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14/02/2011

LUTHER GNOSTIQUE ?

 

LUTHER

 

 

L’AUTRE VISAGE DE LUTHER

 
 
ET LA GNOSE PERDIT LE MOINE
 
 
 
https://lh3.googleusercontent.com/KOHPwjn2wvypiHzzZ4lxXX3ATArxrCqFo6oY4FJHwdnobRPU8HOoYtuGs0z8BYnhkVkCfUhbWWZOEAQcLwib-FYPsvzYvx9NvDI0k-ZNlDIXQGa8ouDuJByAMoNmbfM2tornTOCkQPsBcOD3H2cdjW8AI5ph0Isx_4JUEq7bkWDJ3XX0KgS6Zd_nGhRisvYjMxDuD20zTYnOB0gzON99wZOug6YLLzeHj80gFNubHLllnqr56azpO1NRTiN_HlUyP9Y00BcWFXR550e8S0X-va6DlXKtW6EoTcaFZ0X2hjx-9dE9ayVsdMZLSJu1izPfBWOIy0m2aIa1EwkTtp2nTQx3wzzGao-Mk1lUE-AK1UE8_LzwIv0pvjD69R0uWtE6cbIwYRhbnpfbQypFbtM0iqYjHtLcbDdSQnOwfzA5sKnM73CHNCwtzSuRZc5sIv1wY6ChN8Be3xXDDZy3x6tGrtfogfmFnba0HCF6ta3WaWltV8bjm3-h653hP33lSMnQ_a0o9PSV9KHvghpmlyZiUcn677NjpQEUDVrjy7tiPh6qmtihF0AItJhfSde0_voa6CgCkg=w106-h150-noHÉOBALD BEER rompt un long silence et nous fait découvrir le visage caché du père de la Réforme : celui d’un gnostique qui détestait SAINT AUGUSTIN
 
LUTHER ? DES DÉLIRES MANICHÉENS
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https://lh3.googleusercontent.com/DG02_EGue0akMK2wY0Hm_uQqXssamMlfqNhx9iy5IgDtBBKst49C8TjTJvKjmz6qVJ7I496VCWOJaxLd_bQ5aJ7e-Qu1_FwTuKKm7G_ej0m-xuqkIR6oE0MPthhaiU3hdHyeSEOZkR0aadbmFfmPXiZY7TiTg2q3xqR8HfPioP0MHSuAPPfVu2UV73r7P7cbhyWnITUPJN9hhdhHPRLkxGb0a8iXbSk9HqwNR37tN78SJcaoK3_ylLBRm_4VnQnErWMOaQhEhxU8rmPegAwMRBvPevUD2_TQJRtZBr_1XUooZhvepOgWrfmNtlzmpZ7XWnzxAqJFwdsnCqS-xabl4ABPJcEGqxhNhQWWaFEjCqWp1ZFWnykS2WZdc8A_e62cPgwJstM1qQsvP41g483-LGuuat4i4gKUvyAIOFBstu64GxdV7i-4rlxxEZYdHR7ZyOY4FssLiSzri0M0UWns5vJ174YcB1DqbnPFdibjw2aS1K9GgxY4nP_YuR1UFGEDQRXKuY5MqW71RVqJU3zi---I3boTDtDAYYgVnzqQdRiPsq-9QT0nwJTySGD79TT6IiUi8Q=w161-h289-no

 

En décembre 1525 LUTHER écrit à  ÉRASME

 

  de ROTTERDAM. Il le remercie de :
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«ne pas l’avoir ennuyé avec des questions dilatoires, comme la papauté, le purgatoire, les indulgences ou autres blagues avec lesquelles presque tout le monde a tenté de me duper. Toi seul as bien vu le point crucial».
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Ce point mystérieux qui a bouleversé l’histoire de l’Église est resté INNSBRUCK jusqu’à aujourd’hui.
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THÉOBALD BEER l’a découvert. Âgé de 90 ans, il a fait ses études à Groningue, à PARIS, à INNSBRUCK. Jusqu’en 1974, il a été prêtre à LEIPZIG, en ALLEMAGNE de l’Est. Il a aussi été ouvrier. Aujourd’hui, THÉOBALD BEER vit seul à RATISBONNE, en Bavière. Trois petites pièces envahies de livres.
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HANS URS VON BALTHASAR l’a défini comme «le meilleur connaisseur de LUTHER de notre époque». C’est du reste HANS URS VON BALTHASAR qui a publié, à sa maison d’édition Johannes Verlag, l’ouvrage de THÉOBALD BEER intitulé «Der fröhliche Wechsel und Streit» (584 pages très denses). 

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Il s’agit d’un livre révolutionnaire, qui est le fruit de 35 années d’étude. 
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Au début du siècle, on découvrit des milliers d’annotations autographes de LUTHER, datant des années 1509-1516, dans la marge d’œuvres de SAINT AUGUSTIN, PIERRE LOMBARD, etc. Ainsi que les Disputes des années 1535-1545.
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THÉOBALD BEER est le premier à les avoir étudiées : ces annotations mettent en relief un LUTHER tout a fait inédit, anti-augustinien et, surtout, influencé par de très fortes suggestions gnostiques qui proviennent principalement comme le démontre THÉOBALD BEER de l’ouvrage du Pseudo 

HERMÈS TRIMÉGISTE, le Livre des 24 philosophes.

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A l’époque helléniste (IIIe S. av. J.-C.), un corpus d’ouvrages au contenu occultiste et astrologique qui se voulaient révélés par le dieu HERMÈS (Mercure) «trois fois très grand» (trismégiste) commença à circuler sous le nom de HERMÈS TRIMÉGISTE. Ce corpus, pour le moins ce qui en était resté, fut édité en 1471 par l’humaniste MARSILIO FICINO et remporta un grand succès dans les milieux érudits du XVIe siècle].
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Le cardinal JOSEPH RATZINGER a écrit à THÉOBALD BEER :

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«Je trouve votre travail vraiment stimulant. L’influence du néo-platonisme, de la littérature pseudo-hermétique et de la gnose, dont vous prouvez l’importance chez LUTHER, fait voir sa polémique contre la philosophie grecque et contre la Scolastique sous un éclairage tout à fait neuf. Nouvelle et importante est aussi la façon dont vous approfondissez la différence jusqu’au point central de la christologie et de la doctrine de la TRINITÉ».
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Mais l’ouvrage de THÉOBALD BEER pourtant accueilli avec respect par les protestants a subi les anathèmes des «spécialistes» catholiques de LUTHER. L’hégémonie exercée par l’école de LORTZ, MALINS, lSERLOH, PESCH, est totale. Cela explique sans doute pourquoi le livre de THÉOBALD BEER, paru en édition complète en 1980, est aujourd’hui encore inconnu a l’étranger. Souvent même, il n’apparaît pas dans les bibliographies. 30 jours brise cette conspiration du silence : nous avons demandé à THÉOBALD BEER de nous parler de ce LUTHER méconnu.
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Vous soutenez que dès le départ le vrai LUTHER a été censuré et édulcoré ?
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«Délire manichéen !»
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Cette accusation est-elle fondée ?
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On trouve chez LUTHER de nombreux passages où revient l’idée manichéenne : DIEU : est contre lui­-même : 
«on a doit concéder au diable une heure de divinité et je dois attribuer à DIEU la nature diabolique». 
Ce dualisme, cette opposition que LUTHER attribue à DIEU, existe en fait à l’intérieur de lui-même. La théologie de LUTHER est très précisément son autobiographie. La racine de la vision de LUTHER ne se trouve pas dans la doctrine manichéenne, mais bien dans sa vie, dans la victoire qu’y a remportée la haine envers DIEU, haine qu’il transfère sur le CHRIST. LUTHER date la vision de celle lutte gigantesque de sa première année passée au monastère.
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Quelle position occupe le CHRIST dans la conception luthérienne ?
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LUTHER écrit : 
«le CHRIST n’a pas pris sur soi seulement une condition humaine générale, mais s’est soumis au diable, il est en quelque sorte consentant envers le diable, il n’assume pas seulement les fautes, comme l’affirme la foi catholique, mais aussi la disposition au péché.»
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LUTHER comme tous les hérétiques a besoin de l’authentique doctrine catholique, de la tradition, pour construire dessus ses délires. Il en va de même des hérétiques d’aujourd’hui.
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Quelle est la conclusion au sujet du CHRIST ?
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Toute la tradition de l’Église. au contraire, nie que l’on puisse définir le CHRIST comme «compositum» ( «Omnes enim negant. Christum esse compositum, etsi constitutum affirmant» : Tous nient en effet que le CHRIST soit «composé», tous affirment qu’il est «constitué»). 
LUTHER, lui, répète que compositum : est juste, et que constitutum est erroné. Pour lui, le CHRIST n’a pas d’unité personnelle, mais est une composition d’humanité et de divinité. 
Ici aussi, LUTHER projette sa propre représentation de lui-même sur l’humanité du CHRIST («il est soumis au diable»). Il dit que dans la personne du CHRIST une lutte titanesque s’est déroulée, alors qu’il s’agit de la lutte de LUTHER lui-même.
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Comment la tradition catholique juge-t-­elle la notion de «Composition» des deux natures dans le CHRIST ?
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LUTHER utilise a ce propos un fatras de concepts et d’images grâce auquel il prétend remplacer la doctrine de l’Église sur l’union Hypostatique de l’humanité et de la divinité de JÉSUS-CHRIST. 
Le Concile d’ÉPHÈSE a expressément déclaré ce qui suit : 
«si quelqu’un prétend désigner cette union personnelle par les expressions «appositam, adiectum, copulati, habentern» (cf. Denz. 258, 259, 262), qu’il soit anathème !»

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Mais LUTHER définit ouvertement le CHRIST comme «compositus» de deux natures, contre SAINT AUGUSTIN, contre tous les Conciles et toute la tradition de l’Église. Il défend sans se lasser la notion de compositum. Même en 1540, dans le cadre de la dispute sur la divinité et l’humanité du CHRIST, MÉLANCHTHON au contraire écrit, après la mort de LUTHER :
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«Il faut rejeter les formules : «le CHRIST est composé de deux natures» et «le CHRIST est une créature».
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Cette définition du CHRIST est-elle si importante pour la foi chrétienne ?
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LUTHER reprend pourtant la définition traditionnelle de la personne ou hypostase, à propos du CHRIST, mais il écrit ensuite : 
«Tout est créé (condita) de la même façon par le même Créateur et par le même décret. Je veux vraiment dire ceci du CHRIST : Il est fait (factus) à l’image de DIEU, en mode hypostatique, mais ajouté (additus)». 
SAINT PAUL affirme au contraire en COLOSSIENS I, 16  : «In ipso condita sun universa» (Tout a été fait par Lui). 
En somme, LUTHER ne laisse plus de place à une véritable union personnelle.
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Qui est donc le CHRIST pour LUTHER ?
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Et LUTHER d’ajouter aussi tôt : 
«mais petra signifie peccatum, «ita Christus vere est pcecatum» (aussi le CHRIST est-il vraiment péché). 
Il ne s’agit pas d’une «personne» mais de deux fonctions, la première consistant à nous épargner la colère divine, la seconde à nous donner un exemple. C’est la double justification.
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LUTHER ne rejette donc pas seulement la Scolastique, mais identifie la nature humaine du CHRIST au péché, au mal. De nouveau un thème gnostique.
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A propos de la gnose, quelle est l’influence réelle du Livre des 24 philosophes sur la pensée de LUTHER ?
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ISERLLOH vous a objecté que c’est une influence tout à fait marginale.
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Et LUTHER, qui ne sait pas quoi répondre sur ce point capital, réplique en se réfugiant dans le langage géométrique, antithétique à l’ordre de la chantas : 
«La relation entre DIEU et l’homme est comme une ligne touchée par une sphère ; la sphère ne rencontre toujours la ligne qu’en un point, et la situation du CHRIST est précisément ce point. Nous sommes toujours sur la voie, mais la sphère nous touche toujours en un seul point».
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Est-ce une image empruntée au Pseudo HERMÈS TRIMÉGISTE  ?
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Et la thèse XVIII dit : «Deus est sphaera, cuius toc sunt circumfercntiae. quoi sont puncta» (DIEU est une sphère donc les circonférences sont aussi nombreuses que les points).
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Trouve-t-on des références encore plus importantes ?
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Et comment LUTHER interprète-t-il ce passage ?
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«Sicut fit in omnibus nominibus accidentalibus, non autem in substantialibus, quia Christus non dixit antequam Abraham fieret, ego sum Christus, sed simpliciter : ego sum» (Il en est ainsi de tous les noms relatifs aux accidents, mais non aux substances, puisque le CHRIST n’a pas dit : avant qu’ABRAHAM fût, je suis le CHRIST, mais simplement : je suis). 
Il introduit en somme la différence entre substance et accident.
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Voulez-vous dire que pour LUTHER le rapport entre la divinité et l’humanité du CHRIST est identique à celui entre substance et accident ?
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«Sicut aibus est respecta hominis, ita Christus respectu filii Dei» (Ce qu’est le blanc en relation à l’homme, cela, le CHRIST l’est en relation au FILS de DIEU).
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«ET LA GNOSE PERDIT LE MOINE»




Pouvez-vous expliquer à quoi tient l’importance de ce jugement ?
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Il ne possède donc pas l’unité personnelle. Il parle en tant que substance et accident, la substance étant la divinité, l’accident étant l’humanité.
Or. la façon de penser et de parler de LUTHER, sur ce point, dérive de la VIe thèse du Pseudo HERMÈS TRIMÉGISTE

 

«Deus est cuius comparatione substantia est accidens, accidens nihil» (DIEU est cela en relation à quoi la substance est accident et l’accident n’est rien).
 
