que ses rapines, ses vexations, ses homicides, ses sacrilèges et ses autres infamies. Or la première source de ces maux incalculables, passés et à venir, fut la doctrine de Luther.
 
 
Et aussitôt furent déliés les quatre anges, qui étaient prêts pour l'heure, le jour, le mois et l'année.
 
 
L'apôtre désigne par là les diverses époques des guerres du protestantisme dont les moments sont fixés à l'heure, au jour, au mois et à l'année, selon qu'il plaît à la volonté divine de permettre aux chefs de guerre d'arrêter et de déterminer l'exécution de leurs plans.
 
 
Où ils devaient tuer la troisième partie des hommes.
 
I ci l'apôtre indique un nombre déterminé pour s'exprimer d'une manière indéterminée ; et par cette troisième partie des hommes, on entend la plus grande partie des chrétiens qui furent et seront réellement tués par ces guerres. Par les hommes, on comprend indistinctement les bons et les mauvais, les catholiques et les impies que ces guerres devaient et doivent encore atteindre.
 
 
l'heure, le jour, le mois et l'année
 
Par l'heure, le jour, le mois et l'année sont spécialement désignées les principales époques des guerres du protestantisme ; ainsi l'heure indique clairement la guerre des paysans qui dura peu de temps, et dans laquelle cependant 130 000 hommes furent tués par la ligue suédoise et par Antoine Lotharinge. L'heure désigne aussi les guerres civiles en Suisse, en France et en Belgique qui furent courtes, mais cruelles.
 
 
Le jour
 
L e jour indique la guerre smalkadique qui fut plus longue que celle des paysans, mais qui fut cependant abrégée par l'empereur Charles-Quint, célèbre par ses éclatantes victoires sur les ennemis les plus redoutables.
 
Le mois
 
L e mois annonce la guerre violente, dite de 30 ans, qui dura depuis l'an 1619 jusqu'à 1649. Ces trente ans sont en effet désignés par les trente jours du mois ; car l'on sait que chez les prophètes un jour compte pour une année.
 
 
l'année
 
E nfin par l'année, l'apôtre nous fait entendre toutes les guerres et les séditions qui auront lieu en Europe, jusqu'à l'extinction de cette si cruelle hérésie.
 
 
 
VERS. 3, 16. Et le nombre de cette armée de cavalerie était de deux cents millions, j'en entendis le nombre.
 
 
Et le nombre de cette armée de cavalerie était de deux cents millions.
 
 
P ar cette armée, saint Jean désigne en général toutes les milices et toutes les troupes que l'Europe, dans une circonstance déterminée, a mises sur pied de guerre, et qu'elle continuera de mettre par les quatre anges, à cause de cette impie et sanguinaire hérésie ; et le nombre de ces milices surpassera tout ce qu'on pourrait croire et supposer relativement aux ressources de l'Europe.

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Et cependant il semble que cette contrée devrait être déjà épuisée, si l'on considère toutes les batailles sanglantes dont elle fut déjà le théâtre pendant 125 ans. Car presque tous les royaumes, les principautés et les républiques furent ensanglantés par suite de ces erreurs, comme on le voit par ce qui précède.
 
Or, si l'on additionne les chiffres de toutes ces troupes, on obtiendra un nombre incroyable, que saint Jean indique lui-même par un chiffre prodigieux en ces termes :
 
Et le nombre de cette armée de cavalerie était de deux cents millions.
 
 
N ous disons chiffre prodigieux, et le lecteur sera d'accord avec nous, s'il considère le chiffre plus étonnant encore de l'infanterie que cette si nombreuse cavalerie suppose d'après l'art de la guerre. Aussi le prophète ne s'exprime pas autrement pour ne rien dire de superflu, tout comme il n'annonce qu'une seule armée, bien qu'il y en ait eu et qu'il y en aura un très grand nombre. Son but est de nous faire comprendre que toutes ces armées, si nombreuses et si variées qu'elles puissent être, ne forment cependant qu'une seule armée, moralement parlant, puisque tous doivent tendre au même but et servir la même cause, qui est de combattre pour ou contre les principes de Luther. Toutes ces troupes sont un instrument dans les mains de Dieu pour châtier ce siècle charnel par le massacre de la troisième partie des hommes.
 
 
Car j'entendis leur nombre.
 
 
Par ces mots, le prophète veut nous faire entendre que ce n'est pas au hasard, ni sans dessein qu'il cite ce nombre déterminé indiquant un autre nombre indéterminé ; mais il affirme lui-même que ce nombre de deux cents millions lui a été indiqué, et qu'il l'a ainsi entendu en esprit.
 
 
 
VERS. 3, 17. Et voici comment les chevaux me parurent dans la vision, ainsi que ceux qui les montaient : ils avaient des cuirasses couleur de feu, d'hyacinthe et de soufre; les têtes des chevaux étaient comme des têtes de lions, et leur bouche jetait du feu, de la fumée et du soufre.
 
 
les chevaux me parurent ainsi dans la vision



 
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L e Prophète passe maintenant de la description des maux physiques à la description des maux spirituels ou moraux de cette hérésie. Et, d'abord , il décrit la manière dont il vit la nature et les propriétés de cette armée spirituelle. Il dit que les chevaux lui parurent ainsi dans la vision. Or, cette manière de voir est purement intellectuelle, et convient parfaitement à son objet qui est la guerre spirituelle, tout comme l'autre manière d'entendre, qui suppose une participation physique de l'ouïe, convenait au premier détail des maux matériels. Et les chevaux me parurent ainsi dans la vision. Par les chevaux on comprend 1. les mauvais prêtres et les impies qui, ayant secoué le joug de toute discipline, et ayant abandonné le frein de leurs passions, renoncèrent à la foi catholique et se mirent à courir comme des chevaux sauvages après Luther. Le nombre de ceux qui manifestaient leurs passions effrénées, par des sortes de hennissements après les voluptés de la chair, était considérable comme celui d'une grande armée de cavalerie.
 
1°) De même que l'étalon mis en liberté dresse sa crinière, agite sa queue, écume, court, hennit après sa femelle, et devient tellement indomptable, qu'il ne se laisse prendre par personne ; ainsi ces hommes impies et sacrilèges qui n'avaient pas su se conserver eunuques2 par la crainte de Dieu, se croyant déliés, par la doctrine de Luther, du frein de la discipline ecclésiastique, du célibat et de la morale, commencèrent à dresser la crinière de leur orgueil, à jeter leur écume contre l'Église de Dieu, à pervertir les hommes, et à courir après toutes les voluptés de la chair. Ils ne se laissaient guider par personne afin de pouvoir satisfaire plus librement leurs passions, ne pensant pas qu'ils s'exposaient ainsi à être liés, après leur mort, dans la prison éternelle de l'enfer. On doit aussi comprendre littéralement, par ces chevaux, les prédicateurs, soit les ministres de la réforme qui ont vécu, qui vivent encore, et qui vivront pour conserver et propager l'oeuvre subversive de Luther.
 
1 Matth., XIX, l2 : «Il y a des eunuques sortis tels du sein de leur mère ; il y en a
que les hommes ont fait eunuques eux-mêmes, à cause du royaume des cieux :
Que celui qui peut entendre, entende»
Or, ce sont là les maîtres dont parle saint Paul, II. Tim., IV, 3 ; et leur nombre forme une grande armée.
 
3 Car un temps viendra où (les hommes) ne supporteront pas la saine doctrine, mais au gré
de leurs désirs se donneront une foule de maîtres, l'oreille leur démangeant,
 
2°) Les étalons en liberté foulent tout à leurs pieds, même ce qu'ils rencontrent de plus précieux, parce qu'ils sont privés de raison ; et c'est ainsi que Calvin, Zwingle, OEcolampade, Carlostadt et une infinité d'autres, ayant à leur tête Luther, c'est-à-dire, l'ange qui les délia, foulèrent tout à leurs pieds. Semblables à des chevaux échappés, ils couraient dans le jardin de l'Eglise qui était en Europe, n'épargnant pas même les fleurs de ce jardin, c'est-à-dire, les vierges qui avaient voué leur vie et leur sang à Jésus-Christ, pour conserver leur virginité. Ils osèrent les attaquer par leurs sollicitations impures, en disant qu'elles devaient abandonner leur état pour se marier. Ils n'épargnèrent pas non plus les arbres majestueux et anciens des saints Pères, arbres si fertiles par leur doctrine sur les sacrements ; ni les plantations, ni les ouvrages, ni les embellissements des conciles généraux et provinciaux, pas même les horticulteurs dans la succession continuelle des souverains pontifes, depuis saint Pierre jusqu'au présent pape, qui demeurèrent, malgré ces injures, fermes et inébranlables comme des monuments éternels de vérité. Ils attaquèrent et cherchèrent à dévaster toutes les plantes de l'Eglise, qui sont aussi nombreuses qu'il y a de miracles et de vertus chrétiennes produites par la foi catholique.
 
Leurs pieds sont l'orgueil, le mépris, la présomption, la démence et l'impiété, et c'est avec ces pieds qu'ils éclaboussèrent ou attaquèrent le saint baptême, le Christ, la sainte Vierge, la très Sainte Trinité, les saints Pères, la succession continuelle des Apôtres, l'invocation des Saints, le libre arbitre ; ce grand don que Dieu fit à la nature ! enfin, tous les articles de foi et de morale ; car rien ne fut à l'abri de leurs injures. Je dis la vérité, et ne mens point : je souhaiterais que Jésus-Christ me rendit moi-même anathème pour mes frères, qui sont les Allemands, et pour tous les Européens qui sont aveuglés par ces chevaux émissaires, s'ils pouvaient, par ce moyen, ouvrir les yeux à la vérité, qui ne se trouve que dans l'Eglise romaine, une, sainte, catholique et apostolique.
 
3°) De même que les chevaux sont légers à la course, surtout s'ils sont bien montés, ainsi les chevaux émissaires de Luther portèrent, d'une course rapide, le poison de son erreur, qu'ils répandirent en un moment par toute l'Europe, étant montés par les démons qui sont leurs cavaliers, comme nous le verrons plus bas.
 
4°) Les chevaux sont des animaux très robustes et très forts qui, lorsqu'on leur a une fois lâché la bride, peuvent causer de grands dommages dans un champ, ou dans une plantation, et qui ne se laissent plus dompter facilement. Or, les chevaux émissaires de Luther furent aussi très forts, étant appuyés, dans leurs prédications erronées, sur la puissance des princes, des rois, des républiques, des riches commerçants, des villes opulentes, comme ils l'étaient surtout dans les commencements. C'est à l'aide d'une si puissante protection, qu'ils causèrent impunément tant de ruines spirituelles aux âmes, tout en faisant verser en abondance des larmes de sang. Et l'on ne parviendra pas facilement à les dompter, à cause de la puissance des princes sur lesquels ils s'appuient, et à qui ils servent de maîtres qui flattent leur orgueil et leur sordide avarice, selon le langage de l'Écriture. Ces princes protègent de tels docteurs, parce qu'ils leur enseignent une doctrine conforme à leurs désirs, comme, par exemple, de garder injustement les biens de l'Église, les prélatures, les dignités, les principautés et les évêchés. L'histoire de la réforme nous fournit une preuve patente de la difficulté qu'il y avait; surtout dans les premiers temps, de dompter ces chevaux : c'est lorsque le pieux et puissant empereur Ferdinand II employa toutes ses forces pour rétablir l'ordre public dans ses États, en éloignant ces perturbateurs qui livraient les âmes à tout vent de doctrine. Or, l'on sait que tous ses efforts furent paralysés et qu'il dut, tout récemment encore, composer avec l'ennemi, et accepter un traité de paix qui fit tomber la foi catholique dans un état pire que le premier. Car tous les ennemis de l'Eglise, quelque divisés qu'ils soient d'ailleurs entre eux, se réunissent et s'entendent parfaitement, lorsqu'il s'agit d'attaquer les intérêts de la foi, ou de lui causer quelque dommage. On trouve une figure véritable, quoique peu flatteuse, de cet accord des impies, dans la vie agricole : c'est lorsqu'un maître de ferme veut faire mettre le fer au groin d'un porc pour l'empêcher de nuire ; tous les autres accourent à ses cris, et menacent celui qui procède à l'opération.
 
 
ceux qui les montaient
 
 
Par ces paroles, le Prophète indique et décrit les cavaliers de ces chevaux qui ne sont personne autre que les démons. On sait, en effet, que Luther avoua lui-même, dans ses écrits, qu'il avait de fréquents rapports avec un démon qui le poussait et l'éperonnait, pour ainsi parler, au mal. Il en est de même de tous ses disciples et de ses adeptes, et surtout de ceux qui renient le chef visible de l'Église dans les temps actuels ; ils ont tous des démons qui leur servent de chefs et qui les dirigent. Car,
 
1°) celui qui monte un cheval, le domine ;
 
2°) il le tient serré par la bride et le dirige où il plaît ;
 
3°) il le pique de son éperon pour l'exciter à la course, et pour lui imprimer tous les mouvements qu'il désire : tantôt il le fait avancer, tantôt reculer, et tantôt caracoler.
 
Or, c'est ainsi que les démons agirent sur tous les disciples et sur tous les adeptes de Luther, sous quelque forme qu'ils aient paru et c'est ainsi qu'ils agiront sur ceux qui paraîtront encore dans la suite. Car ils les dominent et les dirigent toujours vers le mal, et ceux-ci comme des chevaux domptés et souples, obéissent sans pudeur aux impulsions de leurs cavaliers, foulant aux pieds la morale, la discipline et les articles de foi. Si ces chevaux sont mous et sans feu, leurs cavaliers se servent de l'éperon, c'est-à-dire, qu'ils leur inspirent un faux zèle et une espèce de fureur mêlée d'orgueil, d'arrogance et d'envie, pour mieux les lancer à la course et disséminer plus rapidement l'impiété, sous le faux prétexte et sous l'apparence du bien et de la vérité. C'est du moins sous ces dehors qu'ils se présentèrent aux villes impériales, et qu'ils s'introduisirent auprès des princes, en leur présentant les richesses de l'Église, et en leur disant, comme le démon dans la tentation de Jésus-Christ :
 
Matt. 4, 9
«Nous vous donnerons toutes ces choses, si vous vous prosternez et nous adorez».
 
C'est encore de la même manière que ces chevaux coururent carrière pour faire retentir par leurs hennissements aux oreilles des ecclésiastiques, de quelque état qu'ils fussent, cette fausse et licencieuse interprétation du passage
 
saint Paul, I. Cor., VII, 9 :
«Il vaut mieux se marier que de brûler».
Par leur course rapide, ils propagèrent dans toute l'Europe, en un moment, leurs mensonges si flatteurs pour les passions des hommes. Mais ces chevaux ne se soumettaient pas seulement à leurs cavaliers par leur obéissance et par leur souplesse pour l'attaque, mais aussi pour la fuite. Les hérétiques fuient, en effet, avec aversion tout ce qui est contraire aux démons ; c'est pourquoi ils repoussèrent avec horreur le signe de la croix, l'eau bénite, les cérémonies sacramentelles, les reliques des saints, et surtout la présence réelle du corps et du sang de Jésus-Christ dans la très Sainte Eucharistie. Ils repoussèrent surtout le saint nom de la bienheureuse Vierge Marie, si terrible aux démons, en conséquence de cette ancienne inimitié par laquelle la prophétie divine se réalise chaque jour.
 
Gen., III, 15 :
«Je mettrai inimitié entre toi et la femme, entre ta postérité et la sienne : elle te brisera la tête, et tu la blesseras au talon»
Or, les hérétiques modernes manifestent, par tous leurs faits et gestes, cette vieille et ancienne rancune contre la femme, que les anges et les archanges vénèrent, que les rois, les princes et toutes les générations ont toujours louée et loueront toujours, selon
 
saint Luc, 1, 48 :
«Désormais toutes les générations me diront bienheureuse»
Ensuite, de même que les démons se montrèrent, dès le commencement, rebelles à Dieu leur créateur, et que, par jalousie, ils poussèrent à la désobéissance nos premiers parents ; ainsi ces chevaux émissaires secouèrent le joug de l'obéissance envers la sainte Église romaine, et excitèrent les États de l'empire à la révolte contre leurs maîtres légitimes et contre le souverain Pontife, vrai successeur de saint Pierre, et chef de l'Eglise universelle. Ensuite, qu'y a-t-il de plus odieux et de plus terrible pour les démons que le saint sacrifice de la Messe ! Or, les hérétiques modernes, vrais précurseurs de l'Antéchrist, firent tous leurs efforts pour le détruire et rejetèrent en effet le sacrifice continuel, comme le fera l'Antéchrist, selon la prophétie
 
Daniel, XII, 11 :
«Et depuis le temps que le sacrifice continuel aura été aboli, etc.»
Les démons ne soupirent qu'après le sang des chrétiens, et ne recherchent que les homicides, les discordes, les guerres, les séditions, etc., et ils y excitent les méchants qu'ils tiennent sous leur domination. Or, n'est-ce pas là le vrai portrait de ces chevaux émissaires que la trompette du sixième ange anime sans cesse au carnage et à la dévastation, comme on l'a vu plus haut ? Il résulte donc clairement de tout ce qui précède, que les cavaliers de ces chevaux sont les démons qui les dominent et les poussent au mal, et l'on voit par les détails qui suivent dans le texte, sur les armes et l'uniforme de ces cavaliers, que le Prophète désigna ces démons à la lettre.
 