Une chose est sure : ses conceptions de la TRINITÉ et de la divinité et de l’humanité du CHRIST ne sont pas du tout celles de l’Église, exprimées dans tous les Conciles. 
Même MÉLANCHTHON refusa, non seulement de répandre ces idées, mais défendit carrément les décrets conciliaires.
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On est loin des indulgences ! Loin d’un simple «malentendu» ! LUTHER minait le coeur même de la foi...
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Mais est-il possible que LUTHER ait nié consciemment les fondements de la foi de l’Église ?
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«Pater invisibi. lis una cum Filio secum invisibili eundem filium visibilem faciendo misisse eum dietus est» (Il fut dit que le PÈRE invisible unitairement au FILS près de Lui invisible, a envoyé le même FILS en le rendant visible) 
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LUTHER lit ce passage (nous sommes en 1509) et écrit en marge, de manière sarcastique : 
«Mais voyez quelle étrange conclusion». 
Pour LUTHER, une mission intra-trinitaire du FILS est impossible, puisque la fonction du CHRIST comme rocher nous protège de la colère divine. 
LUTHER attribue au CHRIST deux natures, mais avec des fonctions opposées. Tout cela a d’ailleurs de nombreuses conséquences. C’est pour cette raison, par exemple, que LUTHER applique au FILS de DIEU déjà incarné (et non avant l’incarnation) la kénosis donc parle SAINT PAUL (« il s’est anéanti en assument la condition d’esclave»).
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LOTZ dit : ce n’est pas LUTHER qui a donné naissance à la Réforme. Il a seulement traduit ce que le Nominalisme, surtout GABRIEL BIEL et GUILLAUME d’OCCAM, avaient déjà préparé.
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Y a-t-il d’autres exemples attestant un lien entre LUTHER et le Pseudo HERMÈS TRIMÉGISTE  ?
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LUTHER, par exemple, utilise des catégories hermétiques lorsque, décrivant l’effroi devant la majesté divine, il affirme que l’essence de DIEU est supra, extra, ubique (au-dessus, en dehors, partout), qu’il est un point sans étendue : «Ergo Pater et Filius niagi sunt unum quam punctum» (Donc le PÈRE et le FILS sont plus unis que ne l’est un point).
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LUTHER est ici débiteur envers les thèses II et III du Livre des 24 philosophes, Il s’ensuit, selon LUTHER, que «l’Église est un corps extérieur, mais ne participe pas à la nature divine ». 
MÉLANCHTHON dit le contraire : «La personne du CHRIST est envoyée à l’Église pour lui apporter l’Évangile depuis le sein du PÈRE Éternel»,
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D’autres exemples encore ?
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«In qua (Gloria Dei sum Pater cognoscit, non nobis, sed Deo sibique ipsi relucet» (En elle (la gloire de DIEU) le PÈRE se connaît lui-même et resplendit non pas pour nous, mais pour DIEU et pour lui-même).
La 1ère thèse du Pseudo HERMÈS TRIMÉGISTE dit : 
«Deus est monas, monadem gignens, in se suum reflectens ardorem» (DIEU est monade qui engendre monade, reflétant en soi sa splendeur). 
Pour sa part, LUTHER écrit encore : 
«Non quod nobis sit figura substantiae Dei, sed ipsimet Deo, ita quod solus Deus suam formam in ipso cognoscit» (L’image de la substance de DIEU n’est pas en nous, mais seulement en DIEU lui-même, puisque seul DIEU connaît sa propre forme). 
De son côté, la XVIIe thèse du Pseudo HERMÈS TRIMÉGISTE dit :  
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«Deus est intellectus sui, solus praedicationem non recipiens... Sed se ipsum ipse intelligit, quia ipsum ad ipsum generat» (DIEU est intelligence de soi, le seul qui ne reçoit pas de définition.., mais qui se connaît lui-même puisqu’il s’engendre lui-même pour lui-même).
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Ajoutons la IVe thèse du Pseudo HERMÈS TRIMÉGISTE 
«Deus est mens ...numerat se genitor gignendo : genitura veto verbificat se.. per modum continualionis se habet spirando» (DIEU est intelligence... ce qui engendre se multiplie en engendrant : ce qui est engendre se verbifie ...se manifeste en aspirant par le mode de la continuation). 
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En 1514, LUTHER reprend cette thèse presque à la lettre : 
«DIEU se multiplie à travers ses reproductions».
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Pourquoi a-t-il besoin de recourir à ce système ?
https://lh3.googleusercontent.com/KOHPwjn2wvypiHzzZ4lxXX3ATArxrCqFo6oY4FJHwdnobRPU8HOoYtuGs0z8BYnhkVkCfUhbWWZOEAQcLwib-FYPsvzYvx9NvDI0k-ZNlDIXQGa8ouDuJByAMoNmbfM2tornTOCkQPsBcOD3H2cdjW8AI5ph0Isx_4JUEq7bkWDJ3XX0KgS6Zd_nGhRisvYjMxDuD20zTYnOB0gzON99wZOug6YLLzeHj80gFNubHLllnqr56azpO1NRTiN_HlUyP9Y00BcWFXR550e8S0X-va6DlXKtW6EoTcaFZ0X2hjx-9dE9ayVsdMZLSJu1izPfBWOIy0m2aIa1EwkTtp2nTQx3wzzGao-Mk1lUE-AK1UE8_LzwIv0pvjD69R0uWtE6cbIwYRhbnpfbQypFbtM0iqYjHtLcbDdSQnOwfzA5sKnM73CHNCwtzSuRZc5sIv1wY6ChN8Be3xXDDZy3x6tGrtfogfmFnba0HCF6ta3WaWltV8bjm3-h653hP33lSMnQ_a0o9PSV9KHvghpmlyZiUcn677NjpQEUDVrjy7tiPh6qmtihF0AItJhfSde0_voa6CgCkg=w106-h150-no Parce que LUTHER a besoin de projeter sur DIEU la lutte gigantesque qui se déroule en lui. Dans la Trinité même, il n’y a plus de personnes : c’est la projection de lui-même. 
Et cela ouvre la voie à SCHELING et HEGEL, qui très logiquement, se serviront du même Pseudo HERMÈS TRIMÉGISTE
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On est donc en plein gnosticisme...
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Expliquez-nous le sens de cette image.
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LUTHER écrit : 
Le CHRIST opère pour notre salut, mais sine humanirate cooperante (sans qu’y coopère sa nature humaine). La fonction de la divinité du CHRIST est de dévorer le diable, qui est l’humanité même du CHRIST. Le CHRIST en tant qu’homme n’est qu’un vers de terre accroché à l’hameçon, il ne participe pas activement, mais seulement passivement, à la lutte. 
Dans une note de l’an 1509, LUTHER écrit : 
«Credere est in humanitatem eius credere» (Croire signifie croire en son humanité). 
Il se réfère seulement à l’humanité du CHRIST, laquelle est notre pêché lui-même.
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Le CHRIST ne peut donc pas être une «personne» parce qu’il est radicalement divisé en lui-même, étant à la fois le diable et DIEU ?
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C’est-à-dire de la modernité...
https://lh3.googleusercontent.com/KOHPwjn2wvypiHzzZ4lxXX3ATArxrCqFo6oY4FJHwdnobRPU8HOoYtuGs0z8BYnhkVkCfUhbWWZOEAQcLwib-FYPsvzYvx9NvDI0k-ZNlDIXQGa8ouDuJByAMoNmbfM2tornTOCkQPsBcOD3H2cdjW8AI5ph0Isx_4JUEq7bkWDJ3XX0KgS6Zd_nGhRisvYjMxDuD20zTYnOB0gzON99wZOug6YLLzeHj80gFNubHLllnqr56azpO1NRTiN_HlUyP9Y00BcWFXR550e8S0X-va6DlXKtW6EoTcaFZ0X2hjx-9dE9ayVsdMZLSJu1izPfBWOIy0m2aIa1EwkTtp2nTQx3wzzGao-Mk1lUE-AK1UE8_LzwIv0pvjD69R0uWtE6cbIwYRhbnpfbQypFbtM0iqYjHtLcbDdSQnOwfzA5sKnM73CHNCwtzSuRZc5sIv1wY6ChN8Be3xXDDZy3x6tGrtfogfmFnba0HCF6ta3WaWltV8bjm3-h653hP33lSMnQ_a0o9PSV9KHvghpmlyZiUcn677NjpQEUDVrjy7tiPh6qmtihF0AItJhfSde0_voa6CgCkg=w106-h150-no LUTHER ajoute d’ailleurs qu’il y a une deuxième crucifixion et qu’elle concerne chaque chrétien.
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Il y a d’abord le phénomène historique de la crucifixion de JÉSUS-CHRIST, puis la crucifixion de l’homme ?
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«l’Évangile ne consiste pas dans les faits historiques qui y sont rapportés. Certes, le CHRIST s’est fait homme, mais cela ne m’intéresse pas. Seul importe ce que le CHRIST est pour moi. Pour moi il est le porteur du péché et c’est sur lui que se consomment la lutte et la défaite. Voilà ce que le CHRIST est pour moi.»
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LUTHER inaugure donc la séparation entre le JÉSUS de l’histoire et le JÉSUS de la foi.
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Au contraire, LUTHER dit : 
il y a deux fonctions opposées dans le CHRIST, qui ne peuvent pas être mentionnées ensemble, «autrement elles deviennent quelque chose de diabolique». D’une part le CHRIST est celui qui étrangle (devorator) le péché, de l’autre il est un exemple.
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BULTMANN et tout le reste sont donc déjà annoncés par LUTHER ?
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Pour lui il y a deux CHRIST, de même qu’il y a deux ABRAHAM.
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Est-ce LUTHER qui le dit ?
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«Ergo alius Abraham credens, alius Abraham operans. Alius Christus redimens, aliud Cliristus operans...et haec distingue ut coelum et terra» (Donc autre est l’ABRAHAM qui croit, autre l’ABRAHAM qui oeuvre, autre le CHRIST qui rachète, autre le CHRIST qui oeuvre.., distingue ces choses comme le ciel et la terre). 
Le CHRIST rédempteur est celui qui dévore le diable et l’engloutit. Le CHRIST agissant est celui qui me donne la force de faire des oeuvres, ils s’opposent comme le ciel et la terre. 
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Penser et nommer conjointement le CHRIST sacramemtum et le CHRIST exemplum est, pour LUTHER, aberrant, c’est la cause de toutes les erreurs.
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Nous sommes ici aux antipodes de SAINT AUGUSTIN.
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En marge de ce passage, précisément, LUTHER écrit : 
(«C’est faux. C’est de là que viennent toutes les erreurs d’AUGUSTIN».
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Il attaque donc AUGUSTIN lorsque le saint évêque s’oppose aux manichéens. 
C’est pourquoi MÉLANCHTHON, surtout après la mort de LUTHER, accusera celui-ci de manichéisme («deliria manichea»), parce que chez LUTHER on voit revenir les deux dieux, les deux CHRIST.
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Certes, LUTHER n’est pas totalement manichéen. Il n’enseigne pas, comme les manichéens, une existence propre, cosmique et permanente du mal. Le péché dont parle LUTHER finit avec la mort ; mais, par là, l’humanité du CHRIST, ce masque, cette enveloppe du corps, ne sera plus retrouvée.
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Toute la construction de LUTHER repose, comme le gnosticisme, sur un désespoir radical la réalité s’identifie à l’enfer et il n’y a pas de salut réel. Son système théologique ressemble à une tanière, à un refuge, pour un homme traqué, terrorisé.
https://lh3.googleusercontent.com/9Op_sejQbLa-J8TMhYIwSrPVHByYakyHPO1WrkHHU6RQ9vnBIamnGx9rCqq3xKoqyuHDUij3r38aMyYQ3IwQj620RYZj-b9ke0rrq0wMXqMcCvYkybdJyefCTjc0Tz4z47rlsj5mEGvck4CbwQ0qD-EH4elvYI6QXYUQuaFZE9_rzRQDn2-7xWJ0wfqpeGPasz6s4_HZVtPhnYlMkvJxVu16VFGC_8OkgpSLZ2wA16ooXZx7LhwiB0Qme4bXiuSTdUYbfvEkQRWjuMiv2OSL2LN6q2PK60yAPNUcSuMImgihbZkDWT0U91gB-ntI278VtT_q5PGh64LdA96SYgGFPc3Q7exyTwQAz66hYMlgMYvzn2k8S3ZPssNrgDStcBF0xHI2Jgy7MgH8oLuARSymDmQk5UtnDLJg5eqkXgSGu5aPKeTFR95wPJTQt7eLNoqW4zXXwUS0RTjuINnYA9L9MFAAEMazczCcklN6qQcwNJbqTvjM2clBSF04QV814fqJDrYqQaJEHL3KZRx4zhLMEuOAt11DmTUxEX8qpNlTBeA94B7Zso8upzW4a__d_hutHpcvig=w200-h249-no
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«comme protection contre DIEU». 
LUTHER affirme sans cesse que l’humanité du CHRIST, ainsi que les sacrements et l’Église, ne sont rien d’autre qu’une protection, une cachette, contre DIEU, contre la colère de DIEU.
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Comment imaginer une divinité mauvaise, méchante ?
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Quand SAINT PAUL écrit à propos de JÉSUS-CHRIST : 
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«En Lui habite la plénitude de la divinité»
.. 
LUTHER commente 
«Il est bon que nous ayons un tel homme, parce que DIEU en lui-même est cruel et mauvais»
Mais sa pensée n’est pas une pensée systématique, elle suit son expérience personnelle. Aussi, du fond de la lutte et de l’inimitié radicale, monte-t-il un soupir vers le PÈRE.
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La doctrine catholique sur la TRINITÉ en est-elle compromise ?
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«Plures hommes sunt unus homo» (Plusieurs hommes sont un seul homme) pour signifier qu’une pluralité d’hommes n’en est pas moins qualifiable sous la catégorie «l’homme». 
C’est ainsi que certains veulent expliquer le mystère de la TRINITÉ. Mais SAINT AUGUSTIN, dans De Trinitate (VII, 6, II), s’oppose à cette absurde réduction rationaliste. Elle est inacceptable. 
Alors LUTHER écrit en marge 
«De même qu’«homme» est une expression qui définit tous les hommes et que la substance est la même, ainsi «personne» en DIEU est un terne commun à beaucoup et signifie la substance de la divinité».
https://lh3.googleusercontent.com/fDb9LrYjUPynbhDDNtFDVfI-6x1MYLc6qMQZ9Z3gchWaEQPgf_6QclXK3gbNt5C6ZommQv2YNCQ-hW0FF7wBwQfl23RC4N3hJLaWMtdC3K0TXLa4liFaMsVTIHSjs2yKljDBeIfZvMOa197rRkaprBW4HQSt1lq22yn8Q1HeWZMO3xjNEOEPgwqnXJ-mdJU6EW5Pqb2WZAbLVTus21UOO6C-2IFQywVn-Bq_11AUkzvgA0aBYIyfh_L9EeEsdkSJlhZDxRe4HbPF5xkYXplmUbRopvncZWYcYnlvo_pU-Lg4fHtKEmM28qV9iAD3X_-qY1n8j1UszW_CGaCt9sCCIaxG4nHAZdO2G98OwKySipdRTuAgVbtTFQvO-XRgsHxsEBEkib9lisBMG0BSGbG7cPhYn2gUvAzz-xa4voTsN416pqAGChS-4Vq6ZVDGx4eEed_9uT6TYCcWwNp_jfxztuoKUX9q8vDodsviwKMN384X5Ex7Ifvh9yYkWmrRieLR5aU6fh4u3DnpylrqJ0F5HaCJAW9fMfep--WZH0j70ZLK6Jzr5hUdjfMgvcNc1rsPr1mjLw=w180-h249-no
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Il dit précisément le contraire de ce qu’affirme AUGUSTIN. LUTHER reprend la conception dPORPHYRE sur la TRINITÉ.
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Mais comment a-t-on pu définir LUTHER comme un augustinien ?
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«Vous êtes dans le CHRIST JÉSUS qui est devenu pour nous sagesse venant de DIEU, justice, sanctification et rédemption» (I CORINTHIENS 1,30). 
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AUGUSTIN, à propos de ce passage, parle de la «grâce incréée».
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Et LUTHER ?
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«Est enim dilectio creata : sicut Christus est fides, iustitia, gratia nostra et sanctificatio nostra» (Il est en effet amour créé : comme le CHRIST est foi, justice, notre grâce et notre sanctification). 
LUTHER en arrive ainsi à affirmer que «Christus factus est», que le CHRIST a été fait, alors que toute la tradition de l’Église (et même MÉLANCHTHON) déclare que 
«Notre Seigneur JÉSUS-CHRIST est le FILS Unique de DIEU, qu’il est «genitum non factum» («engendré, non créé»).
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Cela ressemble à des disputes très ardues, à des choses d’une autre époque, réservées aux spécialistes.
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Nous vivons un moment grave, aussi grave que l’époque de LUTHER.
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N’êtes-vous pas un peu « catastrophiste » ?
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Vous parlez de LUTHER ?
https://lh3.googleusercontent.com/KOHPwjn2wvypiHzzZ4lxXX3ATArxrCqFo6oY4FJHwdnobRPU8HOoYtuGs0z8BYnhkVkCfUhbWWZOEAQcLwib-FYPsvzYvx9NvDI0k-ZNlDIXQGa8ouDuJByAMoNmbfM2tornTOCkQPsBcOD3H2cdjW8AI5ph0Isx_4JUEq7bkWDJ3XX0KgS6Zd_nGhRisvYjMxDuD20zTYnOB0gzON99wZOug6YLLzeHj80gFNubHLllnqr56azpO1NRTiN_HlUyP9Y00BcWFXR550e8S0X-va6DlXKtW6EoTcaFZ0X2hjx-9dE9ayVsdMZLSJu1izPfBWOIy0m2aIa1EwkTtp2nTQx3wzzGao-Mk1lUE-AK1UE8_LzwIv0pvjD69R0uWtE6cbIwYRhbnpfbQypFbtM0iqYjHtLcbDdSQnOwfzA5sKnM73CHNCwtzSuRZc5sIv1wY6ChN8Be3xXDDZy3x6tGrtfogfmFnba0HCF6ta3WaWltV8bjm3-h653hP33lSMnQ_a0o9PSV9KHvghpmlyZiUcn677NjpQEUDVrjy7tiPh6qmtihF0AItJhfSde0_voa6CgCkg=w106-h150-no LUTHER a abandonné la source de la vie à cause de l’influence du diable, mais «sous les hurlements bruyants de la haine de DIEU il reste le gémissement soumis : PÈRE !» ; sous la négation de la volonté, il reste un appel à une volonté supérieure. Tandis qu’aujourd’hui on en arrive à soutenir les mêmes folies sans même ce dernier lien de douleur. Ce n’est pas seulement une question doctrinale.
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Un professeur protestant, un ami à moi, parlant il y a quelque temps de certains théologiens catholiques, a conclu sur ces mots : 
«ils sont pire que LUTHER».
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Le 3 janvier 1521, l’Église catholique apostolique romaine excommunie MARTIN LUTHER. 
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«Tout a commencé avec la première erreur des protestants», 
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écrit PIE X dans l’encyclique PASCENDI
Les catholiques ont toujours considéré cet événement comme le premier acte d’une tragédie unique qui se poursuit avec l’ILLUMINISME, la MAÇONNERIE, l’idéologie du XIXe et le MODERNISME. 
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Le ton affecté par ROME nous semble aujourd’hui plutôt fruste et expéditif («le démon se cache sous le manteau de sociétés secrètes», écrivait SAINT JEAN BOSCO), mais ROME s’attirait des foudres bien plus grandes ( LUTHER se proposait «d’arracher la langue au Pape et de l’envoyer à la potence avec toute la plèbe qui l’idolâtre»). C’était le langage de l’époque. Et le signe d’une libellé qui n’est plus possible à présent. 
Du reste, objectivement, l’arbre généalogique dont parlaient les catholiques avait effectivement des ramifications occultes. Ce n’est pas un hasard si - pour parler des ROSICRUCIENS, en 1615, la Confessio Fraternitatis
https://lh3.googleusercontent.com/TnEZHywGVa2www7joaZAZZpOt--IteqPNocm-IfVXuTydM8tlr5hX3tMDhfiwzl4-ss_X74T6ZNQ2-slpZ9vFfF6_BWjLILucPtMUXgX-9Rkk_EP0WwAIyTzgnR6skQu4dLwYCC0C9fyjlcJKqFGpZBRANHw_fkj-RIzm4oukmv_UzzOdxvb6ImIxFpZdueOxqx2DcW7Aqu0EqqSFYzGLMkSpDhL1PAerYarCWoBDybr8ntGB5tVkkxRPUipRuFa_c8YXgA_qzlrqKQN2RWugxKSs17rEindNzhnBQKBIiWQ7EdVHxi4gwmTwI902A9Q86y_DFLaVRcoWzUaVuyqvPY4hnik4uau9j5AlMh_d_SlecRzt7s9pyf9HjqFUkNw5xvfEk79c5sgMaxblInOqn7t25hxRtVOzjcAws12GLuqH_sKbx1mGf_DZ8GoruXEvVEhHsLUczB67-e1zUkpsNmMf-45dRXlgDLRbSJbnbeEI2gPqAIbnj4rhfTugQ-2suSF4ugNSP3ITxDd310nMWlXHS_LvAER319b-eOB74c4w8J40reIeuQPoKzloCm5syq5kA=w204-h194-no
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«attestait l’existence d’une confrérie secrète réformée dont le symbole était une rose et une croix, le symbole figurant sur les armes de LUTHER»
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(C’est ce qu’écrit l’italien ROSARIO ESPOSITO qui explique que «la CROIX représente la sagesse du Sauveur, la parfaite connaissance ou GNOSE, alors que la rose est le symbole de la purification, de l’ascétisme... le signe de la Grande Œuvre Alchimique»). 
Et ce n’est pas un hasard si la fondation de la MAÇONNERIE spéculative en 1717 porte le sceau d’un pasteur protestant, le révérend ANDERSON.
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Mais au XXe siècle, l’historiographie catholique effectue un complet retournement. LUTHER devient quasiment un saint et à coup sûr un mystique. SEBASTIAN MERKL fut un des pionniers de cette volte-face. C’est cette école qu’a suivi le luxembourgeois JOSEPH LORTZ, auteur de l’ouvrage qui marque le retournement.