 
Car il ajoute :
 
 
avaient des cuirasses de feu,
 
 
c'est-à-dire, qu'ils étaient remarquables par leurs cuirasses de feu, de fumée et de soufre. Or, ces trois choses se trouvent en enfer, et les démons qui l'habitent et qui en sortent pour faire la guerre à Jésus-Christ sur la terre, paraissent briller, d'après le texte, dans ces cuirasses, pour mieux nous faire comprendre quels sont ces cavaliers.
 
Car, comme un roi porte une cuirasse d'or, un officier une cuirasse d'argent et un soldat une cuirasse de fer, chacun selon son rang et son grade, ainsi les démons portaient une cuirasse de feu, de fumée et de soufre. Ces paroles indiquent aussi, littéralement, divers genres de cuirasses que ces démons portaient à cheval, pour être plus terribles dans leur attaque contre l'Eglise de Jésus-Christ ; et on en distingue trois espèces, qui sont :
 
1°) le zèle de la haine implacable, et la noire envie que Satan inspira, par ses faux docteurs, aux princes et aux grands contre l'Eglise romaine, contre le souverain Pontife, contre les cardinaux, les archevêques, les évêques, les prélats ; contre les ordres religieux, et en général contre tout le clergé. L'expérience de chaque jour nous démontre la haine et la jalousie incroyable dont les hérétiques sont enflammés contre l'Eglise du Christ. Et c'est là une cuirasse dont Satan sut parfaitement prémunir ses soldats pour le combat. Car un coeur rempli de haine et d'aversion ne se laisse pas facilement convaincre et persuader par la saine doctrine, par les bons conseils, ni par les remontrances. C'est pourquoi il est dit dans le texte : Ceux qui les montaient avaient des cuirasses de feu. Car de même que le feu brûle et consume, ainsi le faux zèle de la haine et de l'envie consume les coeurs des hérétiques, et les brûlera éternellement.
 
2°) La seconde espèce de ces cuirasses, c'est la confusion et la nouveauté attrayante de la doctrine de cette hérésie sur la foi et la morale. C'est pourquoi il n'était pas facile de la combattre. Car à peine une erreur était-elle réfutée, qu'il en surgissait un nombre infini d'autres plus étonnantes encore. Ce fut là un nouveau et très adroit stratagème que Satan employa dans sa guerre contre l'Eglise latine, et c'est à l'aide de cette forte cuirasse qu'il para tous les coups et marcha sans crainte et avec intrépidité contre son ennemi. Cette seconde cuirasse avait la couleur de l'hyacinthe, ou de la fumée ; car l'hyacinthe ressemble à l'air obscurci, et cette couleur représente parfaitement la confusion des erreurs de Luther.
 
 
En effet,
 
 
d'hyacinthe et de soufre
 
 
1. La fumée est produite par le feu ;
 
2. Elle obscurcit l'air ;

3. Elle trouble la vue ;
 
4. Elle est confuse et comme un chaos ; on ne peut la comprimer, et si on la dissipe d'un côté, elle s'étend d'un autre ;
 
5. Enfin, elle fait sortir les larmes des yeux.
 
 
Or, telle est parfaitement l'hérésie moderne :
 
 
1. Elle offre le tableau des erreurs les plus nombreuses et les plus variées, et la confusion qui en résulte provient du feu de la jalousie et de l'envie des hérétiques contre les chrétiens ; car ils se plaisent à enseigner et à pratiquer en haine du souverain Pontife et de l'Eglise romaine tout ce qui leur est contraire.
 
2. Cette hérésie obscurcit par ses erreurs toute l'Europe dont la foi était pure et lucide comme l'air par un beau jour d'été.
 
3. Elle troubla et gâta la vue, c'est-à-dire, l'intelligence et la saine raison des hommes, à tel point qu'il n'était plus possible de distinguer quelle était la vraie doctrine et la voie qui conduit à la vie éternelle.
 
4. Elle est comme un chaos de toutes les erreurs précédentes qu'on n'est pas parvenu à dissiper, et plus on veut en faire disparaître les nuages et les vapeurs, et plus elles s'élèvent de toutes parts.
 
5. Elle fit verser des larmes abondantes et même des larmes de sang, particulièrement en Allemagne, et elle en fera répandre bien plus encore.
 
Maintenant pourquoi le prophète a-t-il comparé ce mal à l'hyacinthe et non pas à la fumée ? La raison en est que si les erreurs de cette doctrine n'étaient pas autre chose en réalité que de la fumée, elles paraissaient néanmoins plausibles au dehors et avaient une apparence de solidité ; et ces chevaux émissaires les présentèrent sous ces fausses couleurs pour les faire agréer des hommes charnels dont ils flattaient les désirs, du moins pour la vie présente. C'est ainsi que les démons ont coutume de présenter le mal sous des couleurs et avec des raisons bonnes en apparence, afin de mieux réussir à tromper les hommes. On voit donc par là que c'est bien avec raison que le prophète se servit de ces cuirasses d'hyacinthe pour dépeindre ces ennemis du Christ et de son Église.
 
3°) La troisième espèce de ces cuirasses fut le relâchement de la discipline ecclésiastique et des moeurs chrétiennes remplacées par une vie toute charnelle et par une liberté licencieuse. De sorte que Satan, par cette hérésie, ouvrit la porte à tous les vices et à toutes les voluptés en persuadant aux hommes, par ses ministres, que le chemin du ciel est très facile et couvert de roses, et que Dieu ne punit pas le péché si rigoureusement que les catholiques l'enseignent. Il eut soin surtout de prêcher la plus grande liberté de la chair contrairement au célibat, aux ordres religieux, aux vierges et aux prêtres. Satan fut comme un pêcheur qui, au moyen de cette hérésie, tendit un grand filet sur les grandes eaux de l'Europe, et fit une immense capture de poissons qu'il fit rôtir dans les flammes éternelles ; et la puanteur de la fumée qui sortait de ce feu de la luxure, infecta toute l'Europe.
 
C'est avec cette troisième armure que Satan prémunit ses cavaliers auxquels il donna des cuirasses de soufre. Car le soufre désigne métaphoriquement la puanteur et l'infection des péchés déshonnêtes. Tels furent donc ces trois sortes de cuirasses spirituelles dont les démons furent recouverts et munis pour entreprendre cette terrible guerre que Satan avait déclarée à l'Eglise latine.
 
 
Et les têtes des chevaux étaient comme des têtes de lion
 
 
Dans ces paroles et celles qui suivent, le prophète passe à la description de la nature et des propriétés de ces chevaux. On en concevra sans nul doute une idée monstrueuse et horrible, si on se les représente avec le ventre, les pieds et le corps d'un cheval, la tête d'un lion, une gueule infernale, et la queue formée de serpents. C'est là cependant ce que nous allons vérifier en détail.
 
1°) Il est dit dans le texte que les têtes des chevaux étaient comme des têtes de lion, et c'est avec justesse. Car de même que la tête du lion est très forte, et qu'elle dévore et déchire de ses dents tout ce qui se présente à elle, ainsi ces chevaux, animés par le son de la trompette du sixième ange, osèrent attaquer et dévorer de leurs dents maudites presque tous les articles de foi, si saints, si authentiques et si anciens qu'ils fussent. Ils n'épargnèrent rien de ce qui appartient aux bonnes moeurs ; pas plus que les choses sacrées, les cérémonies sacramentelles et le culte de la sainte Vierge et des saints. Comme le lion en fureur lance des regards de feu, laisse tomber de sa gueule l'écume de sa rage, fait retentir les vallées de ses affreux rugissements, et répand partout où il passe la terreur du carnage et l'effroi de la mort, ainsi ces chevaux de l'impiété, animés du feu de la haine, enflammés de la fureur de l'envie, et brûlant de la soif de la vengeance contre le souverain Pontife et contre tous les prélats de l'Église, déchirèrent et dévorèrent avec leurs dents de lion toutes les choses saintes et même les sacrements.
 
 
Et de leur bouche il sortait du feu, de la fumée et du soufre.
 
 
2°) L e Prophète ajoute : Et de leur bouche il sortait du feu, de la fumée et du soufre.
 
Nous avons dit que le feu désigne l'ardeur de la jalousie, le zèle de la haine et la noire envie dont ces chevaux furent enflammés par les démons qui les montaient, et qui les lancèrent par toute l'Europe pour faire la guerre au souverain Pontife et à l'Eglise latine. C'est avec ce feu qu'ils brûlèrent tous les préceptes de morale et tous les dogmes de la foi catholique. Nous avons dit aussi qu'ils remplirent cette même Europe de fumée et de soufre par la confusion de leur doctrine, et par la fausseté de leur moral, et par la puanteur de leur vie licencieuse. Or, selon le texte, ces trois horreurs sortaient de leur bouche, c'est-à-dire, qu'ils les prêchèrent et les disséminèrent par leurs discours et par leurs écrits. Car que pouvaient-ils prêcher autre chose que ce dont leurs coeurs étaient remplis ? Et de quoi pouvaient-ils être remplis, si ce n'est du mal que les démons leur inspiraient ? Ainsi ces chevaux émissaires répandaient par leur bouche ce que les démons, qui les montaient, portaient comme des cuirasses. C'est en effet la propriété des démons de vouloir le mal que Satan fait commettre dans le monde par ses ministres, qui sont les impies et les méchants. Et la bouche des impies est semblable à l'enfer, d'où sortent et d'où sortiront pendant toute l'éternité le feu, la fumée et le soufre, qui dévoreront ces méchants dans les siècles des siècles. C'est de ces mêmes impies que David a si bien écrit,
 
Ps. V, 10 :
«La vérité n'est point sur leurs lèvres ; leur coeur est rempli de vanité, leur bouche est un sépulcre ouvert, et leur langue est pleine d'artifice. Jugez-les, ô Seigneur, etc.»
Et :
 
Ps. XIII, 5 :
« Leur gosier est un sépulcre ouvert, ils se sont servis de leur langue pour tromper avec adresse, le venin des aspics est sous leurs lèvres. Leur bouche est pleine de malédiction et d'amertume ; leurs pieds se hâtent pour répandre le sang. Les angoisses et la désolation sont leurs voies ; ils n'ont pas connu le sentier de la paix.
3°) Le feu, la fumée et le soufre des cuirasses que portaient les cavaliers sont appelés des plaies,
 
* pour signifier la funeste influence qu'ils exercèrent en Europe sur l'Eglise latine par la permission de Dieu. Car la mesure des péchés des hommes était comble, toute chair avait corrompu ses voies, et toute l'Europe s'était prostituée, loin de Dieu son Seigneur, à l'orgueil, à l'avarice, à la luxure, à toutes les voluptés de la chair, et à la félicité de la vie présente. C'est en conséquence de ce débordement que cette hérésie enfanta et produisit une génération d'hommes qui lui furent parfaitement semblables, et qui devinrent des enfants de douleur pour le malheur du monde entier.
 
* Ces cuirasses sont appelées des plaies, parce que Dieu ne peut pas infliger une plus grande punition à un peuple ou à une nation qu'en permettant qu'elle abandonne la vraie foi pour tomber dans l'hérésie. Aussi Dieu, dans Sa bonté et Sa miséricorde, a-t-Il soin d'annoncer ces terribles châtiments souvent cent et même deux cents ans à l'avance, pour exciter les peuples à la pénitence ; et s'ils persévèrent dans leurs vices et leurs erreurs, il fait enfin éclater sa colère par une ruine complète. Car, selon l'expression de l'Apôtre,
 
Heb., X, 31 :
«Il est terrible de tomber entre les mains du Dieu vivant»
Et voilà pourquoi le saint roi prophète nous avertit,

Ps. II, 10 :
«Maintenant, ô rois, ouvrez vos coeurs à l'intelligence, instruisez-vous, vous qui jugez la terre. Servez le Seigneur avec crainte, et réjouissez-vous en Lui avec tremblement. Embrassez adroitement la discipline, de peur que le Seigneur ne s'irrite, et que vous ne périssiez hors de la voie de la justice, lorsque dans peu de temps Sa colère se sera embrasée». Voir ce qui a été dit, Liv. I, chap. II

4°) Suit la grande dévastation causée par ces trois plaies.

 

 
 
VERS. 3, 18. Et par ces trois plaies, le feu, la fumée et le soufre qui sortaient de leur bouche, la troisième partie des hommes fut tuée.
 
 
P ar la troisième partie des hommes, on comprend ici une partie considérable de la chrétienté qui abandonna la vraie foi et périt d'une mort spirituelle, soit par le feu de la jalousie, soit par le venin de la haine contre le souverain Pontife et contre l'Eglise et ses ministres, que ces chevaux émissaires rendirent odieux, soit par la confusion de leur doctrine, et la diversité de leurs erreurs, soit enfin par les attraits d'une vie voluptueuse et d'une liberté de conscience sans limite et sans frein. Aussi le Prophète indique ici littéralement que la troisième partie des hommes perdit la vie spirituelle à cause de cette hérésie, de la même manière qu'il avait dit plus haut, littéralement aussi, que la troisième partie des hommes fut physiquement tuée. Or, cette mort spirituelle d'un tiers de la chrétienté peut facilement se démontrer par la quantité de royaumes, de provinces ou de villes qui furent et sont encore infectés, ou totalement ou en partie, par cette abominable hérésie. Car si l'on compare la multitude des hérétiques qui sont dans le monde au nombre des catholiques restés fidèles, on comprendra facilement la grandeur du mal et la ruine considérable causées par cette hérésie, qu'on doit déplorer avec des larmes de sang.
 
 
 
VERS. 3, 19. Car la puissance de ces chevaux est dans leur bouche et dans leurs queues Parce que leurs queues ressemblent à des serpents, et qu'elles ont des têtes dont elles blessent.
 
 
Car la puissance de ces chevaux est dans leur bouche et dans leurs queues
 
 
C es paroles indiquent la cause des maux que cette hérésie continuera de produire par les conséquences de ses principes, comme l'indique déjà la conjonction Car, qui est mise en tête.
 
1°) La puissance de ces chevaux est dans leur bouche dont ils se servirent pour vomir la calomnie et le mensonge contre le souverain Pontife, contre les prélats et en général contre toute l'Eglise, s'efforçant de les rendre odieux, surtout aux princes et à la noblesse, et en cherchant à persuader tout le monde qu'il ne convenait pas que les ecclésiastiques possédassent plus longtemps des dignités, des principautés et des richesses, à cause de l'abus qu'ils en faisaient. Par leurs discours artificieux et par l'apparence de gravité et de raison qu'ils affectaient de se donner, ils trompèrent une multitude innombrable de personnes de l'un et de l'autre sexe, de tout état et de toute condition ; et c'est par de tels moyens qu'ils attirèrent tant de monde à leur secte, osant se vanter qu'ils étaient inspirés et envoyés de Dieu pour secouer le joug de la servitude du démon. Tel était leur langage contre l'Eglise catholique. Ils ouvrirent aussi leur bouche pour blasphémer et pour prêcher que l'usage des viandes dans les repas est permis tous les jours, et qu'on n'est plus tenu à aucun précepte de l'Eglise. De plus, ils enseignèrent et publièrent par toute l'Europe, qu'on ne doit pas obéir au Pape, et qu'il faut supprimer le célibat, etc., etc. Et parce que leur doctrine si désastreuse pour l'Eglise fut généralement agréée par les rois, les princes, les nobles, les villes impériales et une grande partie des peuples, le prophète a raison de dire que la puissance de ces chevaux est dans leur bouche.
 
2°) Il dit aussi que leur puissance est dans leurs queues. On doit remarquer qu'il indique ces queues au pluriel, pour dire qu'il y en aura plusieurs et de divers genres.
 
* La première de ces queues, c'est l'hypocrisie et l'adulation dont ils se servirent,
comme les animaux se servent de leurs queues pour flatter les hommes ; et ces hérétiques s'en servirent pour couvrir la turpitude et dissiper la puanteur de leur doctrine et de leurs vices.
 
* La seconde queue furent les princes, les villes impériales, les républiques et les gouvernements qu'ils entraînèrent à leur suite dans l'erreur et la perdition, en les persuadant qu'ils pouvaient en toute sécurité de conscience prendre ou retenir les biens de l'Eglise, les dignités, les principautés, les prébendes et les évêchés. Et ceux-là coururent après de tels maîtres qui savaient si bien flatter leurs passions, comme des enfants courent après les noix. Faut-il donc s'étonner si, appuyés par de telles puissances, ces chevaux hennissant et agitant leur crinière, osèrent et osent encore jeter leur écume avec tant d'impudence contre l'Eglise latine ? Cette seconde queue leur servit aussi pour cacher leur turpitude et pour dissiper la puanteur de leur hérésie, en ce que les simples parmi le peuple, voyant les grands et les savants, les riches et les seigneurs, les princes et les gouvernements eux mêmes agréer et protéger une telle doctrine, ne pouvaient guère faire autre chose que d'en perdre la tête.
 
* La troisième queue est le pseudopoliticisme et l'indifférentisme récemment introduits dans le monde par Machiavel, Bodin et par d'autres philosophes ; ainsi que l'athéisme qu'on peut considérer comme les dernières conséquences de tant de principes faux et contradictoires de cette doctrine, et par conséquent aussi comme la queue de ces chevaux, puisque la queue est adhérente au corps comme les conséquences d'un principe résultent du corps de la doctrine : ils en sont la dernière raison, comme la queue est le dernier membre de l'animal. De même que la dernière solution du grand problème de la foi catholique c'est Dieu ; ainsi, par opposition, la dernière conséquence de la doctrine de Luther, c'est la négation de Dieu.
 