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LE LOBBYS LUTHÉRIEN
par Antonio Socci
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Un groupe influent d’historiens catholiques a transformé le moine allemand en un grand théologien victime d’un malentendu. Au cours de ces dix dernières années, les voix qui ne rejoignaient pas ce chœur ont été censurées.
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Die Reformation in Deutschland, paru en 1939 et continuellement réimprimé depuis. LORTZ (c’était une première chez les catholiques) attribue une bonne partie de la responsabilité de la rupture de 1517 à ROE, LUTHER y est décrit comme un théologien profond, assidu à la prière. Certes un peu trop subjectif, mais par la faute de l’Église qu’il avait devant lui 
«LUTHER a détruit en lui-même un catholicisme qui n’était pas catholique».
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Si on va jusqu’au fond de la pensée développée par LORTZ on peut conclure (comme l’a observé RATZINGER) 
«que la division de l’Église résulte d’un véritable malentendu qui aurait pu être évité par des pasteurs plus vigilants dans leur pensée».
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ERWIN lSERLOH et PETER MANNS, deux élèves de LORTZ, ont achevé l’œuvre du maître. Selon ERWIN lSERLOH, LUTHER, à l’époque critique de 1517, est un théologien catholique modèle.
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Et le père MARINS observe que 
«le magistère, à partir d’une vision du catholicisme historiquement figée, considère LUTHER comme un hérétique», mais que «LUTHER devance la vieille Église (qui l’aurait volontiers brûlé) comme il devance l’Église réformée... LUTHER les précède l’une et l’autre, sans pour cela les abandonner»
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OTTO PESH et l’historien HUBERT JEDIN font également partie de la nouvelle école, laquelle exerce, aujourd’hui, une hégémonie absolue dans l’Église catholique.
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Ainsi, elle est devenue complètement officielle. Le Catéchisme pour adultes de la Conférence épiscopale allemande reprend toutes ses thèses.
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Le discours du cardinal WILLEBRANDS à ÉVIAN, en 1970, au cours de la Conférence mondiale sur LUTHER, est également mémorable. Ce lobby d’historiens fait figure, aujourd’hui, d’historiographie officielle de l’Église.
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Mais depuis ces dix dernières années, il y a un phénomène plus inquiétant : aucune autre thèse historique, théologique ou scientifique un peu critique sur LUTHER n’est admise. C’est tout simplement interdit.
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Le cas de REMIGIUS BAUMER est retentissant.
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Ce spécialiste de LUTHER, à la veille de la visite du Pape en ALLEMAGNE en 1980, a rédigé un chapitre d’un ouvrage collectif sur l’histoire de l’Église allemande. Il n’a diabolisé personne mais a fait des remarques critiques sur LUTHER. Le volume fut retiré de la vente et BAUMER fut réprimandé.
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On en est arrive à constituer des délégations officielles de l’épiscopat pour dissuader les experts catholiques de critiquer LUTHER.
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La même année est parue la seconde édition (complétée) du livre de THÉOBALD BEER, Der fröhliche Wechsel und Streit.
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A la lumière de nouveaux écrits de LUTHER découverts au cours de ces dix dernières années, THÉOBALD BEER démontre que, des 1509, LUTHER réfute complètement la doctrine de l’Église sur la TRINITÉ, l’INCARNATION et l’unité de la personne de JÉSUS CHRIST. Et que son augustinisme n’est en rien radical. C’est tout autre chose qu’une querelle sur les indulgences, qu’un entêtement de la Curie romaine ou qu’un malentendu. THÉOBALD BEER a été naturellement réprouvé, son ouvrage a été officiellement mis à l’écart et passé sous silence.
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Et même le cardinal RATZINGER coupable, en 1965, d’avoir cité THÉOBALD BEER, BAUMER et l’ouvrage d’un converti au catholicisme, PAUL HACKER, a été frappé d’anathème par le lobby. Le père PETER MANNS le traite d’ignorant et lui conseille de «rétracter».
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RATZINGER n’aurait pas dû citer un outsider comme THÉOBALD BEER :
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«Les questions de ceux qui font figure d’outsiders ont toujours peu d’importance pour les insiders (la ligue des spécialistes), mais insiste le cardinal ce sentiment démesuré d’appartenance à un corps, qui censure de telles voix, oblige précisément à enfreindre la loi du silence». 
On ne pardonne pas à RATZINGER d’avoir critiqué à cette occasion KARL RAHNER.
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MATINS en arrive à effectuer une analyse de la lettre du Pape sur LUTHER en 1983. Et à opposer «une teneur d’origine du document» qu’il juge positive, à une formulation qu’il attribue à RATZINGER. Opération qui lui permet (observe RATZINGER) 
«de mettre allègrement en évidence une contradiction entre le Pape et moi-même. et de retourner l’autorité du Pape à mon encontre»
Le préfet de l’ex-Saint-Office affirme qu’il s’agit d’une pure fantaisie de MATINS, mais il est curieux que le «gardien» de l’orthodoxie catholique soit sujet à de tels procédés et injonctions de «rétractation».
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Quelqu’un a écrit :
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«Toute l’eau de l’ELBE ne pourrait fournir assez de larmes pour pleurer sur les désastres de la Réforme : le mal est sans remède».
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Aujourd’hui, l’auteur de ce jugement ferait sûrement l’objet d’une dure réprimande de la part de l’Église. Il est singulier qu’il s’agisse du chef des protestants, MÉLANCHTHON (Epistote, IV, 100).
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LUTHER lui-même, à la fin de sa vie, fit une douloureuse critique de son œuvre bien plus réaliste que les commentaires de ses apologistes catholiques actuels.
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Dans une lettre à ZWINGLI, il écrivait en effet :
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«Il est terrifiant de devoir reconnaître que dans le passé tout était calme et tranquille, que la paix régnait partout, alors qu’aujourd’hui surgissent dans tous les Pays des groupes factieux, c’est une abomination qui fait pitié. Je dois confesser que mes doctrines ont produit de nombreux scandales. Oui, je ne peux le nier : souvent cela m’épouvante, spécialement quand ma conscience me rappelle que j’ai détruit la situation en place de l’Église, si calme et si tranquille sous la papauté».
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MARTIN LUTHER s’est-il fait moine pour échapper à la justice après un duel mortel ? DIETRICH EMME, qui ne croit pas à sa vocation après l’orage, le démontre.
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CE NE FUT PAS UN COUP DE FOUDRE
Par Tommaso Ricci
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Il est paradoxal que les nouveautés au sujet de LUTHER proviennent de ceux qui font figure d’outsiders. DIETRICH EMME en est un. D’origine protestante (on compte parmi les ancêtres des prêtres et des missionnaires) il est juriste de formation et étudie LUTHER depuis 15 ans.
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Selon la thèse la plus acceptée et diffusée dans le milieu des spécialistes de LUTHER, MARTIN décida d’entrer au couvent, en juillet 1505, après la célèbre expérience traumatisante de l’orage (Gewittererlebnis ou Blitselebnis) qui le surprit en chemin dans les environs d’ERFURT et durant lequel son compagnon de route fut foudroyé. 
En proie à la terreur, LUTHER, alors à peine plus âgé de 20 ans, aurait prononcé le vœu suivant :
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«SAINTE ANNE, viens à mon aide ! Je deviendrai frère». 
C’était le 2 juillet 1505. Le 17 juillet de la même année, il entrait au couvent.
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DIETRICH ERNINE recueillait tranquillement les détails de cette version quand il tomba sur un vieux livre anonyme (Geschischtslügen 1895), dans lequel était écrit :
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«Les raisons pour lesquelles LUTHER est entré au couvent sont présentées de manières différentes par les historiens. Selon OLDECOP, l’ami du Réformateur est mort foudroyé ; COCHLAEUS rapporte également cette version».
 
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En revanche, les plus anciens biographes protestants de LUTHER, MATHÉSIUS, MÉLANCHTHON et SEINECKER, soutiennent que c’est LUTHER qui a tué son ami en duel, et que presque simultanément, il a été traumatisé par un énorme orage. 
Dans tous les cas, LUTHER en personne affirme dans ses lettres avoir prononcé un vœu «forcé et non libre». 
DIETRICH EMME a consacré ces quinze dernières années à éclaircir cette singulière affaire ; et pour y arriver, il a été obligé d’élargir le champ de sa recherche aux années d’études que LUTHER fit à ERFURT (1501-1505).
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Curieusement, l’abondante littérature consacrée au père du protestantisme ne dit pas grand chose sur ces années.
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«LUTHER a-t-il choisi d’entrer au couvent ou a-t-il été contraint d’y entrer parce qu’il avait tué un compagnon d’études en duel ?
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Cette question ne m’a plus abandonné et pendant les sept ans qui ont suivi, j’ai recueilli tout le matériel susceptible de m’aider à y répondre», relate DIETRICH EMME.
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Lequel a publié, en 1986, son premier livre (MARTIN LUTHER. Seine Jugend und Stundenzeit. 1483 1505), après avoir fondé sa propre maison d’édition, afin d’éviter les refus et les conditions des autres éditeurs. Il y a quelques mois est paru un second ouvrage de DIETRICH EMME ( MARTIN LUTHERS Weg ins Kloster, 1991), dans lequel l’auteur reprend et approfondit les thèses de sa première oeuvre.
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Examinons-les en détail.
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Les duels, bien qu’interdits par l’Église et par le décret impérial, étaient un moyen très répandu de résoudre des querelles entre personnes privées, parmi les étudiants en particulier.
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DIETRICH EMME est convaincu que LUTHER s’était déjà battu en duel le 16 avril 1503, et avait été grièvement blessé on trouve une allusion à cette blessure de LUTHER dans les Tischreden (Discours à table), recueil de témoignages d’amis et de convives de l’impétueux personnage découvert à la fin du XlXe, témoignages qui ne concordent pas toujours et parfois imprécis, mais qui constituent toutefois une source à ne pas négliger.
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Voici ce qu’on peut y lire à propos du mardi de Pâques de 1503 :
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«Alors qu’il retournait chez lui, son épée heurta sa jambe par inadvertance, et le blessa. Il se trouvait seul avec un compagnon d’études, à une distance d’ERFURT semblable à celle qui sépare EUTZSCH de WITTENBERG. Le sang commença à couler abondamment. Alors qu’il tentait d’arrêter l’hémorragie avec ses mains, sa jambe commença à gonfler. Finalement, un médecin de la région accourut et guérit la blessure. LUTHER, se trouvant en danger de mort, fit alors le vœu suivant : MARIE, viens à mon aide !».
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Selon DIETRICH EMME, il apparaît peu probable que LUTHER ait pu se faire une telle blessure par hasard, et il suppose donc qu’un duel se cache derrière ce récit. 
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Également en raison du fait qu’immédiatement après cet épisode, LUTHER dut inexplicablement quitter l’association estudiantine dont il faisait partie le Collegium Ampionianum, la meilleure de l’université et devint membre de la Georgenburse, beaucoup moins renommée. 
Il est vrai que l’institution universitaire autorisait ceux qui avaient acquis un diplôme académique ( LUTHER était déjà bachelier en 1503) à porter une arme, mais elle en interdisait l’usage. 
Selon DIETRICH EMME, le déclassement académique de LUTHER aurait été une façon de le punir pour s’être battu en duel.
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Cependant, l’événement important sur lequel se concentre l’enquête du chercheur allemand survient en 1505.
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Il existe en effet différentes affirmations de LUTHER, en grande partie extraites de Tischreden, que les étudiants n’ont jamais expliquées, et qui figurent toutefois dans Weirnarer Ausgabe, le recueil de tous les textes de LUTHER.
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«Par une extraordinaire disposition de DIEU, il s’agit des paroles de LUTHER rapportées par VEIT DIETRICH, qui fut pendant quelque temps son secrétaire, 
«ils m’ont fait moine, afin qu’ils ne puissent pas me capturer. Sinon, j’aurais été facilement capturé. Ainsi au contraire, ils ne le purent pas, car mon ordre m’accueillit».
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Dans la préface de De votis monasticis M. Lutheri iudicium (1521), LUTHER écrit :
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«Je ne suis pas devenu moine de bon gré et par ma volonté, et encore moins pour remplir mon estomac, mais, en proie à la terreur et à la peur devant la perspective d’une mort subite, je prononçai un voeu forcé et non libre (coactum et necessarium votum)».
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Selon d’autres témoignages, LUTHER confia que, juste après son obtention du titre de magister (février 1505), après donc avoir poursuivi un objectif très ambitieux et s’étant vu fermer les portes de l’étude convoitée du droit, il fut pris d’«affliction et de tourment».
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En 1521, LUTHER écrit à son ami MÉLANCHTHON qu’il 
«craint d’avoir prononcé son voeu monastique «de manière impie et sacrilège» (magis fui raptus quam tractus). 
Rappelons enfin un épisode étrange, à savoir quand LUTHER tente, au cours de sa première messe, au moment de l’offertoire, de fuir et qu’il est retenu par son prieur. 
«J’étais mort de peur»
confessera-t-il à plusieurs reprises.
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Jamais la recherche n’a tenté d’éclaircir ces épisodes et ces références en «discordance» avec la vie du réformateur. DIETRICH EMME affirme que ceux-ci n’acquièrent un sens que si l’on admet que le commencement de l’itinéraire religieux de LUTHER a pour origine un fait tragique.
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Il a d’ailleurs recueilli un grand nombre de preuves qui convergent sur cette hypothèse. 
La première se trouve dans les registres de l’Université d’ERFURT, desquels on déduit qu’entre janvier et février 1505, c’est-à-dire entre la date de l’examen et celle de l’obtention de LUTHER du magister de la Faculté des Arts, un étudiant, du nom HIERONIMUS HENTZ, est décédé après avoir obtenu l’examen. 
«Non promu, car atteint de pleurite juste après l’examen, et décédé de mort naturelle peu après»
lit-on dans les actes. La pleuritis était une des plus fréquentes causes de décès à la suite de duels la blessure reçue au thorax pendant le combat se rouvrait donnant lieu à une inflammation pulmonaire mortelle.
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Quant à la «mort naturelle» mentionnée dans les actes, DIETRICH EMME explique que
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«les universités avaient intérêt à «cacher» les morts survenues à la suite de duels, car elle pouvaient nuire à leur réputation et induire de nombreux étudiants, en particulier les plus dotés et de haut lignage, à ne pas s’inscrire».
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Selon DIETRICH EMME, on trouve d’autres indices en examinant le choix monastique de LUTHER. Surtout dans le choix du couvent qui est celui des Ermites de SAINT AUGUSTIN. Il s’agissait d’un des couvents, peu nombreux, qui ne relevait pas de la juridiction de l’autorité ecclésiastique locale (archevêque de MAINZ), mais de ROME ; d’autre part, à cette période l’ordre des augustins était profondément divisé entre les «observants» (antiromains) et les «conventuels» (pro-romains). Le Couvent d’ERFURT appartenait aux «observants», ce qui en faisait un lieu de refuge des plus sûrs.
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Le théologien protestant NIKOLAUS SELMNECKER (1530-1592) raconte que LUTHER entra
 
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«en cachette et de nuit (clam et noctu) dans le couvent des ermites augustiniens d’ERFURT et que durant deux jours entiers des compagnons, des amis, des étudiants et d’autres personnes surveillèrent sans relâche le couvent et l’encerclèrent dans l’intention d’en faire sortir LUTHER ; mais l’entrée du couvent fut si fermement barrée que durant un mois personne ne fut autorisé à s’approcher de LUTHER» (Oracio de dico Lutero, 1590).
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Dans ce contexte, il faut considérer que WEIMARER AUSGABE débute par un écrit de LUTHER négligé par tout le monde sur le droit d’asile dans l’Église. Ce texte est anonymement publié en 1517, et en 1520 avec le nom de l’auteur. DIETRICH EMME, qui a commencé par traduire en allemand cet ouvrage de LUTHER, lui attribue une double signification. D’une part, il souligne la date de publication : 1517 est l’année où sont affichées les 95 thèses, c’est donc le début de la controverse publique protestante.
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Dans cet écrit LUTHER rappelle que selon la loi mosaïque celui qui a tué quelqu’un sans avoir été son ennemi, par inadvertance, sans préméditation n’est pas coupable d’assassinat. 
Serait-ce une sorte d’auto-justification préventive, au moment où LUTHER devenait un personnage public, et de ce fait exposé aux accusations sur son passé ? 
Mais l’ouvrage constitue également une auto-justification publique de l’ordre augustinien, qui allait sûrement faire l’objet de reproches pour avoir accordé l’hospitalité à un ennemi de l’Église et du Pape.
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La réponse implicite était que l’Église n’avait pas le droit de refuser l’asile même aux pires des brigands.
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Autre indice : LUTHER n’entre pas au couvent en qualité de postulant, ni comme frère laïc.
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Durant les six premiers mois de permanence on lui donne à faire les travaux les plus humbles, à lui, le nouveau magister : il doit tourner le lait pour faire le fromage, nettoyer les latrines, il est traité comme un esclave. C’est probablement ce souvenir dégradant qui, chez LUTHER, sera successivement à l’origine de sa haine du monachisme, de l’abandon du sacerdoce et de sa doctrine sur de servo arbitrio.
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Ce que l’on appelle la «théologie du désespoir» luthérienne aurait donc ses racines dans une expérience tragique, dans laquelle fut impliqué LUTHER, et qui détermina contre sa volonté tout le reste de sa vie et de sa doctrine contradictoire. 
Le théologien catholique THÉOBALD BEER a accueilli avec grand intérêt l’ouvrage du protestant DIETRICH EMME, car elle confère des bases existentielles aux erreurs doctrinales de la christologie de LUTHER, lequel aurait projeté sur la figure du CHRIST ses propres blessures intérieures.
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La recherche de DIETRICH EMME est élaborée à partir d’indices. Mais l’auteur soutient qu’il 
«s’est efforcé de donner un sens et de la cohérence à des détails de la vie de LUTHER qui étaient jusqu’à présent restés dans l’ombre et demeurés sans explications. Les autres se contentent de débattre sur ces faits. C’est une méthode trop facile. C’est pourquoi ceux qui ont des critiques et des objections précises doivent se mettre en avant».
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Il n’y a plus qu’à attendre que la loi du silence tombe. Le défi est lancé.
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LE GNOSTICISME
 