Et voilà pourquoi tant de princes et tant de gouvernants finissant par se persuader des contradictions et des variations infinies des sectes modernes, et conservant d'ailleurs le premier levain de haine que le protestantisme inspira à un trop grand nombre d'entre eux, même parmi les catholiques, finirent par ne plus croire à d'autre vérité qu'à la religion et à la raison d'Etat ; et ils se contentèrent de conserver les cérémonies extérieures et apparentes pour mieux réussir à contenir leurs peuples dans la soumission ; et ils dirent avec les impies dans leurs coeurs : «Il n'y a point de Dieu».
 
6°) Le Prophète décrit ensuite la nature et les propriétés de ces queues, et il se sert à dessein de la conjonction parce que, pour bien faire comprendre à l'Eglise latine la cause de tant de ruines et de désolations.
 
 
Parce que leurs queues ressemblent à des serpents,
 
 
* L es queues de ces chevaux sont assimilées à des serpents à cause des flatteries dont ils se servent. Car de même que le serpent séduisit par la flatterie nos premiers parents dans le paradis terrestre, et leur fit manger le fruit défendu; ainsi les disciples de Luther séduisirent et continuent de séduire les peuples, en les flattant dans leurs désirs, et en leur persuadant de manger les viandes défendues et de se livrer sans crainte aux voluptés et à la licence. Ils emploient dans ce but des mensonges aussi flatteurs que spécieux, se servant, même au besoin, des textes de l'Écriture dont ils faussent le sens, en disant, par exemple :
 
Matth., XV, 11 :
«Ce n'est pas ce qui entre dans la bouche qui souille l'homme»
Et
 
I Cor., VII,9 :
«Il vaut mieux se marier que de brûler»
* De plus, les serpents ne se laissent pas prendre facilement; car si quelqu'un veut en saisir un, il court grand risque d'être mordu, et de recevoir une blessure souvent mortelle. Or, c'est ainsi que sont les queues, soit les conséquences de l'hérésie présente. Car quel est celui qui pourrait se vanter d'avoir saisi l'astuce des hérétiques? Qui pourra extirper la fausse philosophie, la fausse politique et l'athéisme qui se sont glissés comme le poison jusque dans les membres des catholiques eux-mêmes ? Gloire à celui qui pourra faire descendre de leur chaire ces docteurs des ténèbres prêchant l'erreur et le mensonge comme des vipères qui menacent de la mort par leurs horribles sifflements ! Heureux enfin celui qui pourra saisir et dominer, avec l'aide de Dieu, les princes, les rois, les républiques, les villes impériales et toutes les puissances sur lesquelles est appuyée cette erreur ! L'histoire nous apprend que Ferdinand II, empereur aussi pieux que puissant, essaya de le faire, ainsi que Ferdinand III ; mais hélas ! le résultat de leurs efforts fut une horrible blessure qu'ils reçurent en voulant saisir ces serpents si redoutables.
 
* La nature du serpent l'oblige à ramper sur la terre, et c'est là précisément ce que font ces hérétiques dont la face, comme celle du serpent, est sans cesse inclinée vers les choses terrestres ne recherchant que les honneurs, les richesses et les plaisirs.

Selon la
 
Genèse, III, 1 :
«Le serpent était le plus rusé de tous les animaux que le Seigneur Dieu avait placés sur la terre».
 
 
Or, il en est de même de la génération présente qui est la plus rusée de toutes celles qui ont existé jusqu'ici. Il est certain que les protestants ont employé contre l'Eglise la ruse la plus raffinée. On n'a qu'à lire pour s'en convaincre les actes de la chancellerie d'Anhalt, ainsi que les décrets de leurs conciles, et l'on y verra tout ce que la ruse leur inspira contre les catholiques et contre l'empire romain ; et l'on comprendra que ce n'est pas à tort que le Prophète les compare aux serpents les plus rusés.

* Si Dieu, dans Sa malédiction, a établi une inimitié entre le serpent et la femme, entre la race de l'un et de l'autre, Gen., III, on peut alors comprendre quelle inimitié Dieu a permis qu'il existât entre cette nouvelle race de serpents et la femme par excellence, la bienheureuse Vierge Marie, Mère de Dieu fait homme, qui sera bénie entre toutes les femmes.

* Il est dit que ces queues ont des têtes, pour nous faire comprendre que les fauteurs et les adeptes de cette hérésie seraient des rois, des princes et un grand nombre de personnages distingués et puissants, qui sont en effet comme la tête, ou les chefs des peuples.
 
De plus, ce n'est pas sans raison que le Prophète désigne plusieurs têtes pour signifier que les dogmes du protestantisme, n'ayant pour base que le principe du libre examen, il s'ensuivrait nécessairement une multitude de sectes diverses, puisqu'on devait rejeter toute autorité qui aurait pu gêner la fausse liberté de conscience. N'est-ce pas là en effet ce que l'expérience n'a malheureusement que trop prouvé par tant de controverses scandaleuses sur la présence du Christ en tous lieux, sur la communication des idiomes divins, sur le nombre des sacrements, sur la foi des enfants dans l'administration du baptême, sur l'usage et les cérémonies de la messe en allemand, etc., etc. Il suffisait qu'un consistoire ou un concile provincial admît et proclamât quelque règle à ce sujet, pour que d'autres conciles et consistoires les rejetassent et même les missent en dérision. N'est-ce pas là une preuve évidente qu'ils n'étaient ni les uns ni les autres appuyés de l'assistance infaillible et de la promesse du Saint-Esprit qui les aurait empêchés de faillir et de se diviser ? Ces têtes signifient aussi la sagesse, l'intelligence
et la prudence humaine par lesquelles cette génération surpasse de beaucoup les catholiques; car , selon
 
saint Luc, XVI, 8 : «Les enfants de ce siècle sont plus ha-biles dans la conduite de leurs affaires que les enfants de lumière»
 
n'est ce pas là ce que nous avons expérimenté surtout au commencement de ce cinquième âge, en voyant les protestants surpasser de beaucoup les catholiques dans l'art de feindre, de combiner des plans occultes et de dresser des embûches ; dans le talent d'acquérir des richesses et d'étendre le commerce, de réussir dans les négociations, de perfectionner les systèmes d'attaque et de défense pour les forteresses et les places de guerre, dans les lois civiles et les règlements de police extérieure, dans le luxe d'une éducation brillante pour la jeunesse, etc., etc.?
 
 
Lors donc que le prophète nous dit qu'ils auront des têtes, il veut nous prévenir des dommages considérables que cette génération perverse causera à l'Eglise et à l'empire romain ;
 
et il complète la description de cette hérésie en disant :
 
 
elles ont des têtes dont elles blessent.
 
 
C'est-à-dire, qu'ils nuiront particulièrement à l'Eglise et à l'empire romain avec ces trois genres de queues dont nous avons parlé plus haut, et que toute la puissance et la vigueur de cette hérésie, quand elle sera sur le point de finir, consistera dans ces trois queues. De sorte que celui qui parviendra à couper ces queues, mettra fin à l'existence de cette hérésie.
 
Plaise à Dieu que vienne bientôt ce puissant monarque qui doit bouleverser les républiques, battre en brèche les villes impériales et maritimes qui ne sont pas autre chose que des nids de vipères, étouffer les cris et les sifflements de ces prédicateurs et de ces serpents, et qu'après avoir humilié les hérétiques et les schismatiques, il fasse cesser toute erreur ! Le prophète n'a écrit aucune hérésie avec autant de force et de clarté, et par des comparaisons aussi sensibles que la moderne, afin de mieux faire connaître à l'Eglise latine les maux qui en résulteront.
 
En faisant passer ce monstre devant nos yeux, l'Apôtre nous avertit nous-mêmes, chacun en particulier, de demeurer fidèlement attachés à la foi catholique romaine, et de marcher avec sobriété, chasteté, piété et sainteté en présence de cette horrible bête, de peur que notre ministère ne soit tourné en dérision et avili. De plus, le prophète nous avertit d'éviter la luxure, les plaisirs de la table, l'orgueil, l'impudicité, l'avarice et l'ostentation, de peur que les faibles parmi nous en tirent scandale.
 
Nous devons nous efforcer, au contraire, de briller par notre vie et par notre doctrine comme une lumière dans les ténèbres. Observons la discipline du Seigneur, de peur que Sa colère n'éclate, et qu'Il ne permette que tout ce que nous possédons encore en Europe, ne soit dévoré par cette bête hideuse. Lisez ce qui est écrit dans le petit livre qui traite des sept animaux, et de quelques autres secrets particuliers concernant l'Allemagne.
 
 
 
VERS. 3, 20. Et les autres hommes qui ne furent point tués par ces plaies ne se repentirent point des oeuvres de leurs mains, pour ne plus adorer les démons et les idoles d'or, d'argent, d'airain, de pierre et de bois, qui ne peuvent ni voir, ni entendre, ni marcher ;
 
 
 
Résumé des maux causés par les mauvais catholiques eux-mêmes :
 
 
Et les autres hommes qui ne furent point tués par ces plaies ne se repentirent point des oeuvres de leurs mains, pour n'adorer plus les démons.
 
 
Ce texte renferme un admirable résumé des maux considérables que nous, catholiques, avons causés à l'Eglise par nos oeuvres perverses. Car bien que nous soyons demeurés dans la vraie foi, nous nous sommes presque alliés avec la bête, pour combattre contre notre sainte mère l'Eglise.
 
 
Et les autres hommes,
 
 
c'est-à-dire, les restes des catholiques, qui ne furent point tués par ces plaies, qui n'abandonnèrent pas la vraie foi. Et les autres hommes.
 
Cette construction ne paraît pas complète au premier abord, parce qu'il n'y a point de verbe et d'attribut. Mais on doit savoir que ce verbe et cet attribut existent cependant, et se trouvent dans ces mots du texte qui précède.
 
 
Et qu'elles ont des têtes dont elles blessent ( VERS. 3, 19)
 
 
En latin la liaison se fait mieux, à cause du pronom illis, qui est des trois genres, au lieu du pronom français elle, qui est féminin, Les autres hommes sont donc aussi le sujet du verbe blesser qui se trouve dans le verset qui précède, et l'attribut se trouve dans le mot : dont ou avec ces têtes ; c'est-à-dire, avec ces têtes dont les autres hommes blessent. Par cette liaison de phrases, le prophète nous indique d'une manière admirable la liaison ou du moins le rapprochement qui unirent presque les restes des catholiques avec les protestants. En conséquence, le prophète veut nous faire entendre que nous aussi, mauvais catholiques, apporterions notre part de bois à cet horrible incendie qui devait embraser l'Europe.
 
Et ces maux dont nous nous rendrons coupables contre l'Eglise se divisent en deux espèces.
 
* La première, c'est cette prétendue sagesse et cette ruse de serpent qui président dans les conseils des puissances du siècle, et leur inspirent d'opprimer l'Eglise en la privant de ses immunités et en se servant de toute espèce de titres faux et spécieux pour empiéter sur le pouvoir spirituel, pour grever d'impositions les rentes et mêmes les personnes ecclésiastiques, les corporations, les séminaires, etc. ; et pour leur enlever leurs droits, leurs revenus, leurs dîmes, etc. Et si l'Eglise de son côté, les menace d'excommunication ou porte même des sentences en ce genre, ils rient, ils s'en moquent et persévèrent dans leur péché. N'est-ce pas là le plus mauvais signe que l'Europe entière est sur le penchant de sa ruine et de la prévarication ? Y a-t-il en effet un plus mauvais signe dans un enfant que lorsqu'il se moque de la verge dont sa mère le menace ?
 
Or, c'est en cela surtout que les mauvais catholiques se rapprochent des hérétiques, puisqu'ils font d'une manière occulte et cachée ce que ceux-ci firent au grand jour et avec tant d'éclat. Ils ravissent aujourd'hui ce que leurs pères fondèrent dans une pieuse intention, mais ils n'en deviennent pas plus riches pour cela ; ils continuent au contraire d'être dans le besoin et les embarras financiers, parce que la bénédiction de Dieu n'est pas sur eux. C'est à tous ces ravisseurs que s'adressent ces paroles du Sage
 
Prov. , XI, 24 :
«Les uns donnent ce qui est à eux, et sont toujours riches ; les autres
ravissent le bien d'autrui, et sont toujours pauvres»
Puisse-t-on persuader à ces derniers de cesser au plus tôt cette usurpation du pouvoir ecclésiastique, ces exactions, ces impositions, cette oppression du clergé ; et puissent-ils commencer à craindre enfin le glaive de l'Eglise qui est terrible, puisqu'il attire la malédiction de Dieu sur leurs familles et sur les enfants de leurs enfants. Nous en avons un terrible exemple dans Charles Stuart, roi d'Angleterre, dont les prédécesseurs préten55 dirent être les chefs de l'Église ; cet infortuné dut être décapité et perdre sa couronne en conséquence des malédictions qu'Henri VIII et Élisabeth avaient attirées sur cette malheureuse dynastie. C'est ainsi que Dieu punit les crimes des hommes jusqu'à la troisième et à la quatrième génération.
 
* La second espèce de maux que les catholiques causèrent à l'Église leur mère, ce sont les grands péchés des princes, du clergé et du peuple pour l'expiation desquels on n'a point fait pénitence, selon l'expression du prophète lui-même ;
 
 
 
car il ajoute,
 
 
VERS. 3, 21. Et ils ne firent point pénitence de leurs homicides, de leurs empoisonnements, de leurs impudicités et de leurs larcins ;
 
 
Et ils ne firent point pénitence de leurs homicides, de leurs empoisonnements, de leurs impudicités et de leurs larcins
 
 
C'est déjà pour nos énormes péchés que Dieu permit cette funeste hérésie en Allemagne et dans une grande partie de l'Europe ; et c'est parce que nous continuons à pécher qu'il permet qu'elle dure si longtemps. Car à quelle autre cause peut-on attribuer un si triste résultat des efforts de l'empereur Ferdinand II, pour la réforme de la foi et la restitution des biens de l'Eglise, si ce n'est à nos péchés ? Ce prince avait en main tous les moyens pour réussir ; son oeuvre avait bien commencé, et il l'avait même déjà affermie par d'éclatantes victoires, et cependant, à cause des péchés des catholiques, qu'est-il résulté de tout cela, sinon un traité de paix qui compromit davantage encore leur situation ? C'est donc à cause des vices auxquels nous continuons de nous livrer, et dont nous ne voulons pas faire pénitence après les avoir reconnus et confessés, que Dieu, dans Sa colère, a empêché cette réforme de la foi et cette restitution des biens de l'EgIise que nous avions commencées d'une manière insuffisante, puisque nous n'y ajoutions pas la réforme de nos moeurs. Le Seigneur agit en cela comme un père gravement offensé de l'indigne conduite de Son fils qu'il déshérite en déchirant le testament qu'il avait fait en sa faveur, etc.

 

 
Pour n'adorer plus les démons, les idoles d'or, d'argent, d'airain, de pierre et de bois, qui ne peuvent ni voir, ni entendre, ni marcher. (VERS. 3, 20)
 
 
Ces paroles spécifient sept énormes péchés qui sont la cause par laquelle Dieu n'a pas pitié de l'Europe, et qu'il n'y relève point l'Eglise opprimée sous le joug des hérétiques.
 
Le premier péché, c'est l'idolâtrie occulte des superstitieux dont l'Europe, et surtout l'Allemagne, abondait avant la dernière guerre, et qui commencent déjà à reparaître. Ceux qui se livrent à ces superstitions, entretiennent un commerce secret avec les démons qu'ils adorent dans ces abominations, comme autrefois les gentils les adoraient dans les idoles; et c'est ainsi qu'ils oublient Dieu leur créateur.
 
Or, c'est là un énorme péché que le texte exprime en ces termes. Pour n'adorer plus les démons.
 
Le second péché, c'est l'avarice, qui est abominable devant le Seigneur. Le prophète la dépeint métaphoriquement sous la figure de l'idolâtrie, en disant : les idoles d'or, d'argent, d'airain, de pierre et de bois. De même que les païens fabriquaient la plupart de leurs idoles avec l'or, l'argent, l'airain, etc. ; ainsi les hommes de cet âge n'attachent de prix et d'amour qu'à ces futiles objets, et en font l'idole de leur coeur plongé dans l'avarice. Dans ces objets désignés par le prophète, sont contenus tous les autres, et les raisons pour lesquelles il appelle l'avarice une idolâtrie sont les suivantes :
 
A) parce que c'est le propre des prophètes de désigner ces sortes de choses par des énigmes et par des métaphores.
 
B) L'apôtre saint Paul appelle aussi l'avarice une idolâtrie, parce que l'une est un aussi grand crime que l'autre.
 
Ephes, V, 5 :
«Sachez que nul fornicateur, nul impudique, nul avare, dont le vice est une idolâtrie, ne sera héritier du royaume de
Jésus-Christ.»
C) De même que l'idolâtrie fait apostasier, ainsi ceux qui veulent devenir riches, selon saint Paul, tombent dans les filets du démon.
 