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12/02/2011

LUTHER ET LE DIABLE


 
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LUTHER

 

La Conrence entre LUTHER et le

diable au sujet de la messe

 

Racontée par LUTHER lui-même

 

 
 

Traduction nouvelle en regard du Texte Latin par

Isidore LISEUX

Avec les Remarques et Annotations

des Abbés DE Cordemoy et LENGLET-DUFRESNOY

Frontispice gravé à l’eau-forte par J. AMIOT

PARIS Isidore LISEUX, 5, Rue Scribe 1875



TABLE DES MATIÈRES
 
  • Avant-propos
  • Récit de LUTHER
  • Remarques de l’Abbé de Cordemoy
  • Chapitre I. - Que cette pièce est de LUTHER
  • Chapitre II. - Que les Protestants ne doivent pas même écouter LUTHER
  • Chapitre III. - Que les Protestants s’efforcent en vain de justifier LUTHER
  • Chapitre IV. - Au temps de la Conférence avec le Diable, LUTHER était encore dans le sein de l’Église Catholique
  • Chapitre V. - Étrange égarement de LUTHER sur l’administration des Sacrements
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AVANT-PROPOS
 
L’Abbé de Cordemoy était un savant homme de la fin du XVIIe siècle, qui avait pris à tâche de ruiner le Calvinisme par des arguments, puisque les dragonnades de son Roi n’avaient pu en venir à bout. Procédé moins royal, il est vrai, mais plus humain : aussi en sommes nous reconnaissant à ce digne prêtre, et ne regrettons-nous pas de remettre son nom en lumière.
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De tous les ouvrages de controverse qu’il a publiés contre les Protestants, celui-ci est peut-être le moins volumineux ; mais, ayant LUTHER et Satan pour collaborateurs, c’est, nous le croyons bien, celui qui mérite le plus d’être conservé. Les anciennes éditions (Paris, 1681, 1684, 1701, in-12) sont devenues introuvables, et si nous pouvons les reproduire pour l’édification des lecteurs du XIXe siècle, c’est grâce à un autre abbé, LENGLET-DUFRESNOY, curieux et bibliophile autant que dévot, qui faisait ses délices des Lettres, après les devoirs de son état, comme il le dit lui-même d’un de ses confrères (1). Les devoirs de son état n’ont pas empêché LENGLET-DUFRESNOY de donner au public les collections complètes et joyeusement commentées de nos vieux rimeurs : Le Roman de la Rose, CLÉMENT MAROT, RÉGNIER, etc. Il est même l’auteur d’une Dissertation sur les romans (2), dont le second tome contient une bibliographie assez piquante des facéties les plus gaillardes que l’esprit Gaulois eût encore produites. Rien d’ailleurs de plus orthodoxe : il continuait ainsi la tradition de l’Église, laquelle se glorifie tous les jours, et à juste titre, ne l’oublions pas, d’avoir sauvé du naufrage ces maîtres charmants du gai savoir antique, HORACE, CATULLE, OVIDE, MARTIAL, PETRONE, et tant d’autres.
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(1) Préface du Recueil sur les Apparitions, page cl.
(2) De l’usage des Romans, avec une bibliothèque des romans, par GORDON DE PERCEL [pseudonyme de LENGLET-DUFRESNOY Amsterdam, chez la veuve de Poilras, T734, 2 vol. in-12.
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Donc, pour en revenir à notre Opuscule, il. était déjà fort rare, lorsque LENGLET-DUFRESNOY eut l’idée de le réimprimer, avec des notes de lui, dans son Recueil de Dissertations sur les Apparitions, les Visions et les Songes (Paris, 1715, 4 vol.in-12).
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«Cette pièce, dit-il, est très importante par sa singularité. Qui ne sera surpris de voir que MARTIN LUTHER, homme de beaucoup d’esprit, avoue dans la Relation de cette conférence, que c’est de l’Ange de ténèbres, auteur du mensonge, et que tout Chrétien doit avoir en horreur, qu’il tient une Doctrine, qui pour être crue, par l’homme fidèle, qui pour être adoptée par une société entière, devait du moins être proposée par un Ange de lumières, reconnu avec certitude comme envoyé par l’Auteur de toute vérité ? Je m’en rapporte aux plus zélés Protestants, ses disciples. N’est-ce pas un excès condamnable dans Luther de s’être livré à ses préventions et d’avoir abandonné le sentiment unanime de l’Église Catholique, pour suivre aveuglément les suggestions du Démon, que dans le moment de leur conférence reconnaît lui-même pour un séducteur et un Ange de ténèbres ? Nous avons cru, aux Remarques de M. l’Abbé de CORDEMOY, en pouvoir ajouter quelques autres également intéressantes. Que les Protestants qui cherchent le vrai, qui ne craignent rien tant que de se voir trompés, ne doivent-ils pas penser à la lecture de cette pièce, reconnue et avouée pour être de LUTHER même ; pièce néanmoins qui fut un des motifs qui le fit passer du séjour de la vérité dans celui de l’erreur ? Que ne diraient-ils pas contre nous, s’ils avaient un semblable titre à nous opposer c’est ce que nous abandonnons à leurs sages et prudentes réflexions»
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Ces sentiments sont d’un bon Catholique, et nous dispensent de rien ajouter sur le fond du sujet. Notre dessein n’est pas, du reste, de réveiller des querelles assoupies, mais sim­plement de rendre le jour à un écrit inté­ressant, à un échantillon de discussion reli­gieuse que la personnalité peu commune des interlocuteurs suffirait à recommander.
I.L.
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La Conférence entre LUTHER et le diable au sujet de la messe
Racontée par LUTHER lui-même dans son livre de la Messe privés (1) et de l’onction des Prêtres (2).
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(1) Les Protestants appellent Messes privées celles où le Prêtre seul communie.
(2) Feuillet 228 du tome 7 des Œuvres de LUTHER, imprimées à Wittemberg en 1558. Ce n’était pas un songe, puisque LUTHER assure qu’il était bien éveillé lorsqu’il eut cette conférence avec le démon.
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Il m’arriva une fois de m’éveiller en sursaut vers le milieu de la nuit : Satan était là qui, sans tarder, ouvrit la discussion :
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Je lui répondis (1) :
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(1) Puisque LUTHER entreprend ici de se justifier de l’idolâtrie, c’est une marque qu’il ne croyait pas encore que ce fût un crime de célébrer des Messes privées.
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(1) Le Diable dit là une fausseté, car les Turcs ne croient pas que Jésus-Christ ait été crucifié. «Les Juifs, dit MAHOMET, n’ont pas crucifié le Messie Jésus Fils de Marie, mais un d’entre eux qui lui ressemblait» Alcoran de MAHOMET, chapitre des Femmes.
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(1) L’esprit de mensonge fait ici connaître ce qu’il est, lorsqu’il dit que les prêtres de l’Église Catholique n’ont point de confiance en la miséricorde de Jésus-Christ ; qu’ils ne le regardent pas comme médiateur ; qu’ils le tiennent comme un juge cruel ; qu’ils ne le traitent pas de médiateur. Et c’est sur ces faux exposés qu’il prétend qu’il n’y a point de vraie foi en Jésus-Christ dans l’Église Catholique. Toutes les prières de la Messe s’adressent toujours à Dieu, et finissent par Jésus-Christ comme médiateur.
(2) Le Diable attaque l’Invocation des Saints, en supposant faussement que l’Église fait tort à la médiation de Jésus-Christ lorsqu’elle a recours à leurs prières ; car l’Église croit simplement qu’il est bon et utile de prier les Saints qui règnent avec Dieu, dans ce même esprit de charité qui nous porte à demander le secours de nos frères qui vivent sur la terre. Conc. Trid. Sess. 3. sessio de Invoc. etc. Exposit. de M, l’Évêque de Meaux, art. 6 de l’Invocation des Saints, pages 19 et 20.
(3) Le Démon cherche ici à tromper le pauvre LUTHER : loin de ravir la gloire à Jésus-Christ, c’est au contraire la faire valoir, puisqu’on s’adresse aux Saints, non pour éloigner ou ne pas reconnaître la médiation de Jésus-Christ, mais au contraire pour la demander avec instance par le moyen de ses amis et de ceux qui lui sont chers dans la céleste patrie, comme ils lui ont été chers sur la terre.
(4) Ces paroles font voir que LUTHER était encore dans le sein de l’Église, lorsqu’il eut cette apparition, qui l’engagea à secouer le joug de la Religion Catholique.
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1) Qui a dit au Démon qu’il est défendu au Prêtre de donner le Sacrement aux fidèles ? Il devait se souvenir du Concile de Trente, session 22, chapitre 6, où le S. Concile désire que les fidèles communient aux Messes sacramentellement.
2) Mais s’il ne s’est présenté personne pour communier aux Messes dites par LUTHER, ce n’était pas sa faute : il faudrait, pour que le Diable parlât vrai, qu’il reprochât à LUTHER d’avoir refusé la communion à ceux qui se présentaient pour la recevoir. Autrement tous ses raisonnements portent à faux, et ne peuvent être admis par un esprit juste.
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1) Toutes ces raisons portent à faux, comme nous l’avons montré dans la Note précédente, qui peut s’appliquer à tout ce qui est dit dans les quatre dernières pages.
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1) Oh ! Oh ! Tout beau, il y avait un répondant, qui participait du moins aux prières, et s’il ne participait pas au Sacrement, ce n’était pas la faute de LUTHER.
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1) On donne l’Eucharistie à tous ceux qui se présentent pour communier, mais le Diable suppose par malice qu’il est défendu aux Prêtres de la donner à personne. Et dans les assemblées même des Protestants et des Réformés, il s’en faut beaucoup que tous participent à la Cène. Cependant malgré cela les Ministres se gardent bien de croire et de dire que leur Cène est imparfaite, parce qu’il en est peu qui y participent.
2) Qui ne voit combien le Diable cherche ici à tromper ? L’argent que l’on donne au Prêtre, n’est pas le prix d’une vente, mais une aumône qu’il reçoit de la main des fidèles. Le sacrifice n’a point sur la terre de prix suffisant, mais on fait cette charité au prêtre célébrant, pour l’aider à subsister, parce que, selon SAINT PAUL, le Prêtre vit de l’autel. Et les Ministres eux-mêmes, soit parmi les Protestants, soit parmi les Réformés, ne sont-ils pas payés pour exercer les fonctions de leur ministère ? Et peut-on dire par là qu’ils vendent la parole de Dieu, et qu’ils en font commerce ? Si on le disait, ils rapporteraient, pour leur défense, comme nous venons de le faire, l’autorité de Saint Paul.
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1) C’est une calomnie, l’Église ne baptise point les cloches : elle les bénit seulement, comme elle bénit les ornements et les autres choses qui servent au service divin. Et c’est proprement pour avertir que les choses ainsi bénites ne doivent pas servir à des usages profanes.
2) Aussi ne baptise-t-on pas, et jamais on n’a baptisé, que quand il y a un sujet propre à recevoir le Sacrement du Baptême. Et de même le Prêtre ne célèbre pas seul. Il offre le sacrifice tant pour lui-même que pour les assistants : Orate, fratres, ut meum ac vestrum sacrificium acceptabile fiat apud Deum («Priez, mes frères, afin que mon sacrifice qui est aussi le vôtre, soit acceptable devant Dieu»). Telle est une des prières du Prêtre.
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1) Fausseté ; car le Prêtre est au moins le Ministre du Sacrement, comme il est le Ministre du Baptême.
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«Pourquoi alors, n’y aurait-il dans ma Messe un vrai sacrement ? Mais ce n’est pas la même chose : dans le baptême en effet (même lorsqu’il est conféré dans un cas pressant), il y a au moins deux personnes, celle qui baptise et celle qui doit être baptisée, et souvent aussi plusieurs autres membres de l’Église. Et la fonction de celle qui baptise est telle, qu’elle communique quelque chose aux autres personnes de l’Église, au lieu de prendre pour elle seule, au détriment des autres, comme tu le fais, toi, dans ta Messe. Enfin tous les accessoires de l’œuvre principale sont ici l’ordre et la règle de l’institution du Christ(1)»
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1) Mais où est-il marqué dans l’institution de l’Eucharistie que tous les fidèles doivent communier ? C’est aux Apôtres comme Prêtres que Jésus-Christ dit : prenez et mangez, etc., prenez et buvez, etc. Mais celui qui n’est pas disposé fait beaucoup mieux de s’abstenir que de communier ; autrement, il mange et boit sa condamnation.
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«Il est vrai sans doute que le Christ s’est pris lui-même dans le Sacrement, et que tout Ministre quelconque, en le conférant aux autres, le prend aussi pour lui. Mais il ne le consacre pas pour lui seul : il le prend de communauté avec les assistants et avec l’Église, et tout se passe conformément au Verbe de Dieu, selon l’ordre et le commandement du Christ. Quand je parle ici de consécration, c’est pour demander si un prêtre peut consacrer et réaliser le sacrement pour lui seul ; car je sais fort bien qu’une fois la consécration faite, il peut en user comme les autres : c’est une communion, et la table du Seigneur est ouverte à tous. De même, quand j’ai demandé si l’on pouvait se donner l’onction et s’appeler soi-même, je savais de reste qu’une fois oint et appelé, on pouvait ensuite user de sa vocation. De même encore, en parlant de quelqu’un qui violerait une fille, j’ai demandé s’il suffirait au mécréant d’appeler mariage cette conjonction ; mais je sais fort bien que si la fille consent d’abord au mariage, la conjonction qui s’ensuit est un mariage»
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1) Cet endroit et toute la suite de cette conférence font voir que LUTHER n’avait pas encore quitté l’Église, lorsqu’il reçut cette apparition de l’Esprit malin ; mais c’en fut le préliminaire.
2) Le Diable soutient là l’hérésie des DONATISTES, en quoi il fait son métier.
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Tel est à peu près le résumé de cette discussion.
LUTHER
 
 
REMARQUE SUR LA CONFÉRENCE

 ENTRE LUTHER ET LE DIABLE AU 

SUJET DE LA MESSE
 
CHAPITRE PREMIER
 
Que cette pièce est de LUTHER
 
Il n’y a personne de bon sens qui ne crût, après avoir lu cette Conférence, que ceux qui reconnaissent LUTHER pour le premier de leurs Réformateurs, ne la rejetassent comme une pièce supposée et faite exprès pour décrier sa doctrine. Cependant Dieu a permis, pour les confondre, que LUTHER l’ait lui-même écrite, et qu’ils l’aient reçue comme un ouvrage de LUTHER. En effet le Livre où cette Conférence est rapportée, parut d’abord (1) en Allemand dès l’année 1533, c’est-à-dire environ treize ans avant la mort de (2) LUTHER, qui, bien loin de se plaindre qu’on lui eût attribué ce Livre par malice, écrivit (3) à Juste Jonas, son intime ami, pour le prier de le traduire en Latin. Cette traduction fut faite en 1534. Et après la mort de LUTHER, ses Disciples, et principalement Philippe MÉLANCHTHON, eurent soin de la mettre parmi ses Œuvres, qui furent imprimées en Latin à Wittemberg.
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Les Calvinistes, aussi bien que les Luthériens, reconnaissent que cette pièce est de LUTHER. Hospinien, qui est un historien Calviniste, parle sur l’année 1533 de cette Conférence, en ces termes (4) :
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«Cette année LUTHER mit au jour son Livre de la Messe privée et de la Consécration des Prêtres, au commencement duquel il rapporte l’entretien qu’il eut avec le Diable au milieu de la nuit, et il avoue que c’est par ce malin esprit qu’il, a été averti de plusieurs abus de la Messe privée. Cet auteur ajoute que le sommaire de cette Conférence est que LUTHER a appris du Diable que la Messe privée est une mauvaise chose, et qu’ayant été convaincu par les raisons du Diable, il l’a abolie.»
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M. DRELINCOURT, Ministre de Charenton près Paris, dit à peu près la même chose (5) :
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«Le Serpent ancien attaqua LUTHER, et il s’en promettait la victoire. Parce que le serviteur de Dieu avait été prêtre, et que durant quinze ans il avait célébré des Messes privées, il lui prouve par des arguments invincibles que ces Messes sont contre Dieu, et contre l’Écriture divinement inspirée»
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M. CLAUDE (6) fait le même aveu :
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«LUTHER, dit-il, rapporte que s’étant une fois réveillé pendant les ténèbres de la nuit, le Diable se prit à l’accuser d’avoir fait idolâtrer le peuple de Dieu, et d’avoir idolâtré lui-même durant quinze ans, qu’il avait dit des Messes privées. M. CLAUDE ajoute que LUTHER fut saisi d’une violente agitation d’esprit, accompagnée d’une sueur générale par tout son corps ; et que la confusion où il se trouva, lui ayant fait comprendre que sa défense n’était pas solide... il fit résolution de renoncer aux Messes privées»
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(1) Tom. 6 de LUTHER, de l’impression d’Iéna, feuillet 82.
(2) HOSPINIEN, 2 part. de son Histoire Sacram., feuillet 01 de l’impression de Zurich, 1602.
(3) Just. Jonam. Tom 7, fol. 226 verso. Hospiu., p. 2 Hist. Sacram, ad an. 1546.
(4) HOSPINIEN, 2 part. Hist. Sacram,, fol. 131.
(5) Faux Pasteur, section 48, pag. 373.
(6) Défense de la Réformation, pag. 156.
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Enfin, quand les Luthériens d’Allemagne reprochent aux Calvinistes que ZWINGLI a appris d’un Ange, qui n’était ni noir ni blanc, à expliquer dans un sens figuré ces paroles, Ceci est mon Corps, les Calvinistes repoussent ce reproche, en leur rappelant la Conférence du Diable avec LUTHER.
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Il est faux, dit HOSPINIEN (7), que ZWINGLI ne sût pas si cet Ange était blanc ou noir. Car ZWINGLI ne parle d’aucun Ange ; et quand il en parlerait, qu’en voudrait conclure HUNNIUS pour rendre notre doctrine absurde ? Ne sait-il pas ce que LUTHER, dans le sixième Tome de ses Œuvres imprimées en Allemand à Iéna, écrit au feuillet 83 non d’un ANGE, mais du DIABLE MÊME, qui avait eu avec lui un entretien durant la nuit, et qui l’avait informé de beaucoup d’abus de la Messe des Papistes ? dira-t-il que ce soit une tache à la Secte des Luthériens ?
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(7) Ibid., fol. 2b.
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Le même Historien, après avoir rapporté le Sommaire de la dispute qu’eut le Diable avec LUTHER, dit (8) que les Disciples de LUTHER devraient se ressouvenir de cette dispute, et cesser de reprocher à ZWINGLI son SONGE, dans lequel il fut averti du vrai sens des paroles de la Cène, non par le DIABLE, comme LUTHER le fut des abus et des superstitions de la Messe, mais par un autre AVERTISSEUR, comme lui-même l’écrit.
Et DAVID PARÉUS, dont le Synode de Dordrecht fait tant d’estime (9), parlant des Luthériens, qui attribuent au Diable le songe de ZWINGLI, use de ces termes (10) : 
«Que ne pensent-ils plutôt eux-mêmes à ce que raconte LUTHER de ses entretiens familiers avec l’Esprit noir, qui est le Diable, et aux choses qu’il déclare ouvertement que le Diable lui a suggérées dans ses Conférences ? Qu’ils réfutent donc la chanson ordinaire, et l’argument tant rebattu des Papistes : 
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«LUTHER, de son propre aveu, a appris de l’Esprit noir, qui est le Diable, les raisons pour lesquelles on doit condamner la Messe privée, et l’Onction des Prêtres ; donc la doctrine de LUTHER, touchant la condamnation de la Messe, est diabolique» 
Voilà, dis-je, à quoi il faut répondre. Ils ne peuvent nier l’antécédent : car les Papistes leur objecteraient la longue Légende de LUTHER, touchant la Conférence qu’il a eue avec l’Esprit noir, qui est le Diable, et qu’il a lui-même décrite. Mais vous entendrez aussitôt crier aux Luthériens, que c’est un sophisme, parce que le vrai est toujours le vrai, et ne devient point faux, quoiqu’il soit proféré ou suggéré par l’Esprit noir, qui est le Diable. Pourquoi cela n’aurait-il pas plus de force pour ZWINGLI, puisqu’il ne dit point, comme LUTHER l’avoue de lui-même, que l’Esprit noir lui eût rien suggéré, et que c’est une chose que ses calomniateurs ne sauraient prouver ?
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(8) Hospin., ibid., fol. 131.
(9) Synod. Dordrac., sess. 99.
(10) DAVID PAREUS, lib. controvers. Eucharist., cap. 7, p. 257.
 
 
 
 
 
 
 
CHAPITRE II
 
Que les Protestants ne doivent pas même écouter LUTHER.
 
Après tous ces témoignages, on ne peut douter que cette pièce ne soit de LUTHER. Mais en même temps il y a lieu de s’étonner que les Protestants, rendus à la seule lumière de la saine et droite raison, aient pu regarder LUTHER comme un homme dont Dieu s’était servi pour rétablir la pureté de l’Évangile (11) car il ne faut que le sens commun, pour être convaincu qu’on ne doit pas même écouter celui qui se vante d’avoir appris du Démon ce qu’il veut enseigner aux autres. Aussi voit-on que les faux Prophètes ont toujours dit, pour donner de l’autorité à leurs paroles, qu’ils étaient inspirés d’en haut. Ce n’est qu’en supposant des entretiens secrets avec la Déesse Égérie, que Numa Pompilius fit recevoir au peuple Romain plusieurs choses qui regardaient le culte des faux Dieux.
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(11) CALVIN, Rép. Au liv. de Pighius, opusc., col. 311 et 312. Bèze, liv. i, Hist. Ecclés., p. 4. Drelincourt, Faux Pasteur, sect. 3, p. 13. M. CLAUDE, Déf. de la Réform., 2 part., p. 68, etc.
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Ce n’est qu’en feignant de nouvelles révélations, que MONTAN séduisit tant de Chrétiens, et TERTULLIEN même, qui avait fait paraître avant sa chute un si grand zèle pour l’Église. Ceux qui suivirent MAHOMET, ne crurent à ses discours, que parce qu’il se vantait d’être un grand Prophète, et qu’il avait assez d’adresse pour leur persuader que l’Ange Gabriel lui parlait souvent de la part de Dieu. Mais, sans rechercher dans l’antiquité de semblables exemples, on en trouve dans le dernier siècle, où tant d’imposteurs se sont élevés contre la doctrine de l’Église (12). CARLOSTADT, qui avait été un des premiers Disciples de LUTHER, et qui avait entièrement rompu avec lui au sujet de l’Eucharistie, osa bien dire, pour se faire aussi des sectateurs, que c’était du Père éternel qu’il avait appris le nouveau sens qu’il donnait à ces paroles : Ceci est mon Corps.
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(12) Kemnitius in Libello Domini, p.214. Oziander Epit. ent. t6, p. 86.
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L’Histoire de tous les temps fait donc connaître que, pour attirer l’attention des hommes, il faut leur persuader que ce qu’ils entendent vient de Dieu ; et jamais il n’y a eu que LUTHER qui ait pu se faire croire, en déclarant, comme il fait, que le Démon est son maître. MAHOMET a beau dire que l’Ange Gabriel est le sien, tous les Chrétiens ont horreur de ses impostures. CARLOSTADT a beau feindre que le Père éternel lui a fait entendre le sens des paroles de l’institution de l’Eucharistie, LUTHER se moque le premier de ce fanatique (13), et les Protestants (14), aussi bien que les Catholiques, le regardent comme un insensé. Mais dès que LUTHER dit que c’est à la persuasion du Diable qu’il a aboli les Messes privées, alors tous les Protestants l’écoutent avec respect, le regardent comme un Apôtre (15) et soutiennent même, quand on les presse, que le Démon lui a découvert une vérité inconnue à toute l’Église. A quel égarement n’est-on pas sujet quand on abandonne, comme donne, comme font les Protestants, la doctrine de cette Église, pour ne suivre que des nouveautés ? Et n’est-il pas visible que Dieu les a livrés à un sens réprouvé, parce qu’ils ont changé la vérité en mensonge ? (16)
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(13) LUTHER Tom. 3. Editionis len., fol. 68.
(14) ALBERUS, I. cont. Carolostadios, z. 4 et y 2. Sleïdan, l. 5.
(15) CALVIN, Rép. au Ier liv. de Pighius, opusc. 381. Dre­lincourt, Faux Pasteur, sect. 3, p. 11.
(16) ROMAINS, I, 25, 28 donne, comme font les Protestants, la doctrine de cette Église, pour ne suivre que des nouveautés ? Et n’est-il pas visible que Dieu les a livrés à un sens réprouvé, parce qu’ils ont changé la vérité en mensonge ? (16)
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Au reste, s’ils avaient eu soin de consulter l’Écriture sainte, qu’ils se vantent de suivre uniquement, ils se seraient bien gardés d’écouter ce que le Démon n’a suggéré à LUTHER, que pour le perdre. En effet l’Apôtre SAINT JEAN recommande aux fidèles (17) de ne pas croire à tout esprit, mais d’éprouver si les esprits sont de Dieu. Ainsi, dès qu’on connaît que c’est le Démon qui parle, comme LUTHER nous en assure, il faut être sourd à tout ce qu’il dit. SAINT PAUL écrit aux GALATES (18) que si un Ange du Ciel annonce un autre Évangile que celui qui a été annoncé, qu’il soit anathème. On doit donc à plus forte raison rejeter ce que le Démon annonce à LUTHER contre la doctrine qui avait été annoncée jusqu’alors à tous les fidèles sur le sacrifice de la Messe. Le même Apôtre, qui dit aux CORINTHIENS (19) que Satan se transforme en Ange de lumière pour nous tromper, n’a pas cru les devoir avertir de ne pas l’écouter, lorsqu’il leur parlerait comme Satan, et qu’ils le reconnaîtraient pour tel ; parce qu’il jugeait bien que des hommes raisonnables ne se laisseraient jamais surprendre aux discours de ce malin Esprit, tant qu’il leur parlerait à découvert.
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Il est donc étonnant que LUTHER, sachant que c’était Satan même qui lui parlait, l’ait écouté avec tant de soumission ; il est encore plus étonnant que tous les Protestants aient pu se persuader que LUTHER fût envoyé de Dieu pour réformer l’Église, après les avoir assurés que Satan est le premier Docteur de cette nouvelle réforme.
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Enfin les Protestants n’eussent jamais pu croire que le Démon eût dit la vérité à LUTHER, s’ils avaient fait une sérieuse réflexion sur la manière dont Notre-Seigneur réfute les Pharisiens, quand ils l’accusent de chasser les Démons par la puissance du Prince des Démons (20). Comment, leur dit-il, Satan peut-il chasser Satan ? et si un Royaume est divisé contre lui-même, il est impossible qu’il se soutienne : ­ si donc Satan se soulève contre lui-même, le voilà divisé ; il est impossible qu’il subsiste, et il faut que sa puissance finisse.
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Ce discours de Jésus-Christ montre évidemment que le Démon ne peut vouloir abolir une chose dont il est lui-même l’auteur. D’où il faut conclure que, puisqu’il a suggéré à LUTHER d’abolir les Messes privées, il n’en a pas été l’auteur, autrement il se serait détruit lui-même : ce qui ne peut lui arriver suivant la doctrine de Jésus-Christ. C’est donc pécher contre le Saint Esprit, à l’exemple des Pharisiens, que de soutenir, comme font les Protestants, que les Messes viennent du Démon et s’ils avaient raisonné ou en Chrétiens ou même en personnes raisonnables, jamais ils ne se seraient séparés de l’Église Catholique, parce qu’ils auraient vu que le Démon ne pouvant combattre que ce qui est saint, il fallait de nécessité que les Messes qu’il voulait abolir fussent saintes.
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Mais, sans alléguer ici l’Écriture, ce que LUTHER écrit des Sacramentaires, ou de ceux qui nient la présence réelle de Jésus-Christ dans l’Eucharistie, montre assez que lui-même ne devait pas seulement être écouté. Car ce nouveau Docteur, ne pouvant souffrir que d’antres que lui se mêlassent de faire les Réformateurs, dit, pour donner de l’horreur des Sacramentaires, que (21) le Diable a parlé par leur bouche. Si donc LUTHER veut qu’on rejette la doctrine des Sacramentaires parce qu’elle vient du Diable, quoique aucun d’eux n’ait dit qu’elle en venait, peut-on sans folie écouter LUTHER et suivre sa doctrine, après qu’il a déclaré hautement qu’il la tenait du Diable même ? C’est néanmoins ce que font tous les Protestants ; et LUTHER a tant d’autorité sur leur esprit, qu’ils aiment mieux le croire, quoique le Démon ait prévalu contre lui, que d’écouter l’Église Catholique, contre laquelle Jésus-Christ a promis (22) que les portes d’Enfer ne prévaudraient jamais. Mais rien ne fait mieux voir jusqu’où va leur prévention et leur aveuglement, que les différents moyens dont ils se servent pour justifier LUTHER .
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(21) LUTHER Tom. 7, fol. 212.­
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CHAPITRE III
 
Que les Protestants s’efforcent en vain de justifier LUTHER.
 