I Tim, II, 9 :
«Ceux qui veulent devenir riches, tombent dans la tentation et dans le piège de Satan, et en plusieurs désirs inutiles et pernicieux, qui précipitent les hommes dans l'abîme de la perdition, et de la damnation. Car le désir des richesses est la racine de tous les maux. Et quelques-uns de ceux qui en sont possédés se sont éloignés de la foi»
 
Or, n'est-ce pas là ce que nous vîmes en Europe et surtout en Allemagne, où plusieurs princes et autres personnages illustres abandonnèrent la foi, à cause de leur cupidité pour les biens de l'Eglise ? Les avares sont des idolâtres qui adorent les monnaies comme des idoles, mettant toute leur confiance dans les richesses, et commettant avec elles la fornication par l'oubli de Dieu et par le mépris des loisdivines et humaines.
 
D) De même que rien n'est plus vain, plus vil, et plus imparfait que les idoles ; ainsi le plus petit moucheron devrait être bien plus estimé, ce semble, que l'or, l'argent, le bois, l'airain et la pierre pour lesquels cependant les hommes abandonnent Dieu leur créateur et l'Être par excellence.
 
 
Aussi le prophète exprime-t-il son étonnement sur cette folie, par ces paroles :
 
 
Les idoles d'or, d'argent, etc..., qui ne peuvent ni voir, ni entendre, ni marcher (VERS. 3, 20)


Le troisième péché, c'est l'envie, la haine, la colère ; ce sont les rixes, les procès injustes, le désir de dominer et la convoitise ; tout comme aussi les guerres injustes, desquelles il résulte des homicides innombrables. L'Europe en général n'abonde-t-elle pas en homicides de ce genre ? Combien de guerres injustes, parmi lesquelles nous ne citerons que celle de Mantoue, celle de la France contre l'empire romain pour appuyer les protestants, lorsque Ferdinand Il voulut introduire la réforme de la foi et restituer les biens de l'Eglise ; enfin la guerre contre le roi d'Espagne ne fut-elle pas entreprise par une profonde jalousie ? On veut être catholique, mais on ne veut pas vivre en catholique, on appuiera même au besoin les ennemis de la foi par les armes, par de mauvais conseils et par l'argent, sans aucun motif qui puisse légitimer de telles alliances autre que l'intérêt. Combien d'autres guerres injustes ont été entreprises ! Combien d'homicides dont on s'est rendu coupable dans tant de révolutions ! O pécheurs que nous sommes, quand finirons-nous par reconnaître nos crimes ? C'est pourquoi le prophète ajoute : Et ils ne firent point pénitence de leurs homicides.
 
Le quatrième péché, c'est l'homicide particulier. Combien d'assassinats en effet n'avons-nous pas à déplorer ? Combien de femmes enceintes qui détruisent leurs fruits ? Combien de mères, ô horreur de la nature ! qui sont assez cruelles pour verser leur propre sang, le sang de l'innocent ? Que d'empoisonnements cachés ou connus dans la société et dans les familles ! C'est ce que le texte indique expressément : ils ne firent point pénitence... de leurs empoisonnements.
 
Le cinquième péché est celui de la chair exprimé en ces termes : Et ils ne firent point pénitence... de leurs impudicités. Ici le prophète indique l'espèce pour le genre ; mais sa parole renferme tous les péchés de luxure en général dont le monde est tellement souillé, qu'on peut bien lui appliquer ces paroles que l'Écriture adresse aux hommes qui vivaient avant le déluge : «Toute chair avait corrompu ses voies». Ah ! ce ne sont pas des paroles, mais des larmes qu'il nous faut ici !
 
Le sixième péché, c'est l'injustice qui règne partout, et que le prophète indique par ces mots : Et ils ne firent point pénitence... de leurs larcins. Ici encore il cite l'espèce pour le genre, comme on en a beaucoup d'exemples chez les prophètes.
 
Par les larcins, il entend donc l'injustice en général dans laquelle sont renfermées toutes les espèces de vols, de quelque nature qu'ils soient. Or, qui n'a pas à se plaindre des injustices qui lui ont été faites en ce genre, ou du moins qui est-ce qui n'en a pas été menacé ? Mais aussi en est-il beaucoup de ces ravisseurs du bien d'autrui qui reconnaissent enfin leurs torts, et qui réparent leurs injustices ? Ne cherchent-ils pas au contraire, à augmenter encore leur fortune par tous les moyens justes ou injustes, peu leur importe, inspirés qu'ils sont par leur avarice insatiable ?
 
Le septième péché de cet âge, qu'on doit considérer comme le complément de notre perdition, c'est l'impénitence finale exprimée si clairement par le prophète : Et les autres hommes... ne se repentirent point des oeuvres de leurs mains. Et plus bas : Ils ne firent point pénitence de leurs homicides, etc. Telle est la dernière sentence portée par saint Jean, l'archichancelier des redoutables conseils de Dieu !
 
 
O prêtres et laïques de toute l'Europe et surtout de l'Allemagne, ouvrons enfin les yeux pour voir le terrible danger qui nous menace ! Dieu a jeté un regard de colère sur l'Eglise Sa fille ; et depuis plus de cent ans, la guerre, la peste, la famine, les dissensions, les hérésies, les schismes, les révolutions, les maladies de tous genres nous affligent et nous accablent ! Et nous ne faisons point pénitence pour tout cela, nous persévérons dans la recherche criminelle des plaisirs de la chair ; nous sommes encore haletants de la soif des biens périssables et enflés de l'orgueil de la vie. Les yeux de nos âmes sont obscurcis par nos passions, et ne peuvent voir l'abîme dans lequel nous nous précipitons. Ah, éveillons-nous enfin de notre sommeil de mort ! Pour l'amour de Jésus-Christ qui nous a aimés jusqu'au sacrifice du Calvaire ; pour l'amour de nos âmes et pour l'amour de ceux qui viendront après nous, faisons tous ensemble un effort de salut, de peur que le Seigneur ne nous laisse enfin tomber dans les profondeurs de l'abîme sur lequel nous sommes suspendus, de peur aussi que l'horrible bête ne dévore cette belle Europe, et qu'il n'y ait plus personne qui puisse nous sauver.
 
 
Ainsi soit-il.

soit-il.

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17/11/2009

PROPHETIES MARIAM DE BETHLEEM

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MARIE DE JÉSUS CRUCIFIE

(1846/1878)

 

 

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Marie BAOUARDY est béatifiée en 1983 sous le nom bienheureuse Marie de Jésus Crucifié.

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Très tôt le Seigneur marque de son sceau le cœur de Mariam. Un jour , elle veut laver deux petits oiseaux, qui en meurent ! Profondément désolée, elle entend cette parole intérieure : «c’est ainsi que tout passe ; si tu veux me donner ton cœur, je te resterai toujours»
Deux ans après la naissance de Mariam, voici celle d’un petit frère Boulos (Paul), qui vient réjouir la famille.
Mais elle a tout juste trois ans quand soudain son père et sa mère meurent à quelques jours d’intervalle. Selon l’usage oriental, Boulos est alors recueilli par sa tante , tandis que Mariam est confiée à son oncle paternel.
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EN ÉGYPTE
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Quelques années plus tard, cet oncle part pour l’Égypte, et se fixe dans les environs d’Alexandrie. A l’âge de 13 ans , Mariam refuse un mariage , arrangé à son insu selon la coutume orientale, pour se donner totalement au Christ. La fureur de son oncle éclate en mauvais traitements et vexations de toutes sortes. Au bout de trois mois de cette situation, Mariam songe à son frère qu’elle voudrait revoir, et lui écrit. Elle porte la lettre à un musulman, ancien domestique de la famille de son oncle, en partance pour Nazareth. Invitée à table, elle expose sa situation malheureuse.
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MARTYRE A 13 ANS
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Le domestique lui suggère alors de passer à l’Islam. De nouveau , Mariam refuse énergiquement, en confessant sa foi chrétienne. Il la jette alors à terre et, dans son cimetière, lui tranche la gorge (elle en gardera toute sa vie une cicatrice impressionnante ). Puis ,la croyant morte, il l’enveloppe d’un grand voile et l’abandonne dans une rue déserte. C’était le soir du 8 septembre 1859.
Mariam «se réveille» dans une grotte avec à ses côtés une «religieuse en bleu», qu’elle saura plus tard être la Vierge Marie. Celle-ci a recousu la blessure, la soigne et l’enseigne avec une science et un amour hors du commun. Puis, lorsque Mariam est suffisamment rétablie, elle la quitte dans une église d’Alexandrie pendant que Mariam s’y confesse.
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SUR LES ROUTES
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A 13 ans commence alors pour la jeune Mariam une vie d’errance de ville en ville puis de pays en pays. Elle cherche sans y parvenir à rejoindre son frère et travaille comme domestique, d’abord à Alexandrie, Jérusalem, puis à Beyrouth, et enfin à Marseille. Chaque fois que l’estime des familles chez qui elle travaille devient trop grande (à Beyrouth deux miracles lui sont attribués) elle part plus loin.
En service à Marseille depuis deux ans ,elle a le bonheur d’être admise en mai 1865 chez les Sœurs de Saint Joseph de l’Apparition.
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DONS MYSTIQUES EXTRAORDINAIRES
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Toute la vie de Mariam a été remplie d’extraordinaires dons mystiques, parfois surprenants. Visions, extases (elle converse couramment avec les saints du ciel), prophéties, guérisons , lévitations, stigmates, possessions diaboliques ou angéliques, etc… Son humilité profonde (elle s’appelait couramment «le petit») et son abandon total entre les mains du Seigneur lui ont permis de tout vivre avec un parfait équilibre humain et spirituel. Son amour unique est plein de fraîcheur. Elle est aussi pour nous le témoin de cet « univers invisible » que notre foi professe et dont nous vivrons éternellement, par delà la mort.
Mais, toujours, elle ramènera à la Foi et à l’Évangile comme seuls fondements solides.

Peu après son entrée chez les Sœurs de St Joseph, l’apparition des stigmates gêne ses supérieurs qui préfèrent l’orienter vers une forme de vie plus contemplative et plus cachée.
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AU CARMEL
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En juin 1867, elle rentre au Carmel de Pau comme «sœur converse», c’est à dire plus particulièrement chargée des tâches matérielles. Elle y prend le nom de Sœur Marie de Jésus Crucifié. Elle a 21 ans, mais on ne lui en donne pas plus de douze :

«sa petite taille, sa figure candide, sa difficulté à s’exprimer en notre langue, sa profonde ignorance de toutes choses, car elle ne savait même pas lire, ni en arabe ni en français ; tout cela réuni en faisait un vrai type de l’enfance ; aussi pouvions-nous guère la désigner entre nous que sous le nom de la petite sœur»

disait une de ses sœurs.
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Au bout de trois ans, elle part avec cinq autres religieuses fonder un Carmel à Mangalore, en Inde. Elle y fait profession religieuse, après un noviciat qui a été plus long qu’à l’ordinaire à cause de ses stigmates. Mais une persécution éclate contre elle, toujours à cause de ses dons extraordinaires, mal interprétés par certains de ses supérieurs. Elle a beaucoup à en souffrir : on lui dit que sa profession est invalide, qu’elle est menée par le démon … ; elle doit finalement rentrer en France.
Ce deuxième séjour de trois ans au Carmel de Pau est marquée par de multiples grâces de joie. Sœur Mariam retrouve le monastère qu’elle appelle sa « maison paternelle ». Son renom de sainteté commençait alors à rayonner sur tout le diocèse : des prêtres, des évêques, des savants ou des voisins paysans venaient la consulter. Pour tous, elle avait une parole, un conseil très simple à donner.
En août 1875, elle part à nouveau, pour la fondation du Carmel de Bethléem. Connaissant l’arabe, elle sera l’apôtre du chantier de Bethléem, après avoir été l’inspiratrice des plans. Elle y meurt des suites d’un accident en allant porter à boire aux ouvriers qui y travaillent.

Sa vie remplie d’extraordinaires grâces mystiques ne souligne qu’une chose : la fraîcheur et la simplicité de ces petits de l’Évangile en qui Dieu trouve sa joie car il peut y déployer son Amour en plénitude. Les paraboles et les cantiques qui jaillissent spontanément de son cœur ont la saveur de l’Orient et sont tout pétris de cette terre où a vécu Jésus de Nazareth.

C’est là où elle fit la majeure partie de ses prédictions.

Elle était stigmatisée et favorisée de révélations de la Sainte Vierge et de Notre Seigneur. Elle mourut au Carmel de Bethléem, le 26 août 1878.
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PROPHÉTIES
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«Le Souverain Pontife actuel (Pie IX) est un saint».

Après lui, il en viendra un comme aucun autre. Il aura beaucoup à souffrir entre les mains de ses ennemis (Léon XIII).

Le troisième Saint Père sera le séraphique (Pie X).

Le quatrième… hélas ! hélas ! il n’y aura pas de croix semblable à la sienne. Mais le triomphe de l’Eglise commencera dès le règne de ce pontife…

Elle prédit encore de nombreux évènements, la convocation du concile de Vatican, la définition de l’infaillibilité, la guerre de 1870-1871, et la prise de Rome par les piémontais

 
Elle révélait que la France devra subir «beaucoup d'humiliations, plus encore qu'elle n'en a jamais eu» mais, ajoutait-elle, «après, le Seigneur triomphera et sera à la tête du royaume».
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A plusieurs reprises, depuis 1873, elle annonça une guerre qui ferait
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«des fleuves de sang». On lui demanda dans une exase de mai 1873 : Quand finira cette guerre ?”»

Après un temps de silence, elle transmettait la terrible réponse :

«Ah ! Elle sera longue, parce qu'il faut que tout le monde en passe, petits et grands, nous sommes tous corrompus !»
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Et cette extase particulièrement douloureuse, semblait lui mettre sous les yeux, les efforts de dex armées immenses s'acharnant l'une contre l'autre.
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Elle voyait parfois deux citernes, l'une déjà remplie de sang, l'autre encore vide, mais si grande que les ¾ des hommes ne paraissait pas pouvoir la remplir, et la voix lui disait :

«Vous voyez bien, il faut que cette citerne soit remplie pour calmer la justice de Dieu».
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Le 13 Mai 1874, une voix lui dit :
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«Je vous avertis comme je vous avertis deux mois avant les guerres qui arrivèrent en France (1870). Mais ce que je vous annonce sera dix fois plus terrible que ce qui est alors arrivé à la France»
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Soeur Marie de Jésus Crucifié, nous dit le R.P. BUZY, revient encore sur cet angoissant sujet le 14 août 1874 :
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«Ce sera un massacre terrible. On marchera dans le sang jusqu'aux genoux. Je pense que dans cette grande guerre qui va venir, on prendra tous les prêtres pour combattre.... Je ne sais si c'est de cette manière que les prêtres périront, car il doit en rester très peu après l'épreuve, et il me semble qu'on les mettra devant, au plus grand danger».
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Nous lisons dans les notes du premier vendredi de mars 1874 :
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«Sœur Marie de Jésus Crucifié» a compris que la France serait la reine des royaumes et triompherait sur plusieurs, en particulier, si nous avons bien compris, de la Prusse et de l'Allemagne, mais quand elle se sera assez humiliée».
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Le 4 juillet 1875, elle rendait compte de son extase de la veille. Elle avait entendu un personnage inconnu lui dire :
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«Consolez-vous, viendra un temps à venir -c'est loin d'ici- où la France deviendra reine. Mais avant, il faut qu'elle subisse beaucoup d'humiliations, plus encore qu'elle n'en a jamais eu. Après, le Seigneur triomphera et sera à la tête du royaume [….] Elle gouvernera la Syrie».
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Et le lendemain 5 juillet, elle disait toute joyeuse, en extase
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«Oh ! Ce qui réjouit mon cœur, c'est que la Syrie appartiendra à la France».
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Le R.P. BUZY conclut : -Pour terminer cette liste déjà longue de prophéties, rappelons ce qu'elle prononça, dans une ravissante extase, le 25 mai 1876 :
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«Le Seigneur m'a fait beaucoup de promesses : mon âme est contente, mon coeur fond. On ne sait que faire pour le contenter... Le Seigneur m'a promis : il ne (nous) arrivera rien à nous...».
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Puis, comme si une autre voix parlait par sa bouche :
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«Où sera ton corps, tout sera gardé : la maison-mère [le carmel de Bethléem par allusion au carmel de Nazareth en projet de construction] sera gardée».
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Le 31 août 1876, rendant compte de extases des jours précédents :
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«Je vis des nuages, des tempêtes, des pluies de toutes choses, tomber sur la terre, et rien n'arrivait à cette maison»
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Ces prédictions, constate l R.P BUZY, ont été pleinement réalisées au cours de la dernière guerre (celle de 1914/1918). Tandis que tous les couvents de Bethléem, sans exception, on été occupés et pillés par l'ennemi, seul le Carmel de cette ville a été respecté et il est toujours resté aux mains de quelques carmélites qui n'avaient pas été expulsées. La divine Providence, par de visibles interventions, a toujours fait échouer les projets d'occupation étrangère. Ce fut pendant quatre ans, on peut le dire, un miracle continuel de préservation, d'autant plus étonnant, que la résidence toute voisine des prêtres du Sacré-cœur fut horriblement saccagée, et servit durant toute la guerre, de maison d'étape aux régiments turcs, autrichiens et allemands...
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Elle disait en 1878 au père Prosper CHIRON, aumônier du Carmel :
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«Il y aura un mauvais gouvernement en France. Les religieux seront chassés. Il faudra faire des lieues pour se confesser. Les allemands reviendront en France, mais ils seront écrasés. On sera forcé de dire -Le doigt de Dieu est là-, et la France deviendra plus brillante que jamais».
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«Le Seigneur a dit : c'est le siècle ou le serpent a pris des ailes, c'est pourquoi je vais purger la terre ! Qui pourra donc être sauvé ? C'est celui qui demande l'humilité et la pratique».
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Elle aimait la France avec la tendresse et la ferveur d'une Syrienne et d'un palestinienne. On est surpris de la place que la France tenait dans ses préoccupations et le termes enflammés avec lesquels elle en parlait dans ses extases. La France dans ses visions était le Rosier, comme la Sainte Église était l'Olivier.
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Le 26 mai de cette année 1873, elle avait vu la France comme un champ arrosé par la pluie, éclairé et chauffé par le soleil ; mais la terre était couverte de mauvaises herbes, parmi lesquelles, pourtant, il y en avait quelques unes de bonnes.
«J'ai dit à Jésus : Seigneur, pourquoi laissez-vous ces mauvaises herbes ?»
«Je les laisse, m'a répondu le divin Maître, parce que les hommes sont encore trop faibles, elles ont leurs racines liées avec les mauvaises. Si j'arrache les mauvaises, les bonne seront endommagées et elles se flétriront. Quand les bonnes seront plus fortes, j'arracherai tout ce qu'il y a de mauvais. Maintenant, c'est la paix bâtie sur le sable ; plus tard, j'établierai la paix sur le rocher ferme et rien ne pourra l'ébranler. La France est le centre de mon cœur».