Les uns disent que cet entretien de LUTHER avec le Diable n’est qu’un songe : mais, pour parler ainsi, il faut ne l’avoir pas lu, car LUTHER assure lui-même (24), qu’il était bien éveillé, lorsque le Diable vint disputer avec lui. D’ailleurs, quand on supposerait, contre le témoignage de LUTHER, que ce fût un songe, la cause des Protestants n’en serait pas meilleure, puisqu’il serait toujours certain que Luther aurait cru à ce songe : ce qui est indigne non seulement d’un Chrétien, mais d’un homme tant soit peu raisonnable.
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D’autres prétendent que c’est une figure de Rhétorique, ou une Parabole, dont LUTHER s’est servi pour mieux représenter les troubles de sa conscience, qui lui reprochait d’avoir dit si longtemps des Messes privées, ou même pour faire connaître les accusations que le Diable formerait contre lui au Jugement de Dieu. LUTHER, dit M. CLAUDE (24), suivant le style des Moines de ce temps-là, qui avaient accoutumé par FIGURE DE RHÉTORIQUE de, remplir les livres de leurs exploits contre le Diable, rapporte que s’étant une fois réveillé pendant les ténèbres de la nuit, le Diable se prit à l’accuser d’avoir fait idolâtrer le peuple de Dieu, et d’avoir idolâtré lui-même durant quinze ans qu’il avait dit des Messes privées. Il (25) n’y a rien en tout cela qui s’éloigne du devoir d’un homme de bien, ni qui ne soit entièrement innocent, soit qu’on prenne cette narration au pied de là lettre, soit qu’on la prenne comme une espèce de FIGURE ou de PARABOLE. Il dit que le Diable l’accusait dans son cœur ; cela signifie qu’il se représentait lui-même, dans sa conscience, les accusations que le Démon pourrait un jour former contre lui devant le Tribunal de Dieu, etc. Voilà ce que dit M. CLAUDE pour défendre LUTHER.
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(23) Tom. 7, fol. 228.
(24) Défense de la Réformalion, pag. I, 6.
(25) Pag. 137.
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Mais, jamais l’Orateur a-t-il donné l’exemple d’une pareille figure de Rhétorique, et M. CLAUDE lui-même n’avoue-t-il pas que cette manière d’exprimer les choses sous la forme d’un combat contre le Diable, est un peu éloignée de l’usage commun ? On n’a donc qu’à lire LUTHER, pour voir qu’il n’a voulu faire qu’un récit simple et naïf de ce qui s’était passé dans sa Conférence avec le Diable, et non pas une Parabole. Car la Parabole feint une chose pour en faire entendre une autre ; et il paraît que LUTHER parle en cet endroit à découvert de ce qui lui est arrivé. Il ne dit pas, comme lui fait dire M. CLAUDE, que le Diable l’accusa dans son coeur ; mais qu’une nuit, étant bien éveillé, le Diable vint disputer avec lui. Il rapporte les paroles de ce mauvais Esprit, avec les réponses qu’il lui fit ; et ces réponses font connaître qu’il n’était nullement en peine sur le sujet des Messes privées, lorsque le Diable s’avisa de l’en faire douter : il assure même qu’il les avait dites de bonne foi jusqu’alors (26). Ce qui marque que sa conscience n’en était point agitée ; et qu’ainsi M. CLAUDE a tort de dire que le récit de LUTHER sur son entretien avec le Diable, soit une Parabole, pour expliquer les agitations intérieures de sa conscience au sujet des Messes privées.
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(26) Tom. 7, foi. 228 vers- et 229 rect.
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Une seconde raison pour montrer que ce ne saurait être une Parabole, est que LUTHER (après avoir rapporté les arguments du Démon, comme des choses qui lui étaient nouvelles, et qui le persuadaient à mesure qu’il les entendait, et après avoir expliqué toute la suite de leur dispute), assure (27) qu’il est presque impossible de soutenir en ces occasions l’impétuosité du Démon.
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Mais une observation, qui suffit seule pour convaincre tous les esprits raisonnables que LUTHER n’a point voulu faire une Parabole, est qu’il dit, après avoir fait le récit de sa Dispute avec le Diable (28), qu’EMPSERUS, ŒCOLAMPADE, et plusieurs autres ont perdu la vie dans de semblables disputes.
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Ce n’est donc pas, et ce ne saurait être une Parabole. Aussi M. CLAUDE avoue que celle-là serait fort extraordinaire ; et comme il prévoit bien que les gens de bon sens ne s’y tromperont pas, il tâche de surprendre les faibles, en alléguant un exemple par lequel il prétend montrer (29), que les Moines de ce temps-là remplissaient leurs li­vres de leurs exploits contre le Diable.
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(27) Ibid., I, fol. 230.
(28) Tom. 7, fol. 333.
(29) Déf. de la Réform., p. 138.
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Il tire cet exemple de SAINT ANTOINE (30), qui rapporte,
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«que SAINT DOMINIQUE trouva une nuit le Diable lisant un papier ; qu’il lui recommanda par Jésus-Christ de lui montrer ce qu’il lisait ; à quoi le Diable obéit au nom de Jésus-Christ ; et que SAINT DOMINIQUE ayant vu ce papier, s’en servit utilement pour corriger les Religieux de certains défauts que le Diable avait remarqués, pour leur en faire reproche au Jugement de Dieu»
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Cela se peut (pour user des termes : de M. CLAUDE) appeler un exploit d’un Moine contre le Diable, car ce Saint force le Diable au nom de Jésus-Christ de lui déclarer ce qu’il voulait tenir secret jusqu’au jour du Jugement. Au lieu que LUTHER, bien loin de se signaler contre le Diable par quelque victoire, avoue que le Diable l’a vaincu par ses raisons : de sorte que cela se peut appeler Exploit du Diable contre un Moine.
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(30) SAINT ANTOINE Chron., 3. part., tit. 23, cap. 4. 6.
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Ce qui est bien différent de ce qui arriva, dit-on, à SAINT DOMINIQUE : le Diable ne voulait pas l’instruire, et ce mauvais esprit ne lui donna le papier qu’il tenait, que par la force qu’a toujours sur lui le nom de Jésus-Christ. Sans cela il n’eût point fait connaître à SAINT DOMINIQUE les défauts de ses Frères, parce qu’il ne dit jamais une vérité utile que par contrainte. C’est pourquoi M. CLAUDE, qui le sait, s’est bien donné de garde, dans le rapport de cette histoire (31), d’exprimer, comme fait SAINT ANTONIN, que ce fut au nom de J.-C. que le Diable obéit à SAINT DOMINIQUE, de peur qu’il ne parût alors que le Diable avait été forcé, et afin qu’on pût croire qu’il avait instruit SAINT DOMINIQUE, comme il avait instruit LUTHER. Mais la manière dont le Diable aborda LUTHER, fait bien voir qu’il ne l’aborda que pour séduire. LUTHER ne l’appelait point ; le Diable lui exposa ses raisons sans y être forcé ; LUTHER exposa les siennes avec le plus de force qu’il put. Enfin il céda ; et c’est sur les instructions d’un tel Maître qu’il a fait abolir, par ceux qui l’ont suivi, le sacrifice de la Messe.
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(31) Déf. de la Réform., p. 138.
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Au reste, quand on accorderait à M. CLAUDE tout ce qu’il veut, c’est-à-dire que ce récit de LUTHER n’est qu’une Parabole, les choses n’en iraient pas mieux pour la Réforme ; car, dans cette Parabole, le Diable fait toujours le premier personnage, qui est celui de Maître, et LUTHER n’y paraît que comme un Disciple trop soumis. Cela, comme on voit, n’est pas fort avantageux pour des gens qui regardent LUTHER comme leur premier Réformateur ; et M. CLAUDE dira tant qu’il lui plaira, pour éblouir ses lecteurs, qu’il n’y a rien en tout cela qui s’éloigne du devoir d’un honnête homme, ou qui ne soit du mouvement d’une bonne conscience ; il ne le fera jamais croire à ceux qui ont tant soit peu de sens. Aussi M. PAJON, homme habile, et Ministre d’Orléans, s’est bien donné de garde, dans sa réponse au Livre des Préjugés, de relever l’endroit où il est parlé de cette conférence du Diable avec LUTHER ; il a bien vu qu’il valait mieux se taire que d’imiter M. CLAUDE, en ne disant que des choses absurdes, aussi contrai­res à la raison qu’au récit de Luther.
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Un Ministre Anglais (32) a cru se tirer d’embarras, et en même temps persuader aux simples que la Messe était une invention du Diable, en nous objectant qu’on trouve dans les écrits de SURIUS, qu’un jour le Diable ayant pris la figure d’un Ange, s’apparut à un certain Abbé, et l’exhorta à célébrer la Messe.
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(32) Mortonus in Apol. Anglicana, part. I, lib. 2, cap. 21, pag. 351.
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Mais il n’y a qu’à lire cette histoire, pour y voir tout le contraire de ce que ce Ministre veut établir, et pour être convaincu de sa mauvaise foi. Voici comme la chose est rapportée dans SURIUS au premier jour de Juin : (33)
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«Le saint homme Siméon eut ordre d’aller sur le mont Sinaï, et d’y demeurer quelque temps : il fit ce qu’on lui commandait ; et l’Ennemi ancien lui dressa de nouveaux piéges pour le surprendre. Le Démon l’exhorta une nuit à célébrer la Messe : mais Siméon, qui n’était ni endormi ni éveillé tout à fait, lui soutint que personne ne devait exercer ce ministère sans avoir l’ordre de Prêtrise. L’Ennemi redoubla ses instances, en lui disant qu’il était. Ambassadeur de Dieu ; que Jésus­-Christ voulait cela et qu’il ne fallait pas que ce saint lieu fût privé plus longtemps d’un tel ministère.
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(33) Apud Sur., ad. I. Junii.
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Comme il vit que Siméon lui résistait toujours, alors, aidé d’un autre Démon, il le tira du lit, et après l’avoir bien éveillé, il le traîna devant l’Autel, où il le revêtit de l’Aube. Mais sur la manière de mettre l’Étole il y eut de la contestation le Démon prétendait la mettre à Siméon, comme la met le Prêtre ; et Siméon au contraire soutenait qu’elle ne devait lui être mise, que comme la met le Diacre. Enfin le Serviteur de Dieu étant revenu à soi, chassa l’Ennemi par la force de la prière et par le signe de la Croix»
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On peut voir maintenant quelle différence il se trouve entre l’histoire du Moine Siméon, et celle du Moine LUTHER. Il est vrai que le Démon tente, ces deux Moines pour les porter à commettre un grand crime. Il veut que le premier, qui n’est que Diacre, dise la Messe, c’est-à-dire fasse une chose que Jésus-Christ n’a permis qu’aux Prêtres de faire ; et il veut que le second, qui est Prêtre, non seulement ne dise plus la Messe, mais qu’il regarde encore comme une horrible idolâtrie, ce sacrifice de la nouvelle loi, que Jésus-Christ a institué la veille de sa mort, et que l’Église Catholique a toujours célébré avec tant de vénération.
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Voilà donc comme le Démon tente deux Moines : mais Siméon résiste à la tentation, comme doit faire un Disciple de Jésus-Christ ; et LUTHER y succombe malheureusement, comme un homme sans foi. Siméon ne veut pas seulement écouter le Démon, quoiqu’il eût pris la figure d’un Ange, et qu’il se vantât d’être Ambassadeur de Dieu. LUTHER, au contraire, n’ignore pas que c’est Satan même qui lui parle, il l’écoute cependant comme un Disciple fidèle écoute son Maître. Siméon découvre tous les artifices du Démon, dès que le malin Esprit lui parle contre l’ordre établi dans l’Église ; et LUTHER renverse cet ordre dès que le même Esprit, cet Esprit de trouble lui inspire de le renverser. Enfin Siméon se sert, pour chasser l’ennemi, des armes ordinaires du Chrétien, c’est-à-dire, de la prière et du signe de la Croix ; et LUTHER n’a pas la force de faire la même chose, parce que d’a­bord il a donné trop d’entrée au Démon Dans cette détresse, dit-il, et dans ce combat contre le Diable, je voulais repousser cet ennemi, avec les armes auxquelles j’étais accoutumé sous la Papauté. S’il avait été sage et fidèle à la foi, dès que le Diable commença à lui parler, il se serait servi (34) du bouclier de la foi, pour éteindre tous les traits enflammés de ce malin Esprit ; il aurait pris (35) l’épée spirituelle, qui est la parole de Dieu, pour détruire tout ce que le Démon lui disait ; et enfin il aurait eu pour le chasser (36) recours à la prière et au nom de Jésus-Christ. Mais ce malheureux Moine, oubliant les vœux qu’il avait faits au baptême, de renoncer à Satan, se laisse prendre à ses vains discours, et au lieu (37) de marcher comme un enfant de lumière, il suit aveuglément la voie où le conduit le Prince des ténèbres.
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Il parait donc que le Ministre Anglais a falsifié l’histoire du Moine Siméon, en rapportant simplement que le Démon l’avait voulu obliger à dire la Messe, d’où il veut faire conclure que c’était la première fois qu’on l’eût dite : au lieu qu’il est rapporté que ce saint Religieux refusa de la dire, parce qu’il n’était pas encore Prêtre. Preuve donc que le Prêtre la disait ordinairement ; et que si le Démon a voulu persuader à Siméon de la dire, ce n’a pas été pour lui faire faire une chose qui fût mauvaise en soi, mais pour le porter à en faire une qui ne lui était pas encore permise, parce qu’il n’avait pas reçu l’ordre de Prêtrise, auquel est attachée la puissance de cé­lébrer la Messe.
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(35) V, 17
­(36) V. 18.
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Au reste cet Autel, cette Aube, cette Étole, cette façon de la mettre, et toutes les autres circonstances rapportées dans SURIUS, prouvent qu’on disait la Messe avec les mêmes ornements dont on se sert depuis si longtemps, et même sur un Autel. On voit par là que la Messe n’est pas inventée par le Diable, pour tromper le Moine Siméon ; et s’il l’a voulu séduire, ce n’a été qu’en poussant ce Diacre à abuser de l’Autel et des habits sacerdotaux, pour faire une chose qui n’est permise qu’aux seuls Prêtres
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Aussi CALVIN demeure d’accord qu’on célébrait la Messe bien longtemps avant que le Démon eût tenté le Moine Siméon, puisque ce Religieux ne vivait (38) qu’au commencement de l’onzième siècle, et que CALVIN dit (39) que dès le commencement de l’Église Chrétienne on a inventé la cérémonie de sacrifier Jésus-Christ.
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(38) Apud Surium, ibid. sub. fin.
(39) Comment. sur le 28 vers, du Ch. 4 de l’Évangile de SAINT JEAN
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Pourquoi, disent quelques Ministres, blâmer LUTHER de ce qu’il a eu un entretien avec le Démon ? La même chose n’est-elle pas arrivée à Jésus-Christ dans le désert ? Cette comparaison est bien odieuse ; et c’est se jouer de la Religion que de parler ainsi. Il est vrai que Jésus-Christ a été tenté ; mais il l’a été, dit SAINT PAUL, (40) sans être sujet à aucun péché : et (41) comme il a pris notre nature, pour détruire par sa mort celui qui avait l’empire de la mort, c’est-à-dire, le Diable ; il a voulu aussi être tenté, pour nous apprendre par son exemple à résister à la tentation, et à n’écouter jamais les suggestions, ni les discours du Diable, qui doivent toujours être suspects à un Chrétien. 
Jésus-Christ, pressé de la faim, dit SAINT CHRYSOSTOME, (42) ne fait pas néanmoins ce que le Démon lui inspire, pour nous apprendre que nous ne devons jamais rien croire de ce que nous conseille cet ennemi. Comme c’est par là qu’Adam a offensé Dieu, et a violé son ordonnance, Jésus-Christ nous fait voir qu’il ne faudrait pas écouter le Démon, quand même il ne nous porterait pas à désobéir à Dieu.
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(42) SAINT CHRYSOSTOME Hom. 13 in Matth.
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SAINT ATHANASE (43) ajoute qu’il ne faut jamais écouter ce malin Esprit, quoiqu’il allègue l’Écriture pour appuyer ce qu’il dit, parce que son intention est toujours mauvaise. Encore, dit ce Père, que l’hérétique emprunte de l’Écriture sainte ses manières de parler, il doit toujours être suspect : et comme son esprit est corrompu, le Saint Esprit lui dira : Pourquoi racontes-tu mes jugements, et pourquoi mon testament est-il dans ta bouche ? Aussi voit-on que Notre-Seigneur ferma la bouche au Démon, qui se servait de l’Écriture sainte en lui parlant.
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(43) L. de Synod. Arim. et Seleuc.
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CHAPITRE IV
 
Au temps de la Conférence avec le Diable, LUTHER était encore dans le sein de l’Église Catholique.
 
Si LUTHER, au lieu d’écouter les faux raisonnements que le Démon tirait de l’Écriture contre le Sacrifice de la Messe, eût repoussé cet ennemi de la vérité, comme avait fait Jésus-Christ, il ne serait pas devenu l’auteur d’un schisme, qui a tant causé de maux à l’Église et à l’État ; et les Protestants participeraient encore avec nous au même sacrifice. Ce qu’il y a de plus déplorable, c’est que tous les Docteurs de la nouvelle Réforme ne se servent contre la Messe, que des passages dont le Démon s’est servi pour obliger Luther à l’abolir, et ont tellement accoutumé l’esprit de leurs auditeurs aux fausses explications qu’ils donnent à ces passages, que quand ceux qu’ils ont séduits viennent à lire le récit que LUTHER a fait de sa Conférence avec le Démon, ils ne peuvent s’empêcher de dire que le Démon avait raison, le reconnaissant ainsi, sans y penser, pour leur premier Réformateur : par là il n’a pas eu besoin de se transformer en Ange de lumière pour les décevoir.
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D’autres Ministres, pour empêcher qu’on ne croie que ce soit par les avis du Démon que LUTHER a commencé sa Réforme, assurent qu’il avait condamné les Messes privées, avant même que le Diable en eût conféré avec lui et ils prétendent le prouver en disant que son (44) livre de la Captivité de Babylone, et celui par lequel il confirma les Augustins de Wittemberg dans la pensée d’abolir la Messe privée, avaient paru longtemps avant qu’il eût composé celui où il parle de sa Conférence avec le Diable.
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Il est vrai que ce dernier livre n’a été écrit que longtemps après les deux autres : mais il est vrai aussi qu’il avait eu cet entretien avec le Diable, avant qu’il eût pensé à écrire ces deux ouvrages, ni aucun autre contre les Messes privées. Car en premier lieu, il appelle lui-même cet entretien (45) une Dispute : et s’il avait été du sentiment du Diable sur les Messes privées, avant que de l’entretenir, leur accord aurait été fait et il n’aurait pas fallu disputer sur ce point, comme ils firent.
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(44) Liber de Captiv. Babyl, et Liber de Abroganda Missa privata. Luth., tom. 2.
(45) Tom. 7, , fol. 230.
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En second lieu, il paraît que, quand il eut cet entretien avec le Diable, il croyait encore qu’il y avait sept Sacrements ; car le Diable en tire un argument contre lui : (46) Ce sont là, lui dit-il, vos sept Sacrements. Or il est certain que dans son livre de la Captivité de Babylone, il ne parle plus en homme qui croit qu’il y a sept Sacrements ; il le nie même formellement : Avant tout, (47) dit-il, il faut que je nie qu’il y ait sept Sacrements, et que je n’en admette pour le présent que trois, savoir le Baptême, la Pénitence et le Pain. D’où il suit nécessairement qu’il n’a écrit son livre de la Captivité, qu’après sa Conférence avec le Diable : car si, dès le temps de cette Conférence, il n’avait cru que trois Sacrements, le Diable aurait mal argumenté contre lui, d’alléguer qu’il en croyait sept.
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Il est clair aussi que le livre qu’il écrivit aux Augustins de Wittemberg sur l’Abolition des Messes privées, n’a été fait qu’après cette Conférence, puisque dans ce livre il parle contre les Messes privées, et que dans la Conférence il les soutient de toute sa force contre le diable.
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(46) Ibid., fol. 229.
(47) De Captiv. Babyl., tom,2. Il paraît même, par les arguments dont ils se servent l’un et l’autre, que LUTHER était encore dans l’Église.
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(48) N’ai-je pas reçu, dit-il dès le commencement, l’onction et la consécration des mains de l’Évêque ? N’ai-je pas fait toutes ces choses par le commandement de mes Supérieurs ?... Pourquoi n’aurais-je pas consacré, puisque j’ai prononcé sérieusement les paroles de Jésus-Christ ? Cela marque évidemment qu’il était encore dans l’Église ; aussi le Diable, dans cet endroit, lui parle en ces termes 
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(49) : C’est ce que ni toi, ni aucun autre Papiste ne peut nier, et dans un autre
(50) : mais toi qui es un impie, et qui ne connais pas Jésus-Christ, tu es là debout tout seul, et tu t’imagines que Jésus-Christ a institué pour toi seul le Sacrement, et un peu plus loin
(51) : Tout le reste de l’Église, qui ne sait pas même que tu dis la Messe, n’apprend rien par toi, et ne reçoit rien de toi ; mais toi, seul dans un coin, sans rien dire, tu manges seul, tu bois seul.
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(48) Tom. 7, fol. 228.
(49) Ibid.
(50) Ibid., fol. 129.
(51) Ibid.
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Ces paroles ne montrent-elles pas très clairement que LUTHER disait encore alors des Messes privées ? Et vers la fin de son récit, il dit (52 ) Dans cette détresse et dans ce combat contre le Diable, je voulais repousser cet ennemi avec les armes auxquelles j’étais accoutumé sous la Papauté, et je lui objectais l’intention et la Foi de l’Église... Je veux, lui disais-je, que je n’aie pas cru comme il fallait croire, et que je me sois trompé dans ma pensée ; l’Église, néanmoins, a cru en cela comme il fallait croire, et ne s’est pas trompée.
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Il marque (53) même que le Diable, en cet endroit, redoublant ses efforts, le pressa avec plus de véhémence qu’auparavant, de montrer où Dieu avait commandé de consacrer en la Foi de l’Église ; comment il prouverait que l’Église lui communiquait son intention pour une Messe privée ; et que s’il n’avait point la parole de Dieu, il fallait que les hommes l’eussent enseigné sans cette parole, et que sa doctrine sur les messes privées ne fût qu’un mensonge. D’où il résulte que le Démon lui a donné le premier scrupule sur les Messes privées, et les premiers enseignements qui lui ont servi à prétendre réformer l’Église sur ce point.
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(52) Tom. 7, fol. 129.
(53) Ibid.
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Aussi avons-nous vu qu’HOSPINIEN (54) et M. DRELINCOURT (55) disent que ce fut du Diable que LUTHER apprit que les Messes privées étaient contre l’Écriture, et qu’il les fallait abolir. En effet, il ne se sert, dans tous les écrits qu’il a faits contre les Messes privées, que des arguments que le Diable lui a suggérés dans cette Conférence. Ainsi ceux qui regardent LUTHER comme un des premiers réformateurs de l’Église, doivent aller plus loin, et reconnaître le Diable pour l’auteur de cette Réforme. Et Messieurs de la Religion Prétendue Réformée ont beau dire qu’ils né suivent pas la doctrine de LUTHER : car, outre qu’ils la suivent en ce point, il est certain qu’ils l’ont toujours mis entre leurs premiers Réformateurs, suivant le sentiment de CALVIN (56), qui proteste que, quand LUTHER l’appellerait Diable, il le respecterait comme un grand serviteur de Dieu.
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(54) HOSPINIEN, 2 part.. Hist. Sacr., fol. 131.
(55) Faux Pasteur, sect. 48, p. 373­
(56) Sæpe dicere salitus sum, etiamsi me Diabolum vo­caret (LUTHERUS) me ! amen hoc illi honoris habiturum, ut insignem Dei servum agnoscam. CALVIN, dans sa lettre du 15 novembre à Bulinger.
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D’ailleurs l’union que les Calvinistes ont faite avec les Luthériens, marque bien qu’ils ont reconnu LUTHER pour un homme de Dieu, et qu’ils n’ont point eu d’autres raisons pour cela, que celles de CALVIN, qui (57) fonde le grand respect qu’il a pour lui, sur la fermeté avec laquelle il a seul attaqué toute l’Église Romaine. Or il est évident qu’il ne l’avait pas encore attaquée dans sa doctrine, lorsqu’il eut cette Conférence avec le Diable, puisqu’il admettait tous les Sacrements qu’elle reçoit, et que pour justifier au Démon qu’il disait valablement des Messes privées, il alléguait qu’il les disait en la foi de cette Église. Il n’avait donc encore écrit aucun des livres qu’il a publiés contre elle, et qui lui ont fait donner par CALVIN et par ses Sectateurs (58) ces grands noms d’Apôtre et de Serviteur de Dieu.
On demandera peut-être ici d’où vient que LUTHER n’a parlé de cette Conférence, que dans le dernier des trois ouvrages qu’il a faits contre les Messes privées. Mais il est facile de répondre à cette question.
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(57) CALVIN, dans sa défense contre Westphal, col. 1794. de ses opusc. imprimés à Genève en 1611, par Jacob Stoër.
(58) Bèze, tom. 1 de son Hist. Ecclésiast., p. 4. Hospin., 2 part., Hist. Sacrament., fol. 127 verso.
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Il n’avait garde, lorsqu’il commença d’écrire contre les Messes privées, d’alléguer que le Diable était auteur de cette doctrine ; et quoiqu’il fût déjà persuadé (comme on le verra dans la suite) que le Diable pût enseigner dans l’Église et y faire l’office de Pasteur, il ne voyait pas le monde encore disposé à recevoir les enseignements d’un pareil maître. C’est pourquoi quand il écrivit (59), en 1520, son livre de la Captivité, et (60) en 1521, celui qu’il adressa aux Augustins de Wittemberg, il ne dit point qu’il eût appris du Diable les raisons dont il se servait contre les Messes privées. On voit même qu’il avait peur que la plupart des Religieux de ce Couvent ne pussent porter une si nouvelle et si étrange doctrine. Sa Préface le montre bien : il dit (61) que peu de gens sont capables de résister à l’autorité de toute l’Église et à la pratique universelle de tant de siècles ; il ajoute qu’il craint bien qu’il n’y ait encore plusieurs faibles parmi eux. Et les croyant capables de s’effrayer par la seule nouveauté de sa doctrine, il n’avait garde de leur dire qu’il la tenait du Diable.
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(59) Hospin., 2 part., Hist. Sacrament.,,fol. 5 verso.
(60) Hospin., ibid., fol. 22, Scripsit LUTHERUS sub finem ann. 1521. ad Fratres Augustinianos ex Pathmo suo librum De abrobanda Missa privata.
(61) LUTHER, De abroganda Missa privata, tom. 2.
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CHAPITRE V
 
Étrange égarement de LUTHER sur l’administration des Sacrements.
 