.B

«La puissance de l’ennemi ne durera pas toujours. L’église revivra et fleurira éternellement.
Le rosier, disait-elle, était malade, il n'était point mort ; le jardinier s'apprêtait à l'émonder vigoureusement pour lui communiquer une vie nouvelle, et elle voyait déjà le rosier s'épanouir en une multitude innombrable de belles roses parfumées».
«Hier, je me sentais devant Dieu, et je priais pour notre Mère la Sainte Eglise et pour la France. Voici ce que j'ai vu et entendu :

«Oui, je ferai mes délices dans le sein de la France ; elle sera encore la reine de tous les royaumes. Mais avant, il faut que la France soit tout-à-fait rien pour que je sois à la tête des armées, afin que toutes les nations disent entre elle, de génération en génération :

- Vraiment, c'est le Très Haut qui est à la tête de la France. Toutes les Nations le crieront d'une même bouche, d'une même voix, sur le même ton, même les impies».
(16 février 1874)
K
Le R.P. BUZY rapporte que lorsque les carmélites de Bethléem parlaient en récréation de leur chère et lointaine Frnce, le regard de la petite soeur s'illuminait et elle s'écriait :
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«Oui, oui, bientôt la France triomphera ; bientôt, elle sera la reine des royaumes. Elle a fait trop de bien dans les Missions pour que Dieu l'abandonne».
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Dans une extase du 16 juillet 1876 :
...
«Oh cher Rosier, tu fais la joie de mon cœur ! On y batira un grand salon pour le Maître ; et le Seigneur dit : Je viendrai y habiter avec ma lumière, avec le soleil en plein jour ; mais avant, on brûlera les épines. Oh, qu'il sera beau, le Rosier !»
«On sème sur la terre du Rosier beaucoup d'épines parce qu'il y a beaucoup de petits vers qui mangent le suc des bonnes plantes».
Et le Seigneur a dit :
«s'il y a des bonnes plantes, mettez-les dans un trou et cachez-les. Plantez des arbres épineux ; comme il y a beaucoup de moucherons, ils viendront se poser sur ces épines. Alors on y mettra le feu, et les voilà tous brûlés.....».
«Et le cher petit Rosier qui semblait sur le point de mourir ! Attendez encore un peu, et vous verrez comme il sera beau ! Mais ce sera long : il faut encore un peu de temps....».
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1920/1943 (protectorat français)
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Cette allusion au protectorat (1920/1943) montre que les prophéties de Soeur Marie de Jésus Crucifié ne se sont pas encore complètement réalisées :
«La France gouvernera la Syrie...»
a-t-elle annoncé le 4 juillet 1875. La sainte religieuse ajoutait le lendemain 5 juillet
«Oh ! Ce qui réjouit mon cœur, c'est que la Syrie APPARTIENDRA A LA FRANCE...».
Si la Syrie a été sous «mandat français», on ne peut pas affirmer cependant qu'elle a “appartenu» à notre pays qui a tenu ce mandat de la Société des Nations.

D'ailleurs, d'après Soeur Marie de Jésus Crucifié, cet évènement ne doit avoir lieu qu'à l'époque où «la France deviendra reine» (hélas, nous n'en sommes pas là !) et doit être précédé d'une persécution religieuse. Sans doute le R.P. BAZY pense que cette persécution s'et déjà produite au début du siècle

«Il y aura un mauvais gouvernement en France. Les religieux seront chassés....»
En effet, nous avons vu cela sous les ministères Waldeck-Rousseau et Combes. Mais Soeur Marie de Jésus Crucifié pécisait
«.....Il faudra faire des lieues pour se confesser....».
Or, aux pires moments de 1905, si les religieux étaient chassés, il restait les prêtres du clergé séculier dans les villes et les campagnes. On n'était pas obligé de faire des lieues pour se confesser.
Il en sera tout autrement quand, selon de vieilles prophéties, «Les églises seront fermées». Ce n'est qu'après la tourmente, annoncée par toutes les prophéties, que triompheront l’Église et notre pays. C'est alors, probablement, que la Syrie appartiendra à la France.
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«Elle fut le témoin des guerres épouvantables qui bouleversaient tous les Etats ; et elle disait que lorsque ces guerres seraient terminées, les guerres civiles, les guerres de nation à nation, et après les trois jours de ténèbres sans doute, ténèbres pestilentielles durant lesquelles, les hommes adonnés au vice mourront, de sorte qu'il ne restera debout que le quart des hommes, les autres ayant péri dans la lutte.

A cette époque le nombre des prêtres sera fort réduit, car ils seront morts pour la foi ou pour la défense de leur pays.

La cause des terribles désastres qui vont fondre sur la France, la voici : on commettra des péchés et des outrages envers le Saint Sacrement, et l’Incarnation sera considérée comme une fable.

La Sainte Vierge dit que les temps vont changer ; vous verrez des choses que vous n'avez pas encore vues ; des religieuses quitteront leur couvent ; des prêtres apostasieront».
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DES PAROLES
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LA SOUFFRANCE
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La vierge me dit, en me montant Marie :
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«Vous aimez bien cette bonne et tendre Mère, n'est-ce pas ? Vous ête témoin de la gloire qui l'environne, quoique vous ne la voyiez pas telle que vous la verriez, si vous étiez ici pour toujours. Dites moi, la gloire du ciel vaut-elle la peine que l'on fasse des efforts pour la mériter ? Et, je vous le répète, ce ne sont pas les grandes choses qui font mériter le ciel. L'âme ne doit pas dire : -Je voudrais souffrir ; je désirerais telle croix, telle privation, telle humiliation-, parce que la volonté propre gâte tout. Il vaut mieux avoir moins de privations, moins de souffrances, moins d'humiliations par la volonté de Dieu, qu'un très grand nombre par sa propre volonté. L'essentiel est d'accepter, avec amour et avec une entière conformité à sa volonté, tout ce qu'il plaira au Seigneur de nous envoyer.
Il y a, dans l'enfer, des âmes qui demandaient à Dieu des Croix, des humiliations. Dieu les a exaucées, mais elles n'ont pas su profiter de ces grâces : l'orgueil les a perdues.
Sans rien demander, acceptez avec reconnaissance tout ce que le Bon Dieu vous enverra».
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«Que d'illusions encore, quand Dieu envoie la maladie ! Au lieu d'en profiter, on se dit : -Ah ! Si j'étais en santé, je ferais telle chose, telle oeuvre pour Dieu, pour mon âme- Si on demande la guérison, que ce soit toujours d'une manière conditionnelle : -Mon Dieu, si c'est votre volonté ; si l'intérêt de votre gloire l'exige ; si le bien de mon âme le demande-».
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«Je désirerais, ajouta la Vierge, descendre avec vous dans ce bas monde pour souffrir, pour être plus conforme en toute chose à la volonté de Dieu, pour lui procurer une plus grande gloire, pour me rendre digne d'approcher de plus près cette beauté souveraine.»
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LE JUSTE ET L'INGRAT
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«Un jeune homme m'a montré l'homme juste et l'homme ingrat. L'âme de l'homme juste est très belle, mais son corps souffre toujours. Il travaille dans la peine et l'angoisse ; il a toutes sortes de maux, de persécutions à supporter ; et au milieu de tout cela, il ne pense pas à lui, il en pense qu'à Dieu qui vit en lui. Tout ce qu'il fait, il le fait pour Dieu et non pour lui ; il s'oublie entièrement. Il oublie son corps, sa santé, son bien-être, pour en penser qu'à Dieu. La fin de sa vie arrive ; il meurt et il est porté en Dieu ; et quand il est en Dieu, il ne semble plus un homme mais Dieu. Et alors sa chair, qu'il a maltraitée, lui rend hommage et le remercie de l'avoir traitée de la sorte. Ses cheveux, ses os, ses yeux, ses oreilles, ses pieds, ses mains sont fiers de lui appartenir, d'avoir été à son service, et ils viennent lui rendre hommage et le remercient de les avoir traités comme il l'a fait. Toutes ces louanges cependant, quoique adressées à l'homme, reviennent à Dieu. La terre se félicite de l'avoir porté, d'avoir été foulée par lui lorsqu'il marchait ; les animaux s'estiment heureux d'avoir été immolés pour lui et d'être devenus sa chair. Les arbres se réjouissent d'avoir porté des fruits pour se mêler à sa chair ; les maisons de l'avoir abrité ; le soleil, la lune et les étoiles, de l'avoir éclairé. Les nuages, la pluie, les sources, la mer, les poissons rendent hommage à cet homme et ils sont heureux de l'avoir servi.
L'homme ingrat, pendant sa vie, pense à bien traiter son cops, en lui accordant tout ce qui est bon, doux, délicat. Et au milieu de tout cela, cet homme ne pense pas à Dieu, il ne pense qu'à lui, aux satisfactions, aux grandeurs, aux richesses, aux jouissances. S'il pouvait être roi du ciel et de la terre, s'il pouvait détrôner Dieu pour se faire Dieu lui-même, il le ferait. Il ne pense pas qu'il tient tout de Dieu, que c'est Dieu qui lui a tout donné. Et cet homme qui semble vouloir absorber le monde entier, voit sa fin arriver. Et il meurt. Et il m'a semblé que ses cheveux le détestent et que ses yeux, ses oreilles, ses pieds, ses mains, ses ongles, tout son corps le détestent, et qu'ils sont honteux et furieux de l'avoir servi, de lui avoir appartenu ; s'ils pouvaient maudire le temps où ils ont été à lui, ils le feraient. La terre est honteuse et furieuse d'avoir été foulée par lui, et elle le maudit. Les arbres sont furieux contre lui et ils frémissent de rage d'avoir porté des fruits pour se convertir en sa chair. Les bêtes, le soleil, la lune, les étoiles, les fontaines, la mer, les poissons sont furieux d'aoir été à son service et ils le maudissent de concert. Et toutes ces malédictions suivent celles de Dieu, car Dieu maudit l'ingrat, et c'est parce que Dieu le maudit que toute la création le maudit à son tour. C'est pour la même raison que la bénédiction de Dieu sur le juste lui attire les bénédictions de toutes les créatures.
Et le jeune homme m'a dit :
«Tu as vu, tu as enendu : mets-toi du côté du juste. Et il a disparu».
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LE PROCHAIN
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«Il y a des saints sur la terre qui, par suite de la fragilité humaine, tombent dans quelques faute, parfois même grave. Le démon met alors tout en oeuvre pour intimider l'âme coupable, afin de l'empêcher d'accuser son péché.
Il lui dit : -Le prêtre te croit bonne, sainte ; comment oserais-tu lui avouer cette faute ? Quoi ! Confesser ce péché à un homme ? Non, tu ne le feras pas-. L'âme trompée cache son péché ; elle continue à recevoir les sacrements ; un péché en attire un autre ; le démon finit par l'aveugler, et elle tombe dans l'enfer.”
La Vierge a beaucoup insisté sur cette vérité que, dans la confession, ce n'est pas à un homme qu'on s'adresse, mais à Dieu lui-même».
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«Que l'âme aime beaucoup Dieu, ce Père céleste, tendre et compatissant ; qu'elle aime le prochain plus qu'elle même ; qu'elle aime les pauvres. Si elle n'a qu'un morceau de pain, qu'elle le partage avec eux, et la miséricordieuse bonté de Dieu la pourvoira de tout pour le lendemain et elle ne la laissera jamais manquer du nécessaire. Que Dieu seul lui soit tout en toute chose ; que cette âme n'ait d'autre ambition que de lui plaire et d'accomplir sa sainte volonté. Oh ! Qu'une âme semblable serait agréable à sa divine Majesté ! Elle pourrait seule convertir des millions d'autres âmes.
Que l'âme qui aime ainsi Dieu et son prochain ait, en toute circonstance, une grande, une inébranlable confiance.
Comme tous les hommes qui vivent sur la terre sont faibles, Dieu permettra que cette âme fasse des fautes pour la maintenir dans l'humilité.
Qu'elle ne se décourage pas, qu'elle se repente, qu'elle confesse ses fautes au prêtre, et Dieu le lui pardonnera. Oh oui ! Qu'elle ait confiance, quels que soient ses péchés ; qu'elle les confesse tous, et tous lui seront remis».
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LE PARADIS
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«Rappelez-vous bien ces paroles que Notre Seigneur vous dit, et que ses disciples ne les oublient jamais :
- Venez à moi, Venez à moi, vous tous qui vous êtes oubliés sur la terre pour votre Dieu : moi, je ne vous ai pas oubliés ; venez, entrez pour toujours dans la joie de votre Maître.
«Je vis ensuite comme une procession formée par les prêtres, par les vierges, par les bonnes religieuses. Mêlés ensemble, ils marchaient tout brillants de gloire à côté du divin Sauveur : de chaque côté, se tenait une multitude d'anges. Une foule d'enfants innocents, semblables aux anges, de jeunes vierges, toutes les âmes pures suivaient la procession en chantant. En même temps, je vis les autres élus plongés dans le ravissement, dans l'adoration. Ici, les paroles me manquent pour dire ce que j'ai vu.. Sur un trône élevé, que ma faiblesse n'a pu qu'entrevoir à cause de l'éclat de la lumière qui m'éblouissait, j'ai vu beaucoup d'autres choses que je ne puis ni comprendre ni exprimer».
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«Marie, me dit la vierge qui m'accompagnait, cette fête est toujours nouvelle, et elle durera éternellement. Vous y participerez un jour, mais pas encore : votre livre n'est pas achevé. Profitez bien de la vie ; elle n'est que d'un instant, tandis que celle-ci durera éternellement.
Surtout dans les épreuves et dans les souffrances, ne perdez jamais confiance ; jetez-vous en aveugle dans les bras de Dieu, afin que vous soyez plus près de lui, au ciel».
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LA TERRE
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«La vierge me montra ensuite la terre comme dans un souterrain ; elle m'apparaissait.....dirai-je comme une pièce de cinq francs ou comme une pomme ? Je ne sais pas l'exprimer.
Ce que je sais, c'est que l'univers tout entier était renfermé dans ce petit rond.
Oh ! Que les hommes s'égarent ! S'ils songeaient qu'ils ne sont que des voyageurs sur cette terre, et que, à chaque instant, ils peuvent être cités au tribunal de Dieu !»
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LA TENTATION
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«Dieu ne permet la tentation que pour nous faire grandir ; courons d'autant plus vers Dieu que nous sommes plus éprouvés. La tentation est l'eau qui nous lave ; la tentation plus forte est comme l'eau chaude qui nous nettoie mieux».
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LE PURGATOIRE
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«Il faut, me dit la vierge, que vous voyiez à présent le purgatoire. Nous y entrons. C'est un lieu tout couvert de verdure, très spacieux, plus long que large. Combien d'âmes qui s'y trouvent ! Elles sont rapprochées les unes des autres. Leurs peines diffèrent beaucoup. Les unes souffrent plus que si elles enduraient les plus cruels supplices. Les souffrances d'autres âmes ressemblent à celles d'une maladie sur la terre. On ne voit pas de feu à l'extérieur ; chaque âme porte son feu avec elle. Il n'y a pas de démons, ni rien au dehors qui jette l'alarme».
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«La vierge me dit que la Mère de Dieu descendait tous les samedis au purgatoire avec une escorte d'anges, qu'elle faisait délivrer beaucoup d'âmes par ces esprits bienheureux, et que ces âmes délivrées, suivaient joyeuses cette douce Reine, comme de petits agneaux».
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«J'ai vu dans le purgatoire un grand nombre de prêtres, d'évêques, de religieuses. Celle-ci, me disait la vierge, est au purgatoire, et pour longtemps, parce qu'elle prenait sans permission du fruit au jardin, et qu'elle acceptait également sans permission de petites choses de ses élèves. Il y en avait d'autres qui étaient détenues pour n'avoir pas assez profité des immenses grâces de l'état religieux ; d'autres pour un défaut de confiance en Dieu».
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L'ENFER
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«Venez voir maintenant l'enfer, sans entrer»me dit la vierge.
En le voyant, le purgatoire me parut être un paradis. Les âmes du purgatoire sont soumises à la volonté divine ; elles sont heureuses de se purifier par le feu, pour être dignes de la vision béatifique.
Dans l'enfer, au contraire, on entend que cris épouvantables, imprécations, blasphèmes.
Les démons paraissaient consternés à la vue de la vierge qui me conduisait ; car Satan est forcé de se tenir sans mouvement comme un vil esclave, en présence d'une âme toute à Dieu.
Il en est de même, quand il voit une âme monter au ciel ; il entre dans des accès de rage : -Eh quoi ! Se dit-il à lui-même, tu étais un ange, et une créature humaine s'élève au-dessus de toi !-.
«Je compris que le démon est semblable au vent. Quand le vent soufle, on ferme tout ; on bouche les trous, les fentes, pour se préserver. L'âme devrait prendre les mêmes précautions contre Satan ; elle devrait tout fermer chez elle, pour ne laisser aucun accès à cet esprit malin».
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«Ce qui me frappa tout d'abord dans l'enfer, ce fut la vue des âmes qui s'étaient perdues par le vice impur. Elles étaient enveloppées de flammes qui prenaient la forme de l'idole qu'elles avaient aimées avec dérèglement sur la terre. Les avares étaient aussi couverts de flammes imitant la forme de l'or et de l'argent. Dans chaque damné, la flamme qui l'entourait se montrait sous la figure de l'objet, cause de sa damnation. J'ai vu dans l'enfer des âmes de toutes les classes, de tous les rangs».”
«Je n'ai fait que balbutier, je le sens, en disant ce que j'ai dit».
«Marie avait raison ; pour parler des réalités surnaturelles, il faudrait la langue du ciel».
«Ce n'est pas Jésus qui condamnera le pécheur quand il paraitra devant lui, c'est l'âme elle-même.

Le soleil, la lune, les étoiles, l'air, tout ce qu'il a foulé se tournera contre lui ; et quand il verra Dieu, sa bonté, son amour, il ne pourra le supporter et il se précipitera lui-même dans l'abime.

Mais Dieu présente à l'âme fidèle, quand elle parait devant lui, son amour, sa bonté, sa miséricorde et elle en est toute confuse, et elle se perd comme une goutte d'eau dans le sein de Dieu».
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«LE RÊVE D'EZEQUIEL»
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«J'ai vu un canal qui semblait n'avoir ni commencement ni fin. Et j'ai dit : il faut que je sache d'où vient ce canal. Et le jeune homme m'a dit :
«Tu pourras voir d'où il vient, mais tu ne verras pas où il commence».
Et j'ai dit :
«c'est égal je voudrais bien marcher le long de ce canal».
Et il m'a semblé qu'en approchant de ce canal, ceux qui ont soif sont rafraichis, désaltérés ; les aveugles voient ; les muets parlent ; les sourds entendent, les boiteux marchent, les morts ressuscitent. Et l'eau de ce canal coule en silence : et sur ses bords, il y a toute espèce de roses, de fleurs d'un parfum et d'une couleur que je n'ai jamais rencontrés sur la terre ; on y voit aussi de la verdure et des arbres. Certains arbres n'ont que des feuilles, d'autres n'ont que des fleurs, il y en a qui commencent à porter des fruits, il y en a d'autres dont les fruits sont murs. Tout ce qui boit à ce canal et tout ce que ce canal arrose est beau, magnifique. Et à mesure que j'avançais le long du canal, je voyais des choses de plus en plus belles. Et je montais toujours, et toujours je voyais de nouvelles choses, des fleurs nouvelles, des arbres nouveaux.

«Et de loin, j'ai aperçu une montagne plus belle que tout l'univers il m'a semblé qu'elle sortait du ciel ; et le pied de cette montagne, ainsi que ses flancs, était parsemé des fleurs les plus belles. Et j'ai vu que le canal sortait des entrailles de cette montagne. Et je voulais connaitre la source de ce canal qui sortait de la montagne, et j'ai passé sur le flanc de la montagne et je suis parvenue à la cime. Et derrière la montagne, je vois une mer sans commencement et sans fin. Et cette mer est tellement pleine qu'elle cherche à déborder, et elle n'a pas d'autre issue que la montagne. Je suis entrée dans la mer et j'ai trouvé de l'agitation dans l'eau qui cherchait à sortir ; et, en même temps, il y avait dans la mer un calme parfait, un silence profond ; on n'entendait pas le moindre bruit. Et j'ai aperçu au bord de la mer, des arbres fruitiers de toute espèce ; ils semblaient être au milieu de la mer, et ils étaient au bord rangés comme en étage. Les plus élevés paraissaient être au milieu de la mer et ils avaient des fruits magnifiques. Sur le bord de la mer, il y avait aussi de petites plantes fleuries. Et ces fleurs étaient de toutes les couleurs ; et elles étaient si belles, que leur vue aurait ravi un ange. Et j'ai entendu une musique, un chant doux, fort et bas en même temps ; c'était des éclats à faire bondir les montagnes, et, en même temps, ces éclats de voix étaient doux et bas. Et j'ai vu un agneau qui court dans la mer, qui nage dans cette mer, et qui, en nageant, cherche à agrandir le passage par lequel l'eau s'échappe, car il trouve que l'eau est trop abondante dans la mer.
Et je contemplais cette mer, ces fleurs, ces arbres et ces petites plantes fleuries ; et j'ai demandé au jeune homme qui m'accompagnait la signification de tout cela. Et il m'a dit :
«La mer, c'est Dieu. Les arbres qui ont des fruits si beaux représentent les âmes qui ont travaillé toute leur vie pour Dieu, pour le salut du prochain. Les fruits dont ils sont chargés figurent les âmes gagnées à Dieu par leur parole, par leur exemple, par leurs souffrances. Les arbres qui sont le plus avant dans la mer, dans le cœur de Dieu, figurent les âmes les plus humbles, les plus méprisées, les plus cachées qui ont toujours travaillé pour la gloire de Dieu.
Et j'ai vu un arbre qui n'avait que des fruits et pas une fleur ; et j'ai demandé ce qu'il représentait. Et le jeune homme m'a répondu :
il représente les âmes qui ont beaucoup pêché et qui, une fois revenues à Dieu, ont passé leur vie dans l'espérance, dans l'amour, dans la pratique de toutes les vertus, et qui ont gagné à Dieu beaucoup d'âmes. Elles n'ont pas la fleur de l'innocence conservée mais elles ont les fruits de leurs bonnes œuvres et de leurs vertus.
Et j'ai vu des arbres qui avaient beaucoup de fleurs, avec quelques rares fruits, et d'autres qui n'avaient que des fleurs sans aucun fruit. Et le jeune homme m'a dit que les premiers représentaient les âmes vierges qui avaient peu travaillé pour Dieu ; et les seconds, les âmes des petits enfants morts avec la fleur de la grâce baptismale, sans avoir eu le temps de porter des fruits. Les petites plantes fleuries du bord de la mer figurent aussi ces mêmes petits enfants».
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SYMBOLE DE LA MONTAGNE ET DU CANAL
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«La montagne, c'est Marie ; les eaux du canal sont les eaux de la grâce. C'est par Marie que Dieu donne la grâce et que l'homme revient à la grâce et entre au ciel. Et tout ce qui approche Marie a la vie de la grâce. La verdure, les fleurs et les arbres qui bordent le canal et qui sont d'autant plus beaux qu'ils approchent d'avantage du canal et de la montagne, sont les âmes qui naissent à la vie de la grâce, qui progressent et qui deviennent plus belles, à mesure qu'elles deviennent plus vertueuses».
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SYMBOLE DE LA GROTTE
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«J'ai vu un escalier et je l'ai gravi, et, au bout de l'escalier, j'ai vu une grotte dans laquelle il y avait trois cierges allumés. Et j'ai vu dans la grotte une porte ouverte. Et je suis entrée par cette porte. Et, en entrant, j'ai vu un prêtre qui célébrait la messe. Et la pensée m'est venue que je n'avais pas bien examiné les cierges de la grotte. Et j'y suis retournée et il me semble avoir vu un lettre d'or écrite sur chacun d'eux. Et la lettre écrite sur le premier cierge représentait la pauvreté ; et la lettre écrite sur le second cierge figurait la chasteté, et la lettre écrite sur le troisième cierge symbolisait l'obéissance ; les trois cierges étaient aussi la figure de la sainte Famille. Le cierge de la pauvreté représentait saint Joseph ; celui de la chasteté, Marie, et celui de l'obéissance, Jésus. Et il m'a été dit que le prêtre qui célébrait la messe représentait Jésus, par conséquent l'obéissance ; et les deux cierges allumés pendant la messe figuraient Marie et Joseph, c'est-à-dire la pauvreté et la chasteté qui doivent accompagner le prêtre à l'autel.
«Et j'ai vu les flammes des trois cierges de la grotte brûler entre le trône de Dieu et moi, et la flamme de la pauvreté produisait devant Dieu, au ciel, des richesses infinies ; et la flamme de la chasteté produisait une pureté et des joies immenses, infinies ; et la flamme de l'obéissance produisait une autorité infinie devant laquelle tout s'incline, à laquelle tout obéit. Et j'ai vu que, pour se tenir devant Dieu, il faut se tenir derrière les flammes de la pauvreté, de la chasteté et de l'obéissance qui se trouvent entre Dieu et nous».
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«Et j'ai vu qu'en se tenant derrière ces flammes, l'image de Jésus s'imprimait en nous ; et Dieu, qui ne peut plus regarder l'homme depuis sa prévarication qu'à travers Jésus, comme l'homme ne peut, de son côté, regarder Dieu qu'à travers le même Jésus, Dieu, dis-je, nous regarde, parce qu'il ne nous voit plus en nous-mêmes, mais à travers l'image de Jésus en nous».
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«Et il m'a dit que la grotte est la figure de l'Eglise, qui parait sans beauté et petite extérieurement, mais qui cache dans ses entrailles des trésors, des beautés et des grandeurs infinies. Il m'a dit que la pauvreté est son trésor, la chasteté, ses délices, et l'obéissance, sa puissance».
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L'EUCHARISTIE
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«Le samedi de la première semaine du carême, malgré ses vives souffrances, soeur Marie demanda et obtint d'être transportée au choeur, afin de pouvoir communier. Elle vit deux anges qui assistaient le prêtre à l'autel. Notre Seigneur lui apparut au-dessus du calice, sous la forme d'un enfant ravissant. De ses petites mains, il bénissait les soeurs. Tout à coup, elle le voit grandir jusqu'à la taille de l'homme parfait ; il s'offrait à son Père pour les âmes. Cette vision la rendait heureuse ; elle eut voulu toutefois comprendre comment Jésus était en même temps au ciel et partout où il y a des hosties consacrées :
«Que ce mystère ne t'étonne pas, lui dit le Seigneur, la lumière naturelle n'est-elle pas partout à la fois ? Et pourquoi l'auteur de la lumière ne pourrait-il pas être, par son sacrement, en plusieurs endroits à la foi ?»
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LA SAINTETÉ
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Jésus dit :
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«Regarde les fruits qui viennent sous la terre : ils croissent et personne ne jouit de leur vue. Regarde au contraire, un rosier exposé aux yeux de tous : il produit des boutons qui se changent en belles roses dont le parfum embaume tous ceux qui approchent ; ce parfum n'est pas pour le rosier, mais pour les autres ; le rosier n'a pour lui que le bois et l'épine. De même je choisis certaines âmes pour être glorifié en elles ; les dons extérieurs que je leur accorde ne sont pas pour elles, mais pour les autres ; ces âmes ne gardent que la souffrance qui est comme l'épine de la rose ; mais après qu'elles auront bien souffert, elles feront comme la rose qui s'ouvre, elles répandront ma bonne odeur et elles iront s'épanouir au ciel»
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«POSSÉDER» L'AMOUR
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«Comme on lui demandait ce qu'il fallait faire pour posséder l'Amour, elle se baissa, ramassa un grain de poussière, et, le tendant à son interlocuteur :

«
Il faut devenir petit comme cela».
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L’HUMILITÉ
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Elle parla ensuite de l'humilité :
«Aujourd'hui, la sainteté ce n'est pas la prière, ni les visions, ni les révélations, ni la science de bien parler, ni les cilices, ni les pénitences, c'est la règle toute crue et l'humilité».
Le Seigneur a dit :
«c'est le siècle où le serpent a pris des ailes, c'est pourquoi je vais purger la terre ! Qui pourra être sauvé ? C'est celui qui demande l’humilité et la pratique».
«L'humilité, c'est la paix ! ….Elle est reine, l'âme humble. Elle est toujours heureuse. Dans le combat, dans la souffrance, elle s'humilie, elle croit en mériter d'avantage, elle en demande encore plus, elle est toujours en paix.....
L'orgueil donne le trouble. Le coeur humble est le vase, le calice qui tient Dieu !»
Le Seigneur dit :
«Une âme humble, véritablement humble, fera plus de miracles que les anciens prophètes».
«Au ciel, les plus beaux arbres sont ceux qui ont le plus péché, mais ils se sont servis de leurs misères comme d'un fumier qui entoure le pied».
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«Jésus demeura quarante jours dans le désert sans boire ni manger : il jeûnait pour nous. Jésus avait faim et soif des âmes ; il pleurait ; et, pendant que ses larmes coulaient sur son visage, il disait :
«Pauvres pécheurs, point de ciel pour vous, si vous ne vous convertissez pas».
Jésus m'a montré dans le désert, de petits arbres chargés de fruits et il m'a dit :
«Vois ces petits arbres, vois comme l'odeur de leurs fruits embaume ce désert : ils sont l'image de l'âme humble et petite à ses yeux. Regarde au ontraire, ces arbres, ils n'ont que des fruits et l'odeur de leurs fruits est mauvaise aussi : ils sont la figure de l'âme orgueilleuse».
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Jésus m'a dit encore :
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«Vois ces deux personnes, l'une est estimée de tout le monde ; elle possède tous les dons de la nature ; elle est belle, riche. Elle se complait en elle-même ; elle recherche les plaisirs de la terre, mais son âme est laide devant Dieu. L'autre est pauvre, malade, méprisée ; mais son coeur est toujours avec moi, elle ne cherche qu'à me plaire, à faire ma volonté. Oh ! Que cette âme est belle et riche à mes yeux ! Quelle gloire l'attend au ciel »
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L’OBÉISSANCE
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«Si tu vois, ajouta-t-elle, en s'adressant à la prieure, de jeunes sœurs, des novices, avides de rester en prière, hors de ce qui est de règle, fais-les travailler aux ouvrages les plus bas».
Elle disait, le 19 avril 1874, le dimanche du Bon Pasteur :
«Si une novice fait des miracles et ne se soumets pas, ou si elle a apporté un million et qu'ensuite elle en veuille disposer ou seulement s'attacher à son image, la Mère Thérèse [d'Avila] dit : “Renvoyez-la avec ce qu'elle a porté».
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DONNER SA VOLONTÉ.... «Soyez parfaits...»
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«Et j'ai vu deux hommes : l'un a donné sa volonté à Dieu, l'autre l'a gardée pour lui-même.
Celui-ci travaille, s'agite, possède, jouit, reçoit la louange et la flatterie. Et le travail et l'agitation et la richesse et les plaisirs et les louanges et les flatteries et la gloire ne parviennent pas à le satisfaire. Il a toujours des désirs nouveaux, il n'est jamais content, jamais à l'aise. Dieu lui accorde tout ce qu'il souhaite et il n'est jamais heureux. Et Dieu a compté ses jours, et la fin de la vie vient, et il quitte la terre sans avoir cherché Dieu, sans être rassasié.
Et à sa mort, deux enfants le prennent et le jettent dans la terre maudite. Et la terre maudite voit ses douleurs augmenter en recevant ces restes maudits. Et si cette terre pouvait refuser de recevoir ces restes, elle le ferait.
Et celui qui a donné sa volonté à Dieu, vit aussi sur la terre comme le premier. De grandes souffrances l'atteignent ; d'autres fois, les joies se présentent, les richesses l'environnent ; et puis c'est la pauvreté qui le poursuit. Il voit du même œil soit le bien, soit le mal. Il est toujours content, toujours heureux, il est sans désir. La faim, la soif, les louanges, les humiliations le trouvent toujours le même. Il est toujours content, toujours heureux, toujours rassasié.
La fin arrive aussi pour lui. Il meurt, et deux enfants le portent dans la terre des miséricordes. Il me semble que cette terre porte Dieu, et cet homme, il, me semble, devient Dieu.