Onze ou douze ans après, quand LUTHER vit tant de peuples courir après lui, et qu’il n’avait qu’à dire une chose pour la faire croire, il ne feignit point, en faisant son troisième traité contre les Messes privées, d’y insérer le récit de sa Conférence avec le Diable, et d’aller même jusqu’à dire, pour l’autoriser, que le Diable pouvait non seulement enseigner dans l’Église, mais y administrer tous les Sacrements. Cette proposition (62) est étonnante mais la manière dont LUTHER l’explique l’est encore davantage.
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(62) Hospinien en a été surpris :
«LUTHER, dit-il, dans son livre de la Messe privée et de l’onction des Prêtres, est allé jusqu’à dire qu’il y aurait un vrai Sacrement, quand même il serait fait par le Diable»
In libro de Missa privata et unctione Sacerdotum, anno 1533. edito, eo usque progres­sus est, ut diceret, Sacramentum verum futurum, etiam si a Diabolo conficeretur, Hospin, 2 part., Hist. Sacr., fol. 14 verso.
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Je ne suis pas, dit-il (63), de l’avis des Papistes, qui disent qu’aucun des Anges, ni Marie même ne peut consacrer. Et moi je dis au contraire, que si le Diable même venait... et que je susse ensuite qu’il se fût ingéré de faire l’office de Pasteur de l’Église, qu’ayant pris la figure d’un homme il eût été appelé pour prêcher, et qu’il eût enseigné publiquement dans l’Église, qu’il eût baptisé, célébré la Messe, donné l’absolution des péchés, et fait ces fonctions selon l’institution de Jésus-Christ ; nous serions alors contraints d’avouer que les Sacrements ne seraient pas pour cela inefficaces ; mais que nous aurions reçu un vrai baptême, un vrai Sacrement du Corps et du sang de Jésus-Christ.
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(63) Ego igitur non dicam, quod Papistæ dicunt, nullum Angelorum, ne Mariam quidem ipsam, consecrare posse. Et e contra dico, si Diabolus ipse veniret... ego autem pono ut postea resciscerem diabolum sic irrepsisse in officium Pas­toris Ecclesiae, in specie hominis vocatum esse ad pradi­candum et publice in Ecclesia docuisse, baptizasse, cele­brasse Missam. absolvisse a peccatis, et tali munere Punctum esse juxta institutionem Christi : tunc cogeremur fateri Sa­cramenta ideo non esse inefficacia, sed verum Baptismum, verum Evangelium, veram Absolutionem, verum Sacramen­tum Corporis et Sanguinis Christi nos accepisse. Fides enim nostra, dignitas et efficacia Sacramentorum non nitun­tur qualitate personæ, sive bona sit sive mala, uncta vel non uncta, vocata legitime, vei non vocata, Satan vel Angelus, etc. LUTH., De Missa privata et unctione Sacerd., tom. 7, fol. 243 verso.
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Car notre foi, et l’efficace des Sacrements n’étant pas appuyées sur la qualité de la personne, il n’importe que cette personne soit bonne ou mauvaise, qu’elle ait reçu l’onction, ou ne l’ait pas reçue, qu’elle ait été appelée légitimement ou non, que ce soit un Diable ou un Ange (64).­
Peu après, il ajoute, pour appuyer ce sentiment par un exemple (65), qu’il a ouï dire autre fois qu’un Prédicateur s’étant trouvé mal, un inconnu était survenu, qui s’était présenté à la place de l’autre, et qu’après avoir fait une prédication forte et touchante, il avait déclaré qu’il était le Diable, et qu’il n’avait prêché l’Évangile avec tant de véhémence, que pour les accuser au dernier jour avec plus de force.
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(64) CALVIN est de même sentiment :
«Je confesse, dit-il, que la vertu des Sacrements ne dépend point de la dignité des personnes ; et dis, plus outre, que si un Diable administre la Cène, elle n’en serait point pire et, au contraire, si un Ange chantait la Messe, elle n’en vaudrait rien mieux. Opusc. I, serm. cont. l’idolâtrie, col. 957­
(65) Ego in adolescentia mea audivi quandam historiam, quendam concionatorem, cum jam deberet conscendere sug­gestum, subita ægritudine correptum, ibi supervenit quidam ignotus, et obtulit se pro ipso concionaturum : arrepto au­tem libro, paravit se ad concionem ; et cum jam conscen­disset suggestum, adeo erudite, pie et pathetice dixit, ut ani­mis omnium repente permotis, tota pene in lacrymis solve­retur turba auditorum. In fine autem concionis, ejusmodi dicto clausit : Vultis, inquit, scire quis sim ? Ego sum Satan, ideo tam concitate vehementer apud vos de Evangelio pero­ravi, ut eo acrius accusare vos possim in extremo die, in vestram damnationem.
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Je n’examine pas, dit LUTHER (66), si cette historiette est vraie, ou si c’est une chose inventée pour instruire, mais je sais qu’elle est vraisemblable, c’est-à-dire que le Diable peut évangéliser, faire la fonction de Ministre et de Pasteur, donner le Sacrement, etc. Après cela il ne faut pas s’étonner que LUTHER ait si bien écouté le Diable sur les Messes privées, quoiqu’il le connût pour ce qu’il était, et si enfin il a dé­claré que c’était. de lui qu’il tenait cette doctrine.
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Un autre moyen dont se servent les Ministres, est de dire que, quoique LUTHER ait appris cette doctrine du Diable, il ne s’ensuit pas pour cela qu’il faille la rejeter, parce que le Diable dit quelquefois la vérité : comme quand il dit de Jésus-Christ qu’il est (67) le Fils du Dieu vivant, et des Apôtres qu’ils, sont les Serviteurs du Très-Haut (68).
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(66) An hæc historiola vera sit, an docendi causa conficta, non pugno. Hoc auteur scio eam verisimilem esse, scilicet Diabolum posse evangelizare, fungi officio Ministri et Pas­toris, porrigere Sacramentum, etc. LUTH., ibid., fol. 24.4.
(68) Actor, 16, 17.
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En effet, il ne faut pas rejeter ces vérités, parce que le Diable les a dites : mais on doit considérer deux choses. L’une, que quand il a parlé de la sorte, ç’a été parce qu’il y était contraint, comme en convient (69) CALVIN lui-même. L’autre, que ces vérités étaient déjà connues d’ailleurs ; sans cela il eût bien fallu se garder de l’en croire : car, comme il est le père du mensonge, son témoignage doit toujours être suspect, lors même qu’il dit la vérité. L’exemple de Jésus-Christ, dit SAINT CHRYSOSTOME (70), nous montre que, quand les Démons nous diraient même quelque chose de véritable, nous ne devrions pas les croire. Il les fait taire lorsqu’ils publiaient qu’il était le Fils de Dieu ; et SAINT PAUL de. même leur imposa silence, quoique alors ils parlassent conformément à la vérité. Ce même Père dit dans un autre endroit (71) que Jésus-Christ fit taire les Démons pour nous apprendre à ne nous jamais fier à leurs discours.
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(69) Sciendum est, non tam sponte in Christi conspectum venisse (Dæmones), quam arcano Christi imperio tractos... coacti etiam eum adorant, et contumaces eorum querimoniæ testes sunt quam non volontaria fuerit eorum confessio, sed vi extorta. CALVIN, Harmonie évangélique sur le 6me et le 7me verset du 5me chap. de SAINT MARC.
(70) SAINT CHRYSOSTOME hom. 13 in MATTHIEU
(71) Hom. 2. de Lazaro.
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D’où il faut conclure que quand le Diable est le premier à dire une chose, et qu’il la dit sans contrainte, ce doit être nécessairement un mensonge ; parce qu’alors il ne peut suivre que sa nature, c’est-à-dire, il ne peut que mentir. Or il ne paraît pas qu’il ait été contraint de parler, comme il a fait à LUTHER, contre les Messes privées : il paraît au contraire qu’il est le premier qui ait dit que ces Messes fussent une abomination ; et par conséquent, tout ce qu’il en dit ne peut et ne doit passer que pour un mensonge.
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Mais, dit-on, il lui est arrivé quelquefois de dire la vérité, et de la dire fortement, pour porter les âmes au désespoir. Et cette dernière raison, qui suppose que le Diable ait véritablement enseigné LUTHER, est tirée (72) de LUTHER même. Car, pour empêcher qu’on ne se moque, de la créance qu’il a donnée au discours du Diable, et pour montrer que cet Esprit de mensonge dit quelquefois la vérité, il rapporte l’exemple de Judas.
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(72) Hic respondebunt mihi sanctissimi Patres (Papista :),, hic ridebunt et dicent : Tu ne es doctor ille celebris, et non nosti respondere Diabolo : an ignoras diabolum esse men­dacem ?.... Verum quidem hoc est quod mendaa sit, sed ejus mendacia non sunt simplicis artificis ipse sic adori­tur, ut apprehendat aliquam et solidam veritatem, quai ne­gari non potest, atque eam adeo callide et versute nrget et acuit, et adeo speciose fucat auum mendacium, ut fallat, vel cautissimos. Uti cogitatio illa, quæ Judæ cor percussit, vera erat, Tradidi sanguinem justum, hoc Judas negare non poterat. Sed hoc erat mendacium : ergo est desperandum de gratia Dei. Diabolus hoc mendacium tam violenter ursit, ut Judas.... desperaret. LUTH., De Missa privala et unctione Sacerd., tom. 7, fol. 230.
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Il dit que Satan représenta à ce traître une vérité incontestable, savoir qu’il avait trahi le Sang du Juste ; mais qu’il le fit pour le pousser dans le désespoir : et que ce mauvais Esprit avait la même intention quand il lui fit voir l’abomination des Messes privées ; mais (73) que par la grâce de Dieu, il avait profité de la vérité, sans se porter au désespoir.
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Voilà sans doute ce qui se peut dire de plus subtil : mais cela n’est bon qu’à tromper ceux qui ne prennent pas garde que l’exemple de Judas est tout différent de celui-ci. Lorsque le Diable lui représenta cette grande vérité : tu as trahi le Sang du Juste, il ne lui disait rien qu’il ne sût d’ailleurs, et même par des moyens qui ne lui permettaient pas d’en douter : de sorte que le Diable ne le voulait point enseigner, il voulait seulement se servir de ce que Judas savait, pour le jeter dans le désespoir.
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(73) Ibi mentitur Satan, quando ultra urget, ut desperem de gratia... confessus quidem sum llege Dei convictus) co­ram Diabolo, me damnatum esse ut Judam, sed verto me ad Christum. LUTH., ibid., fol. 230. verso.
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Au lieu que, quand le Diable entretint LUTHER sur le sujet des Messes privées, il lui proposa une chose nouvelle. Et bien loin que LUTHER la sût d’ailleurs, on voit qu’il soutint le contraire, comme en ayant été persuadé jusque alors.
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On ne peut pas dire non plus que ce que disait le Diable fût connu à LUTHER par d’autres voies, puisque LUTHER même dit que toute l’Église, de laquelle pour lors il suivait encore les sentiments, croyait le contraire. Tellement, que si le Diable lui a dit la vérité, il faut conclure qu’il l’a voulu instruire, et par conséquent qu’il a cessé d’être le Père du mensonge, ce qui est. absurde. Et d’alléguer qu’il lui faisait entendre cette vérité nouvelle pour le désespérer, cela n’a nulle suite ; car il paraît par toute la Conférence que le Diable instruit LUTHER ; qu’il lui (74) reproche même de n’avoir pas eu assez de confiance en Jésus-Christ, et qu’après l’avoir persuadé, il le quitte. Vérita­blement il lui parle des Messes privées comme d’une grande abomination, et comme d’une horrible idolâtrie : mais cela ne pouvait pas mettre Luther au désespoir ; et si Judas y entra aisément, ce lut parce que le Diable lui représenta fortement une vérité, dont il était convaincu, et contre laquelle il avait agi.
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(74) Tom. 7, fol. 328 verso.
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Au lieu que LUTHER était bien assuré en sa conscience, que jusqu’alors il n’avait point agi contre ses lumières ; ainsi il n’avait pas la même occasion que Judas de se désespérer.
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Mais enfin, pourquoi le Diable, qui ne veut que perdre les âmes, aurait-il hasardé d’apprendre une vérité à LUTHER, dont la perte était toute assurée, puisqu’il était dans l’idolâtrie, car c’est le nom que le Diable donne aux Messes privées ? Il n’avait qu’à lui laisser dire ces Messes, c’est-à-dire, suivant cette supposition, il n’avait qu’à le laisser idolâtrer. C’est ainsi que ce malin Esprit en a usé avec les Païens : il les a laissés dans l’idolâtrie, et jamais l’envie de les pousser au désespoir ne l’a porté à leur faire connaître les abominations de leur idolâtrie ; parce qu’il savait :que leur perte était infaillible, en les laissant dans ce malheureux état. Celle de LUTHER ne l’aurait pas été moins, si la Messe privée avait été une idolâtrie ; et le plus sûr moyen que nous ayons de connaître que ce n’en est point une, c’est que le Diable ait été le premier à le dire. Il a véritablement tenté LUTHER ; mais ce n’a pas été pour le désespérer ; ça été pour l’induire en erreur et avec lui tant d’autres âmes qui l’ont suivi. Voilà le véritable but de l’entretien qu’il eut avec LUTHER.
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Il paraît donc évidemment que tout ce que disent les Ministres pour justifier LUTHER, est hors de propos : il ne s’agit pas ici d’alléguer que le Diable dit quelquefois la vérité ; on sait qu’il la dit, ou quand il y est contraint (encore faut-il qu’elle soit connue d’ailleurs) ou quand elle lui sert à jeter les âmes dans le désespoir, comme l’histoire de Judas nous l’apprend.
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Il ne s’agit pas non plus d’apporter quelques exemples de Moines que le Diable a tentés : il s’agit seulement de montrer qu’on peut en conscience écouter le Diable, quand il est le premier à dire une chose inconnue à tout ce qu’il y a de Fidèles dans l’Église. Voilà ce qu’il faut montrer pour justifier LUTHER ; et voilà ce que les Ministres ne pourront jamais faire, quel­que chose qu’ils puissent alléguer. Ils ont beau prêcher que la Messe est une idolâtrie, ils ne le persuaderont jamais à des gens sensés et instruits : car quand (75) on ne saurait pas d’ailleurs que toute l’ancienne Église l’a regardée (selon l’aveu de CALVIN) comme une chose solidement établie dans l’Écriture sainte (76), il suffit de savoir que le Démon ait été le premier à persuader à LUTHER d’abolir ce sacrifice pour, être convaincu de la sainteté de cette action et de l’erreur des Prétendus Réformés, qui la regardent comme une chose abominable. Faut-il. que des Chrétiens se laissent ainsi malheureusement séduire parle Démon, et faut-il qu’ils oublient que (77) cet ennemi de notre salut tourne sans cesse autour de nous comme un lion rugissant, pour nous dévorer ? Mais, dès qu’on n’écoute plus l’Église Catholique (78) que Jésus-Christ nous commande d’écouter comme lui-même, et qui est, selon l’expression de SAINT PAUL, la colonne et l’appui de la vérité, il faut nécessairement écouter l’Esprit de mensonge. Celui qui connaît Dieu, dit SAINT JEAN (79), nous écoute ; mais celui qui n’est point de Dieu, ne nous écoute pas ; et c’est par là, ajoute le même Apôtre, que nous connaissons l’esprit de vérité et l’esprit d’erreur.
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Ce fut sans doute ce dernier esprit, qui suggéra à ZWINGLI ce qu’il avait à répondre au Chancelier de Zurich (80), dont les raisons l’avaient fort embarrassé dans une assemblée qu’on y tint sur le sujet de l’Eucharistie (81). Je songeais en dormant, dit ZWINGLI, que je disputais encore avec le Chancelier, et que j’étais demeuré tellement muet, que je ne pou­vais exprimer ce que je savais être vrai. En cet état je vis tout d’un coup un AVERTISSEUR (je ne sais (82) s’il était blanc ou noir) qui me dit : Hé, pauvre homme, que ne lui réponds-tu ce qui est écrit en l’EXODE, C’EST LA PÂQUE, c’est-à-dire LE PASSAGE DU SEIGNEUR ? Et il ajoute que s’étant servi de cet endroit de l’Écriture dans l’assemblée, qui se tint le lendemain, toutes les âmes qui avaient encore quelque scrupule sur sa doctrine, la reçurent avec joie.
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Ces exemples vérifient bien à la lettre ce que dit le SAINT ESPRIT par la bouche de SAINT PAUL (83), que dans les derniers temps quelques-uns abandonneront la foi, s’arrêtant aux esprits d’erreurs et aux doctrines des Diables.
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(75) Qu’il me soit permis de marquer ici ce que dit le Ministre PIERRE POIRET, qui écrit aux Réformés qui étaient restés en France, qu’il ne faut pas croire les Catholiques Idolâtres, lorsqu’ils adorent l’Eucharistie. Comme ils croient que Jésus-Christ y est présent réellement, non seulement ils doivent l’y adorer, mais ils commettraient même un grand péché de ne le pas faire. Il va même jusqu’à dire que Dieu est obligé de rendre Jésus-Christ présent dans le Sacrifice de la Messe et dans le Sacrement, suivant cette parole de l’Évangile, «qu’il te soit fait selon ta foi». PIERRE POIRET, La paix des bonnes âmes dans tous les partis du christianisme sur les matières de religion et particulièrement sur l’Eucharistie, Amsterdam, 1687, in-12. Aussi les Réformés accusent d’erreur les Protestants qui n’adorent pas Jésus-Christ, quoiqu’ils le croient présent dans le Sacrement, du moins dans l’usage et au moment de la Communion ; parce que, quelque part que soit Jésus-Christ, il est toujours adorable. Et les Réformés avouent que s’ils croyaient Jésus-Christ réellement présent dans le Sacrement, ils l’adoreraient eux-mêmes sous les espèces du pain et du vin. V. DAILLÉ, en son Apologie, chap. 9, pag. 222, et CALVIN en convient aussi en plusieurs endroits.
(77) I Pet., 5, 8. j
(80) HOSPINIEN, 2 p., Hist. Sacram., fol. 25. Faux Pasteur de Drelincourt, sect. 47, p. 162.
(81). ZWINGLI in subsid. Euch., tom. 2, fol. 249. Hospin., 2 p.,Hist, Sacram., fol. 26.
(82) C’est-à-dire, «je ne sais qui il était».
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FIN
APPROBATION
 