Et Pourquoi murmures-tu contre les mystères de Dieu ?
Prends un vase d'eau et jette cette eau dans la mer ; et puis, essaie de retrouver l'eau que tu as jetée ; tu n'y parviendras pas.
C'est ainsi que cet homme est entré comme perdu en Dieu. Et comme il a donné sa volonté à Dieu, Dieu et l'homme en font qu'un. Et de même qu'en cherchant l'eau du vase jetée dans la mer, on ne trouve que l'eau de la mer, de même pour l'homme entré en Dieu, on ne voit et on ne trouve que Dieu, en regardant et en cherchant l'homme.
Et alors, je me suis tournée vers Dieu, et je lui ai fait toutes sortes de caresses ; et je l'ai prié et je l'ai conjuré en son propre nom, au nom de Jésus, au nom du Saint Esprit, au nom de a Sainte Vierge, de tous les anges et de tous les saints, d'accepter, de prendre ma volonté et de en plus me la rendre, si j'avais le malheur de la lui redemander».
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«Celui qui n'a pas donné sa volonté à Dieu ne lui a rien donné. Quand on a donné quelque chose à Dieu, il ne faut pas le reprendre. Vous êtes sorties nues du sein de votre mère et vous retournerez nues dans le sein de la terre».
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«HEUREUX ÊTES-VOUS...»
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«Il est bon d'être méprisée, de n'être rien ; il est bon d'être dans la tristeesse sur la terre pour être glorifiée dans le ciel.
Toute âme qui cherche le mépris sur la terre aura la joie au ciel. Vous ne serez pas toujours méprisée, ô âme, vous ne serez pas toujours souffrante, toujours pauvre ; l'épreuve n'est pas faite pour durer toujours. Cherchez donc les occasions de vous humilier. Si l'on vous reproche de faire toute sorte de mal, dites merci.
Tout passe sur la terre, vous n'y resterez pas toujours. Ramassez des mérites chaque jour. Chaque fois que vous serez méprisée, qu'on vous mortiera, qu'on brisera votre volonté ; réjouissez-vous : tout cela est bon pour le ciel».
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VISITE AU CIEL...... LES MARTYRS
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«Les grâces extraordinaires se multipliaient et grandissaient dans la mesure de sa fidélité. Elles eut un premier ravissement qui dura deux heures ; on n'y attacha pas une grande importance. Quatre mois après, dans l'église des Grecs-unis, elle en eut un second, qui fit plus de bruit. S'étant présentée en extase à la Sainte table, elle s'écrie, au moment de la communion :
«Mon Père, vous me donnez un enfant !»
et elle tombe comme morte. Impossible de la faire revenir de cet état ; on la transporte chez ses maitres. Plusieurs médecins sont appelés ; ils emploient inutilement les plus violents remèdes pour la tirer de son sommeil, auxquels ils déclarent ne rien comprendre. Elle resta ainsi quatre jours ; son visage, plein de vie, montrait qu'elle n'était pas morte. Que se passa-t-il durant ce long espace ? Marie, obligée, plu tard, de tout dire par obéissance, va nous le raconter elle-même.
«Je fus transportée au ciel ; je vis la très Sainte Vierge entourée d'anges ; à ses côtés, se trouvaient aussi d'innombrables vierges. Je me voyais toute petite, réduite à rien ; et néanmoins, je sentais que toutes ces âmes me recevaient avec une grande joie dans leurs bras.
Je me jetai aux pieds de la Sainte Vierge, en lui disant :
«Bonne Mère, me garderez-vous ici pour toujours ?»
«Il vous manque, me répondit-elle, bien des choses encore».
Je ne saurais exprimer la gloire qui l'environnait. Une vierge lui dit :
«Bonne mère, ce ne sont pas les grandes choses que l'on fait sur la terre qui méritent le ciel, mais l'entière fidélité. J'y descendrais encore, pour accomplir chaque acte avec plus de perfection».
«Cette vierge m'apprit que Dieu l'avait chargée de montrer la gloire du ciel, ainsi que ce qui se passait su la terre, au purgatoire et dans l'enfer. Elle me fit voir Jésus-Christ, notre divin Sauveur, tout brûlant d'amour, et, bien près de lui, le collège des Apôtres. Elle me montra l'armée des martyrs, et les âmes qui sont passé, sur la terre, par de grandes tribulations. Celles-ci n'ont pas versé leur sang comme les martyrs, et cependant elles ont le même rang qu'eux, parce qu'elles ont bien porté la croix».
«Chacun a sa croix, me dit la Vierge, et, lorsque Dieu voit une âme accepter généreusement celle qu'il lui envoie, lui-même aide cette âme à la porter»
«Elle me montra les bons, les saints prêtres, aussi éclatants que les vierges, et placés tout près de Notre Seigneur et des Apôtres. Elle disait :
«Oh ! Comme Dieu aime les bons prêtres ! Quand il les voit zélés pour sa gloire, pour le salut des âmes, comme il est content ! Comme il les aime ! Un très petit nombre monte ici directement sans passer par les flammes du purgatoire»
«Je vis les hommes qui avaient vécu chrétiennement : il sortait de leur bouche et de leurs mains une lumière, récompense de leurs aumônes et de leur application au travail. Les femmes fidèles aux devoirs de la vie chrétienne étaient inférieures aux vierges ; elles portaient sur leur poitrine comme des vases de fleurs magnifiques, et la lumière sortait de ces vases».
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LA VIERGE-MARIE
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«Marie était aussi un modèle de foi. Oh ! Que la foi de Marie était agréable au Père céleste ! Par sa foi, elle faisait tous les jours grandir Jésus en elle. Cette même foi, si nous l'avons, fera aussi grandir Jésus dans notre coeur. A cause de sa foi et de son humilité, Marie se sent indigne de devenir la Mère de Dieu».
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«Sur la terre, les enfants ne peuvent pas naître sans une mère ; ils entrent dans le monde par une femme. C'est par une femme aussi que nous entrons au ciel, et cette femme, c'est Marie. Dieu ouvre le ciel par le Fruit de Marie. Depuis le péché, les hommes attendaient le Fruit de Marie, de cette Vierge douce, humble et sainte. Soyez bénie, Marie, soyez bénie !»
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07/11/2009

MIRACLE "TROIS FONTAINES" ROME

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(Santa Maria della Rivelazione)

"TROIS FONTAINES"
ROME - ITALIE (1947)

Révélation à un protestant adventiste communiste

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Plus qu’un sanctuaire, c’est un espace sacré, entre une grotte et un jardin à l’abri de l’Eur… Jusqu’en 1947, le lieu était peu recommandable, et, justement là, la Vierge est apparue à Bruno Cornacchiola et à ses trois enfants. Bruno Cornacchiola était un protestant adventiste, et il avait l’intention de préparer une conférence contre les privilèges de Marie et d’attenter à la vie du pape. Il se convertit.
 
L’apparition demande que les fidèles récitent le rosaire pour la conversion des pécheurs et l’unité des croyants.

Le culte public de la Vierge de la Révélation est autorisé.
Le sanctuaire est gardé par les frères mineurs conventuels
Fête : le 12 avril
Les apparitions de Tre fontane ont été étudiées avec le plus grand soin par les autorités vaticanes et tout spécialement par Pie XII qui a reçu Bruno Cornacchiola plusieurs fois en audiences privées .
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Pie XII a aussi voulu personnellement bénir la statue qui devait être placée dans la grotte. Il faut savoir qu’en 1937 la Sainte Vierge était déjà apparue dans cette grotte à une jeune fille qui avait d’exceptionnels dons charismatiques. La Vierge avait alors dit : «Dans dix ans j’apparaîtrai à nouveau dans cette grotte à un incroyant, un ennemi de l’Église et du pape». Cette fille, connue des milieux catholiques romains et du pape lui-même avait communiqué ce qu’elle avait entendu et vu au cardinal Pacelli, alors Secrétaire d’État
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Au printemps 1987, Rome décida de reconnaître le culte. Le cardinal Poletti, vicaire général du Pape pour l’administration de son diocèse, vint, en son nom, célébrer une messe à Tre Fontane. Il le fit sans dire un mot de l’apparition, et sans déclarer en aucune manière le caractère surnaturel et authentique de l’événement. Mais cet acte du Vicaire de Rome a constitué une reconnaissance officielle du culte
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QU'EST-CE QUE L'ADVENTISME
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«Je haïssais l’Église, jusqu’au jour où Marie m’appela»
 
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Le voyant principal de Tre Fontane, Bruno Cornacchiola, nait le 9 Mai 1913. Il a 33 ans au moment de l'apparition, le 12 avril 1947.

Il est issu d'une famille pauvre. Avec ses cinq frères et sœurs, il grandit dans des conditions déplorables. Son père Antonio est presque toujours ivre et ne se soucie pas du tout de sa famille. Sa mère Giuseppa doit subvenir à leurs besoins en travaillant en dehors de la maison. Elle ne peut pas donner à ses enfants l'attention et l'amour dont ils ont besoin. Bruno, solidement bâti et doté d'un esprit ouvert, est souvent battu par son père. Un soir, il décide de ne pas rentrer chez lui. Il dort dans la rue. Alors qu'il passe la nuit dans les environs, il est abordé à l'aube par une paroissienne, qui, à l'insu de ses parents, le prépare à la première Communion. Un prêtre qui s'occupe de jeunes ex-détenus, recueille ses confidences, lui administre la première Communion, la Confirmation, et lui offre le livre «La sagesse éternelle» et un chapelet. Il lui dit aussi de pardonner à sa mère les nombreuses fois où il a été battu et insulté et de lui demander pardon pour la fois où, lui cassant un doigt, elle dû aller à l'hôpital.

En revenant de sa première communion, il lui exprime son pardon. Mais sa mère lui hurle :

- Tu continue de penser à ça ?

Après qu'elle lui ait donné un coup de pied, il jete le livre et le chapelet par la fenêtre et courre à la gare. Sans billet, il part se cacher dans un train sous le siège du conducteur.

Cette histoire marquera symboliquement la façon dont il vivra les prochaines années de sa vie.

Après son service militaire, à l'âge de 23 ans, il épouse Iolanda Lo Gatto, et pour gagner sa vie, il s'engage aux côtés des nationalistes dans la guerre civile espagnole, bien qu'il soit plus proche du communisme.

Une fois en Espagne, il est influencé par un ami protestant allemand qui, empoisonnant son esprit, fit naître en lui une haine satanique à l’encontre de l’Eglise et du pape et réussit à le convaincre que la papauté est la cause de tous les maux du monde. Bruno en conçoit une haine pour l'Eglise. Sa vie fut, à partir de cette rencontre, essentiellement marquée par la haine. Il se jure de tuer le pape. Il voulait, disait-il, débarrasser le monde d’un tyran.

Dans ce but, il achete un poignard à Tolède où il fait graver sur le manche :
«Mort au Pape»

A son retour, l’apostat n’a qu’une idée : détruire l’Eglise, en retournant l’Ecriture contre elle-même, et voulant jusqu’à poignarder le Saint-Père. Il met aussitôt son programme en action. Devenu conducteur de bus, un jour, il fait trébucher un prêtre, qui doit être hospitalisé. Baptiste, puis adventiste, il se fait propagandiste passionné, ouvrant un centre pour les jeunes, et veut convertir de force sa femme au protestantisme. Bien qu’il ait d’elle deux autres enfants, il la menace à cause de sa fidélité à sa foi, et se met à la frapper de plus en plus violemment, sous les yeux éplorés des petits.

Après avoir détruit les images pieuses de la maison, il en arrive à la Madone de Pompéi, qu’il blasphème :

- Non, supplie la pauvre femme, ne fais pas ça, je l’ai tant priée pour que tu reviennes sain et sauf d’Espagne !

- Je fais ce que je veux !,

rétorque le mari. Et dans sa haine diabolique, il brûle non seulement l’icône, mais arrache le crucifix de leur chambre, le brise et le jette aux ordures.

Elle fait une dernière tentative : une neuvaine des premiers vendredis du mois, qui échoue — apparemment — et elle suit son époux, par amour, pour ne pas briser le ménage et sauver les enfants, interdits de catéchisme.

De 1939 à 1947, il travaille comme conducteur de tramway à Rome. Pendant cette période, ils ont trois enfants, deux garçons, Carlo, âgé de sept ans, Gianfranco, quatre ans, et une fille, Isola, âgée de dix ans. Malheureusement, sa violence physique contre son épouse continue, la mettant, elle et ses enfants, dans une grande détresse. Pendant cette période, il est un communiste convaincu qui a toujours l'intention de tuer le pape.
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DÉTAIL DE L'APPARITION
 
C'était en 1947, le 12 avril, un samedi. Le soleil de l'après-midi fait des ricochets à travers le feuillage des eucalyptus sur cette place ombreuse qui sert de parvis à l'abbaye des Trappistes, au lieu-dit des «Trois Fontaines» , à Rome. La nature tressaille en éclats de bourgeons après cette période hivernale. C'est la veille de Quasimodo. Le paysage avoisinant se présente en une pittoresque et harmonieuse fusion d'aspects divers : vastes étendues réservées aux troupeaux, champs exposés au soleil, zones couvertes de maquis impénétrables, d'où émergent çà et là des terrains découverts et rocheux.

Arrivé avec ses trois enfants, Bruno Cornacchiola s'assied sur un bout de mur à l'orée du petit bois. Il pense :

«C'est justement un endroit qui me va !»

Le but initialement choisi pour sa promenade était, en réalité, la plage d'Ostie, mais au moment où il atteignait la station avec les enfants, le train était déjà parti. Alors, n'ayant aucune envie de rester là plus d'une heure à attendre le prochain train, il s'était dirigé vers ces parages. Au bout d'un moment, il appelle les enfants qui s'étaient éloignés :

«Gianfranco, Carlo, Isola, vous pouvez jouer à la balle, mais ne vous éloignez pas trop. Moi, je reste ici pour réfléchir et écrire sur le sujet que je me suis donné»

Et voilà les enfants partis avec des cris de joie, se faufilant entre les arbres qui les cachent par instants.

Le sujet que l'homme, devenu protestant, est sur le point de développer, est un article dirigé contre la Vierge Marie. L'article doit être violent et arrogant, tout en restant convaincant pour le public. Il avait emmené un porte-documents et une Bible. La feuille se couvre tout de suite des premiers jets de venin où grouillent surtout des négations, entre autres celles des privilèges que Dieu a voulu accorder à sa Mère.
 
«Elle n'est pas vierge, elle n'est pas immaculée, elle n'est pas montée au ciel...»

Dans l'intervalle, des voix l'interpellent. Celle des enfants qui crient :

«Papa, nous avons perdu la balle, aide-nous à la chercher !»

Il se lève, et comme il a rencontré Carlo, l'aîné, il se joint à lui pour explorer le terrain. Isola s'écarte et cueille des fleurs. Gianfranco va s'asseoir à une certaine distance pour lire une brochure.
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«Carlo et moi, nous descendîmes le terrain escarpé qui aboutissait à la via Laurentina, espérant y trouver la balle, mais nous ne la vîmes pas. Voulant m'assurer que le cadet ne s'était pas éloigné de l'endroit que je lui avais indiqué, je l'appelai et il me répondit. Mais à un moment donné, je ne l'entendis plus et j'eus beau élever la voix, je n'obtins aucune réponse. Pris de soucis, je remontai la pente vers les buissons proches de la grotte où j'avais laissé Gianfranco, mais je ne le vis pas. Aussi, criai-je encore plus fort : Gianfranco, où est-tu ? En vain. Avec une préoccupation croissante, je fouillai fébrilement les buissons et les roches et je finis par trouver l'enfant agenouillé à l'entrée d'une grotte, sur la gauche pour qui la regarde. Il avait les mains jointes comme s'il priait, et il regardait vers l'intérieur avec une vive attention, souriant et balbutiant quelque chose. Je m'approchai encore un peu et je l'entendis distinctement :

- Belle Dame!... Belle Dame !...

- Qu'est-ce que tu dis, Gianfranco ? lui demandai-je.

- Que fais-tu ? ...

Je croyais qu'il s'agissait d'un jeu d'enfants, puisque personne chez nous ne lui avait enseigné, à lui qui n'était pas baptisé, cette attitude de prière. Alors j'appelai :
 
«Isola, descends, explique-moi quelque chose !»

Elle m'obéit et...

- Qu'y a-t-il là-dedans ? demandai-je. Et toi, tu ne vois rien ?

- Non papa, répondit-elle, et en même temps, elle aussi tomba à genoux à la droite de son petit frère. Les fleurs lui tombèrent des mains, alors que son regard se fixait sur l'intérieur de la grotte.

Elle aussi balbutiait à mi-voix :

- Belle Dame!... Belle Dame !...

Moi, au comble de l'énervement, continue Bruno Cornacchiola, je me demandais quel pouvait être le motif de cette étrange conduite de mes enfants qui, à genoux, regardaient avec enchantement vers l'intérieur de la caverne, en répétant les mêmes mots.

J'eus l'idée d'appeler Carlo, toujours en train de chercher la balle et...

- Toi aussi, viens ici et explique-moi ce que font tes frère et soeur dans cette étrange position...

C'est peut-être vous qui avez préparé ce jeu ?

- Mais qu'est-ce que tu racontes, me fit-il observer, de quel jeu parles-tu ? ...Je ne le connais pas, et je ne sais pas y jouer !

Ces mots à peine dits, Carlo tomba à genoux à son tour, à la droite d'Isola, les mains jointes et les yeux fixés vers un point qui le fascinait à l'intérieur de la grotte, en répétant les mêmes mots :

«Belle Dame!»

- C'en est trop !, m'écriai-je, toi aussi tu te moques de moi !

Je n'en pouvais plus et je lui commandai :

- Carlo, sors de là !

Et, comme il ne bougeait pas, je cherchai à le soulever, mais je n'y parvint pas. On aurait dit du plomb. Alors, je pris peur. En tremblant, je m'approchai de la petite :

- Isola, l'invitai-je, lève-toi, ne fais pas comme Carlo !

Elle ne répondit pas. J'essayai de la déplacer mais je n'y arrivai pas. Ce que je vis me remplit de terreur : cette dilatation des pupilles de mes enfants en extase et la pâleur de leurs visages. Alors j'embrassai le cadet et lui dis :

- Allons ! Lève-toi ! Est-ce possible que mes bras soient sans forces ? Et à ce moment, je m'exclamai :

- Mais qu'est-ce qui se passe ici ? y aurait-il dans cette grotte des sorcières ou quelque diable ?

Puis, instinctivement, je criai :

- Qui que tu sois, même un curé, sors d'ici ! Et je pénétrai dans l'antre, bien décidé à cogner sur l'étrange personnage, mais la grotte était vide. Or, c'était, écrit le P. Milana, l'heure de la revanche maternelle de Marie, prise de compassion à l'égard de ce fils si dévoyé.
 
A peu de distance de cet endroit, au pied de la colline s'élève la basilique Saint-Paul. C'est en ce lieu que Paul, le persécuteur des chrétiens sous le nom de Saul, devenu l'apôtre des nations après l'apparition du Christ, fut martyrisé sous Néron. Sa tête tranchée par l'épée et tombée à terre, fit trois rebonds et fit sourdre miraculeusement trois sources d'eau. Voilà pourquoi le lieu-dit fut appelé «Trois sources ou Trois Fontaines».
 
Bruno Cornacchiola, un autre persécuteur de l'Église, arrivé dans le voisinage de l'endroit où l'apôtre avait été martyrisé, allait être appelé à devenir un défenseur de l'Évangile, par Marie, la Mère qu'il s'apprêtait à insulter, le jour consacré à Elle, le samedi de l'octave de Pâques. Encore un dessein mystérieux de l'Amour divin ! Un jour viendra, et on peut même dire qu'il est venu, où une foule de croyants accourra ici de partout, présentant, par l'ardeur des supplications et la solennité des cantiques, l'image fidèle d'une communauté en route vers le Père.
 
Agité comme jamais, Bruno Cornacchiola entre dans la grotte, située au niveau du sol, pour découvrir qui pouvait bien exercer cette mystérieuse attraction sur ses enfants. Et à sa grande surprise pourtant, il ne trouve que la roche nue et blanchâtre. Il sort, en proie au désespoir, et sanglotant, il lève les bras et les yeux vers le ciel et crie :

«Mon Dieu, sois notre Sauveur! »

Plus tard, il précise :

«Et voici que je vis inopinément deux mains toutes blanches en mouvement vers moi et les sentis m'effleurer le visage. J'eus la sensation qu'on m'arrachait quelque chose des yeux. J'éprouvai en cet instant une douleur certaine et je restais dans l'obscurité la plus profonde...»

Mais, peu à peu, le noir s'atténua et laissa filtrer une légère lumière qui grandit et s'intensifia au point d'illuminer toute la grotte. Et Bruno Cornacchiola continue :

«A ce moment-là, je ne voyais plus ni la cavité, ni ce qu'elle pouvait contenir, mais je fus saisi d'une joie extraordinaire»

En cet instant de mystérieux désarroi qui le soulève de terre vers les merveilleux parvis de l'éternité, en son point le plus lumineux, il est ravi par la vision d'un visage juvénile de femme, enveloppé dans la splendeur d'une lumière dorée, régulière et doucement statique.

Bruno la fixe avec une soudaine passion, vaincu par la fascination d'une telle beauté, attiré par cette lumière qui, malgré toute l'intensité qu'elle irradie, ne lui fait pas mal aux yeux, mais l'inonde d'une douceur surhumaine. Encore inconscient de tout ce qui se passe, il ignore que ses pupilles de pauvre mortel sont sur le point de voir la Reine du Ciel qui l'avait choisi, précisément lui, pour transmettre aux hommes un message de prière et de pénitence.
 
Elle est vêtue d'une tunique incomparablement blanche et lumineuse, serrée aux hanches par une ceinture d'étoffe rose dont les deux extrémités descendent à la hauteur des genoux. Elle a des cheveux noirs et ressortant un peu du voile vert-des-prés qui la recouvre des épaules jusqu'aux pieds, avec la noblesse d'un manteau royal. Au bas de la robe apparaissent les pieds, nus et virginaux, posés sur un bloc de tuf également environné de lumière. Dans sa main droite elle tient contre sa poitrine un livre de couleur grise sur lequel elle pose l'autre main.

La vision a déjà créé un enivrant état d'extase dans l'esprit étonné de Bruno, mais c'est surtout le visage admirable de cette créature qui fascine les yeux et le coeur.

C'est, pourrait-on dire, un visage sur lequel brille en une merveilleuse harmonie la fusion de toutes les beautés de la vie humaine : l'innocente candeur de l'enfance, le charme et la grâce de la virginité, la gravité majestueuse de la sublime maternité. Et c'est bien ce qu'en dira plus tard Bruno Cornacchiola :

«Celui qui a éprouvé cette exceptionnelle joie de contempler une si céleste beauté ne peut plus qu'aspirer à la mort pour pouvoir jouir à jamais d'un si grand bonheur ...»

Ce visage, même sous ses traits humains, semble consister en une lumière rayonnante de sagesse infinie et de vertu sans limites. Et dans sa description, le voyant continue :

«Je vis que la belle Dame bougeait lentement la main gauche pour montrer quelque chose qui se trouvait à ses pieds. Je regardai et vis, à terre, un drap noir avec une croix brisée»
 
Bruno Cornacchiola pensa plus tard que ce drap noir, semblable à un vêtement déchiré, et la croix brisée, constituaient un symbole de l'habit religieux souvent abandonné avec tout autre signe distinctif par de nombreux prêtres et religieux.
«Ma première impulsion, observa-t-il encore, fut de lancer un cri, mais ma voix s'éteignit dans ma gorge»
Et voici que l'apparition, faisant le geste d'offrir le livre qu'elle tenait en main, dit d'un ton ineffablement doux :
 
«Je suis Celle qui est dans la divine Trinité. Je suis la VIERGE DE L'APOCALYPSE. Tu me persécutes ; arrête maintenant ! Entre dans le troupeau élu, cour céleste sur la Terre. La promesse de Dieu est, et reste immuable : les neuf vendredis du Sacré-cœur que tu as observés pour faire plaisir à ta fidèle épouse avant de suivre le chemin de l'erreur t'ont sauvé !»

A ces mots, Bruno en a le souffle coupé et, après l'effarouchement du début, il est inondé d'une félicité qui n'est pas d'ici-bas. Entre temps, l'espace ambiant s'inonde d'un parfum mystérieux et indéfinissable qui annihile les odeurs nauséabondes provenant du sol.

Après s'être ainsi présentée, la céleste Dame tient un discours prolongé à ce fils qui va retourner à Dieu, discours dont une partie s'adresse à lui-même et à tous les fidèles tandis que l'autre comporte un secret pour le Saint-Père. Puis elle continue :

 
«Je désire te donner une preuve certaine de la divine réalité de notre rencontre, afin que tu puisses en exclure toute autre motivation, y compris une possible astuce de l'ennemi infernal. Et ce signe, le voici : quand tu rencontreras un prêtre dans l'église ou en chemin, approche-toi de lui et adresse-lui cette parole :

«Mon Père, j'ai à vous parler !»

S'il te répond : «Ave Maria, que veux-tu, mon fils ?» ,

prie-le de t'écouter, car ce sera celui que j'aurai choisi. Tu lui feras part de ce que ton cœur te dira, et obéis-lui, car il t'indiquera un autre prêtre par ces mots :

«C'est celui qu'il te faut pour ton cas».

Tu te rendras ensuite chez le Saint-Père, le Pasteur suprême de la chrétienté, et tu lui remettras personnellement mon message. Quelqu'un que Je t'indiquerai, te conduira chez le Pape. Parmi ceux qui t'entendront raconter cette vision, il y en aura qui ne te croiront pas, mais ne te laisse pas décourager...»

Puis, sereinement, après avoir montré sa maternelle bienveillance et exprimé son regret de partir, la belle Dame fait demi-tour et, lentement, avec son manteau vert, elle s'éloigne vers Saint-Pierre. Bruno reste là un moment encore, figé dans l'extase...

Le regard miséricordieux de la Vierge s'était abaissé sur sa misère pour devenir son guide, sa force et sa consolation.
 
 
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Le 12 avril 1947, la Vierge avait confié à Bruno :
 
«Tu te rendras chez le Saint-Père, le suprême Pasteur de la chrétienté, et tu lui confieras personnellement mon message. Quelqu’un que je t’indiquerai t’y conduira. Il te dira : «Je me sens lié à toi» … »
 
Ce «quelqu’un» était le deuxième prêtre désigné le 12 avril 1947. C’est lors de la troisième apparition de la Vierge, le 23 mai 1947, que ce consacré désireux de prier à la grotte avec le voyant, et bouleversé par son attitude pendant sa prière et sa vision, lui dit la parole prédite par la Madone :
 
«Je me sens lié à toi.»
 
A partir de là, avec l’aide de la sœur du Pape Pie XII, vivement interpellée par les apparitions, Bruno pourra rencontrer le Pontife et lui révéler de la part de Marie la certitude de son Assomption au ciel, dogme que le Pape cherchait à définir devant la chrétienté. En outre, il l’a rencontré le 9 novembre 1949, lors d’une audience accordée aux traminots de Rome. Après la récitation du chapelet dans sa chapelle privée, il voit s’avancer Bruno qui lui dit :
 
«Très Saint-Père, voici la Bible protestante avec laquelle j’ai «tué» beaucoup d’âmes» ;
 
puis, les larmes dans les yeux :
 
«voilà le poignard, avec l’inscription «mort au Pape», par lequel je projetais de vous tuer! Je viens vous demander pardon.»
 
Et le Pape de répondre :
 
«En me tuant, tu n’aurais fait que donner un nouveau martyr à l’Eglise, et au Christ une victoire de l’amour ; mon fils, le meilleur pardon est le repentir…»
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Ce retour est le premier aspect du retour total. Il en vaut le récit.

Avant de quitter la grotte, le père inscrit au canif le témoignage de l’apparition :

«Le 12 avril 1947, ici, dans cette grotte, la Vierge de la Révélation est apparue au protestant B. C. et à ses enfants, et il s’est converti.»

La Vierge lui ayant dit que contrairement aux dires des protestants, Jésus est, en conformité avec l’Evangile, réellement présent dans l’Eucharistie -comme l’ange l’a montré à Fatima et le redira plus tard à Akita au Japon, le converti s’arrête à l’église abbatiale voisine et dit aux enfants :

«Prions et adorons le Seigneur».

L’aînée demande :

- Papa, quelle prière faisons-nous ?
- Je ne sais, ma fille
- On dit l’Ave Maria ?
- Mais, je l’ignore !
- Moi je le sais ; je l’ai appris à l’école, en cachette, car tu me défendais d’aller au catéchisme…»

Alors, mot après mot, il réapprend de sa fille l’Ave Maria, en répétant :

«Je vous salue Marie , Pleine de grâce… ».

Il prie et il pleure.

Les enfants ne peuvent garder longtemps le secret et le crient en arrivant à la maison. Yolande est intriguée par le parfum exquis qu’exhale son époux…

«Fais-les manger et coucher, je te raconterai ensuite…»,

lui dit-il avec une bonté inaccoutumée. Ceci fait, il la prend par la main avec douceur et lui dit: «Je t’ai appris le refus de l’Eucharistie, etc. Je ne sais ce qui s’est passé, mais je me sens changé.» Ce faisant, il s’agenouille devant elle et lui demande pardon. La pauvre femme, effarée, lui répond :

«C’est un vrai miracle: tu t’agenouilles devant moi, alors que c’est moi qui le faisais devant toi pour que tu ne me battes plus ?».

Et il lui raconta tout, puis ils restèrent en prière jusqu’à l’aube, remerciant Dieu et Notre-Dame. Grâce à l’amour d’une épouse et à celui de la Mère des foyers, le salut venait d’entrer dans leur maison

Un théologien dominicain, le Père Cordovani, affirme que le titre de «Vierge de l'Apocalypse» n'est pas seulement nouveau et merveilleux, mais aussi hautement théologique, car il confirme tous les privilèges que l'Église a attribués à Marie depuis des siècles en se fondant sur la Parole révélée. Et d'autre part - c'est Bruno Cornacchiola qui le confirme :
 
«la Très Sainte Vierge Marie a été pour moi une éducatrice insurpassable qui ne s'est pas contentée de m'installer dans une solide culture catéchistique, mais m'a aidé également à devenir son témoin».

Ce qui explique pourquoi Elle lui dit, après lui avoir souri doucement en signe de salut :
 
«Tu me persécutes. Arrête maintenant! Entre dans le troupeau élu, cour céleste sur la Terre»

Ce fut donc, pour Bruno, l'indication de l'unique voie de salut, celle dont il s'était écarté : l'Église catholique, apostolique, romaine. Avec l'aide des ministres de cette institution authentique, voulue par le Christ, sa confusion intérieure, de même que tout orgueil et toute obstination devaient tomber et il devait commencer à marcher résolument sur les chemins de la Vérité. Et, de même que la lumière peut frapper une personne sans la blesser, ou la rosée féconder la terre sans la labourer, cette exceptionnelle apparition lui aura éclairé l'intellect et raffermi la volonté tout en respectant absolument les traits de son propre caractère. Son tempérament si explosif demeurera, mais en se transformant en une fougue avec laquelle il défendra les valeurs de la pastorale évangélique.

Pour achever sa transformation et parvenir à ce stade, il reconnaîtra, avant tout, sa situation de péché, et il s'adressera à Elle, l'Immaculée, qui a vu le terrible visage du mal sur le corps ensanglanté de son Fils au Golgotha, pour obtenir le pardon et la force pour l'avenir.

Voilà pourquoi la Vierge demande avec insistance à tous la prière et invite à la récitation du Saint Rosaire.
 
«Qu'on prie beaucoup et qu'on récite le Rosaire quotidien pour la conversion des pécheurs, des incrédules et pour l'unité des chrétiens. Les Ave Maria que vous dites avec foi et amour sont autant de flèches d'or qui rejoignent le Cœur de Jésus»

Le Mère de l'Église, espérance et espoir de salut pour le monde entier recommande donc des intentions particulières pour lesquelles il faut prier : la conversion des pécheurs et des incroyants, l'unité des chrétiens.

Il est vrai que toute prière va au Christ, unique Médiateur, mais Marie est fontaine de grâce, parce qu'Elle est la Mère de la grâce divine. Quand un enfant veut embrasser son père, celui-ci peut s'incliner vers lui et le prendre dans ses bras, mais si l'enfant demande à la maman de le soulever jusqu'à la face de son père, l'affection de l'enfant pour son père n'en est pas diminuée pour autant.

Lorsque nous sommes devant Notre-Dame, nous sommes comme des petits auprès de leur mère, et en la priant, nous lui demandons de nous aider à nous approcher de Jésus. Puisque la prière est, dit-on, une arme qui assure toujours la victoire, pourquoi donc ne prierait-on pas pour tous ceux qui sont affligés d'une infirmité spirituelle et pour les frères séparés, afin que l'on arrive un jour à cette unité tant désirée dans une seule et même Église ?

Et voici que, comme récompense pour ceux qui écouteront son message maternel, la Vierge promet des faveurs célestes :
 
«Avec cette terre de péché, j'opérerai de prodigieux miracles pour la conversion des incroyants»

De même qu'à l'approche des eaux de la piscine de Lourdes, ainsi, au toucher de cette terre, qui a été sanctifiée par la présence de la Mère de Dieu, se produisent des prodiges physiques et moraux. Mais les plus grands miracles qui ont lieu ici, sont d'ordre spirituel :

«S'il nous était donné, dit le cardinal Gerlier, de fixer sur le papier une partie seulement des sentiments et des résolutions spirituelles que la Sainte Vierge a fait exprimer aux milliers de cœurs qui, en ces quelques années, ont palpité devant la grille de la Grotte du Miracle, nous aurions le mérite d'avoir écrit de belles pages à la gloire de la Mère de Dieu. Mais il est tout aussi bon que les secrets de la grâce restent cachés, enveloppés bien jalousement du silence le plus respectueux»

Dans sa bonté Elle veut aussi révéler son Fils dans les mystères de sa vie intime, liée à l'Auguste Trinité :
 
«Mon corps ne pouvait se décomposer et il ne se décomposa pas. Mon Fils et les anges sont venus me prendre au moment de mon trépas»

Aux Trois Fontaines donc, Notre-Dame fait savourer à l'avance au fils prodigue un message consolant, devançant la promulgation du dogme de son Assomption. Et tandis que le Pape Pie IX reçut de la Grotte de Massabielle, quatre ans après sa proclamation, la plus haute confirmation du dogme de l'Immaculée Conception, c'est quatre ans avant sa définition que le dogme de l'Assomption fut confirmé par la Vierge elle-même à un tramelot romain.

Le corps et l'âme revêtus simultanément de gloire, c'est une plénitude de perfection qu'aucun élu n'a connue sinon Marie.

L'âme sans le corps n'est pas complète dans sa nature humaine. L'élément qui permet à l'être humain d'avoir des rapports normaux avec le monde cosmique et avec les autres êtres humains, c'est le corps.

Par son corps glorieux, Marie, en personne et directement. est apte à se mettre en contact avec nous et avec le monde. D'où ses fréquentes apparitions et ses nombreuses interventions miraculeuses, extraordinaires certes, mais n'exigeant pas toujours, nécessairement, l'intervention de la puissance créatrice de Dieu pour les réaliser.

En fonction de cette capacité de présence physique, nous reconnaissons que la Vierge est plus proche de nous et qu'en la priant, nous retrouverons aussi en Elle la véracité de ce qu'affirmait Bruno Cornacchiola :
 
«Qui trouve Marie, trouve Jésus: la Voie, la Vérité, la Vie. Il trouve la vie et la grâce dans l'Église du Salut, le Corps Mystique du Christ, et y trouve aussi la Mère de l'Église»
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