J’ai lu ce petit écrit, composé par M l’Abbé de CÔRDEMOY, sous le titre de Récit de la Conférence dit Diable avec LUTHER, fait par LUTHER même, avec quelques remarques sur cette histoire, pour marquer les avantages que l’Église peut tirer de là contre les Calvinistes, alliés avec ces premiers Hérétiques, et pour combattre les réponses, que les uns et les autres ont coutume d’apporter pour se sauver de ce reproche.
A Paris, le 20, Février 1681.
PIROT.
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Vu l’Approbation, Permis d’imprimer, fait ce 10 Mars 1701.
M. De VOYER D’ARGENSON

24/01/2011

PROPHÉTIES TÉRÉSA MUSCO


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PROPHÉTIES

TÉRÉSA MUSCO
(1943/1976)
 
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STIGMATISÉE
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BIOGRAPHIE
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TÉRÉSA MUSCO, stigmatisée italienne, naquit le 7 juillet 1943, à CAIAZZO, dans la province de CASERTE (IALIE du sud), au sein d’une famille pauvre de dix enfants. SALVATORE, son père, était un homme rude et autoritaire. Au contraire, ROSA ZULLO, sa mère, n’était que douceur, toujours soumise et attentive au moindre désir de son époux ; mère pleine de tendresse et d’amour envers tous ses enfants et très généreuse envers les pauvres. Malgré la rudesse de SALVATORE, la foi habitait ce foyer éminemment chrétien. La mère inculqua dans le cœur de ses enfants les premiers rudiments de la foi, et leur apprit à fuir le mal et à pratiquer le bien.
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L'ANGE GARDIEN
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TÉRÉSA MUSCO qui rencontra pour la première fois son ANGE GARDIEN le soir du 15 mars 1948, alors qu'elle avait cinq ans. Un violent orage s'était abattu sur la région de Naples, et la fillette priait dans sa chambre lorsque lui apparut un adolescent vêtu de blanc, aux ailes d'or, aux yeux étincelants comme des étoiles. Ses lèvres étaient comme des pétales de rose. Il lui apprit à faire le signe de CROIX et lui enseigna une petite invocation :
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«JÉSUS, MARIE, je vous aime et vous donne ma volonté en échange de toute l'humanité !»
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Il l'invita à prier constamment, à offrir avec joie ses épreuves sans jamais se décourager, pour la délivrance des âmes du purgatoire et le salut des âmes. Puis il disparut, laissant derrière lui un intense parfum. Dès lors, ses visites furent quotidiennes :
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«Tous les matins, l'ANGE venait me rendre visite et me faisait prier avec lui. Après la prière, il disait :
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«TÉRÉSA prie pour les pécheurs et pour le salut des âmes ! Sache que les péchés qui mènent les âmes en enfer sont les péchés d'impureté !».
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MARIE
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La petite TÉRÉSA, avait pour la MADONE une dévotion toute particulière et connu dès sa jeunesse les souffrances de la maladie. Cette période de souffrances fut aussi le commencement des visites de JÉSUS, de MARIE, des ANGES et des Saints, qui n’eurent cesse de l’encourager à tout offrir «pour les pécheurs». Ce fut dès lors que TÉRÉSA devint «très attachée à JÉSUS» et que le désir d’être «crucifiée avec JÉSUS et lui ramener beaucoup d’âmes» germa en son cœur innocent et, cela devint par la suite, le but même de toute sa vie.
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En JANVIER 1948, TÉRÉSA connaît les premières interventions de la MADONE. Par la suite, la présence de MARIE sera toujours aussi vive et opérante, ce qui nous fait dire que sa vie fut profondément mariale.
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Le 17 JANVIER suivant, elle est soignée d’une brûlure par la MADONE ; Le 21 janvier elle était guérie et il ne restait plus aucune trace de la brûlure. Dans la vie de TÉRÉSA, dès son plus jeune âge et jusqu’à sa mort, le mot «oui» sera toujours d’actualité, sera toujours le maître mot que la mènera jusqu’à la donation totale de tout son être, sans aucune réserve, même lors des plus tragiques et douloureux moments, moments ceux-là qui étaient autant d’actes d’amour offerts pour le salut de ses frères pécheurs. Le «oui» ferme à la demande «M’aimes-tu ?» se transforma bientôt en : «faites de moi un chiffon». La préparation à son calvaire allait bientôt commencer.
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Dans son message du
1er MAI 1950, la SAINTE VIERGE donne à
TÉRÉSA cet avertissement prémonitoire concernant sa mission de souffrance :.
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«Ma fille, tu auras beaucoup à souffrir : tu iras dans des hôpitaux, tu rencontreras des médecins, mais personne ne comprendra, ni ne saura déceler la maladie que le PÈRE à mise en ton cœur…»
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PROPHÉTIES
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MESSAGE DE LA VIERGE, LE 11 OCTOBRE 1950 (elle a 8 ans)
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«Il faut prier et tout offrir avec beaucoup d’amour. Tu monteras au Calvaire avec JÉSUS. Tu as déjà commencé à cheminer sur des voies bien épineuses. Mais la MAMAN du ciel est auprès de toi. Tu n’as pas à craindre. Tu devras souffrir sans rien dire, comme tu le fais déjà. Je te salue. Nous nous reverrons bientôt».
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MESSAGE DE LA VIERGE, LE 31 JUILLET 1950
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«Feu et fumée envelopperont le monde. L’eau des océans deviendra feu et vapeur. L’écume s’élèvera, couvrira l’Europe, et transformera tout en une lave de feu, et des millions d’hommes et d’enfants périront dans ce feu, et les rares qui en échapperont envieront ceux qui sont morts. Parce que, de quelque côté qu’ils regarderont, ils ne verront que sang, morts et ruines, dans le monde entier»
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POUR MÉMOIRE :
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L’EUROPE SOUS LES FLOTS
Je vois ensuite de gros nuages épais s’accumuler sur l’Europe et, juste en dessous, de grandes vagues déferler sur l’EUROPE. Puis je vois la DAME éclairée par une lumière crue. Elle est vêtue de blanc. Elle a les mains grandes ouvertes et il en sort un dense faisceau de rayons lumineux. Une force me commande de tenir ma main en l’air, et j’ai l’impression que ce faisceau la touche. Ça me brûle et ça me picote. La DAME me sourit et, désignant ma main, elle fait oui de la tête. J’ignore ce que cela signifie. Alors, le visage de la DAME s’assombrit et elle a l’air très triste. Portant mon attention sur les gros nuages et les grosses vagues, elle dit :
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«Il va d’abord leur falloir périr par ces flots, et seulement après…»
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Ces paroles apparaissent alors sous mes yeux, écrites. Le mot «après» est suivi de plusieurs petits points comme si d’autres paroles devaient suivre qui doivent toutefois rester secrètes.
Puis le visage de la DAME s’éclaire, et je vois l’eau s’élever comme de la vapeur. On dirait que le soleil perce brièvement cette vapeur.
La DAME porte de nouveau mon attention sur la Terre et je constate que tout s’est dégagé. Je vois à présent partout des ossements humains, des morceaux de crânes, des parties d’os des bras et des jambes. C’est un spectacle affreux.
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POUR MÉMOIRE :
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....je vis éclater la foudre et il me sembla que des boules de feu tombaient sur la terre et pénétraient jusque dans ses entrailles, réduisant les rochers en miettes. J'entendis ensuite le flot impétueux des eaux, et une terrible lamentation de deuil monta de la terre.
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POUR MÉMOIRE :
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... D’un autre côté, il devrait être suffisant pour tous les Chrétiens de retenir ceci fermement : s’il y a un message dans lequel il est dit que les océans inonderont des parties entières de la terre ; que, d’un moment à l’autre des millions de personnes périront… il n’y a plus nécessité aucune à désirer vraiment publier ce message secret (Fatima).
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«Beaucoup d’hommes transpercent le Cœur blessé de mon FILS et s’ils ne prient pas, s’ils ne se repentent pas, DIEU enverra sur le monde un grand châtiment, une grande catastrophe ; Toi, prie et fait pénitence».
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MESSAGE DE LA VIERGE, LE 20 MAI 1951 (elle a 9 ans)
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«TÉRÉSA, fille de mon cœur, je suis ici pour te confier des choses que tu devras garder pour toi seule, jusqu'à ce que je le souhaite. Tu verras beaucoup de changements dans l'église. Les chrétiens qui prient seront peu nombreux. Beaucoup d'âmes marchent vers l'ENFER. Les femmes perdront la pudeur et la honte. Satan prendra leur forme pour en faire tomber beaucoup. Dans le monde il y aura des crises communes. Le gouvernement tombera. Le pape passera des heures d'agonie ; à la fin je serai là pour les conduire au paradis. Une grande guerre aura lieu. Le nombre de morts et blessés sera incalculable. Satan chantera victoire mais sera alors le moment où tous verront apparaître mon FILS sur les nuages et Il jugera tous ceux qui ont dédaigné son sang innocent et divin. Alors mon cœur immaculé triomphera».
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MESSAGE DE LA VIERGE, LE 13 AOUT 1951 (elle a 9 ans)
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«Ma fille, je suis ici pour te dire que le PÈRE enverra une grande punition au genre humain dans la seconde moitié du XXe siècle. Sache ma fille que Satan règne chez ceux qui occupent les plus hauts postes. Quand Satan arrivera en haut de l'Église, il pensera qu’à ce moment-là il sera parvenu à séduire les esprits des grands scientifiques et c’est à ce moment-là qu’ils interviendront avec des armes très puissantes avec lesquelles il est possible de détruire une grande partie de l'humanité»
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MESSAGE DE LA VIERGE, LE 13 SEPTEMBRE 1951
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«Ne pouvant pas le révéler ce que je vois, je recommande seulement aux Prêtres d’être attentifs au moment de la consécration lors de la Messe, parce que JÉSUS est là en personne et prête ses mains, sa bouche, sa langue au Prêtre. Il est tout prêt d’eux et observe sa table et son ministère. Ceci est tout ce que je peux dire»
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MESSAGE DE LA VIERGE, LE 7 OCTOBRE 1951 (elle a 9 ans)
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«Ma fille, les tribulations que le PÈRE a destinées à l'ITALIE sont préparées et seules les âmes qui se sont offertes comme victimes peuvent toucher pleinement le cœur de mon FILS et du PÈRE. À partir de 1972 on entamera le temps de Satan, les cardinaux s'opposeront aux cardinaux et les évêques aux évêques. Tu te trouves au milieu d'une génération très difficile, dans laquelle on prétend tout expliquer par scientifiquement et personne ne pense donner un peu de chaleur, un peu d'amour, compris aux plus pauvres».
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MESSAGE DE LA VIERGE, LE 3 JANVIER 1952 (elle a 10 ans)
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«Je veux te dire que le monde est perverti. Je suis apparue au PORTUGAL où j’ai donné des messages, mais personne ne m’a écoutée ; Je suis apparue à LOURDES, à LA SALETTE, mais bien peu de cœurs durs se sont adoucis. A toi-même je veux dire tant de choses qui affligent mon Cœur. Je veux te parler du troisième secret de FATIMA. Je te recommande de ne pas avec les garçons comme toutes les autres ; Je veux que tu restes à la maison. Maintenant Je vais te parler du troisième secret que j’ai confié à LUCIE, à FATIMA. Je peux te dire qu’il a déjà été lu, mais personne n’en a parlé».
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Alors la MADONE prédit à
TÉRÉSA le voyage de PAUL VI à FATIMA, où il invitera tout le monde à la prière et à la pénitence et Elle confie encore que le Pape n’osera point parler du secret, parce que celui-ci est «épouvantable».
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«Le monde courre vers une grande ruine… d'affreux châtiments nous menacent. Le peuple se fourvoie de plus en plus…
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Feu et fumée bouleverseront le monde. Les eaux des océans s’enflammeront : feu et vapeur. L’écume s’élèvera, couvrira et mettra sens dessus dessous l’EUROPE, et engloutira tout en une lave de feu, et des millions d’hommes et d’enfants périront dans ce feu, tandis que le petit nombre de ceux qui auront été épargnés environ ceux qui sont morts. Parce que, de quelque côté qu’ils regarderont, ils ne verront que sang, morts et ruines, dans le monde entier. Le monde court vers une grande ruine...»
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MESSAGE DE LA VIERGE, LE 31 AOUT 1953 (elle a 11 ans)
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«Ma fille, combien de péchés dans le monde ! Mille fois et, à chaque instant les hommes crucifient, clouent mon FILS à la CROIX. Le PÈRE en a assez et sa colère est grande de voir son FILS autant piétiné et maltraité par tant d’hommes cruels. Ma fille, prie et fait pénitence car le peuple courre véloce ver un horrible précipice. Parle aux petits comme toi afin qu’ils prient, car la prière des innocents vaut bien plus que celle des adultes. Seule la prière pourra calmer la colère de DIEU. Et toi, par tes peines et tes prières, tu peux changer tellement de cœurs. Prie beaucoup, spécialement pour mes fils de prédilection, les Prêtres, les fils de prédilection de mon FILS. Je veux une vraie ferveur, vive et vraie dans la prière, et non pas une prière apprise par cœur et récitée par habitude, spécialement la prière faite devant JÉSUS au très Saint-Sacrement. Ainsi tu obliges tant et tant de Prêtres à revenir à moi».
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MESSAGE DE LA VIERGE, LE 13 OCTOBRE 1973
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«Une nouvelle guerre est sur le point de commencer là où est né le Sauveur et elle ne s’arrêtera pas. Il semblera qu’ils fassent la paix, mais cela n’est pas vrai, parce que de là naîtra la grande guerre ; de la vient le châtiment du ciel et de la terre»
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MESSAGE DE LA VIERGE, FIN OCTOBRE 1975
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«Une guerre viendra qui commencera au VIETNAM et s’étendra à l’EUROPE et l’ITALIE»
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POUR MÉMOIRE :
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Je veux que l'union qui existe entre les deux petites fleurs (de FRANCE et du VIETNAM) soit le symbole de l'union que je veux voir régner entre la FRANCE et le VIETNAM....Mon enfant, souviens-toi que c'est avec la FRANCE, que ton pays le Vietnam parviendra à consolider le Règne de mon Amour. Prie pour que les deux pays ne fassent plus qu'un ensemble....
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MESSAGE DE LA VIERGE, FÉVRIER 1976
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L'année de sa mort, la SAINTE VIERGE lui confie :
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«Tu verras une grande révolution dans ma maison à ROME ; les communistes au pouvoir. Alors le sang innocent coulera.
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Au VATICAN, les communistes sont déjà au pouvoir ; ils attendent le jour et l’heure»
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POUR MÉMOIRE :
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«Hampes de drapeaux (battant le pavillon rouge sur la coupole de Saint-Pierre et ailleurs), l’anéantissement et la séduction sont sortis des loges de ces sinistres brutes. Ces athées crient jamais : nous ne voudrons que DIEU règne sur nous ; nous voulons que Satan soit notre maître !»
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